16/10/2012
Scandaleuse fédération PS du Pas-de-Calais ?
La Fédé
Comment les socialistes ont perdu le Nord
Nord-Pas-de-Calais : la longue histoire d'un scandale
Benoît Collombat et David Servenay
Editions du Seuil
L'exemple même du livre qui ne tient pas la promesse de ses sous-titres racoleurs.
D'abord, jusqu'à preuve du contraire, les socialistes n'ont pas perdu le nord. Ils n'ont pas perdu non plus le Pas-de-Calais, et c'est de la "fédé" de ce département dont il est question.
Faire l'amalgame entre Dalongeville, maire, heureusement éphémère et malheureusement socialiste, d'Hénin-Beaumont, et les péripéties du grand stade de Lille est tout simplement malhonnête, intellectuellement.
Voir une organisation quasiment mafieuse derrière nos petites fêtes des "Amis de la Rose" est tout simplement grotesque. Illégal ? Interdit de l'utiliser pour des campagnes électorales ? C'est ce que j'ai découvert. L'argent que nous avions mis de côté a été intégralement versé au "Secours populaire", qui en a été bien content.
A tout seigneur, tout honneur, le livre commence par un chapitre sur Daniel Percheron, longtemps le "patron" de la fédé. Chapitre qui finit par reconnaître qu'en cinquante ans de vie politique, il ne peut être reproché à Percheron aucun enrichissement personnel. "L'homme n'est pas attiré par les signes extérieurs de richesse". J'ai connu Daniel il y a plus de trente ans. C'est un homme cultivé, drôle, généreux, toujours prêt à aider, ayant une connaissance approfondie, géographique et historique de "son" terroir. Ayant pour obsession la défense des intérêts du Parti...et du Pas-de-Calais ! C'est peu dire que ses successeurs n'ont pas été à la hauteur de l'héritage.
Il est reproché au Président de la Région d'employer des amis politiques. Un des exemples repris à plusieurs reprises est celui de Bruno Magnier, maire de Saint-Omer, présenté comme un "recalé du suffrage universel". Bruno n'a été candidat qu'une fois, c'était à la mairie de Saint-Omer, et il a gagné. Bruno avait un métier, difficilement compatible avec ses responsabilités d'élu. En France les maires reçoivent une indemnité, pour les indemniser de leurs dépenses, mais pas de salaire. Tous les cadres de la mairie touchent bien plus que lui. C'est pour cela qu'il y a tant de retraités parmi les maires de France. Le Conseil régional rétribue les compétences de Bruno Magnier, probablement avec un horaire aménagé. Je ne trouve pas cela scandaleux.
Le livre s'étend longuement sur le cas de Jean-Pierre Kucheida, maire de Liévin. Il aime trop les bons restaurants. Il a eu le tort d'utiliser une carte de crédit d'un organisme de logement social. Même s'il a tout remboursé, les électeurs ne lui ont pas pardonné. Il a été puni par le suffrage universel. Du côté de la justice, Kucheida a bénéficié d'un "non lieu", et les journalistes auteurs du livre ont été condamnés pour diffamation.
La "fédé" du Pas-de-Calais, malgré l'autorité de Percheron, qui n'a jamais été de l'autoritarisme, n'a jamais été d'un seul bloc. Le livre parle surtout de l'ex bassin minier. Mais les "bagarres" entre Lens et Liévin ont toujours été homériques. Et les "gens de la côte" ne sont pas ceux du bassin minier, comme ceux de l'Arrageois ne sont pas ceux de l'Audomarois. Alain Richard, que je connais bien, parle de transformation de la "fédé" en "willayas". C'est vrai, et cela est du au Premier secrétaire fédéral de transition, Serge Janquin, qui considérait que "charbonnier est maître chez lui", et que chaque député était libre d'interpréter à sa façon les décisions du parti.
J'ai appris à mes dépends que, contrairement à Daniel Percheron, il n'était pas de parole.
J'ai été surpris de lire qu'une militante aurait été victime de discriminations parce qu'elle faisait campagne pour le "non" au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Je connais l'exemple d'un contractuel du Conseil général ayant reçu un "rappel à l'ordre" pour "manquement au devoir de réserve" pour avoir fait campagne pour le "oui". Après 17 ans de loyaux services, son contrat n'a pas été renouvelé l'année suivante.
Les cadres de la "fédé" et des sections sont souvent des salariés de collectivités territoriales, dont les élus n'ont pas une position monolithique.
Il est beaucoup question de fausses cartes qui seraient payées par les élus. Si ce phénomène existe, ce n'est pas l'essentiel. Effectivement, à comparer le nombre d'adhérents dans chaque commune, il est facile de voir celles qui ont un maire socialiste et les autres. Mais, dans la commune de l'Essonne où j'étais élu dans les années 80, j'ai vu la section du parti communiste divisée par dix en quelques années après la perte de la ville par ce parti. Cela s'appelle le clientélisme, et n'est propre ni au PS, ni au Pas-de-Calais.
Des élus socialistes du Pas-de-Calais ont été victimes des emprunts que l'on qualifie aujourd'hui de "toxiques", proposés par les banques, en particulier Dexia. S'ils étaient seuls dans ce cas, Dexia n'aurait pas fait faillite !
Les auteurs cherchent à démontrer que le Front National fait sa pelote des faiblesses du PS. Cela est peut-être partiellement vrai, mais ce que le livre ignore totalement, c'est la lutte politique menée, à partir des années 70, par Percheron et sa "bande" pour reprendre, une à une, par le quadrillage du territoire, toutes les places fortes du PC, en particulier dans le bassin minier, et que l'électorat protestataire communiste est souvent passé directement à l'extrême droite.
Et comment analyser la quasi disparition de l'UMP ?
09:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
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