Le Grand Duduche en 68 pages

Les années Cabu

Hors Série du Monde

en partenariat avec Glénat

 

Duduche, éternel adolescent que j'ai découvert quand j'avais cet âge. Duduche enfant naturel de mai 68. Les gens de ma génération ne peuvent que se reconnaitre. Aussi bien dans les "années lycée" , même s'il n'y avait pas de "fille du proviseur",  que dans ses moqueries sur les "beaufs".

Une bonne séance de nostalgie, loin de l'image habituelle du Monde !

 

le Ritz sous l'occupation allemande

Le barman du Ritz

Philippe Collin

éditions Albin Michel

 

De juin 1940 à août 1944, les Allemands sont à Paris. Les plus hauts gradés, dont Goering,  logent au Ritz, place Vendôme. Au bar de l'hôtel, ils côtoient certains membres de l'élite parisienne, dont Coco Chanel et Sacha Guitry qui triomphe au théâtre.

Derrière le bar, le barman, originaire d'Autriche donc parlant allemand,  mais formé à New-York, donc parlant anglais,  est Juif, ainsi que son assistant. Secrets bien gardés !

Frank est habile, gagne la sympathie de ses clients dont certains perdront la vie en raison de leur participation au complot contre Hitler .

Par l'intermédiaire de l'ambassadeur de Suède, il fournit de faux papiers à des Juifs menacés, dont la femme du directeur. Affrontement entre la peur et le courage.

L'auteur est titulaire d'une maitrise d'histoire contemporaine.

 

"Des colonels de la Wehrmacht, attirés par les courtisanes, la poitrine au balcon. La grande parade du vice sous les auspices du Führer, le Reich au faîte de sa puissance, fêté place Vendôme."

"Vingt ans de comptoir plus tard, Frank Meier a appris à distinguer d'autres nuances au royaume des favorisés. Le bourgeois en exil, qui a connu le déclassement. Le bourgeois catholique, soucieux d'honorer son devoir de charité. Le bourgeois cultivé ,guidé par sa mauvaise conscience. Et enfin, le bourgeois socialiste, épris d'un idéal de justice."

 

 

Berlin, 1943

Topographie de la terreur

Régis Descott

éditions Archipoche

 

Après Stalingrad, les nazis ont décrété la guerre "totale" et accentuent la terreur. Les Alliés commencent à bombarder sérieusement Berlin dont les habitants ne se doutent pas que leur martyr va durer encore deux ans.

Le commissaire Lenz est membre de la police criminelle, mais pas du parti !

Comme Bernie Gunther, le commissaire du regretté Philip Kerr, trop tôt disparu et Gereon Rath, le commissaire de la série "Babylone Berlin", Lenz tente de faire son travail de policier tout en gardant ses principes, alors que la terreur s'intensifie.

Je pourrais citer également Franz Stangl de Dominique Sigaud, ou le policier juif Oppenheimer, démis de ses fonctions,  d'Harald Gilbers.

Lenz est chargé de l'enquête sur la mort, selon le même mode opératoire, de deux éminents médecins. Son travail l'amène à découvrir l'euthanasie des malades mentaux par les médecins nazis, "pour la pureté de la race", et pour "faire des économies..."

Contre les Juifs, ou supposés tels, pas besoin d'enquêtes de la Gestapo : les dénonciations anonymes continuent à pleuvoir. Parfois dans l'espoir de récupérer un logement convoité !

Sans oublier la chasse aux homosexuels et aux artistes "dégénérés".

La situation est d'autant plus difficile pour le commissaire Lenz que sa maîtresse juive attend un bébé de lui et qu'un de ses collègues s'acharne à trouver des preuves contre lui pour le faire tomber.

Heureusement pour Lenz, il reste à Berlin de braves gens, allemands ou suédois,  prêts à aider, au péril de leur vie. Ce polar pose clairement la question des responsabilités, individuelles et collectives.

Dommage que le commissaire Lenz n'ait pas l'humour impertinent du commissaire Bernie Gunther.

 

"L'Einsatzgruppe B, en Biélorussie aurait fait au moins 45 000 victimes entre le déclenchement de l'opération Barbarossa et la fin 41. Ces horreurs avaient fuité. Comme la dynamite dans un asile psychiatrique, "pour abréger les souffrances des malades", à la demande de Himmler, lors de son passage à Minsk."

L'auteur aurait pu préciser que sur les 23 responsables d'Einsatzgruppen jugés à Nuremberg, seul quatre furent condamnés...et libérés en 1951...

 

La complainte du corbeau affamé

Krummavisur

Ian Manook

Flammarion

 

Ian Manook nous fait voyager. Dans ce roman l'Islande et le Groenland.

Kornelius Jakobsson, "pire meilleur flic d'Islande" poursuit ses enquêtes tout en fredonnant le Krummavisur, la complainte du corbeau affamé.

Il doit élucider le mystère de trois cadavres incrustés dans la glace, libérés d'un iceberg séparé de la banquise en raison du réchauffement climatique.

Et cette adolescente retrouvée morte dans un chalutier qui cherchait, en pleine tempête, à quitter les eaux islandaise. Et les coupables présumés tués avant le moindre interrogatoire, comme si on avait voulu les empêcher de parler.

Et les Américains s'en mêlent. Ils se considèrent un peu comme chez eux, la supériorité en plus, puisqu'ils assurent la sécurité extérieure de l'Islande. Et ils ne veulent pas que les Islandais en sachent trop sur la base souterraine géante qu'ils avaient installés au nord du pays.

Et ils veulent éviter que les Chinois profitent de la future indépendance du Groenland.

Il y a de l'action !

Les lecteurs de romans islandais verront confirmer la climat qui règne dans le pays...

 

Lyon 1760

Les sept vies du moine

Olivier Barde-Cabuçon

Actes Sud / Actes noirs

 

Le chevalier de Volnay, "commissaire aux morts étranges", arrive à Lyon accompagné de son père, moine hérétique défroqué qui lui vole la vedette. Accompagné également d'une ravissante égyptienne. Ils sont bientôt rejoint par une autre enquêtrice de charme nommée par Sartine, le lieutenant général de police, bien connu pour ses peruques. 

A quelques jours de l'arrivée dans la ville du roi Louis XV, qui n'est "bien aimé" ni par les protagonistes ni par l'auteur, deux morts mystérieuses se produisent.

Nous ne connaitrons qu'à la toute fin du roman les coupables. Je dois avouer que je n'avais pas deviné !

Olivier Barde-Cabuçon est historien et lyonnais et il ne résiste pas à la tentation de nous parler de l'histoire de sa ville.