06/05/2015
Olivier Gourmet gardien de parking
Jamais de la vie
De Pierre Jolivet
Avec Olivier Gourmet, Valérie Bonneton
Il existe des films noirs, comme il y a des polars noirs.
Olivier Gourmet porte sur ses épaules, avec talent, ce film social dont l'intrigue de film de gangsters n'est qu'un prétexte pour montrer une réalité sociale digne des frères Dardenne ou de Lucas Delvaux.
Comme eux, Olivier Gourmet est belge. Il incarne un leader syndical, resté dix ans au chômage, car marqué pour tous les chefs d'entreprises qui ne veulent pas de contestataire chez eux. Pour subsister, il a accepté une place de veilleur de nuit dans un centre commercial.
Il ne veut pas entendre parler de la police. Il ne dit donc rien quand il subodore un mauvais coup. Là commence le suspens, je n'en dirai donc pas plus...
21:23 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
05/05/2015
Jeanne ne semble pas être d'un grand secours
Pathétique, de voir Jean-Marie Le Pen appeler au secours Jeanne d'Arc. "Félonie", un terme tout aussi moyenâgeux . Il ne peut y avoir de félonie que d'un vassal à l'égard de son seigneur. Ce qui en dit long sur ce qu'il considère comme devant être les relations de sa fille à son égard.
Dans mes années au Parlement européen, j'ai souvent croisé les Le Pen, plus souvent séparément qu'ensemble. Car, si je conteste tout à fait leurs idées, si je considère que leur présence au Parlement européen affaiblit la France, je dois reconnaître qu'ils sont présents, aussi bien à Bruxelles qu'à Strasbourg.
Il y a quelques années le patriarche était entouré d'une cour. Il a laissé expulser ses vieux compagnons, sauf Bruno Golnisch, et s'est retrouvé de plus en plus seul. Avant que quitter le Parlement européen, il y a bientôt un an, j'avais été frappé par sa solitude, alors que la nouvelle Présidente était entourée. Comme on dit à la campagne "les mouches avaient changé d'âne" ! Les mouches n'étaient généralement pas les mêmes. Celles de Jean-Marie avait été chassées par sa fille.
Jean-Marie pensait que Marine ne serait que son prête nom. Il n'est plus qu'un vieillard qui doit se contenter de chercher à nuire.
Pathétique...
16:38 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, le pen
02/05/2015
Se souvenir d'Albertine Sarrazin
L'astragale
De Brigitte Sy
Avec Leïla Bekhi, Reda Kateb
Les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Je me souviens de la mort d'Albertine Sarrazin, à Montpellier, lors d'une banale opération de l'appendicite, alors qu'elle était en pleine gloire après la sortie de l'Astragale, son récit autobiographique. Un destin trop bref.
Elle y raconte son évasion de prison. C'est à ce moment qu'elle se casse l'astragale, un petit os du pied, et surtout qu'elle rencontre Julien, son grand amour.
Les moments où Leïla Bekhi lit, en voie off, des extraits du livre sont ceux que j'ai préféré car ils montrent à quel point Albertine écrivait magnifiquement.
Elle mettait des mots sur ce sentiment universel et intemporel, l'amour. Un amour difficile à vivre pour ces deux petits malfrats qui partagent leur temps entre cavales et incarcérations. C'est en prison qu'ils se marieront. Comme dans les films, en bonne "gagneuse" de son bandit de coeur, elle tapinait pour survivre.
Le film, en noir et blanc pour nous replonger dans l'ambiance de l'époque, se concentre sur leur rencontre et leur première année. Quand Julien décide de faire sa vie avec Albertine.
Leïla Bekhti est une actrice sublime, avec un air souvent enfantin, mais je suis gêné quand l'acteur, ou l'actrice, n'a pas l'âge du personnage. Albertine avait 19 ans. Sa grande différence d'âge avec Julien est un des éléments clés de l'histoire. Leïla a 31 ans et seulement quelques années de différence avec son partenaire...
Même avec beaucoup de talent, il est difficile de confondre une femme de 19 et une de 31...
Les cinéphiles pourront retrouver la version de 1969, quelques années après la mort d'Albertine, avec Marlène Jobert, et pourront comparer. Je ne me souviens plus quel âge avait Marlène Jobert à l'époque.
15:53 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
29/04/2015
Léa Seydoux fait des ménages
Le journal d'une femme de chambre
De Benoît Jacquot
Avec Léa Seydoux, Vincent Lindon
D'après le roman d'Octave Mirbeau
Chronique sociale sur la condition de domestique il y a un peu plus d'un siècle. Pour les gens issus du monde rural, où il n'y a pas, déjà, de travail pour tout le monde, les "places" peuvent être bonnes...ou moins agréables. Comment empêcher que des gens qui ont du pouvoir en abusent ? Pour les patrons, abus sexuels, pour leurs épouses, abus de pouvoir, pour bien montrer qui commande.
Cette classe domestique ne peut affronter ses patrons, mais n'en pense pas moins et, bien entendu rêve de changer de condition. En particulier par le mariage. Ce dont certains hommes profitent.
Chronique sociétale également pour montrer ces rentiers provinciaux qui vivent leur hypocrisie comme ils respirent. Le maître peut abuser des domestiques, à condition que cela ne coûte rien. Le capitaine à la retraite peut vivre maritalement avec sa "bonne", mais à condition qu'elle reste dans la société à la place voulue par sa condition.
La sensualité naturelle de Léa Seydoux ne fait d'exacerber les situations dans lesquelles les femmes sont, par définition, des proies.
Vincent joue à la perfection le rôle du domestique taiseux, mais qui n'en pense pas moins, bougonnant par peur d'être sentimental, voulant être d'abord pragmatique et calculateur. Il n'a de relation avec le curé que dans son antisémitisme militant. L'affaire Dreyfus n'est pas loin.
17:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
27/04/2015
les racines chrétiennes de l'Europe
L'Europe est-elle née au Moyen- Âge ?
Jacques Le Goff
Je me souviens, il y a quelques années, du débat sur les "racines chrétiennes de l'Europe". Devaient-elles être mentionnées dans le préambule de ce qui aurait du être une Constitution européenne, en réalité un Traité, refusé par les Français, ce qui permit à d'autres, en particulier les Britanniques, de l'enterrer.
Pour le célèbre médiéviste Jacques Le Goff, la réponse est claire : ça qui constitue l'Europe au Moyen-Âge, c'est sa commune appartenance au christianisme. Au temps de l'Empire romain, les autres c'étaient les "barbares", mais l'octroi de la citoyenneté romaine à tous les citoyens de l'Empire changea la donne. Il y eu donc, "nous", les Européens, et "eux" , essentiellement les musulmans. Les conquêtes de l'Empire ottoman dans les Balkans, dont la célèbre bataille de Kosovo (le champ du merle), font faire que "la menace turque va être un des ciments de l'Europe".
Le christianisme est "l'instrument du métissage" entre les Barbares, Celtes et Germains et les Latino-Européens. "A la naissance de l'Europe, s'affirme, dès le début, la dialectique de l'unité et de la diversité." "La dialectique entre unité et diversité est le fond même de l'histoire européenne."
Mais si, au Moyen-Âge, être Européen , c'est être chrétien, cela s'accompagne "d'un rejet, contrairement à l'Islam ou au christianisme byzantin d'une théocratie". Avec un "équilibre entre la foi et la raison." Abélard, au delà de sa relation amoureuse avec Héloïse a donné une place décisive à l'esprit critique en posant comme principe "la première clé de la sagesse, c'est une interrogation continuelle."
Bien avant le programme européen "Erasmus", une Europe des universités se met en place, avec échange de professeurs et d'étudiants. En théologie, mais aussi, beaucoup, en droit. Déjà l'Europe des juristes !
Le Moyen-Âge voit aussi naître une "Europe de la persécution", pour "détruire tout ferment de souillure", contre les hérétiques, les juifs, les homosexuels, les lépreux. "La société chrétienne du Moyen-Âge a commencé à construire l'antisémitisme européen."
"La législation barbare , sur les unies du droit romain, prolongea, malgré tout, une Europe du droit." Et l'adoption de la "minuscule caroline" en a fait la première écriture européenne.
"L'Europe sera un monde du pain." Avec comme boissons dominantes, le vin, favorisé par la pratique religieuse, la cervoise et le cidre, en fonction du climat.
"Une Europe du textile a engendré une Europe des marchands." Et de là, une "Europe de la mer" et une "Europe de la banque". Et même une "Europe de la fraude fiscale." Déjà, "une Europe de globalisation des échanges économiques, mais d'aggravation des inégalités sociales et politique était née."
Et, comme "le temps , c'est de l'argent", "un rythme s'est imposé jusqu'à nous, celui de la semaine, entraînant un rapport entre le temps de travail et le temps de repos." "L'Europe de la fin du XVe siècle est une Europe du temps précieux, du temps approprié par les individus et les collectivités constitutifs de l'Europe éventuelle."
La réponse à la question posée par le titre du livre est donc : "La Moyen-Âge a constitué le mouvement décisif de la naissance, de l'enfance et de la jeunesse de l'Europe."
16:29 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire