25/10/2009
Silex and the city
Silex and the city
Jul
Editions Dargaud
"Toute la planète semble obéir aux lois de la sélection naturelle...toute ? Non, une vallée résiste, encore et toujours".
Hommage à Astérix, référence à une série télévisée américaine, et surtout parodie de la famille "Pierrafeu", avec des anachronismes comparables : la ZEP est une "Zone d'Evolution Prioritaire" ("Il est dégraissé votre mammouth ?"), EDF, Energie Du Feu, le MLF, "Mouvement de Libération du Feu.
Avec la famille "Dotcom" (Blog, Spam, Web et URL), nous vivons une campagne électorale, avec des candidats représentants les "minorités visibles", des "alter-darwinistes", des "dolto-sapiens", avec les slogans de l'époque : "évoluer + pour gagner +", "Pour une évolution soutenable", ou "Pour une évolution tranquille", des pacifistes qui disent "Non à la guerre du feu", et un appel à la mobilisation car "si tu ne t'occupes pas du paléolithique, le paléolithique s'occupera de toi".
"Chasse, pêche, nature et traditions" était, bien entendu, déjà présent dans la campagne...électorale !
Et tout cela dessiné par Jul, de "Charlie Hebdo".
08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd
24/10/2009
Le bibliothécaire
Le bibliothécaire
Larry Beinhart
Grand prix de littérature policière 2006
Folio policier n°466
Depuis Millenium c'est le premier livre qui m'a fait oublier d'éteindre la lumière pour profiter d'un indispensable et réparateur sommeil.
Il faut quelques pages pour mettre en place l'intrigue, puis le suspens devient assez intense.
Roman policier, mais aussi livre très politique. Bush n'est pas cité. Dans le roman le Président s'appelle Scott, mais il est impossible de se tromper à la description de ce fils à papa, va-t-en guerre mais planqué, alcoolique devenu ultra du christianisme, par électoralisme.
Les critiques contre l'administration "républicaine" américaine sont sévères, mais justifiées : les lois liberticides, au nom de la lutte contre le terrorisme, les élections transformées en "reality show" ("Une campagne présidentielle, aujourd'hui, se résume à ce que vaut le candidat à la télévision" ; "la manière dont les choses apparaissent à l'écran est devenue la clef du pouvoir"), les allégements d'impôts pour les plus riches, "pour transférer les charges sur les classes moyennes et laborieuses" (ce n'est pas en France que notre Président ferait ça...), le transfert des charges du budget fédéral sur le budgets de Etats (comme si, chez nous, les dépenses sociales étaient transférées aux collectivités locales, dont les impôts ne sont pas progressifs, et ne tiennent pas compte des revenus), les médias aux ordres des annonceurs ("C'est inouï la vitesse à laquelle on peut saturer les médias, les faire fonctionner en meute, leur faire reprendre tous en chœur la même chanson" ; "La capacité d'un journaliste à survivre et à prospérer dans une des grandes sociétés qui servent les informations à la télévision sous forme ludo-éducative est directement liée au potentiel d'auto-aveuglement dudit journaliste", la victoire volée en Floride, avec l'aide d'une Cour suprême majoritairement nommée par les Présidents réactionnaires
L'intrigue est simple : pour maintenir au pouvoir le Président qui défend leurs intérêts, des hommes sont prêts à tout, vraiment à tout (y compris à jouer le jeu des provocations pour entraîner un reflexe sécuritaire, air connu en France également), et ils ont de l'argent pour cela.
Pour eux la politique n'est qu'une branche des affaires, pour gagner encore plus d'argent.
Il décide donc d'éliminer le bibliothécaire embauché par l'un d'eux, pour classer ses papiers, et donc susceptible d'avoir découvert des secrets inavouables.
Les méchants sont de vrais cauchemars, qui prétendent représenter le Bien, mais les gentils apprennent vite à ne pas se laisser faire.
"Jurant comme un matelot qui vient d'apprendre que son brûlant accès de chtouille appartient à une nouvelle variété incurable"
"C'était aussi bon qu'une phrase d'Hemingway, à l'époque où il était bon"
"C'était une manière de me défendre contre l'impression que la gauche était en pleine déconfiture, que les porte-parole de la gauche ne savaient plus s'exprimer qu'en charabia."
"Ca ne représente aucun intérêt d'avoir raison si l'on est pas capable de convaincre les autres"
"Il y a une chose qui ne se justifie jamais, c'est le manque d'intelligence. Il est immoral de rester ignorant alors qu'on aurait pu être lucide"
"L'Histoire ce n'est pas une suite d'évènements, c'est leur description"
"L'essence du gouvernement, c'est le pouvoir ; et le pouvoir se trouvant nécessairement dans des mains humaines, il sera toujours susceptibles d'abus"
"La vertu est plus à craindre que le vice, car ses excès ne sont pas soumis aux prescriptions de la conscience" (Adam Smith)
"Faire ce qu'on veut vraiment, au moins une fois de temps en temps, voilà le secret de la vie"
08:42 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
18/10/2009
Madame désire ?
Madame désire ?
Grégory Mardon
Editions "Fluide glamour"
Les célèbres éditions "Fluide glacial" ont lancé une collection spécialisée "glamour".
Honnêtement cet album est plus proche du "hard" que du "glamour". Même si les pages les plus "crues" sont fermées et doivent être ouvertes au coupe papier, comme les livres d'autrefois, cet album n'est pas à laisser entre toutes les mains.
Deux jeunes gens à bicyclette, profitant des premiers congés payés, arrachés par le Front populaire, se retrouvent dans un château perdu dans la forêt, où une méprise leur permet de se faire passer pour les domestiques attendus.
Le maître de maison est absent. Aucun des fantasmes sur les relations possibles entre la marquise et ses domestiques ne sont oubliés, mais depuis "L'amant de Lady Chaterlay"...
Supposé être "de gauche" puisque le marquis y est caricatural et que quelques phrases du dialogue rappellent la condition prolétaire, le scénario est surtout prétexte à scènes de "galanterie".
Album en "noir et blanc", dans tous les sens du terme !
09:04 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : litérature, bd
10/10/2009
Tokyo
Tokyo
Mo Hayder
Pocket n°12844
Sur les couvertures de ses livres son nom est écrit quatre fois plus gros que le titre de l'ouvrage : un signe qui ne trompe pas sur la notoriété de l'auteur(e).
Je me suis donc senti obligé de découvrir l'œuvre de cette anglaise blonde aux yeux bleus.
Ma spécialiste des "thrillers" m'a conseillé Tokyo, lauréat du prix SNCF du polar européen, prix des lectrices d'ELLE, et qui figure dans la sélection "100 polars" de la FNAC.
Ce livre est écrit à la première personne, mais il y a deux "premières personnes", dont les histoires se rejoignent : d'une part une jeune femme, anglaise, qui arrive à Tokyo pour faire des recherches historiques qui l'obsèdent, et travaille, pour survivre, comme "hôtesse" dans un club, et d'autre part un lettré chinois qui raconte l'angoisse devant l'arrivée des envahisseurs japonais, à Nankin, en décembre 1937 (300.000 morts, niés par de nombreux historiens japonais.
Le lecteur est conduit, doucement mais surement, vers le double suspens, intense, des cent dernières pages, avec une phrase finale qui n'est pas franchement optimiste : "en ce monde aucun de nous n'en a pour très longtemps".
Remarque : je n'ai pas trouvé dans ce livre, qui ne manque pas de tendresse(s), la moindre trace d'humour, même macabre.
Questions :
Comment peut-on imaginer des choses pareilles ?
Comment de telles horreurs peuvent-elles être inspirées par des faits réels ?
Jusqu'au l'être humain est-il prêt à aller dans son pacte faustien à la recherche de l'immortalité ?
"Il n'y a rien d'autre que la superstition pour éclairer les errements de notre monde"
"La patience transforme la feuille de mûrier en soie"
"Le Japon et la Chine avaient en commun d'avoir traversé des années où les seules protéines accessibles au peuple étaient celles des cocons de vers à soie"
"On mange d'abord avec les yeux" (proverbe japonais)
08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
08/10/2009
Hédonisme
Les libertins baroques
Contre histoire de la philosophie 3
Michel Onfray
Editions Grasset
J'ai découvert Michel Onfray par son excellent "Contre manuel" de philosophie, et je me retrouve assez dans son hédonisme. J'avais trouvé son "Traité d'athéologie" ravageur, plein de pertinences et d'impertinences.
Les "libertins baroques" ne sont pas athées. Ils ne s'en prennent pas à Dieu, mais n'épargnent pas ceux qui en ont fait leur fonds de commerce."On épargne Dieu en tant que tel", mais "la Terre devient le seul horizon". " Les libertins baroques créent la laïcité, le principe de séparation des deux domaines bien distincts : la Foi et la Raison."
"Le libertin veut bien croire en Dieu, mais n'a pas envie que cette croyance produise trop d'effets sur sa raison, son intelligence, ses mœurs, l'usage de soi, de son temps, de son corps, de sa chair", en réaction à la haine paulienne des corps ; "le libertinage philosophique entretient donc une relation intime avec le libertinage de mœurs." "Penser librement pour vivre librement".
J'avoue que je ne me souviens pas d'avoir jamais entendu parler de Charron, La Mothe Le Vayer, Saint-Evremond. Cyrano de Bergerac me faisait plus penser à D'Artagnan, Roxane ou Gérard Depardieu qu'à Montaigne...
La conclusion logique de cette lignée philosophique vient avec Spinoza et "sa revendication d'une liberté d'analyse totale, sur tous les domaines ; l'abandon des modèles théologiques au profit du modèle scientifique ; la proposition d'une morale débarrassée du ciel et soucieuse des seuls effets produits sur terre."
Depuis 1492, le monde "n'est plus européen, blanc et chrétien mais planétaire, coloré et naturel, multiple."
"Philosopher n'est pas apprendre à mourir, mais à mieux vivre en attendant la mort".
La même année que le "Discours de la méthode" de Descartes, en 1637, parait "La supercherie dévoilée" de Cristovano Ferreira, jésuite portugais, missionnaire au Japon, converti au bouddhisme zen. Il démontre, trop en avance sur son temps, "l'incompatibilité absolue entre la religion et l'usage sain d'une raison correcte".
Le "Grand Siècle", celui de Louis XIV, classique, catholique et monarchiste, est aussi celui de "la force anonyme libertaire qui fleurit partout", de "la circulation de manuscrits anonymes d'une radicalité sidérante".
Ce livre m'a donné envie de lire les autres tomes de cette "Contre histoire de la philosophie".
"J'aime, donc je suis" (Saint-Evremond)
"Nous avons plus d'intérêt à jouir du monde qu'à le connaître" (Saint-Evremond)
09:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philosophie