06/10/2025
la gloire de sa mère
Kolkhoze
Emmanuel Carrère
éditions P.O.L.
Chez les Carrère, "faire kolkhoze" consistait à réunir les trois enfants autour de leur mère, la célèbre Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française. La plus jeune des enfants dans le lit maternel, les deux autres sur des matelas de chaque coté du lit. C'est la nuit de la mort de leur mère que les enfants, devenus adultes, ont pour la dernière fois "fait kolkhoze".
Emmanuel parle de sa mère, beaucoup, et de son père, un peu. Il était du petit village d'Encausse, dans le sud-ouest et était fasciné par l'arbre généalogique de son épouse, géorgienne mais à la famille russe très noble, ruinée par la révolution, ce qui la conduira à se spécialiser dans l'histoire de l'Empire russe, au point de devenir une historienne "soviétique" très poutinienne.
Madame l'académicienne était restée longtemps fâchée contre son fils après la publication d'"un roman russe". Heureusement qu'elle ne verra pas Kolkhoze qui ne la ménage pas, en particulier concernant l'attitude qu'elle a eu avec le père au cours de leurs soixante-dix ans de mariage.
"Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; et quelquefois, ils leur pardonnent" (Oscar Wilde)
"Quand mon père est mort, il m'est resté le regret d'avoir si obstinément manqué l'occasion de me rapprocher de lui, de l'écouter, d'aller sur son terrain ,au lieu de m'intéresser aussi peu à ses recherches que s'il avait été philatéliste- et peut-être d'ailleurs que s'il avait été philatéliste cela aurait mérité aussi que je m'y intéresse."
08:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
29/09/2025
Se méfier des sectes
L'ombre portée
Hugues Pagan
éditions Rivages / Noir
25 ans dans la police après avoir étudié la philosophie, et fait un bref passage dans l'enseignement, Hugues Pagan nous raconte une histoire policière tout en nous faisant sentir ses préoccupations sociales, dans un style élégant sans être prétentieux.
Tout commence par l'incendie d'une ancienne menuiserie, et la mort inattendue de trois SDF qui y avaient trouvé refuge. La hiérarchie du groupe criminel chargé de l'enquête ne veut pas s'embarrasser d'une telle affaire.
La piste va les conduire à une secte, plus criminelle qu'ésotérique.
L'action se passe dans une ville de province brumeuse, il y a quelques années. On fume beaucoup et on boit pas mal, y compris dans la police.
"on savait déjà que, volontaire ou non, la ségrégation sociale passait d'abord par le logement."
"il avait rétorqué qu'on pouvait être magistrat sans cesser d'être lucide, comme on pouvait être flic sans être totalement abruti."
08:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar
19/09/2025
au nom du père
Finistère
Anne Berest
éditions Albin Michel
Anne Berest remonte, avec talent, le fil de sa lignée paternelle, bretonne.
Elle raconte les premiers combats des agriculteurs du Finistère, la résistance.
Elle parle surtout de son père, qui se trouve être de ma génération, bachelier en 68.
Contrairement à lui je ne suis pas polytechnicien, ni même élève du lycée Louis Le Grand, ni même membre dans ma jeunesse de la Ligue Communiste.
J'ai aimé le chapitre consacré aux débuts de l'université de Vincennes, où sa mère était étudiante.
Ce livre a été pour moi une bonne surprise !
08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman
10/09/2025
La séduction de la femme mûre
Elle ne fait pas son âge
mais bien d'autres choses
Florence Cestac
éditions Dargaud
J'adore l'humour de Florence Cestac, même quand elle se moque, avec tendresse, des vieux messieurs.
Elle s'occupe de ses vieux parents ou de ses petits enfants. Elle est plus souvent conquérante que victime. Elle a le coeur battant et ne fait jamais son âge, surtout dans son âme d'adolescente.
Des histoires courtes, souvent douces-amères.
Un regard acéré sur ses contemporains : nous !
08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
08/09/2025
Budapest 1956
La cinquième femme
Maria Fagyas
Série noire / Gallimard
Les cadavres s'empilent dans les rues transformées en chantier sanglant par l'insurrection, et la répression de celle-ci par les troupes russes.
Pourquoi l'inspecteur Nemetz s'acharne à découvrir la cause de la mort d'une femme alors que la ville est déchirée par les combats, sur fond de résistance ou de collaboration, et de marché noir ?
Parce que cette femme était venue le voir pour lui demander son aide car elle se sentait menacée par son mari. On dirait aujourd'hui "féminicide" !
Son mari est un médecin dévoué qui semble bien occupé à sauver les nombreux blessés, russes ou Hongrois.
Il faut attendre le dernier chapitre pour connaitre le fin mot de l'histoire...
Encore un livre qui n'est pas à la gloire de la Russie et de son armée.
08:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, hongrie


