16/12/2005
Si la gauche savait
Si la gauche savait
Michel Rocard
entretiens avec Georges-Marc Benamou
éditions Robert Laffont
Un vrai livre d'entretiens. C'est simple comme du langage parlé, mais clair, puisque les "guignols" se moquent de la façon dont MR mange ses mots. Là, comme c'est écrit, on comprend tout.
Bien sûr, comme toujours dans les "mémoires" l'invité se donne la vedette. L'autojustification frise parfois l'autoglorification. C'est probablement la loi du genre.
Tout comme les "coups de patte" à l'égard de quelques uns. Bien sûr Mitterrand est servi, mais pas trop, avec une certaine révérence. Sont particulièrement visés Chevènement et le CERES ainsi que Fabius crédité de la palme du cynisme et fusillé dans sa prétention d'"économiste". La position prise par celui-ci sur le référendum européen n'est probablement pas étrangère à cette sévérité.
De bons souvenirs, revivifiés, pour ceux qui sont passés par le PSU. Une bonne leçon de politique pour tout le monde, avec un "épilogue" d'une tristesse effroyable : "la jouissance de gratifier, jouissance de retirer, jouissance d'humilier, c'est la jouissance de 95% des professionnels de la politique. Si celui qui en a le goût bénéficie, en plus, d'un bout d'autorité élective, il est dix fois pire que le fonctionnaire obtus qui a besoin de vous empoisonner la vie pour se sentir exister".
Au secours, si c'est vrai. MR se flatte de ne pas appartenir à cette catégorie, dans laquelle il place Clémenceau et Mitterrand, contrairement à Aristide Briand et Pierre Mendès-France.
Après 40 ans de fréquentation des femmes et des hommes politiques, je le trouve bien sévère...et en tous cas ne me reconnaît en aucun cas dans ce portrait. Mais il est vrai que ma "carrière politique" n'a pas été flamboyante...
Un détail également : contrairement à ce que dit MR, Rudolf Scharping n'a pas démissionné du leadership du SPD après une défaite électorale contre Kohl, il a été battu, par surprise, par une manœuvre de congrès d'Oscar Lafontaine, qui lui même se fera "rouler dans la farine" par Gerhard Schröder au moment de désigner le candidat à la chancellerie !
11:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
09/12/2005
Total kéops
Total Kéops
Jean-Claude Izzo
folio policier
Un livre qui date de 10 ans. Izzo est mort depuis 5 ans, mais son livre n'a pas pris une ride. Il n'a peut-être jamais été autant d'actualité. Les "évènements" dans les banlieues ont même montré à quel point il avait tout compris, même si Marseille est restée sage. Tout y est : l'immigration, la deuxième génération, le racisme, le mépris, le chômage, la vie en "cités", l'attitude dérangeante des jeunes, les provocations de la Droite pour des raisons politiques, les trafics, en particulier de drogue, le chaos (khéops), et tout cela à travers une intrigue policière, dans la veine de ces policiers antihéros, pas supermen mais plein de doutes et de tracas.
L'art de donner des leçons sans en avoir l'air.
Une lecture qui devrait être obligatoire avant de faire monter Sarko de 10 points dans les sondages sous prétexte qu'il a provoqué et manipulé la crise.
6 euros que je ne regrette pas.
12:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
02/12/2005
Un combat centenaire
1905 / 2005
Histoire des socialistes français
Claude Estier
éditions "le cherche midi"
Engagé, tout autant que Mexandeau, dans l'action politique, tout comme lui aux côtés de François Mitterrand à la "Convention des institutions républicaines", Claude Estier est journaliste comme Mexandeau est Historien.
Non pas que son livre n'ait pas d'intérêt historique, mais il traite l'Histoire en journaliste : des chapitres courts, des phrases accrocheuses, plus d'anecdotes que d'idéologie. Un livre pour les non initiés plus que pour les théoriciens ou les étudiants en sciences politiques, même si ceux-ci pourraient en tirer des leçons.
38 chapitres sur 43 traitent de la Ve république et Claude Estier se fait plus témoin qu'Historien, même si sa vie militante commence sous la IVe.
Deux encarts de photos illustrent le propos : le premier sur les fondateurs, et Léon Blum, le second avec Claude Estier, avec, surtout, François Mitterrand, Lionel Jospin, un peu, et pour préparer l'avenir Claude Estier et François Hollande qui a préfacé le livre.
13:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
30/08/2005
Histoire du PS par Mexandeau
Histoire du parti socialiste - Louis Mexandeau - (éditeur : Taillandier)
Louis Mexandeau est historien de formation, et c'est en historien qu'il traite le sujet.
Son livre est dense et "charpenté".
Les chapitres consacrés à la marche vers la création d'un parti socialiste unifié, en 1905, sont éclairés par la situation de la 3e république qui doit d'abord s'affirmer face aux royalistes, puis devenir laïque avant de songer à être sociale. La stature de Jaurès domine.
Puis vient le temps de Léon Blum : le "schisme" avec les communistes qui acceptent de s'aligner sur Moscou, baptisée "la patrie des travailleurs", le "Front populaire", la résistance, la reconstruction...et la défaite en Congrès face au discours plus à gauche de Guy Mollet.
L'écart entre les discours internes, très à gauche, de celui qui restera plus de 20 ans le "patron" des socialistes, et ses manoeuvres politiques en faveur d'hommes très marqués à Droite, son ralliement à De Gaulle en 1958 (ce qui provoque la naissance du PSA, qui deviendra PSU) est souligné.
En historien Louis Mexandeau traite rapidement, en deux chapitres, les évènements qu'il a vécu aux côtés de François Mitterrand, et, pudiquement, n'insiste pas sur le rôle qu'il a joué : il s'agit d'un livre d'Histoire, pas de mémoires, même s'il règle quelques comptes personnels au passage.
Mais Louis Mexandeau reste un militant. Dans sa conclusion, il appelle à "reconstruire une idéologie de rupture avec le capitalisme". Ce que promettait déjà la motion majoritaire au Congrès de Metz...en 1979, et ce que n'ont pas fait (pourquoi ?) les gouvernements dans lesquels il a été ministre.
Distinction entre "exercice du pouvoir" et "prise du pouvoir", comme l'a théorisée Léon Blum en 36 ?
Le livre se referme sur cette belle phrase : "Le Parti Socialiste, si imparfait qu'il soit, reste lourd de l'espérance des Hommes."
Louis Mexandeau est venu à Aire présenté son livre sur la résistance, j'aimerais qu'il revienne pour nous présenter cet autre volet de son travail d'historien engagé.
17:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
29/08/2005
Karl Marx, ou l'esprit du monde
Biographie de Marx, par Jacques Attali (Fayard)
La vie de Karl Marx, plutôt moins bien connue que son oeuvre.Attali en fait une description assez sévère : penseur génial, complètement "habité" par son travail intellectuel, complètement inapte aux servitudes de la vie quotidienne, n'envisageant pas de gagner sa vie, mettant sa femme enceinte tous les ans (et même la domestique - payée par la belle famille- en l'absence de sa femme), sans jamais se poser la question du minimum vital, vivant donc, le plus souvent très chichement, essentiellement d'héritages (accumulation capitaliste réalisée par d'autres) et de l'argent versé par Engels, détourné de la plus value dégagée par le travail des ouvriers des usines de la famille ce celui-ci.
Attali n'insiste pas plus qu'il ne le faut sur l'oeuvre théorique de Marx, en mettant quand même l'accent sur trois points :
- La "dictature du prolétariat" n'était envisagée que dans un cadre électoral pluraliste et parlementaire, avec une majorité obtenue par l'alliance des ouvriers et des paysans, en aucun cas comme la dictature d'un parti sur le prolétariat ;
- Marx ne se sentait pas "marxiste" à la lecture des prises de position de ses "disciples" ;
- Sa pensée était évolutive, toujours à la recherche de la dernière information susceptible de corriger son analyse, rien de figé, donc...
11:10 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)