17/07/2011
Fillon et les valeurs républicaines
A chacun(e) son électorat…
« La musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas », chantait Brassens. Il est vrai qu’il était issu de l’immigration, et n’avait donc probablement pas, lui non plus, intégré les « valeurs de la France ». La droite bien pensante lui a, longtemps, cherché des poux dans la guitare.
Le point de vue d’Eva Joly est largement minoritaire, mais pas scandaleux, le 14 juillet n’est pas, heureusement, seulement un défilé militaire. Elle caresse son électorat dans le sens du poil.
Réserver les défilés militaires pour le 8 mai et le 11 novembre, comme le propose Eva Joly ? Pourquoi pas, s’il était clair que ces dates doivent fêter la paix, et non des victoires militaires. Comme les Allemands ne fêtent aucune de ces deux dates, il y a, au moins ambigüité. Ce qui n’est pas le cas concernant le rôle actuel de l’armée française sur ses différents théâtres d’opérations : être une force de paix. Avec des soldats qui meurent pour cela. D’où le catastrophique « timing » de la candidate des Verts.
La réaction du Premier ministre montre, une nouvelle fois, que la Droite a l’intention de gagner les élections de l’année prochaine en renforçant son aile droite.
Mais à force de se placer sur le même terrain que Marine Le Pen, les idées de celle ci ne se trouvent elles pas popularisées, et son électorat conforté ?
08:42 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
16/07/2011
les figuiers d'Algérie
Les figuiers de Barbarie
Rachid Boudjedra
Editions Grasset
Je ne suis pas un inconditionnel de Boudjedra, mais j'ai une faiblesse pour lui, que j'ai connu alors que j'étais lycéen, en classe terminale, dans une petite ville de grande banlieue, et lui jeune maître auxiliaire nous enseignant, plus ou moins, la philosophie.
J'ai encore en mémoire ses premières paroles devant notre classe : "la philosophie, c'est lire Camus sur la plage d'Alger".
J'ai lu Camus, je suis allé à Alger, beaucoup plus tard, et pas sur la plage, et j'ai du mal avec les livres de philosophie.
A la fin de l'année scolaire, à partir mai, nous n'avons plus vu notre professeur de philosophie. Il faut dire que nous étions en 68...
Quelques mois plus tard j'ai compris ce qui le préoccupait le plus pendant toute cette période, et dont il ne nous avait jamais parlé : "La répudiation", son premier livre qui connaîtra un succès immédiat.
Si je compte bien, "Les figuiers de Barbarie" est son 26ème livre.
J'avoue ne pas les avoir tous lus.
Celui qui m'a le plus marqué, à part "La répudiation" est "Topographie idéale pour une agression caractérisée" qui raconte l'errance d'un immigré algérien, qui ne sait pas lire, dans le métro parisien. J'y ai repensé dans le métro de Moscou, incapable de lire l'alphabet cyrillique.
A noter également ses prises de position courageuses contre les islamistes du FIS, à une époque où ils étaient encore très puissants.
Deux amis d'enfance se retrouvent côte à côte dans un avion. Bon prétexte pour remuer les souvenirs de la guerre d'indépendance, avec "des héros lamentables et indécis", mais aussi la colonisation ("Le colonialisme est une maladie chronique. Elle ne cesse jamais et on en guérit jamais"), mais aussi le "ratage de l'Indépendance, de la corruption généralisée, et de la lutte de clans, pouvoir véreux, enrichi, arrogant, et finalement idiot." "Un cycle de violences qui ne s'est pas encore terminé à ce jour".
"Les figuiers de Barbarie symbolisaient les sentinelles qui veillaient depuis toujours sur le pays".
"Figuier était le mot raciste qu'on utilisait à l'époque pour désigner les Algériens. Pour nous, les figuiers étaient devenus le symbole de la résistance".
"On ne voit jamais l'Histoire se faire, c'est comme l'herbe qu'on ne voit pas pousser"
"L'Histoire n'oublie jamais, elle fait juste semblant"
"Bugeaud sévit d'une façon atroce contre le pays envahi, en tuant le quart de la population en l'espace de quinze ans."
"Bugeaud, avant de massacrer en les enfumant des milliers d'Algériens, a été un véritable boucher en France même, lors de l'insurrection de Paris, en avril 1834"
"1846 : Le respect des règles humanitaires fera que la guerre risque de se prolonger"
"Marseille, où on fabriquait pendant l'époque coloniale, qui a duré cent trente ans, du savon avec les ossements d'Algériens qu'on pillait dans les cimetières".
"Pendant la période de Vichy, les pieds-noirs pétainistes avaient organisé de véritables pogromes contre les israélites algériens."
"45.000 morts en une semaine. Cela a commencé le 8 mai 1945".
"La guerre c'était l'enfer arrosé de sang et de vomi".
"Devenus des harkis sanguinaires, ils n'avaient pas compris le sens de cette tornade soudaine qu'était la guerre. Ni le sens de l'Histoire".
"Toutes les révolutions aboutissent au ratage, mais il faut les faire quand même".
"Toutes les saloperies commises par l'Organisation contre les maquis communistes qui avaient été créés à sa demande"
"Comment cette Organisation formidable, qui avait mis à genoux l'armée française, avait-elle pu commettre des crimes terribles ?" "La lutte pour le pouvoir et la passion de l'argent en étaient la cause"
"Ces anciens résistants devenus les pires exploiteurs, arrogants, ignares". "Nouveaux prédateurs qui allaient prendre le pays en otage"
"Epoustouflant, c'est à dire humain"
"Le propre de l'Homme ce n'est pas le rire, c'est la cruauté"
"L'orgueil est un bouclier"
"Dans les bars il y a l'odeur du peuple, l'odeur des pauvres"
"Il porte son idiotie comme un aveugle sa canne blanche"
08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
15/07/2011
Tom Hanks et Julia Roberts
Il n'est jamais trop tard
(Larry Crowne)
De et avec Tom Hanks, avec Julia Roberts et Gugu Mbatha-Raw
L'action se passe dans l'Amérique d'aujourd'hui : un licenciement, et il n'est plus possible de rembourser le prêt de la maison qui devra être revendue à perte, ainsi que nombre d'objets qui s'y trouvent.
Puisque le reproche fait au personnage principal est de ne pas avoir de diplôme universitaire, il décide, malgré ses cinquante ans, de s'inscrire à deux "unités de valeur" à l'université.
Son enseignante, désabusée, en pleine crise de couple, est incarnée par Julia Roberts.
Sous la pression de la nécessité économique, il délaisse sa grosse voiture pour un scooter. Sous l'influence d'une ravissante étudiante (Gugu Mbatha-Raw, qui mérite d'être revue dans d'autres films), il modernise son "look".
Pour gagner sa vie, cet ancien cadre intermédiaire reprend son métier de cuisinier.
Il s'agit d'une comédie américaine, donc, dès le début nous savons que les choses vont bien se terminer entre Tom Hanks et Julia Roberts. En partie sur le scooter, comme le montre l'affiche. Mais ce n'est quand même pas "Vacances romaines".
Un film sympathique, et qui met de bonne humeur, au moment où il faut penser à s'inscrire, ou se réinscrire, à l'université...
08:48 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
14/07/2011
L'Afrique "autrement"
Atlas de l'Afrique
Stephen Smith
Editions "autrement", nouvelle édition
Les éditions "autrement" méritent bien leur nom : elles présentent véritablement les choses "autrement", en particulier dans ses atlas thématiques qui "décryptent le monde".
Stephen Smith était tout indiqué pour écrire le texte, particulièrement incisif, de cet Atlas de l'Afrique. Après été journaliste à Libération puis au Monde, son "coup d'éclat" a été la publication de "Négrologie. Pourquoi l'Afrique se meurt" qui sortait, incontestablement, du "politiquement correct". Aujourd'hui enseignant dans une université américaine, il prouve, dans cet atlas, son talent pédagogique, et place les problèmes dans une perspective historique.
Il n'y aurait pas d'atlas sans cartes. Celles-ci, de Claire Levasseur, sont particulièrement claires malgré le format relativement modeste pour un atlas.
A noter la remarquable mise en pages, faite de cartes, de schémas et de petits articles synthétiques, sur les sujets essentiels regroupés en cinq chapitres : "un continent pluriel", "le poids du passé", "enjeu de la rivalité est/ouest", "l'après guerre froide", "le nouvel ordre civilisationnel".
En fin de la nouvelle édition, huit pages sur la "percée" chinoise en Afrique.
Au total une belle petite réussite qui secoue quelques idées toutes faites.
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13/07/2011
l'anti "Tintin au Congo"
Africa dreams
L'ombre du Roi
Maryse & Jean-François Charles et Frédéric Bihel
Editions Casterman
Le Roi, c'est Léopold II, roi des Belges et propriétaire du Congo.
L'album raconte l'histoire du petit Paul, devenu missionnaire, qui part au Congo, et y rencontre son père, médecin devenu grand propriétaire chrétien.
Il découvre le décalage entre les discours (nous apportons à l'Afrique la civilisation, son développement et ses lumières) et la réalité : le travail forcé, les mains coupées aux récalcitrants, les religieux qui ferment les yeux, la volonté des propriétaires d'avoir un "retour sur investissements"...
L'anti "Tintin au Congo" !
Dans sa postface, la journaliste belge Colette Braeckman, spécialiste de l'Afrique centrale, écrit : "le système léopoldien fut l'un des aboutissements les plus extrême du capitalisme"."De très grandes fortunes se sont constituées, au départ de l'accumulation congolaise rendue possible par le caoutchouc, l'ivoire, suivis du cuivre, de l'huile de palme. Léopold II est devenu l'archétype de l'appât du gain."
08:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd