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05/12/2009

Zulu

Zulu

Caryl Ferey

Série noire, Gallimard

Grand prix des lectrices de ELLE, policier 2009

Prix Quai du polar 2009

Prix du roman noir Nouvel Obs 2009

Grand prix du roman noir de Beaune 2009

Prix mystère de la critique 2009

Grand prix de littérature policière 2008

 

A la différence de « La mémoire courte », l’action ne se passe pas à Pretoria mais au Cap et ses environs (que je préfère, sans comparaison, à la capitale ; « un paradis sur terre pour qui peut payer »). Mais on retrouve la même violence (« principal moyen d’expression de ce pays »), liée au sida, le même contexte postapartheid (« avec la fin de l’isolement dû à l’apartheid, les activités criminelles étaient devenues transnationales »), avec des retours permanents à la période du régime raciste (« au mépris du Noir répondait la haine du Blanc »).

Le chef de la police criminelle, Zoulou, dans une ville qui ne l’a jamais été, enquête sur des meurtres qui pourraient être zoulous, qui pourraient avoir une dimension politique, et en prennent immanquablement une, à la veille de la Coupe du Monde de foot.

Un livre foisonnant, intense et dur : les riches, les pauvres dans les bidonvilles, généralement immigrés nigérians, la drogue, le sida, l’industrie pharmaceutique, la corruption,  la violence sans espoir, et pourtant des instants d’amour…

 

« En étirant ses pôles, le monde devenait toujours plus dur pour les faibles, les inadaptés, les parias ».

« Les exclus étaient repoussés vers les périphéries des mégalopoles réservées aux gagnants d’un jeu anthropophage où télévision, sport et pipolisation du vide canalisaient les frustrations individuelles, à défaut de perspectives collectives »

« L’apartheid aujourd’hui n’est plus politique mais social »

« Les Huguenots français étaient venus, comme tous les migrants, avec leur culture et de quoi la développer »

« Les hommes seuls parlent trop, ou ils se taisent comme des carpes »

13:14 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

29/11/2009

La mémoire courte

La mémoire courte

Louis-Ferdinand Despreez

Points policiers N°P1834

Louis-Ferdinand Despreez est un sud-africain descenant de huguenots. Son héros est un policier, noir, de Prétoria. Chaque samedi matin un homme est retrouvé mort, le corps violemment mutilé, les doigts coupés, la peau du visage arraché, afin d'empêcher l'identification.

Sous pretexte d'enquête policière l'auteur nous parle de la République d'Afrique du Sud de l'après apartheid, avec des retour en arrière, pour ne pas oublier l'héritage. Avec "le sentiment d'être descendu encore un peu plus bas dans les abysses de la méchanceté humaine".  Une société de violence. Avec un taux d'infection du Sida qui pousse au désespoir (1/3 de la population sexuellement active). Quand on est condamné à mourrir, une mort violente fait moins peur. Avec les meurtres rituels qui n'ont pas plus disparus que les superstitions dues l'impuisance. "Le racisme a cessé d'être institutionnel et légal".

Avec un retour sur la lutte pour l'indépendance, y compris en Angola (" on ne se sentait pas plus communistes qu'Angolais ; nous voulions nous battre chez nous et chasser les blancs du pouvoir"). Avec le difficile recyclage de ces combattants de la liberté dans la "Nation arc-en-ciel" cherchant sa réconciliation ("Mandela avait décidé de mettre un coussin sous le cul des blancs qui tombaient de leur piedestal de l'apartheid". "Certains avaient viscéralement besoin d'une lutte  de libération, comme d'autres d'aller à l'église ou au bordel").

"Comme dans les romans de Mongo Beti, où il n'y avait d'ailleurs pas que la voiture de patrouille qui était pourrie"

"Quoi de plus moche que de vivre dans le noir dans sa cahute alors que l'autoroute d'à côté est illuminé comme un sapin de noël ?"

"Cette longue expérience des psy qui consiste à vous répétez, avec leurs mots à eux, ce que vous venez de leur dire, avec vos mots à vous, avant de vous réclamer leurs honoraires, avec leurs chiffres à eux".

"Pour un journaliste, le plaisir de coincer un élu, surtout en période électorale, est toujours supérieur au plaisir de connaître la vérité" (message pour Julien Dray ?)

"Il y a des limites à la bêtise, même chez un con."

08:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

28/11/2009

Lumen

Lumen

Ben Pastor

Actes Sud / Actes noirs

 

Cracovie, 1939. La Pologne vient d’être envahie par les armées de l’Allemagne et de l’URSS.

Quelques partisans tentent de résister.

Un jeune officier allemand enquête sur l’assassinat de la mère supérieure d’un couvent de la ville, puis sur le suicide du capitaine avec qui il partageait un appartement réquisitionné.

Morts marginales quand l’horreur s’abat sur le pays.

Les énigmes trouveront leurs solutions à la fin, après d’innombrables fausses pistes. La lumière sera faite : « lumen » en latin.

L’enquête est l’occasion de montrer la vie que les occupants font subir aux Polonais, les relations difficiles entre l’armée d’une part et la SS et la SD d’autre part, les « états d’âme », et même la prise, puis la crise, de conscience du jeune universitaire devenu officier, « vidé de son insouciance ».

Et au passage quelques histoires d’amour, ou simplement de désirs sexuels.

 

« Si la lumière qui est en vous n’est que ténèbres, combien seront grandes les ténèbres mêmes ! » (Evangile selon Matthieu)

« En la regardant il sentait l’essence troublante et muette de cette intimité »

« Un homme amoureux ne se suicide pas »

« Les vieilles bases du comportement viril n’ont pas changé : un homme ne pleure pas, ne ment pas et n’embrasse pas d’autres hommes ; un homme sait comment dire « merci » à la femme avec qui il vient de faire l’amour ; si nécessaire, un homme se bat à mort pour les causes qui en valent la peine »

« Nous sommes tous faibles. Notre point de rupture varie, c’est tout.

08:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

26/11/2009

Où va l'Amérique latine

Où va l'Amérique latine ?

 

Tour d'horizon d'un continent en pleine mutation

 

Sous la direction de Jean-Paul Marthoz

 

Editions "Complexe",

Collection du "Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité" (GRIP)

 

Le GRIP et les éditions "Complexe" publient régulièrement des petits livres, par la taille, d'un grand intérêt géopolitique. Celui-ci ne fait pas exception.

 

Une dizaine de professeurs d'universités (françaises ou latino-américaines) effectuent un tour d'horizon des problèmes actuels du sous-continent : évolutions politiques et sociales, rôle de l'armée, migrations, environnement...

 

L'enjeu est évident et essentiel : tous ces gouvernements, classés à gauche, dans la diversité de celle-ci, parviendront-ils à corriger des inégalités si profondément ancrées ?

 

Autre défi : le développement de la criminalité, "une culture de violence qui gangrène le continent",  qui devient une menace pour la démocratie.

 

"La plupart des pays latino-américains sont pris au piège d'une croissance lente, conséquence de niveaux d'éducation insuffisants, d'investissements minuscules dans la technologie et les infrastructures, de taux d'épargne pitoyablement bas, de niveaux de perception fiscale dérisoires et d'inégalités sociales politiquement explosives"

 

Un tour d'horizon rapide sur l'essentiel de la situation actuelle.

 

 

 

08:19 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

22/11/2009

Nous voilà

Nous voilà

 

Jean-Marie Laclavetine

 

Prix du roman historique

 

Gallimard

 

 

"Nous voilà" fait allusion au célèbre hymne "Maréchal nous voilà !", entonné par les enfants des écoles pendant la guerre.

Du Maréchal (Pétain) il est question, et l'auteur lui "taille un costard" (en bois) : "Opportuniste au dernier degré, uniquement soucieux de contrer Foch. Unique général français à avoir préconisé l'abandon de la Lorraine. Il a usurpé le titre de sauveur de Verdun".

 

Mais il est question surtout de la génération post soixante-huitarde, "l'époque d'avant le sida, d'avant la tristesse pragmatique, d'avant le chômage",  qui arrive aujourd'hui à la soixantaine : "nous voilà !"

 

Pour relativiser les choses, il est bon de rappeler que la frange de notre génération qui vivait en communauté, si elle a toujours eu les faveurs des journalistes et des romanciers, représentait un % minime. Parmi cette minorité, certains, issus de la haute société, s'en sont bien sortis. D'autres peuvent dire, comme une des protagonistes : "j'ai voulu changer le monde, je n'ai réussi qu'à massacrer ma vie".

 

C'est un roman qui a des accents autobiographique. Je n'étais pas à la manifestation anti-nucléaire de Creys-Malville, en 1977, mais le chapitre qui y est consacré ressemble à un reportage vécu.

 

Par contre,  j'étais étudiant à l'Université de Paris 8 Vincennes, et la scène montrant un enseignant accordant, par lâcheté, des bonnes notes au héros du livre ressemble plus à la reprise d'un ragot qu'à la vérité.

Certains "départements" (notamment économie, philosophie) par refus de la sélection, ne donnaient pas de notes, et tous les étudiants inscrits se voyaient attribuer les "unités de valeur", "quelque soit le degré de paresse ou d'inculture", comme dit l'auteur. Le ministère de l'éducation a pris au mot leur refus des diplômes : les leurs n'ont pas été validés !

Dans les autres départements a été mis en place un système de contrôle continu des connaissances. Les exposés y tenaient plus de place que les devoirs sur table. Il n'y avait pas d'amphithéâtres magistraux,  mais des cours en petits groupes. Nous mettions les tables en rond ou en carré. En cours de géographie nous allions souvent, avec le professeur,  sur le terrain, les pieds dans  la glaise. Même en Histoire nos cours n'oubliaient jamais le lien avec la réalité contemporaine.  Une révolution, pacifique,  à l'université...juste après 68 !

Mes années d'université ont été des années de découvertes et d'émerveillements, sans substances hallucinogènes.

Mais, comme dit l'auteur "la mémoire est une bonne romancière"

 

 

"L'autonomie est la sœur de la solitude"

 

"Elles nous en auront fait voir ! Tellement voir, et si peu toucher."

 

"On a chaud, on a froid, on croit que c'est l'amour, et c'est le choléra"

 

"Il entrait en elle comme on entre chez soi, avec une joie calme faite d'abandon, de soulagement et d'oubli"

 

"La balle qui te tuera demain partira peut-être du fusil que tu as négligé de ramasser"

 

"L'esprit de jouissance a supplanté l'esprit de sacrifice" (Philippe Pétain, Maréchal de France)

 

"J'applique la loi française, avec humanité, mais avec fermeté" (Xavier Vallat, Commissaire aux questions juives...on dirait du Besson !)

 

"Ils sentaient déjà sur eux se refermer la mâchoire de glace des années tristes"

 

"On a cru que ce n'était qu'un début ! Ce n'était que le dernier sursaut d'une civilisation devenue sénile, obscène d'égoïsme et de suffisance"

 

"Fierté d'être arrivés, déception pourtant de n'être pas allés encore plus haut, sourde désillusion de n'avoir rencontré l'Histoire que dans un bout d'essai, mêlé à l'excitation du frottement clanique de l'entre-soi, du pouvoir et de la notoriété partagée".

 

"L'amour : un travail, une longue peine. Il n'est pas donné. Il ne vient pas des nuées comme une foudre. Il se construit petit à petit. Il se cisèle avec patience, il se mérite, il se décide."

09:19 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature