18/07/2009
Lorraine connection
Lorraine connection
Dominique Manotti
Editions Payot / Rivages / Noir (format poche n°683)
L'histoire commence comme un roman social qui montre la colère ouvrière face aux conditions de travail, à la sécurité non assurée, aux primes promises et jamais versées, le désespoir face au chantage à la délocalisation.
Impossible de ne pas penser à la situation actuelle dans tant d'entreprises.
Puis le social devient financier, crapuleux jusqu'aux meurtres.
Le désastre de la sidérurgie lorraine hante tout le monde. Les subventions, en particulier européennes, abondent.
Des jeux d'écriture, des comptes numérotés au Luxembourg, des rachats d'entreprises : tout est romancé, tout pourrait être tellement vrai. Y compris le Président du Conseil régional, ancien de l'OAS. Le Président de la Région a changé, mais tout le système de connivence entre "élites" est tellement actuel, comme le climat social délétère !
Le style est nerveux, parfois à la limite du télégraphique.
Au total un vrai, bon polar, avec une dimension politique et sociale décapante, malheureusement toujours d'actualité.
"Tu gagnes assez de fric pour le claquer, et avoir envie d'en gagner encore plus. Et jamais assez pour être vraiment riche et t'en foutre"
"Les sommes que manient les bureaucrates bruxellois nous introduisent dans la catégorie supérieure de la corruption."
09:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
12/07/2009
La princesse des glaces
La princesse des glaces
Camilla Läckberg
Editions Actes Sud
Grand prix de la littérature policière 2008
Beaucoup de points communs avec Millénium : polar suédois, même éditeur français, couple pour mener l’enquête (dans ce cas une romancière et un policier), mêmes secrets dans une grande famille, violences conjugales et pédophilie.
Espérons que cela reflète des préoccupations plus qu’une réalité généralisée.
Les personnages sont attachants, dans cette petite ville de province, ancien village de rudes pêcheurs, reconverti dans le tourisme.
« Charrier un policier pour son salaire, c’est comme se moquer d’un handicapé »
« Comment quelqu’un pouvait avoir envie de sucer un truc qui puait autant qu’une cigarette ? »
« Le soutien-gorge qu’elle portait était une excellente preuve du progrès de la science au service de l’humanité »
« Depuis son enfance, on avait inculqué à son épouse qu’une femme doit à tout prix dissimuler qu’elle a une quelconque forme d’intelligence et mettre toute son énergie à être seulement belle et désemparée »
10:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature
05/07/2009
Sépulcre
Sépulcre
Kate Mosse
Editions JC Lattès
« Par l’auteur de Labyrinthe », dit la page de couverture.
De « Labyrinthe », l’auteur a repris la technique des deux récits parallèles à deux époques différentes : la contemporaines dans les deux cas, l’épopée cathare pour « Labyrinthe », la fin du XIXe siècle pour « Sépulcre ».
Autre point commun : Carcassonne et sa région : pour « Sépulcre », Rennes les Bains et Rennes le Château, rendus célèbres par « Da Vinci Code ». Mais il n’est pas question de la descendance du Christ. Le « trésor des Templiers », autre fantasme à propos duquel ces communes sont souvent évoquées, est tout juste mentionné. L’héritage wisigoth, «richesses qu’avaient contenues le Temple de Salomon, pillées par les Romains à la fin du 1er siècle, trésor légendaire dont les Wisigoths s’étaient à leur tour emparé, durant la mise à sac de Rome » (Ve siècle), est d’avantage mentionné, sans que la piste ne soit explorée plus avant, tout comme celle qui aurait pu nous conduire à Claude Debussy.
N’ayant jamais été attiré par les tarots, « devenus, à l’époque de la Révolution française, une méthode de divination, une façon de relier le visible et le connu à l’invisible et à l’inconnu », et ne croyant pas à leurs pouvoirs, ni à tout ce qui est surnaturel, n’ayant pas plus peur d’Asmodée que des autres démons, j’ai eu quelque mal à « accrocher », les intrigues policières étant, par ailleurs, délibérément secondaires.
En bref : j’avais bien aimé « « Labyrinthe », j’ai moins aimé « Sépulcre ».
« Il ne venait même pas aux journalistes l’idée de vérifier par eux-mêmes la véracité des informations qu’on leur avait fournies ».
« Ce que nous appelons civilisation est juste une façon pour l’homme d’essayer d’imposer au monde naturel ses propres valeurs »
« La musique est une façon toute personnelle de réagir à la vibration »
09:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
28/06/2009
l'épervier
L’épervier
Patrice Pellerin
Edition Dupuis, collection Quadrants
Le Chevalier Yann de Kermeur va-t-il pouvoir éviter à la France du « bien aimé » Louis XV de perdre le Canada ? Nous savons bien que nous, mais cela n’empêche pas de retrouver avec plaisir les aventures d’un héros chevaleresque, dont les historiens, en particulier les historiens de la marine, garantissent la qualité dans la reconstitution du contexte historique et des détails maritime.
Le premier cycle, de huit premiers tomes, a été réédité et compilé. Les aventures se déroulaient en Bretagne, sur mer et en Guyane, au rythme d’une enquête policière.
Les femmes y étaient belles, intelligentes et courageuses.
Avec « La Mission » », le second cycle commence au Canada, nous amène à Versailles, et ne devrait pas tarder à nous ramener au Canada, plus tourné vers l’espionnage.
On retrouve, dans ce début de deuxième cycle, les qualités du premier : scénario soigné, avec des aventures, des rebondissements, de l’Amour, des trahisons, des dessins réalistes « à l’ancienne », des couleurs qui en font autant d’œuvres d’art.
A suivre…
10:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd
16/06/2009
mémoires des deux rives
Mémoires des deux rives
Entre médias et pouvoirs
Georges Fillioud
Editions du moment
Il y a quelques mois, bavardant avec des socialistes de Romans (Isère), "là où commence le midi", ils furent surpris que j'évoque Georges Fillioud, parachuté, avec succès, dans leur ville par la volonté de François Mitterrand. Ils semblaient surpris que quelqu'un se souvienne de cet épisode qui ne remonte pourtant qu'à une trentaine d'années.
Georges Fillioud était un personnage important de la Mitterrandie. Journaliste connu d'"Europe n°1", il fut un des premier "martyr" de la liberté de l'information, puisque licencié en 1965 pour avoir soutenu publiquement la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle.
Au carrefour des pouvoirs médiatiques et politiques, surtout comme ministre "de la communication" de 1981 à 1986, il évoque donc ses mémoires issues de ces deux rives, ou de leur confluence.
Il rappelle le formidable chamboulement de 1981 dans le domaine de l'audiovisuel :la fin du monopole de l'Etat, les radios "libres", d'abord associatives et tombant petit à petit dans le secteur commercial, la création de la "Haute Autorité de l'audiovisuel", indépendante du pouvoir politique, la naissance de Canal +, première chaîne cryptée en Europe, le plus gros producteur français de films, d'Arte, de TV5 international, de la "5" "paillettes", et de M6. Un bilan que peu de personne peut afficher.
En 1990, il devint Président de l'"Institut National de l'Audiovisuel", "la plus importante banque numérique du monde", grâce à la mutation des archives analogiques.
Un parcours intéressant qui permet de mieux comprendre les relations entre médias et politique.
Nota : sur la photo de couverture, la femme qui parle à l'oreille de François Mitterrand, pendant que Georges Fillioud, reconnaissable à son noeud papillon, écrit, est, si je ne me trompe pas, Marie-Thérèse Eyquem.
"Entre les mots, il faut choisir les moindres" (Paul Valéry)
"Il faut être économe de son mépris, il y a tant de nécessiteux"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, médias