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17/06/2024

1900, Alger

Malheur aux vaincus

Gwenaël Bulteau

la manufacture de livres

 

Sur les hauteurs d'Alger, dans le quartier des riches colons, maîtres et domestiques ont été assassinés. Le jeune maître de maison, militaire de carrière et héritier d'une famille d'industriels est la principale victime.

L'enquête est confié à un enquêteur militaire, le lieutenant Julien Koestle qui  ne s'arrête pas à la première suspicion portant sur deux bagnards travaillant dans le jardin de la villa, et qui ont disparu.

Le capitaine Wandell, la victime, a fait partie de la fameuse expédition "Marchand" qui, en un an,  a rallié le Congo à Fachoda pour bloquer la route aux Anglais. Un lien avec sa mort ?

Au delà de l'enquête l'auteur décrit les horreurs de la conquête coloniale en Afrique noire et la situation des plus inégalitaires à Alger.

Même parmi les blancs règne la ségrégation. Les Juifs ont reçu la nationalité française mais l'antisémitisme est aussi virulent qu'en métropole. C'est l'époque de la révision de la condamnation de Dreyfus.

L'enquêteur Julien Koestler, Alsacien, retrouve une "payse" dont les parents ont quitté l'Alsace après la défaite de 1870 et à qui un bout de terre aride a été attribué au détriment des  autochtones ("malheur aux vaincus"). L'amour va-t-il pouvoir naitre entre eux ?

Une triste image de la France coloniale.

 

31/05/2024

Berlin, 1943

Topographie de la terreur

Régis Descott

éditions Archipoche

 

Après Stalingrad, les nazis ont décrété la guerre "totale" et accentuent la terreur. Les Alliés commencent à bombarder sérieusement Berlin dont les habitants ne se doutent pas que leur martyr va durer encore deux ans.

Le commissaire Lenz est membre de la police criminelle, mais pas du parti !

Comme Bernie Gunther, le commissaire du regretté Philip Kerr, trop tôt disparu et Gereon Rath, le commissaire de la série "Babylone Berlin", Lenz tente de faire son travail de policier tout en gardant ses principes, alors que la terreur s'intensifie.

Je pourrais citer également Franz Stangl de Dominique Sigaud, ou le policier juif Oppenheimer, démis de ses fonctions,  d'Harald Gilbers.

Lenz est chargé de l'enquête sur la mort, selon le même mode opératoire, de deux éminents médecins. Son travail l'amène à découvrir l'euthanasie des malades mentaux par les médecins nazis, "pour la pureté de la race", et pour "faire des économies..."

Contre les Juifs, ou supposés tels, pas besoin d'enquêtes de la Gestapo : les dénonciations anonymes continuent à pleuvoir. Parfois dans l'espoir de récupérer un logement convoité !

Sans oublier la chasse aux homosexuels et aux artistes "dégénérés".

La situation est d'autant plus difficile pour le commissaire Lenz que sa maîtresse juive attend un bébé de lui et qu'un de ses collègues s'acharne à trouver des preuves contre lui pour le faire tomber.

Heureusement pour Lenz, il reste à Berlin de braves gens, allemands ou suédois,  prêts à aider, au péril de leur vie. Ce polar pose clairement la question des responsabilités, individuelles et collectives.

Dommage que le commissaire Lenz n'ait pas l'humour impertinent du commissaire Bernie Gunther.

 

"L'Einsatzgruppe B, en Biélorussie aurait fait au moins 45 000 victimes entre le déclenchement de l'opération Barbarossa et la fin 41. Ces horreurs avaient fuité. Comme la dynamite dans un asile psychiatrique, "pour abréger les souffrances des malades", à la demande de Himmler, lors de son passage à Minsk."

L'auteur aurait pu préciser que sur les 23 responsables d'Einsatzgruppen jugés à Nuremberg, seul quatre furent condamnés...et libérés en 1951...

 

08:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar historique

24/05/2024

Lyon 1760

Les sept vies du moine

Olivier Barde-Cabuçon

Actes Sud / Actes noirs

 

Le chevalier de Volnay, "commissaire aux morts étranges", arrive à Lyon accompagné de son père, moine hérétique défroqué qui lui vole la vedette. Accompagné également d'une ravissante égyptienne. Ils sont bientôt rejoint par une autre enquêtrice de charme nommée par Sartine, le lieutenant général de police, bien connu pour ses peruques. 

A quelques jours de l'arrivée dans la ville du roi Louis XV, qui n'est "bien aimé" ni par les protagonistes ni par l'auteur, deux morts mystérieuses se produisent.

Nous ne connaitrons qu'à la toute fin du roman les coupables. Je dois avouer que je n'avais pas deviné !

Olivier Barde-Cabuçon est historien et lyonnais et il ne résiste pas à la tentation de nous parler de l'histoire de sa ville.

 

07:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar historique

14/09/2023

Florence au temps de la Renaissance

Perspective(s)

Laurent Binet

Grasset

 

1557, Florence. Le peintre Pontormo est retrouvé mort au pied de fresques auxquelles il travaillait depuis onze ans, commandées par Cosimo de Médicis, Duc de Toscane.

L'artiste été assassiné avec ses outils de travail.

Seul un homme connaissant bien les techniques de peinture peut mener l'enquête. Pour l'aider,il se tourne vers Michel-Ange qui travaille à sa chapelle Sixtine. Le nouveau Pape veut faire voiler les nudités qui orne la chapelle du Vatican. Les nudités florentines sont également critiquées. Au point de tuer l'artiste ?

L'inquisition  est "insensible aux beautés de l'art, pour qui toute représentation du corps humain est une offense faite à Dieu."

Cosimo doit faire face aux convoitises de sa cousine,  Catherine de Médicis, reine de France car épouse du roi Henri II, alliée au républicain florentin Piero Strozzi.

Tout le monde est suspect !

Roman à la forme originale, épistolaire, comme "Les liaisons dangereuses".

L'auteur, Laurent Binet, s'est fait connaitre en 2010 avec l'excellent "HHhH".

 

"La perspective nous a donné la profondeur. Et la profondeur nous a ouvert les portes de l'infini. Nous ne pouvions prétendre égaler le Dieu créateur, mais nous pouvions, mieux que les prêtres, porter sa parole au travers d'images muettes ou de statues de pierre. C'est la perspective qui permet de voir l'infini, de le comprendre, de le sentir.

"Si le peuple des petits artisans, commerçants, apprentis, unissait ses forces à celles des ouvriers, des valets, des commis, alors chacun en tirerait le plus grand profit, car nous pourrions peser assez pour exiger la création de nouvelles corporations, non pas verticales mais transversales, auxquelles seraient attachés de nouveaux droits."

"La satire n'est-elle pas l'arme des faibles pour ridiculiser les grands ?"

 

05/07/2023

Pont aérien

De sang et d'acier

Harald Gilbers

éditions Calman Lévy

 

Berlin 1948. Harald Gilbers poursuit ses portraits de Berlin, commencés avec "Germania" qui se déroulait en 1944. Comme dans "Germania" il s'agit d'arrêter un tueur en série. La recherche est compliquée par la division de la ville en secteurs. Le "mur" n'a pas encore été construit mais les passages d'un secteur à l'autre deviennent difficiles, surtout pour les polices. Car en 1948 s'opère la scission entre les polices d'un côté du secteur soviétique, de l'autre des Occidentaux. Le commissaire  Oppenheimer choisit l'Ouest.

Il est beaucoup plus difficile pour les policiers que pour les meurtriers de passer d'un secteur à l'autre. Les crimes peuvent avoir lieu à l'Ouest ou à l'Est. Heureusement, avec intelligence, les policiers des deux côtés se mettent d'accord pour travailler ensemble, au mépris des ordres de leurs hiérarchies.

Les soviétiques instaurent le blocus de Berlin Ouest. Les habitants sont privés d'électricité et de nourriture alors que la reconstruction est loin d'être achevée. Les Alliés ne cèdent pas et mettent en place un "pont aérien" qui donne le titre original au roman.

 

 

"La guerre était terminée depuis trois ans mais les Berlinois vivaient toujours au milieu des ruines."

"Sur scène, des hommes de couleur différente jouaient ensemble. Ils ne cherchaient pas à se livrer bataille à cause de théories raciales absurdes. Le groupe prouvait une chose : la coopération sociale et le respect mutuel n'étaient pas une utopie."

"les meurtriers ne sont acceptés par la société que quand ils portent un uniforme."

"l'antisémitisme était toujours bien présent. La profanation de cimetières juifs avaient repris juste après la fin de la guerre. Un phénomène qui touchait tous les secteurs de Berlin."

 

08:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar historique