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30/05/2010

crimes et loges

Le convent du sang

Alain Bauer et Roger Dachez

Editions JC Lattès

 

Alain Bauer et Roger Dachez possèdent toutes les qualifications pour parler de l’Histoire de la Franc-maçonnerie.

Ils nous entraînent à Lyon, en 1778 (début du règne de Louis XVI), à l’occasion d’une grande réunion (un « convent ») des principaux responsables de la maçonnerie des régions voisines de Lyon.

Des décisions doivent être prises concernant quatre problématiques (et non pas trois points) engageant l’avenir de l’obédience :

1)   Faut-il continuer à se réclamer de l’héritage des « Templiers » ? Héritage spirituel controversé puisque condamné à la fois par l’Eglise et par la royauté. Mais fantasme de l’héritage financier (ce que les « Hospitaliers de l’Ordre de Malte » n’ont pas récupéré), qui, encore aujourd’hui, fournit le prétexte à la publication de nombreux romans. Aucune preuve de cette filiation n’ayant jamais été apportée, elle sera donc abandonnée.

2)   La maçonnerie doit-elle être « théurgique », c'est-à-dire avoir pour but de susciter des manifestations tangibles d’esprits « supérieurs » ? Le but final étant de « réintégrer » l’homme dans l’immensité divine. Les auteurs moquent ces croyances de dialogues avec l’au-delà. Croyances qui resteront très en vogue au XIXe siècle, même l’immense Victor Hugo se laissant prendre aux délices des esprits frappeurs et guéridons qui tournent.

3)   La maçonnerie doit-elle être « révolutionnaire » ? C’est « l’école » des « Illuminés de Bavière », qui luttent contre l’ordre établi, le clergé et les princes, pour l’émancipation, par l’organisation de sociétés secrètes (autre croyance qui perdurera au XIXe  siècle).

4)   Faut-il se soumettre à la « Grande Loge d’Angleterre », et assurer sa prééminence sur la maçonnerie européenne ? Comme toutes les institutions humaines, la Franc-maçonnerie est l’enjeu de luttes de pouvoirs. Jusqu’aux meurtres ?

Afin de ne pas nous infliger un cours d’Histoire, et de Philosophie, maçonniques,  les auteurs habillent ces problématiques d’un roman policier…et, malheureusement,  ça ne marche pas !

Pas de suspens, pas de véritable enquête policière sur les morts suspectes qui interviennent à l’occasion du Convent, pas une once de crédibilité. Au final : une déception.

10:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

29/05/2010

Direction l'Afrique du Sud

13 heures

Deon Meyer

Seuil policiers

 

Bientôt la Coupe du Monde en Afrique du Sud : bon prétexte pour lire des auteurs de ce pays attachant.

J’ai déjà écrit tout le bien que je pense de « Lemmer l’invisible » de Deon Meyer (« Points » n°2290).

Son dernier livre « 13 heures », est encore plus fort : tout commence à 5 heures 36 sur les hauteurs de la ville du Cap : une femme est poursuivie par des tueurs. Elle demande à une passante de prévenir la police, ce qui écourtera la nuit de l’inspecteur Benny Griessel.

Pendant 13 heures, d’où le titre du livre, un véritable suspens se construit, qui nous prend et qui nous tient : le policier parviendra-t-il à sauver la jeune femme, et, accessoirement, qui veut la tuer et pourquoi ?

Comme la police n’a pas que ça à faire, d’autres évènements, d’autres enquêtes, viendront perturber les recherches et l’action du policier, comme parfois les nécessités de la vie nous obligent à poser ce livre que nous ne voudrions pas lâcher.

Comme toujours avec Deon Meyer l’enquête policière est l’occasion de nous montrer l’Afrique du Sud postapartheid « où personne ne veut oublier le passé ». S’il y a des problèmes dans la société entre blancs, anglophones ou afrikaners, métis, noirs, zoulous, xhosas ou d’autres ethnies, comment cela ne se reflèterait-il pas au sein de la police, où doit s’appliquer la « discrimination positive », en attendant l’égalité…

Est évoqué également le problème des immigrés illégaux, qui ne sont pas Nigérians, pour une fois dans un roman sud-africain.

La description du fonctionnement de l’industrie du disque est également intéressante.

 

« La différence (avec l’enregistrement d’un disque), c’est que dans la vie, il n’y a qu’une prise »

« Elle est tellement énorme que quand elle se pèse, la balance doit afficher « à suivre …»

« Elle était forcément en sécurité avec quelqu’un qui aimait les livres »

« Il y a un autre pouvoir qui est totalement irrésistible…Le pouvoir de donner du pouvoir »

12:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

23/05/2010

Un monde sans fin

Un monde sans fin

Ken Follet

Après « Les piliers de la terre »

Editions Robert Laffont et « Livre de poche »

 

Angleterre, de 1327 à  1361. 1285 pages : de quoi me faire hésiter !

Comme dans « Les piliers de la terre », l’intérêt est dans la vie quotidienne, deux siècles plus tard,  des paysans, pauvres et un peu moins pauvres, de leurs relations avec les petits seigneurs et leurs représentants. La vie des moines et des religieuses et la montée en puissance des villes,  de leurs artisans et leurs marchands, taxés pour payer la guerre du roi.

La description de la propagation de la terrible peste noire et de ses conséquences démographiques, donc économiques et sociales, est un des moments les plus intéressants du livre. Les conséquences religieuses (prédicateurs démagogues et extrémistes) auraient pu être mieux mises en lumière.

Moi qui n’aime pas trop les scènes de guerre, j’ai apprécié la description des débuts de « La guerre de 100 ans » : la Normandie ravagée par les troupes d’Edouard III, puis le premier grand affrontement, la bataille de Crécy (1347) perdue par des chevaliers français trop impétueux face à des archers anglais bien encadrés.

Un des paradoxes d’Edouard III est que, tout en réclamant la couronne de son aïeul « Saint »Louis, il a anglicisé l’Angleterre au point que pendant son règne il n’était plus vrai de dire, comme Follet : « Comme la plupart des fils de chevaliers, il parlait le français normand de chez lui ». Guillaume était arrivé de Normandie trois siècles auparavant.

Comme dans « Les piliers », les méchants le sont vraiment et les héros ont toutes les qualités.

Dans « Les piliers », la vraie vedette était la cathédrale et ses nouvelles techniques de construction qui allaient faire naitre le style que l’on n’appelait pas encore « gothique ». La construction d’un nouveau pont ne tient pas longtemps ce rôle. La construction, à cette époque, du château de Windsor n’est pas mentionnée

Je ne comprends pas bien pourquoi l’auteur tente d’instaurer le doute sur la responsabilité de la reine Isabelle (fille de Philippe « Le Bel ») dans l’assassinat, en prison,  de son mari Edouard II. Le mot « homophobie » n’existait pas encore, mais c’est bien pour le punir de sa bisexualité que ses bourreaux lui ont enfoncé un tisonnier brûlant dans les entrailles. Avant le meurtre,  elle a ouvertement fait la guerre à son mari, au sens propre du terme. Et elle a gagné celle-ci,  d’où l’emprisonnement.

Edouard III ne s’y est pas trompé puisqu’il a vengé son père en faisant exécuter Roger Mortimer, l’amant de sa mère, non qu’il doute de la responsabilité de celle-ci, mais il lui était plus facile de s’en prendre à l’amant qu’à la Reine mère, dont il réclamait l’héritage politique (le royaume de France).

 Curieusement, non seulement le roman ne fait pas la moindre allusion à ces péripéties, mais tente d’initier un mystère qui n’a pas lieu d’être à propos d’Isabelle de France.

La mauvaise surprise de ce livre, à part de ne pas être à la hauteur des « Piliers », est de constater que les « rebondissements » se voient venir longtemps à l’avance, et que les intrigues sont cousues de « fil blanc », ce qui est décevant de la part d’un spécialiste de « thrillers »…

 

« Vous apprendrez que les puissants ne montrent jamais de gratitude et acceptent comme un dû celle que nous leur manifestons »

« Il faut avoir marché derrière la charrue des labours pour danser la gigue des moissons »

« L’intégrité est comme une épée : il ne faut la brandir que si l’on est déterminé à s’en servir »

08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

19/05/2010

90 livres

90 livres cultes

à l'usage des personnes pressées

Henrik Lange

 

Editions "ça et là"

 

Le principe, et le défi, sont simples : résumer en quatre cases de BD, y compris une pour le titre, des livres tels que La Bible, "La recherche du temps perdu", "L'Odyssée, etc.

Et c'est une réussite d'humour et  d'impertinence.

 

Comme l'auteur est suédois, la sélection est véritablement internationale, avec une préférence assez marquée pour les livres ayant servi de base à des films (L'Odyssée de l'espace, Catch 22, La plage, Rambo, etc.).

Il y a même un grand classique suédois dont je n'avais jamais entendu parler ("Smilla et l'amour de la neige" de Peter Hoeg).

Du côté français : Proust, Camus, Sartre, Dumas, Victor Hugo, Zola, Jules Verne, mais pas Balzac !

 

Un livre vite lu, mais à conserver dans sa bibliothèque, à côté des dictionnaires de littérature.

 

10:04 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd

15/05/2010

le goût de Séville

Dans la même collection du "Mercure de France" que "Le goût de Strasbourg", dont j'ai déjà parlé, et suivant le même principe : une trentaine de textes littéraires courts, essentiellement du XIXe siècle ou début du XXe, d'auteurs que l'on appelait pas encore des "écrivains voyageurs", avec une présentation et une "mise en perspective" qui ne sont pas moins interressantes.

Evidemment le décalage est un peu visible en arrivant à Séville aujourd'hui : il n'y a plus de roulottes de gitans dans le quartier de "Triana". Mais rien n'interdit de rêver aux galions chargés de l'or et de l'argent des Amériques devant "la tour de l'or", au bord du Guadalquivir. Et comment ne pas penser à Carmen devant l'ancienne manufacture de tabac, transformée en université ?

La "Giralda", et l'énorme girouette qui a donné son nom à cette ancienne mosquée transformée en cathédrale, est toujours là, symbole de la ville, tout comme les jardins de l'Alcazar.

Contrairement au musicien Emmanuel Chabrier, je ne suis pas allé contempler "cet admirable derrière sévillan qui se tourne en tous sens alors que le reste du corps reste immobile". "On dit des Sévillanes que leur danse est une chanson d'amour".

J'ai conscience de ne pas avoir vraiment vu Séville, puisque je n'y étais pas pendant la semaine sainte, ni pendant le carnaval, et que je ne suis pas allée aux arènes. Je me suis donc contenté de cet excellent substitut littéraire...

08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, voyages