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14/06/2012

Angola

D'une guerre l'autre

 

Angola,  1975

 

Ryszard Kapuscinski

 

Editions Flammarion

 

 

Certains esprits chagrins reprochent à Kapuscinski d'être plus un romancier qu'un journaliste. Cela tombe bien, ses livres se lisent comme des romans. Et c'est la raison pour laquelle ils sont réédités.

 

L'action se déroule à Luanda, et vers le front sud,  à la veille de la proclamation de l'indépendance de l'Angola, pays plus grand que la France, l'Allemagne et l'Italie réunies.

Le MPLA, qui tient la capitale encerclée, peut compter sur l'aide des Cubains, comme cela est raconté dans le livre, mais également de l'URSS (matériel militaire et jusqu'à 1.500 "conseillers") et de la RDA (jusqu'à 2.500 "conseillers").

C'est le pétrole, off-shore, de Cabinda qui financera l'effort de guerre, et finance aujourd'hui une corruption endémique.

Le FLNA, qui menace alors la capitale, est soutenu par le Zaïre de Mobutu, et par certains pays occidentaux.

L'UNITA de Savimbi, qui contrôlera jusqu'à 1/3 du pays,  finance son effort de guerre grâce à l'exploitation de mines de diamants,  bénéficie du soutien, y compris militaire, de l'Afrique du Sud de l'apartheid, en passant par la Namibie, où règne l'armée blanche sud-africaine, mais aussi du soutien bizarrement convergent des USA (y compris par des livraisons de missiles) et de la Chine.

 

Tout cela sur fond de guerre ethnique, ancestrale, entre tribus qui attrapaient et vendaient les futurs esclaves brésiliens, et les tribus victimes. "Les tribus se transmettaient leur terreur et leur haine mutuelles de génération en génération".

  

Tout cela se terminera quand le gouvernement du MPLA acceptera de vendre son pétrole à tout le monde, mais aussi avec l'effondrement de l'URSS et des régimes d'apartheid.

L'ONU a parlé de 1.000 morts par jour.

 

 

"Au lieu de viser l'ennemi, il cherche à tuer la peur qui le hante. Il doit gagner la guerre contre sa propre panique"

 

 

Je me suis rendu en Angola en 2002,  dans un "camp de regroupement" de l'UNITA, quelques semaines après la mort de Savimbi, dans son "fief" de Bailundo.

La crise humanitaire y était terrible. La mort guettait le long des routes, le pays étant le plus miné du monde.

 

Je suis retourné en Angola en 2009. Les Chinois travaillaient partout, y compris dans les couloirs de l'Assemblée nationale, ainsi qu'à la construction d'une ville nouvelle en banlieue. Les Brésiliens construisaient un nouveau barrage pour fournir l'électricité à la capitale.  Les galonnés du MPLA affichaient sans complexe leur richesse. L'hôtel Tivoli, établissement luxueux pour étrangers,  n'avait plus rien à voir avec la description de Kapuscinski.

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, afrique

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