27/07/2013
Roman policier suédois
Le vingt et unième cas
Hakan Nesser
Prix de l'Académie du roman policier suédois
Points policiers n° P2870
"Dans dix-neuf cas sur vingt, il était sûr de lui. Dans le vingtième, il avait un doute. Dans le vingt et unième..."
Roman policier classique : un meurtre a été commis, et il s'agit de découvrir le coupable.
Comme souvent, le commissaire est un antihéros, désabusé.
Aucun indice ne nous met sur la piste du coupable.
Plusieurs fausses pistes, au point d'en arriver à soupçonner le commissaire lui même...
L'action se passe dans un pays européen imaginaire, qui pourrait être la Hollande, ou le nord de la Belgique. Quand la pluie s'arrête, la brume règne.
08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
20/07/2013
aventures en Libye
Libyan exodus
Tito Topin
Editions Rivages noirs n°922
En plein affrontement entre les forces loyalistes libyennes et les rebelles, un groupe de fuyards, réuni par le seul hasard, tente de rejoindre la Tunisie au péril de leurs vies.
Le style est tranchant, parfois même télégraphique, sec comme le sable du désert.
"Les politiques nous flanquent la trouille afin qu'on les supplie de nous protéger"
"Je préfère trinquer à l'amour, il n'y a que des perdants mais au moins, c'est inscrit dans la règle du jeu"
"Un homme qui massacre son propre peuple a perdu la légitimité à se dire un être humain".
08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
15/07/2013
Orsenna est un poète efficace
La grammaire est une chanson douce
Erik Orsenna
Editions Stock
Ce livre a un peu plus de dix ans. Il vient d'être réédité, et j'ai dépassé ma réticence pour la grammaire pour le lire. Probablement parce que j'ai beaucoup aimé plusieurs livres d'Erik Orsenna. Je ne le regrette pas, car il s'agit d'un livre poétique et intelligent, dont la lecture devrait être rendue obligatoire pour tous les "professeurs des écoles", et surtout leurs inspectrices et inspecteurs, et ces rédactrices et rédacteurs de circulaires ridicules à force d'être abscondes. Ces gens qui souffrent de "la peur panique du plaisir des mots".
Un livre qui redonne l'amour des mots, des belles histoires et des phrases bien construites.
Je me suis à peine rendu compte que, derrière, se trouvait un cours de grammaire élémentaire !
"Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s'usent."
"La vie râpe. Il faut tout faire pour l'adoucir"
09:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
06/07/2013
Limonov
Limonov
Emmanuel Carrère
Prix Renaudot 2011
Folio n°5560
Succès de l’année dernière, enfin en format poche. Le succès est mérité.
Emmanuel Carrère est le fils d’Hélène Carrère D’Encausse, professeur à Sciences –Po Paris, spécialiste reconnue de la Russie, surtout depuis sa prédiction, avant l’heure, de l’éclatement de l’Empire URSS.
Emmanuel Carrère nous entraîne dans l’histoire de la Russie, de la Grande Guerre patriotique (20 millions de morts russes) à nos jours, à travers la vie de romanesque de Limonov, qui n’est pas un personnage de fiction, même si ce n’est pas son vrai nom.
Fils d’un sous-officier du KGB. Petit voyou rêvant de devenir chef de gang dans son Ukraine natale.
Personnage de « l’underground » dans l’URSS vieillissante de Brejnev.
Clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à New-York, où il commence à écrire, sans parvenir à se faire publier, malgré ses relations avec l’intelligentsia, qui le rejette quand il a le mauvais goût de critiquer les dissidents politiques de son pays.
Connaissant, enfin, la reconnaissance littéraire à Paris. Ses provocations le rapprochent de Jean-Edern Hallier.
Puis la guerre d’éclatement de la Yougoslavie, que Limonov vit intensément du côté serbe, contre les « Oustachis », qui reprennent le drapeau à carreaux rouges et blancs de l’Etat indépendant de Croatie, fondé en 1941 par les Allemands.
Il faudra du temps pour qu’il soit connu et reconnu comme écrivain à Moscou, plus que comme leader du minuscule parti « national-bolchévique », au sein du « marigot de communistes nostalgiques et de nationalistes furibonds », dérive de son goût de la provocation qui le conduit à la case prison, dans « un pays où l’on se soucie peu des libertés formelles pourvu que chacun ait le droit de s’enrichir ».
Vie qui sort de l’ordinaire, assurément, dont il a tiré l’essentiel de ses livres, Limonov a été sauvé, par son besoin de lire et d’écrire, avant de s’installer avec sa femme dans une belle maison, à la campagne.
« C’est exactement la vieillesse que je nous souhaite. Il y aurait de grandes bibliothèques, des divans profonds, les cris des petits-enfants dehors, des confitures de baies, de longues conversations dans des chaises longues. Les ombres s’allongent, la mort approche doucement. La vie est bonne parce qu’on s’est aimés. Ce n’est pas peut-être pas comme ça que ça finira, mais c’est comme ça, s’il ne tenait qu’à moi, que j’aimerais que ça finisse. » Emmanuel Carrère nous parle beaucoup de lui en nous parlant de Limonov.
« Le cynisme est devenu la religion de la Russie » : « Cynisme, désenchantement, frivolité glacée ».
« Les Roumains, seul peuple dans l’histoire à avoir librement élu des communistes »
« La démocratie, c’est bien, mais sans les élections, c’est plus sûr ! »
14:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
29/06/2013
Paris 1943/44
Le cordonnier de la rue triste
Robert Sabatier
Livre de poche n°32348
Paris 1943/44, "cette période où l'on subissait les outrages d'une guerre perdue", à la limite entre le XIVe et le XVe arrondissement. La rue triste ne voit pas passer le "corps noir". Fontenoy n'y a probablement jamais mis les pieds.
Dans la rue triste vit toute une galerie de personnages, à commencer par le cordonnier qui aimait tant courir qu'un accident l'a privé de l'usage de ses jambes. Il y a aussi une petite fille qui cache, avec son châle, une étoile jaune.
Dans la rue triste ne vivent que des gentils. Le fonctionnaire de la préfecture de police prévient de l'imminence d'une rafle. "Ces gens en uniforme pouvaient se mêler de changer le destin d'autres êtres parce qu'on le leur avait commandé". La prostituée et la bonne sœur font cause commune, pour aider l'infirme puis la petite fille et sa grand-mère. Paulo, le chiffonnier, aménage une cache pour les journaux clandestins, puis des armes. Même l'inoffensif cordonnier sert de boîte à lettres à la résistance.
Cette histoire est trop belle pour y faire une place aux 30.000 auxiliaires français de la Gestapo. Pas de délateurs, pas de collabos.
Comme dans "L'art français de la guerre", "le libérateur dut, sur ordre, combattre d'autres libérateurs en Indochine puis en Algérie."
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature