14/02/2010
Putain de guerre
Putain de guerre
1917-1918-1919
Tardi et Verney
Editions Casterman
Deuxième tome de Tardi et Verney sur la première guerre mondiale.
Avec, pour illustrer le texte de l’historien Jean-Pierre Verney, des photos du « musée de la grande guerre de Meaux ».
Un album essentiellement en noir et blanc, avec, par moments, du rouge, à la fin un peu plus de couleurs, et le graphisme implacable de Jacques Tardi.
C’est 1917, la lassitude, les refus de monter en première ligne qui sont qualifiés de « mutineries » et conduisent souvent au peloton d’exécution.
Sept mois de boucherie pour aller de Craonne au « chemin des dames », et l’envoi à Limoges de Nivelle, « limogé ».
Notre allié russe qui cesse les combats après la révolution bolchévique.
L’arrivée, à partir de juin, des Américains, par bateaux entiers. La dernière grande offensive allemande, avec des canons à longue portée, avant d’être surpassés.
A partir de septembre 1918, l’avancée des alliés sur tous les fronts.
Et enfin, à la onzième heure du onzième jour du onzième mois, l’armistice, la fin de la guerre.
Une bonne idée de ne pas s’arrêter là : la grippe « espagnole » qui fait des ravages, les « gueules cassées », l’inventeur, allemand, des gaz de triste mémoire dans les tranchées, qui reçoit le prix Nobel de chimie...
« Les cloches et les chants patriotiques, les farandoles et les pitreries, ne se justifient pas plus après quatre ans de guerre que les chansons grivoises à la fin des repas d’enterrement. »
Paul Valéry peut écrire : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ».
08:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, histoire, bd
13/02/2010
Seul le silence
Seul le silence
R.J. Ellory
Livre de poche "thriller" n°31494
Prix du "Roman noir" du Nouvel Observateur
Le livre se présente comme le journal d'un Américain vivant dans un petit village de Géorgie, puis qui part à Brooklyn pour devenir écrivain.
Il est dédié à Truman Capote, et on y retrouve plusieurs références à "De sang froid".
On y trouve également de nombreuses allusions littéraires ainsi que des réflexions sur l'écriture romanesque.
L'histoire commence en 1939, quand il a 12 ans, et qu'une petite fille est découverte violée et assassinée.
L'Histoire est évoquée : la guerre mondiale, la guerre du Vietnam.
Au fil des pages les cadavres des petites filles s'accumulent, qui s'ajoutent à la mort de personnes aimées.
Ces morts l'obsèdent. Mais il garde "une tranquille confiance dans les anges" (titre original du livre en anglais).
L'histoire se termine en 1967, deux ans après la naissance de R.J. Ellory, et, à l'avant dernière page, nous découvrons le nom du coupable.
Sans que nous sachions comment expliquer ces meurtres en série. "Ce n'est pas une question de nationalité, ni de couleur, ni de religion...c'est, chaque fois, juste une question d'homme".
Un livre qui sort de l'ordinaire, à la fois par son montage, qui pourrait donner un excellent film, et par son style.
Le second livre de R.J. Ellory, "Vendetta", le récit d'une vie de tueur à gages au service de la mafia de Chicago, a été publié cet été. Il est sur mon étagère, j'en parlerai dans ce blog dans quelques temps, car je suis bien décidé à le lire...
"Une histoire est comme un message avec un sens différent pour chaque personne qui le reçoit"
"Gagner n'est pas la seule raison de faire quelque chose"
"Le meilleur moyen de briser un homme est de lui dire qu'il est inutile"
"A en croire les pasteurs, tout ce qui est bon ou agréable nous vaut un aller simple pour l'enfer"
08:39 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
11/02/2010
identités
Les identités meurtrières
Amin Maalouf
Livre de poche n°15005
Préscience du Livre de poche de rééditer, en 2008, ce petit livre de 1998.
Prémonition d'Amin Maalouf qui écrivait en 1998 : "Rien n'interdit de penser qu'un jour un Noir sera élu président des Etats-Unis".
Alors que le débat sur "l'identité nationale" lancé par le gouvernement patauge (au mieux), il est salutaire de revenir aux notions fondamentales : le désir d'identité est légitime. "La mondialisation accélérée provoque, en réaction, un renforcement du besoin d'identité"."Il ne doit être traité ni par la persécution, ni par la complaisance". Pour qu'il ne soit pas "meurtrier", il faut que "personne ne se sente exclu de la civilisation commune qui est en train de naître, du sentiment d'appartenir à l'aventure humaine."
"En tout homme se rencontrent des appartenances multiples"
"Mon identité, c'est ce qui fait que je ne suis identique à aucune autre personne"
"L'humanité entière n'est faite que de cas particuliers, la vie est créatrice de différences"
"L'identité n'est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l'existence"
"Lorsqu'on a été brimé à cause de sa religion, lorsqu'on a été humilié ou raillé à cause de sa peau ou de son accent, ou de ses habits rapiécés, on ne l'oubliera pas"
"Si les hommes de tous pays, de toutes conditions, de toutes croyances se transforment aussi facilement en massacreurs, si les fanatiques de tous poils parviennent aussi facilement à s'imposer comme défenseurs de l'identité, c'est parce que la conception "tribale" de l'identité qui prévaut encore dans le monde entier favorise une telle dérive".
"Plus un immigré sentira sa culture d'origine respecté, plus il s'ouvrira à la culture du pays d'accueil"
"Lorsqu'on sent sa langue méprisée, sa religion bafouée, sa culture dévalorisée, on réagit en affichant avec ostentation les signes de sa différence"
"On ne peut avoir les bras ouverts que si l'on a la tête haute"
"La tolérance ne me satisfait pas. Je n'ai aucune envie d'être toléré, j'exige que l'on me considère comme un citoyen à part entière quelles que soient mes croyances"
"Le postulat de base de l'universalité, c'est de considérer qu'il y a des droits inhérents à la dignité de la personne humaine, que nul ne devrait dénier à ses semblables, à cause de leur religion, de leur couleur, de leur nationalité, de leur sexe, ou pour toute autre raison"
"Respecter quelqu'un, respecter son histoire, c'est considérer qu'il appartient à la même humanité, et non à une humanité différente, à une humanité au rabais".
"Ce qui doit être respecté, absolument, et sans la moindre concession, c'est la dignité des êtres humains, de tous les êtres humains, femmes, hommes et enfants, quelles que soient leurs croyances et leur couleur"
"Respecter des "traditions" ou des lois discriminatoires, c'est mépriser leurs victimes"
"On exagère trop souvent l'influence des religions sur les peuples, tandis qu'on néglige, à l'inverse, l'influence des peuples sur les religions"
"La société façonne la religion qui, à son tour, façonne la société"
"Les sociétés sûres d'elles se reflètent dans une religion confiante, sereine et ouverte ; les sociétés mal assurées se reflètent dans une religion frileuse, bigote, sourcilleuse."
"Tout dans l'Histoire s'exprime par des symboles"
"L'Occident ne veut pas qu'on lui ressemble, il veut seulement qu'on lui obéisse"
"Je n'ai jamais compris comment un Etat qui se disait "laïc" avait pu désigner certains de ses ressortissants par l'appellation de "Français musulmans", et les priver de certains de leurs droits pour la seule raison qu'ils étaient d'une autre religion que la sienne..."
"Une laïcité sans démocratie est un désastre à la fois pour la démocratie et pour la laïcité"
"L'Histoire ne suit jamais le chemin qu'on lui trace parce qu'elle n'est que ce qu'en font les hommes"
"Chacun d'entre nous devrait être encouragé à assumer sa propre diversité, à concevoir son identité comme étant la somme de ses diverses appartenances"
10:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, identité
07/02/2010
blessure d'amour propre
Blessure d'amour propre
Martin Veyron
Editions Dargaud
Au début des années 80 paraissait, aux éditions "l'écho des savanes", "L'amour propre ne le reste jamais très longtemps", de Martin Veyron.
A la fin de "L'amour propre", le "héros" (Martin Veyron affirmait que ce n'était pas autobiographique, ce qui était facile à croire), le personnage principal, donc, se retrouvait papa d'une petite fille.
Le temps a passé bien vite. Presque trente ans plus tard le papa devient grand-père. Toujours dessinateur, il a des problèmes avec sa prostate, et avec son inspiration, et est toujours fauché. Autobiographique ?
Il se retourne alors vers ce qui a fait son inoubliable succès : le "point G" et les "femmes fontaines".
Cela m'a donné envie de relire "L'amour propre", et je ne l'ai pas regretté.
Album beaucoup plus "hard" : la période était-elle plus permissive, ou Martin Veyron est-il moins excité ?
Reste, au moins pour ma génération, et celle de Martin Veyron, la douceur de la nostalgie du temps qui passe, et nos fantasmes pas tout à fait estompés...
08:28 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd
04/02/2010
petit dictionnaire des mots de la crise
Petit dictionnaire des mots
De la crise
Philippe Frémeaux
Dessins de Gérard Mathieu
Editions "Alternatives économiques"
Les problèmes économiques sérieux, et leurs conséquences sociales, présentés avec humour, aussi bien dans le texte que les dessins, dans ce tout petit livre.
C'est clair et pédagogique, donc percutant.
A travers des mots comme "aléa moral", "titrisation" et "bonus" il est expliqué clairement que les banques et traders peuvent se permettre de prendre des risques inconsidérés avec de l'argent qui ne leur appartient pas : les gains sont privés, les pertes à la charge des épargnants et des contribuables.
En 2008, alors que les banques perdaient des milliards, 18 milliards de $ de bonus ont été distribués, et les salaires des grands dirigeants n'ont pas baissé.
"Le marché des créances titrisées avait atteint 11 000 milliards de $ aux Etats-Unis en 2006. Elles étaient finalement revendues à des épargnants et finissaient, par exemple, dans votre compte-épargne retraite ou votre assurance-vie". "AIG s'en était fait une spécialité et garantissait, à la veille de la crise, pour 2 600 milliards de $ de créances titrisées. L'équivalent d'une année du PIB français." "La déconfiture d'AIG a coûté 170 milliards de $ aux contribuables américains".
"Qui a beaucoup d'actifs peut rester inactifs"
"La seule solution pour dépenser plus sans gagner plus, c'est de s'endetter"
"Quand l'Etat s'endette, ce sont ceux qui gagnent suffisamment pour épargner qui lui prêtent de l'argent. Et si l'Etat augmentait juste un peu les impôts payés par les plus aisés plutôt que de leur emprunter de l'argent ?"
"Le marché ne fonctionne jamais sans règles. Le néolibéralisme est le fruit d'une puissante intervention politique au profit des plus puissants et des plus riches". "La dérèglementation consiste à donner plus de place aux mécanismes du marché dans la gestion des services publics."
08:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : crise


