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12/05/2011

Colombie : le terrorisme d'Etat

Colombie : Derrière le rideau de fumée

Histoire du terrorisme d'Etat

 

Hernando Calvo Ospina

 

Préface d'Ignacio Ramonet

 

Editions "Le temps des cerises"

 

 

"La violence politique en Colombie est la conséquence des énormes inégalités sociales et de l'intransigeance d'une oligarchie nationale vorace et intransigeante, soutenue par les Etats-Unis".

 

"La lutte de tous ceux, nombreux, qui n'ont rien, contre la poignée de ceux qui ont tout", qui se traduit par la mort de centaines de milliers de paysans et le déplacement de deux millions d'entre eux, du fait de l'usurpation violente de leurs terres.

 

Comme l'indique le titre, il s'agit d'un "terrorisme d'Etat", puisque, quand ce ne sont pas ses propres agents qui sèment la barbarie, l'Etat laisse faire les paramilitaires qui sèment la terreur, sous prétexte de lutte contre le communisme, puis, après le 11 septembre 2001, de lutte contre le terrorisme, ou (mieux ou pire ?) le "narco terrorisme".

"L'opposition politique était réduite à un problème d'ordre public qui relevait de l'institution militaire". "Les forces armées prirent pratiquement le pouvoir en Colombie à la fin des années 70".

Puis la responsabilité de la répression est passée des militaires aux paramilitaires. Puis "les narcotrafiquants ont peu à peu mis la main sur les groupes qui, au départ, étaient constitués comme "autodéfense"". "La violence par délégation". "L'argent des narcotrafiquants permit l'approvisionnement des paramilitaires et de rémunérer de vastes réseaux de tueurs à gages et de suborner ou intimider des gens". "L'engagement à combattre la guérilla est le prix payé par les narcotrafiquants". "En échange, on a fourni aux paramilitaires des couloirs d'exportation de cocaïne". Naturellement "Escobar est devenu le bouc émissaire de toutes les horreurs commises".

 

Le programme de "L'Alliance pour le progrès" du Président Kennedy, visait "à gagner les cœurs et les esprits des peuples" et à "réconcilier les militaires et les communautés pour enlever aux insurgés leur base sociale".

Sans beaucoup plus de succès il y a 50 ans qu'en Afghanistan aujourd'hui...

 

Le "Plan Colombie", lancé par les USA était destiné à 85% au renforcement de l'appareil militaire, et seulement 8% au remplacement des cultures illicites, qui ont augmenté !

 

"Pendant le gouvernement d'Uribe, le terrorisme d'Etat contre les populations sans défense a transformé ce qui était une mare sanglante en un lac écarlate".

 

"La sinistre alliance entre les forces de l'Etat, certains groupes d'intérêts privés et des organisations mafieuses constitue l'une des causes fondamentales de l'escalade de la violence en Colombie."

"En investissent la moitié des milliards de pesos consacré à la "défense" dans le développement social et économique, on pousserait la guérilla sur le chemin de la défaite sans avoir à tirer un seul coup de fusil."

 

L'auteur se réclame du marxisme, mais sa démonstration serait plus convaincante s'il ne se croyait obligé, à plusieurs reprises, de donner comme merveilleux exemple à suivre l'incroyable "réussite" démocratique qu'est Cuba.

A l'exemple de Cuba, il justifie "le droit à la lutte armée pour prendre le pouvoir". "Ce qui a motivé la création des guérillas, c'est la grave politique d'exclusion menée par 'Etat abandonnant à son sort une population dans le plus grand besoin, assoiffée de justice". Il passe complètement sous silence les exactions des différents mouvements de guérilla, ni ne se pose la question de l'échec des théories guévaristes de "focos", de guérillas rurales dans un pays urbanisé à 75%. "En Colombie, il est plus facile d'organiser une guérilla qu'un syndicat".

 

"La paix n'est durable que par le biais de la justice sociale".

08:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

11/05/2011

Quelques visions de l'Histoire de l'Afrique

Visions d'Afrique

 

Christophe Ngalle Edimo, Umar Timol, Jean-François Chanson Pov, Jason Kibiswa, Yannick Deubou Sikoue

 

Editions L'Harmattan

 

 

Bonne nouvelle : les éditions l'Harmattan, qui publient tant de livres pertinents sur les différentes régions du monde, en particulier l'Afrique, se lancent dans la BD, et c'est assez réussi !

 

Trois récits dans cet album :

Les yeux des autres, adaptation d'une nouvelle du poète mauricien Umar Timol. Allusion à la tragédie rwandaise, mais, au delà, le problème de la xénophobie et, plus largement,  du refus des différences...dans les yeux des autres.

 

Un passage de Terre d'ébène d'Albert Londres, qui raconte l'écœurement du journaliste parti faire un reportage sur la construction, quasiment à mains nues,  du chemin de fer "Congo Océan", de Brazzaville à Pointe Noire, soit un peu plus de 500 kilomètres. Travail forcé et malaria : ce fût l'hécatombe. La légende locale raconte encore aujourd'hui qu'il y a eu autant de morts que de traverses sur la voie ferrée. J'ai entendu la même histoire à propos de la ligne qui va de Pékin au Tibet...

 

Un avant poste du progrès de Joseph Conrad, qui préfigurait là "Le cœur des ténèbres". Un poste de l'administration coloniale dans un coin isolé du Congo, à l'époque où il était la propriété privée de Léopold,  Roi des Belges. Loin des repères européens habituels : de quoi devenir fou !

 

Au total un album intelligent, bien dessiné, de façon classique, qui me convainc de suivre attentivement cette nouvelle collection de L'Harmattan.

09:19 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

10/05/2011

après le 9, le 10 mai...

Putain, 30 ans...

 

 

Je viens de réaliser deux choses :

1) toutes les personnes qui ont moins de 48 ans n'ont pas voté le 10 mai 1981 pour la victoire de Mitterrand...et cela fait beaucoup de monde !

2) sur ces trente dernières années, Mitterrand a été président presque la moitié du temps, moins deux fois deux ans de cohabitation, mais en ajoutant cinq années de gouvernement Jospin, cela fait donc quinze ans à droite et quinze ans à gauche...

 

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été intéressé par la vie politique : 1958 : le retour de De Gaulle, la guerre d'indépendance de l'Algérie, avec, à Paris les attentats et les manifestations (en particulier le jour des morts du métro Charonne).

 

Mais le tournant de l'engagement date de 1965 : la première élection du candidat de la République au suffrage universel, François Mitterrand candidat unique de la gauche, ma demande d'adhésion à la FGDS, pourtant motivée, mais refusée par Charles Hernu,  parce que je n'avais que 16 ans ; ma première rencontre avec celui qui n'était alors que l'ex candidat à la présidentielle, à l'occasion de la sortie de son livre "Ma part de vérité". Il me pose des questions sur ce que je fais, et me parle de Jean-Christophe, comme moi étudiant en Histoire à Vincennes.

Nouvelle rencontre en 1978, alors que je suis le suppléant de Jacques Guyard, futur ministre, et que François Mitterrand vient nous soutenir dans notre campagne.

Rencontre avant 81,  alors qu'il est Premier secrétaire du PS, et que je suis Secrétaire général des cheminots socialistes,  et qu'il s'intéresse de près aux socialistes militants dans les entreprises, qu'il veut détacher de l'influence du CERES de Chevènement.

1981 : Mes collègues socialistes français qui partent dans les cabinets ministériels, alors que je reste au groupe socialiste du parlement européen (putain, 30 ans !)... 

J'ai vu François Mitterrand deux fois au Parlement européen, avec quasiment quatorze ans d'écart. Les deux fois, il a donné, de façon magistrale, une impulsion à l'Europe.

Regret de ne jamais avoir été à l'Elysée, alors que je fréquentais assez souvent Matignon,  de 1981 à 1984.

Dernière rencontre, émouvante, au siège du PS où il vient "faire un tour" après ses deux septennats.

09:56 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique

09/05/2011

Rien n'est irreversible

L'Union européenne : un projet pour l'éternité ?

 

9 mai, journée de l'Europe, un peu morose, malgré le 25ème anniversaire du fameux drapeau bleu à 12 étoiles d'or.

Tout le monde, sauf les pays candidats pour y entrer, sent bien que le projet est enlisé, sans volonté politique d'en sortir.

Le débat sur les perspectives financières, qui se traduit par une absence de perspectives, est révélateur.

 

La gauche en général, en particulier en France, n'a été qu'épisodiquement, à travers des personnalités comme François Mitterrand, Jacques Delors...et Guy Mollet,  le moteur de la construction européenne, du "marché commun", au "marché unique" et passant par "la libre concurrence" qui démantèle les services publics.

La démocratie chrétienne, il faut le lui reconnaître, a laissé plus de traces dans les mémoires.

Le Schuman dont on fête aujourd'hui la déclaration est le démocrate chrétien Robert, et non le Radical socialiste Maurice, pourtant signataire du Traité de Rome...

La Droite d'aujourd'hui est redevenue nationaliste. La réconciliation obligatoire d'après guerre ne motive plus Madame Merckel, et Mr Sarkozy court après l'extrême droite, pour tenter de redevenir populaire.

 

Stopper la vague spéculative qui se déchaîne contre la Grèce, le Portugal et l'Espagne serait une excellente occasion de montrer que l'Union européenne est indispensable, avec l'Islande en contre exemple. Dans ce pays, la crise du système bancaire a provoqué la ruine des épargnants, un effondrement de la monnaie, ce qui rend difficile le remboursement des dettes en monnaies fortes,  une inflation digne des années 70 qui fait baisser le pouvoir d'achat.

Comme en Hongrie, le FMI aide d'avantage que la Commission européenne, et contrairement au Commissaire européen, le Directeur général du FMI prône la relance, le retour à la confiance, des prêts à taux privilégiés, pour relancer les investissements.

 

Il est urgent que l'Union européenne mette en place une agence de notation européenne, indépendante, et un comité de surveillance des agences de notation qui ont entraîné la crise financière américaine puis mondiale en favorisant la spéculation immobilière.

19:46 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe

07/05/2011

SAS en Colombie

Cauchemar en Colombie

 

Gérard De Villiers

 

SAS n° 97

 

 

Le personnage de Pedro Garcia Velasquez, "né dans un taudis d'un des bidonvilles accrochés aux collines cernant Medellin", et devenu un des puissants parrains de la drogue, s'inspire manifestement de Pablo Escobar, le fameux chef du cartel de Medellin, et de son principal lieutenant, Rodriguez Gacha, exécuté en 1989, année de la première publication de ce livre.

Année également de l'assassinat de Luis Carlos Galan, candidat libéral à la présidence de la république par les sicaires du cartel de Medellin.

Année de "l'initiative andine" du président George Bush. Après la chute du mur de Berlin, et donc de la guerre froide, la guerre contre la drogue devient le point névralgique de l'agenda militaire américain.

 

"Il a fait installer l'électricité dans les bidonvilles où il est né."

"Ici le gouvernement ne fait rien pour les pauvres. "El Mexicano",  lui, met l'électricité, construit des stades, donne de l'argent. Si les narcos sont si puissants, c'est aussi parce que le petit peuple  les considère comme des bienfaiteurs."

Mais le roman montre bien la cruauté du personnage.

"C'est dans ce lumpen-prolétariat que les narcos recrutent leurs tueurs".

 

""Plomo o plata", du plomb ou de l'argent. On achetait les concurrents, les policiers, les soldats, les juges, les douaniers, les passeurs". "Les narcos ont tout infiltré".

 

Cet argent sert à acheter, (ne faut-il pas dire extorquer ?), les meilleures terres.

"La milice d'auto-défense des propriétaires terriens. Ce sont eux qui font la loi ici. Théoriquement, ils traquent les "subversifs". Ils se louent aux narcos. Tantôt pour assassiner les paysans qui ne veulent pas vendre leurs terres, ou pour liquider leurs adversaires, et, en général, tuer ceux qui les gênent."

L'actuel gouvernement tente une politique de restitution des terres aux paysans spoliés.

 

Le personnage de l'ancien colonel du Mossad israélien chargé de former les paramilitaires colombiens s'appuie sur des faits avérés et connus : ils furent plusieurs comme lui,  dans la réalité.

 

"Il suffisait d'aller chercher, au Pérou ou en Bolivie, la pasta,  et de transformer celle-ci en chlorhydrate de cocaïne avant de l'expédier sur le Mexique ou les Etats-Unis."

Dans ce domaine, deux évolutions depuis que le livre a été écrit :

- Avec la disparition des cartels de Medellin et Cali, la transformation chimique de la feuille de coca en cocaïne se fait de plus en plus souvent directement au Pérou ou en Bolivie, ce qui simplifie les questions de transport ;

- L'Europe est devenue destinataire, généralement en passant par l'Afrique de l'Ouest.

 

Dans le roman SAS est chargé, par la CIA et la DEA (l'agence anti drogue américaine) d'exfiltré vers les USA le chef des narcotrafiquants.

En 1989, la CIA annonçait qu'elle consacrait 25% de ses efforts en Amérique latine à la lutte contre la drogue.

En janvier 1991, le président colombien Cesar Gaviria a promis aux narcotrafiquants qui se rendraient la non extradition vers les Etats-Unis.

Pablo Escobar s'est rendu en juin. Sa prison n'en était pas vraiment une. Il s'en est "échappé" un an plus tard, considérant que sa vie était en danger.

Il a été tué à Medellin en décembre 1993.

Ses concurrents du cartel de Cali, qui ont récupéré ses "parts de marché",  ont activement collaboré à sa traque avec l'armée, la police, et les Américains.

Deux explications sont généralement avancées pour expliquer l'élimination d'un homme si généreux, y compris envers les politiciens :

- Il a voulu intervenir de plus en plus dans le monde politique en s'attaquant à la classe dominante ;

- Il connaissait trop bien les secrets du financement des "contras" appuyés par la CIA en Amérique centrale. Une façon de "blanchir" l'argent de la drogue. Mais quand la CIA n'a plus eu besoin des contras (l'insurrection armée au Salvador se termine en 89), elle n'a plus eu besoin, non plus, de cet intermédiaire encombrant...

Ce livre n'était prémonitoire que de quelques années.

08:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature