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21/08/2015

Jacques Coeur : biographie romancée

Le grand Coeur

Jean-Christophe Rufin

éditions Gallimard

 

Après avoir été un "médecin du monde", Jean-Christophe Rufin est devenu, avec succès,  un romancier prolixe, siégeant aujourd'hui à l'Académie française.

Le livre est écrit à la première personne. Par le truchement de l'auteur, Jacques Coeur nous raconte sa vie aventureuse. Après un voyage dans l'actuelle Syrie, apte à saisir en vol les idées nouvelles,  il décide de ne plus laisser aux Catalans, aux Génois et Vénitiens le monopole du commerce méditerranéen. Il amène en France des produits de luxe dont la belle Agnès Sorel, favorite de Charles VII, ex pauvre "petit roi de Bourges",  sera la meilleure ambassadrice. Il donne l'essor à un artisanat du luxe qui préfigure la Renaissance.

Jacques et Agnès ont été proches, et avaient une relation de confiance, au point qu'elle en fasse un de ses "exécuteurs testamentaires". Pourquoi avoir inventé une liaison, parfois torride entre eux ? A l'époque, les mauvaises langues, souvent à la solde du Dauphin (le futur Louis XI) accuse Agnès de tromper le roi avec le grand Sénéchal Pierre de Brézé, ou avec le contrôleur des finances Etienne Chevalier, qui semblent l'aimer d'un amour courtois, mais pas avec le fournisseur de la cour. Pourquoi les faire se quitter après une nuit consacrée à l'amour physique ? N'était-il pas présent à son chevet, sur son lit de mort ?  Pourquoi inventer une liaison entre le roi et Antoinette de Maigrelay, cousine d'Agnès après la prise de Rouen ? Antoinette, responsable de l'éducation des filles d'Agnès ne semble pas avoir quitté Agnès et ses enfants pour aller à Rouen.

Il y a d'autres choses que Jacques Coeur, par le truchement de Rufin, ne nous dit pas : son père n'était pas un modeste pelletier, mais un gros négociant en peaux. La base de ses entreprises était à Montpellier, où, avec les produits qu'il faisait venir, a commencé la première entreprise importante en France de teinturerie.

Et, surtout, il oublie de mentionner quelques sources de sa prodigieuse richesse : la traite de belles Circassiennes,  la spéculation sur les rançons de prisonniers anglais (qu'il achetait à bas prix à ceux qui les détenaient, et avaient besoin d'argent), et les taux usuraires qu'il pratiquait à ceux à qui il prêtait de l'argent.

De quoi provoquer bien des rancœurs. "Talent réussite , succès font de vous un ennemi de l'espèce humaine." Comme plus tard Fouquet, il paiera le prix de la jalousie suscitée dans le coeur du roi. Des jalousies n'ayant rien à voir avec Agnès, et tout avec la richesse,  cachée en partie à Naples (comme le dit le roman) et en Catalogne (comme le disent les historiens). Procès inique, sans avocat, suivi d'une évasion rocambolesque et une fuite qui ne l'est pas moins.

Accusé de complot avec le Dauphin, il sera réhabilité par celui-ci devenu roi, mais, contrairement à Jeanne d'Arc,  sans avoir droit à un procès en révision.

 

"Pour tous les peuples de l'Orient, le plaisir est dans l'ombre, la fraîcheur, la clôture"

"La patience était la seule forme de bravoure qui nous était réservée"

"Puisque je n'avais qu'une vie, tant valait qu'elle fût pleine de bonheur et de volupté."

"Quiconque n'a pas vécu l'épreuve de la disgrâce , du dénuement et de l'accusation ne peut prétendre connaître véritablement la vie"

"Je peux mourir car j'ai vécu"

 

08:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

20/08/2015

Être féministe au Moyen Âge

Christine de Pisan

Régine Pernoud

éditions Calman-Lévy

 

Le père de Christine vient de Bologne, "centre d'études juridiques les plus important sans doute en Occident, où avait pu enseigner une fille." "Ce n'est qu'au XVIIe siècle que la femme dû obligatoirement prendre le nom de son époux. Jusqu'alors, elle avait le choix entre le patronyme de son père, de sa mère, de son mari." Christine gardera le nom de son père.

Veuve à vingt-cinq ans, Christine ignorait les affaires de son mari. Il lui faudra plus de vingt ans, face au mépris de la justice pour une femme, pour récupérer les arrérages dus à son mari.

Christine écrit de la poésie. "Ce qui avait été un dérivatif va devenir une vraie carrière qui sera aussi son gagne-pain." En six ans, elle aura écrit quinze volumes.

Loin de se contenter de gagner sa vie par elle même, Christine engage le fer contre Jean de Meung, professeur à l'université de Paris.

Celui-ci s'est piqué d'écrire une suite au "Roman de la rose", best seller de l'époque, en en prenant le contre-pied. Alors que l'oeuvre originale est le symbole de "l'amour courtois" qui met la Femme sur un piédestal, comme le fait la poésie depuis le XIe siècle, Jean de Meung affiche un mépris total pour les femmes. "La quête amoureuse a totalement disparu. "La perte des valeurs courtoises, c'est l'effacement du rôle de la femme." "Comment faire entendre le langage de la poésie dans un pays livré à l'ennemi ?"

"A la chevalerie ont succédé les ordres de chevaleries dont se satisfait la vanité masculine." "Au règne du chevalier succède celui du professeur." Quand Henri de Lancastre, roi d'Angleterre par la grâce de Dieu, et héritier du royaume de France (à la mort de Charles VI, par la grâce du Traité de Troyes) entre dans Paris, il reçoit les félicitations de l'université.

"Au début du XIVe siècle, plusieurs femmes exerçant la médecine comme elles l'avaient fait jusqu'alors ont été poursuivies  parce que ne possédant pas le diplôme de l'université de Paris. Et pour cause : les femmes n'ont pas accès aux cours universitaires !"

Comment Christine peut-elle se permettre, elle, une femme, de prendre à partie un éminent universitaire ? Elle sera donc attaquée en tant que telle.

A la fin de sa vie, Christine aura le bonheur de voir une femme, Jeanne, prendre une part décisive dans la libération du pays. Elle aussi sera soumise aux jugements des universitaires. "L'université de Paris est l'instrument du roi d'Angleterre." Pierre Cauchon est l'ancien recteur de l'université. "Il y aura beaucoup de rancune ant-iféministe dans les attaques des docteurs de l'université de Paris lors du procès de condamnation de Jeanne."

"Pour Christine qui a passé une partie de son existence à tenter de convaincre ses contemporains qu'ils avaient tort de mépriser la femme, qu'il y a en elles des ressources indispensables au bon équilibre de la société, que ce monde masculin que représentent Parlements ou Universités ne saurait suffire dans la conduite du royaume, quelle justification ! Elle a toujours vanté le courage comme vertu féminine, exalté avec force exemples à l'appui ce que peut faire le courage d'une femme, montré que "fort et hardi coeur" peut-être l'apanage des femmes, car elles en ont besoin dans leur vie quotidienne."

 

 

09:34 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

19/08/2015

Berlin, 1945

Phoenix

De Christian Petzold

avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf

 

Vous avez peut-être vu "Barbara", cette histoire d'une femme, médecin, travaillant en RDA dont le mari organise le passage à l'Ouest. Phoenix est du même réalisateur, avec les deux mêmes acteurs vedettes. Surtout l'actrice, Nina Hoss, car dans les deux films le personnage féminin joue le rôle moteur.

Dans Phoenix, la femme revient de "camp" dans un Berlin détruit, en 1945. Elle est à la recherche de sa vie d'avant, de son amour perdu. Comme dans Barbara, elle veut reconstruire sa vie. Le phénix pourra-t-il renaître de ses cendres ?

Seul problème, le film va au peu au-delà de la vraisemblance.

Je ne l'ai pas vu passer sur nos écrans, mais il est actuellement disponible dans les "nouveautés" en VOD.

 

09:30 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

18/08/2015

Visite du haras national d'Uzès

Visite de deux heures. D'abord les chevaux. A commencer par ceux qui font les spectacles de Lucien Gruss. Essentiellement des chevaux ibériques, entiers, car ils n'ont pas le même tempérament que les hongres. Puis ceux de l'école d'attelage. Diversité des races. Y compris celles sauvées par la consommation de viande.

Même si toutes les activités liées au cheval ont lieu au haras d'Uzès, l'attelage prédomine : formation des chevaux et des conducteurs. Musée de voitures hippomobiles anciennes, et voitures modernes pour évoluer sur les parcours à un, deux, ou quatre chevaux. Les élèves se succèdent.

Chaque matin, dans la ville d'Uzès les bouteilles vides sont ramassées par un attelage que les habitants et les touristes préfèrent de beaucoup au bruyant camion des années précédentes. L'arrosage des plantes municipales est également assuré par un attelage.

La visite de la forge n'a pas été la moins intéressante : presque mille fers utilisés chaque année par les maréchaux-ferrants. Du "sur mesure" !

Pour terminer, une petite démonstration de dressage.

 

 

09:41 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : loisirs

17/08/2015

Meurtres en Andalousie post-franquiste

La Isla minima

d'Alberto Rodriguez

avec Raul Arevalo, Joaquim Guttierrez, Nerea Barras

 

Un vrai bon film policier : deux adolescentes (15 et 17 ans) ont disparu. Deux policiers enquêtent. De fausses pistes en rebondissements, la coupable est connu à la toute fin du film.

Film policier, mais pas seulement. L'action se passe au début des années 80, dans la période post-franquiste. La démocratie a du mal à s'imposer au sein de la police et de la société. Même ceux qui travaillaient dans la police politique franquiste sont encore en place. Mais le film évite tout manichéisme. Les deux policiers sont plein de doutes, sur l'enquête et sur eux-mêmes.

L'action se passe en Andalousie. Les femmes qui travaillent à l'usine sont en grève. Les hommes travaillent comme journaliers pour la récolte, et tentent, sans grand succès,  d'obtenir une meilleure rétribution. Ils ne savent pas que trente ans plus tard ils seront remplacés par des travailleurs immigrés marocains ou africains. Car ils seront tous partis. Car ils veulent tous partir. Au moins jusqu'aux hôtels du bord de mer. Tous et toutes, prêtes à tout pour cela,  d'où le drame. 

Un film qu'il faudrait montrer aux jeunes filles pour les inciter à un minimum de prudence.

Le film de toutes les récompenses en Espagne, puisqu'il a raflé pas moins de dix "Goyas", l'équivalent de nos "Césars". Mais aussi deux prix au Festival international du film policier de Beaune.

 

09:40 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma