18/01/2022
Meurtres dans "la maison de Molière"
L'assassin de la rue Voltaire
Henri Loevenbruck
XO éditions
Août 1789 : une série d'assassinats ébranle la Comédie française. Le journaliste Gabriel Joly mène l'enquête avec le commissaire Guyot.
Unité de lieu, presque unité de temps, nous suivons les progrès de l'enquête.
Nous apercevons Danton et Camille Desmoulins qui n'ont rien à voir avec l'énigme, tout comme la couverture qui reproduit "Le verrou" de Fragonard, mais cela nous replonge dans le contexte de l'époque.
"Le principe d'une élection n'est pas de s'abstenir quand on ne croit pas en la victoire de son camp, mais d'exprimer son opinion !"
"Quid du droit à l'instruction primaire ? Du droit aux même emplois, du droit à la santé, au divorce ?"
"N'y aurait-il donc en France que ce brave M Condorcet qui tienne l'exclusion des femmes du droit de cité pour pure tyrannie ? Le juste sort des femmes ne devrait point être un combat pour elles seules, mais pour l'humanité entière."
"Les sifflets n'étouffent que les sots, les applaudissements n'étourdissent que les fats."
15:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : polar historique
12/01/2022
L'Indochine vers l'indépendance
Une sortie honorable
Eric Vuillard
éditions Actes Sud
Un récit, comme "L'ordre du jour" qu'il ne faut surtout pas manquer. Dans ce nouveau récit, l'Indochine est à l'ordre du jour. Ou plutôt la fin de la colonisation française dans cette région du monde.
"Il faut voyager" écrivait Montaigne. "Cela rend modeste" ajoutait Flaubert"
"Le président reboutonna sa veste, comme les hommes d'affaires et les politiciens sont accoutumés à le faire par une sorte de réflexe conditionné. Les ouvriers, les employés des postes, les cheminots, les grutiers ne reboutonnent jamais leur veste."
"Les politiciens sont experts en toutes sortes de roublardises, ils jouent, le plus souvent fort mal, toujours le même rôle.
"Nous sommes les choses que nous possédons"
"De Lattre de Tassigny, Haut-Commissaire et commandant en chef en Indochine sera l'un des premiers à faire un usage massif du napalm."
"L'Amérique finançait désormais 40% du coût de la guerre."
"Dès le début de la guerre, la banque avait discrètement arrêté d'investir, elle s'était très vite débarrassée de ses positions indochinoises, faisant transiter ses fonds vers des cieux plus cléments."
"Les politiques étaient responsables d'avoir soutenu, contre les intérêts du peuple, une guerre inefficace, meurtrière, et d'avoir menti sr nos intentions et nos chances réelles de victoire. Ils avaient célébré sans cesse, bêtement, avec une mauvaise foi outrancière, nos soldats, quand c'était principalement des Arabes, des Vietnamiens ou des noirs qui mourraient , puisque l'essentiel de notre armée était alors composé de tirailleurs."
"Dans l'espérance dérisoire d'une sortie honorable, il aura fallu trente ans, et des millions de morts ("autant que de Français et d'Allemands pendant la Première Guerre mondiale"), et voici comment tout cela se termine ! Trente ans pour une telle sortie de scène. Le déshonneur eut peut-être mieux valu."
15:05 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
10/01/2022
Contre l'extrême droite
Retour à Berlin
Jacques Moulins
Série noire / Gallimard
J'avais parlé dans ce blog du premier roman de Jacques Moulins, maintenant publié en poche (Folio policier), "Le retour de la bête". Nous retrouvons dans ce deuxième roman un commissaire d'Europol, responsable de la coordination de la lutte contre le terrorisme, il prend conscience de l'importance du risque que représente l'extrême droite, risque parfois minimisé par les polices nationales.
Comme tous les délinquants de haut vol, les tenants de l'ultra droite se moquent des frontières alors qu'en face les Etats membres sont réticents à mettre en commun leurs informations et leurs moyens de lutte.
"Je ne demande pas grand chose. Juste quelques aménagement, comme la possibilité pour le parquet européen de procéder à des écoutes téléphoniques sans devoir en référer préalablement aux parquets nationaux."
"Souvent elle s'était demandé ce qu'elle faisait là entre les petits notables conservateurs d'une part et les grandes gueules de comptoir populaires de l'autre, les deux hémisphères minables du parti."
"Les peuples semblaient charmés par ces vieilles sirènes qui n'avaient apporté par le passé que ruines et désolation. Comme les dictateurs du XXe siècle, les candidats aux élections pouvaient multiplier les mensonges et les dénonciations diffamatoires sans s'attirer l'oprobe publique. "
"C'était encore et toujours la vieille stratégie de von Papen recommandant à Hidenburg la nomination d'un Hitler qu'il croyait contrôler."
"Ils se retrouvent quasiment tous sur trois mots simplistes : la mondialisation a privé la nation de sa souveraineté, l'immigration, qu'ils appellent islamiste ou musulmane, l'a privé de ses valeurs chrétiennes, la solution c'est un Etat fort, les valeurs anciennes réaffirmées." "Mais sans jamais se couper d'élites étatiques et financières que forment souvent leurs rares conseillers et financeurs."
"60% des entreprises européennes ont reçu un jour ou l'autre des demandes de rançon."
16:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar
06/01/2022
Chacun de nous est concerné
Elise et les nouveaux partisans
Dominique Grange et Tardi
éditions Delcourt
Inutile de présenter le dessinateur Tardi, dessinateur de BD capable de raconter, avec grand talent, aussi bien Nestor Burma que la vie de son père au stalag. Il a également mis en images "Mort à crédit" et "Voyage au bout de la nuit" de Céline.
Pour les gens de ma génération qui ont eu autour de 20 ans en mai 68, Dominique Grange est La chanteuse engagée qui parle des luttes d'hier et d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs, en particulier du Chili après le Coup d'Etat de Pinochet. J'ai pensé à elle en me promenant à Valparaiso et dans la maison de Pablo Néruda.
Ce livre n'est pas leur première collaboration. Il n'y a pas de surprise : c'est excellent, sensible et prenant. Elise n'est pas Dominique, mais la vie de luttes de Dominique inspire beaucoup l'Elise de ce roman graphique.
Comme Elise, j'ai été étudiant à la fac de Vincennes juste après mai 68. Je me souviens bien du fourmillement de gauchistes. En particulier de la "Gauche Prolétarienne". Mais contrairement à Elise, la majorité des étudiants étaient là, comme moi, non pas pour faire la révolution dans d'interminables réunions mais avaient choisi Vincennes parce qu'ils travaillaient et que cette université proposait des horaires de cours le soir et le samedi. Nous étions pressés de décrocher notre licence pour avoir de meilleures perspectives d'emploi. Et beaucoup d'enseignants étaient loin d'être réactionnaires !
Elise a découvert sur le tard que Mao était un dictateur et sa "Révolution culturelle" une machine à broyer les humains.
Que sont devenus les responsables de la "Gauche Prolétarienne" ? Ils venaient de la bourgeoisie et y sont retourné. Certains se sont implantés en usine, comme des prêtres ouvriers. D'où ils venaient ils n'avaient aucune idée des conditions de vie de la classe ouvrière. Je n'avais aucune envie d'aller travailler chez renault, comme mon père et ma tante !
Comme le raconte le roman graphique, l'aventure s'est terminée pour certains par la drogue et/ou la suicide.
"Nos motivations étaient légitimes" écrit justement Dominique. Elle omet de signaler que les élections de juin 68 n'ont pas démontrer que "le peuple" était de notre côté, malheureusement...
16:23 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, roman graphique
03/01/2022
Photos insolites
La vie des formes
John Coplans
Fondation Cartier-Bresson,Paris
John Coplans est un photographe britannique installé à New-York à la fin de sa vie. Il expose au MoMA mais aussi en Europe, y compris à Paris.
Pendant les vingt dernières années de sa vie il a pris comme sujet son propre corps. Ou, pour être plus précis des morceaux de son propre corps. Et cela donne des images surprenantes, en noir et blanc.
L'affiche de l'exposition montre ses deux poings fermés au dessus de ses épaules et de son dos nu. Sans tête. Celle-ci n'apparait sur aucune photo.
Le choix des fragments assure la création de formes imaginaires, entre réalisme et fantastique. Une exploration du corps sans cesse renouvelée par les formes.
Des photos inhabituelles et donc surprenantes. Faire de ses deux genoux une indiscutable oeuvre d'art ne peut venir que d'un artiste.
"La vieillesse est une des meilleures choses qui me sont arrivées. Pour la première fois, je suis libre."
18:15 Publié dans photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expo, photo