04/10/2009
Imperator
Imperator
Jean-Michel Thibaux
Editions Plon
IIIe siècle : Rome vient de fêter ses 1.000 ans, mais l'Empire se délite. Non pas à cause des orgies, comme le raconte les moralistes, mais à cause des guerres civiles : les légions se battent contre les légions qui proclament de nouveaux empereurs aussi vite qu'elles les renversent et les assassinent. A cause également de la pression des peuples en marche vers les richesses romaines, pillées ailleurs, et l'espérance d'une vie meilleure.
En 212 l'empereur Caracalla a donné la citoyenneté romaine à tous les sujets de l'Empire. Les anciens "Barbares", assimilés peuplent les armées et atteignent des postes élevés dans l'administration et le pouvoir d'Etat. Ils ne serviront pas longtemps de rempart face à la poussée de leurs "frères de sang".
C'est l'époque à laquelle les Francs commencent à s'infiltrer en Gaule.
Les chrétiens, secte en plein essor, servent de "boucs émissaires" pour conjurer les problèmes. Ce qui permet, au passage, d'accaparer leurs richesses.
Le 40e empereur, Valérien (Publius Licinius Valerianus) arrive au pouvoir à l'âge avancé, surtout pour l'époque, de 58 ans. Il persécute les chrétiens.
Il ne règnera que sept ans, battu par les Perses, et sera remplacé par son fils Gallien ("l'Imperator" du roman) qui, pour avoir la paix avec sa femme, chrétienne, abrogera les édits de persécution. Il ne règnera que huit ans, assassiné par des officiers, remplacé par Claude II, surnommé "le gothique".
Ce roman raconte cette période à travers l'histoire de deux jeunes sœurs, Goths mais Romaines, l'une médecin à Argentoratum (Strasbourg), l'autre institutrice à Rome, très vite proche du pouvoir. L'auteur peut ainsi nous raconter la vie chez les riches comme chez les pauvres, chez les Romains comme chez les "Barbares".
"A tout moment, songe avec gravité à faire ce que tu as en main, avec une stricte et simple dignité, avec amour, indépendance et justice, et à donner congé à toutes les autres pensées. Accomplis chaque action comme étant la dernière de ta vie." (Marc Aurèle)
"Doit-on être cloué sur une croix pour racheter les péchés du monde ?"
08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
27/09/2009
Le cuisinier de Talleyrand
Le cuisinier de Talleyrand
Jean-Christophe Duchon-Doris
10/18 n°4038
Vienne, hiver 1814/1815 : le congrès s'amuse, les bals succèdent aux réceptions grandioses pour occuper tous les princes et diplomates, généralement bien accompagnés, qui doivent se partager l'Europe tandis que Napoléon, vaincu est à l'ile d'Elbe.
Un meurtre atroce a lieu à proximité du château de Schönbrunn, où séjourne "l'Aiglon", héritier putatif de l'Empire napoléonien.
Très vite le policier chargé de l'enquête, fils batard d'un prince croate et d'une tzigane, découvre l'identité de la victime : le maître rôtisseur de Talleyrand, lequel a fort à faire pour réinsérer la France dans le concert des Nations, comme puissance qui compte. Il le fera en jouant des craintes suscitées par les volontés hégémoniques de la Russie et de la Prusse.
L'énigme policière est un bon prétexte pour suivre les méandres de la diplomatie.
Pour réussir son opération de séduction, Talleyrand compte sur sa ravissante nièce, Dorothée, mais aussi sur son maître-queux, Augustin Carême, "monstre de travail, curieux de tout et attentif au moindre détail", qu'il a amené avec lui de Paris, et qui donne toutes ses lettres de noblesse à l'art culinaire...et sur qui pèsent tous les soupçons. "Il était le représentant de cette classe d'hommes à l'énergie exceptionnelle qui avaient profité des formidables remous de la Révolution et de l'Empire pour monter à la surface et s'y maintenir à la force des bras. Le contraire de tous ceux qui ne devaient leur rang qu'au seul mérite de leur naissance."
Chaque chapitre est un menu qui fait rêver.
Un complot bonapartiste constitue une autre piste, via une mystérieuse "Société de l'arbre de gourmandise", qui considérait que "la connaissance dont Dieu entendit priver l'homme était celle du plaisir des sens, de la volupté et de la jouissance".
Nous ne saurons qu'à la fin qui a tué. Dommage que le style soit parfois ampoulé.
"Quel que soit le prix de la brièveté, il ne faut point l'acheter aux dépends de l'exactitude" (Talleyrand)
"Le monde ne se jauge qu'à deux mesures : celle de l'ennui et celle de l'agrément. L'ennui gagne chaque jour du terrain et l'agrément, à le poursuivre, demande toujours moins de pudeur et toujours plus d'audace"
09:08 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
26/09/2009
Poulidor intime
Poulidor intime
Raymond Poulidor et Jean-Paul Brouchon
Editions Jacob-Duvernet
"En souvenir d'une belle époque", m'a écrit "Poupou" dans sa dédicace. "Belle époque" pour moi, puisque c'était ma jeunesse, passée à rêver des exploits des "forçats de la route", "belle époque" pour lui puisque, s'il n'a jamais gagné le Tour, ni même porté le maillot jaune, il a "fait" trois fois deuxième et cinq fois troisième...et gagné189 courses professionnelles, avec une cote de popularité inégalée, toujours premier dans le cœur du public qui préfère les seconds souriants aux vainqueurs dominateurs.
Le titre est un peu racoleur : Poulidor ne parle pas de son intimité, en particulier de sa vie privée, mais il montre, un peu, les coulisses du cyclisme professionnel.
L'album photos est particulièrement intéressant.
"Le cheval n'est pas le meilleur ami de l'homme, c'est le vélo : la preuve, c'est qu'il n'y a pas de boucheries vélocipédiques." (René Fallet)
09:07 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sports
24/09/2009
les hommes aussi aiment le chocolat
Pourquoi les hommes ne pensent qu'à ça ?
(Et les femmes préfèrent le chocolat)
Gilles d'Ambra
Editions First
Simone de Beauvoir disait : "On ne nait pas femme, on le devient". Ce livre explique les différences biologiques entre les sexes, les différentes zones du cerveau mobilisées, selon que l'on est homme ou femme.
Des dizaines d'études, surtout américaines, sont citées, parfois surprenantes, comme celle qui affirme que les femmes comme les hommes arrivent plus facilement à l'orgasme quand elles/ils gardent leurs chaussettes (je n'ai jamais essayé !), et celle qui affirme que "les hommes qui partagent les tâches ménagères ont une meilleure vie sexuelle" (c'est donc ça !).
Je continue à penser qu'au delà des différences "chimiques", du taux de testostérone ou d'ocytocine, de dopamine, de DRD4, de liquide céphalorachidien et autres œstrogènes, gènes CMH et prolactine, l'éducation, le conditionnement social, jouent beaucoup, et qu'il est possible d'être à la pointe des évolutions civilisatrices qui nous éloignent des comportements primitifs. La biologie n'est-elle pas la première science évolutionniste ?
Hommes et femmes nous sommes différents, mais nous sommes d'abord égaux.
"Ce qu'il faut rendre égal, c'est la valeur accordée à nos différences".
08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)
17/09/2009
psy et philo
Les philosophes sur le divan
Charles Pépin
Editions Flammarion
Les philosophes sont également des êtres de chair et de sang, avec un papa et une maman, une enfance, des désirs sexuels.
Charles Pépin, professeur de philosophie a donc imaginé de mettre sur le divan de Freud, Platon, Kant et Sartre, "trois hommes avec leurs souffrances et leurs angoisses", en se basant sur ce qui est connu de leurs vies.
Les idées de ces philosophes, ainsi que celles de Freud, sont abordées à partir de leur vécu et de leurs émotions, ce qui nous change des explications purement théoriques.
Platon est obsédé par la vie après la vie et la perfection, Kant par le devoir que l'on s'impose à soi même (le "sur-moi" freudien ?), et Sartre par le regard des autres, qui remplace le regard de Dieu.
"Il n'y a pas de démocratie sans l'espoir que les hommes aient le pouvoir d'inventer le sens de leur existence collective"
"La seule chose dont l'homme puisse avoir à se sentir coupable, c'est d'avoir cédé sur son désir" (Lacan)
"L'amour c'est offrir à l'autre ce qu'on ne peut lui donner, et qu'il n'a pas demandé" (Lacan)
"Un homme n'est que la somme de ses actes" (Sartre)
"Se pourrait-il que les hommes ne se lancent dans l'investigation intellectuelle que pour mieux se fuir ?"
"Une biographie, ça s'invente" (Céline)
"Pour Jankélévitch, l'ironie est une façon délicate de postuler l'intelligence de l'autre"
"Jouis de la vie avec la femme que tu aimes" (L'Ecclésiaste)
08:52 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)