Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/02/2011

Incendies

Incendies

 

De Denis Villeneuve

 

Avec Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin et Rémy Girard

 

Prix du public du Festival international du film francophone de Namur

 

 

Deux jeunes adultes partent à la recherche du passé de leur mère, conformément à la dernière volonté de celle-ci. Au bout du chemin, c'est eux mêmes qu'ils retrouvent.

 

Le passé de leur mère, leur passé, c'est le Liban des années 70. Celui du début des affrontements meurtriers entre les Palestiniens,  chassés par les Israéliens en 67, parqués dans des camps,  et les Chrétiens du sud,  jusqu'aux massacres de Sabra et Chatila,  dix ans plus tard.

 

Ames sensibles s'abstenir, "Incendies" est un film brûlant, à l'histoire poignante, réquisitoire,  d'autant plus implacable qu'il est sans grandiloquence,  contre l'intolérance et la guerre.

 

Les paysages libanais nous font oublier qu'il s'agissait,  au départ,  d'une pièce de théâtre. Ce n'est pas théâtral, ce n'est pas un huis-clos, c'est un voyage initiatique.

 

 

 

08:47 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

11/02/2011

touristes : la transition démocratique tunisienne a besoin de vos vacances

Une grande préoccupation : la situation économique

 

Il est évident que les troubles persistants ne favorisent pas le tourisme. Les réservations pour la saison 2011 ont chuté de 45%.

Pour offrir de meilleurs emplois, il faudra que le tourisme soit orienté vers plus de services avec une plus haute valeur ajoutée.

 

Beaucoup d'entreprises tournent au ralenti.

Des grèves spontanées, inhabituelles dans ce pays se déclenchent avec des revendications salariales et de conditions de travail.

La grève des douanes est particulièrement handicapante.

Chaque jour de travail perdu coûterait au pays 130 millions d'euros.

 

Le secrétaire général adjoint de l'UGTT parle de "débordements", mais "le syndicat est bien obligé de tenir compte des revendications", d'autant que des milliers de demandes d'adhésion arrivent en provenance du secteur privé (en particulier hôtellerie).

Le syndicat, qui est la seule force civile encore organisée dans le pays,  joue un rôle de tentative d'apaisement,  pour ne pas casser la machine économique.

 

Beaucoup d'investissements prennent du retard.

Les ministres et la centrale syndicale craignent que certains investisseurs se détournent d'une Tunisie respectant le code du travail et des salaires décents.

 

Les agences de notation ont baissé la note de la Tunisie, ce qui rend les prêts plus chers.  Un représentant de la BEI est venu pour voir ce qu'il était possible de faire.

 

Personne n'oublie que le mouvement est parti d'une région du pays en retard de développement.

Tout le monde fait la distinction entre Tunis, la côte, et l'intérieur du pays beaucoup plus pauvre.

 

Comme le dit le ministre des affaires étrangères : "Il faut rendre les fractures sociales tolérables".

 

Le premier ministre dit vouloir se concentrer sur les questions économiques, laissant les questions politiques et de "souveraineté" au Président (remarque personnelle : comme il le faisait avec Ben Ali !)

Il dit avoir besoin de 5 milliards de$ pour relancer la machine économique.

 

L'aide de l'UE est demandé, y compris en faveur des petites entreprises.

 

 

Le rôle de l'Union européenne

 

La Délégation de l'UE en Tunisie a pour instructions, conformément aux conclusions du Conseil,  d'entamer une reformulation des politiques pour favoriser la transition en utilisant tous les instruments de l'UE.

 

Le développement de l'intérieur du pays fera l'objet de programmes spéciaux. Avec une aide aux infrastructures, comme la Commission a l'habitude de le faire.

Le Premier ministre propose une décentralisation.

 

Mais quels seront les moyens de l'UE dans le cadre des perspectives financières ?

 

Nos interlocuteurs sont sensibles aux marques de solidarité de l'Union européenne.

Le Premier ministre (à qui Hélène Flautre a refusé de serrer la main) souhaite un renforcement des relations avec l'UE.

Les Tunisiens ont été sensibles au discours de soutien du Président Obama,  et ont trouvé tardif le changement d'attitude de l'UE, en particulier du gouvernement français, particulièrement critiqué.

Généralement spontanément, ils font la différence entre la Commission, s'occupant des questions économiques, collaborant avec l'ancien régime et le Parlement européen votant des résolutions sur les droits de l'Homme.

 

Le ministre de la défense a exprimé sa déception à l'égard de "l'Union pour la Méditerranée "qui semble n'avoir comme première préoccupation que de bloquer les migrants".

 

Les parlementaires espagnols ont rappelé à de nombreuses reprises l'expérience de la transition vers la démocratie dans leur pays.

Un député bulgare (ALDE) a souvent fait le parallèle avec la transition des pays européens de l'ex bloc soviétique. Le délégué de la Commission a fait remarquer qu'à la différence de ceux-ci,  pour la Tunisie, il n'y aura pas de perspective d'adhésion à l'UE.

Mais pour les Tunisiens, il est clair qu'il y a un espoir d'Association avancée, avec le reproche fait à l'Union européenne, de la part de certains,  de regarder plus à l'est qu'au sud.

08:41 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie

10/02/2011

Observations électorales

Élu, il y a bientôt 30 ans sur une liste invalidée, sans que ni mes amis ni moi n'ayons rien vu.
Probablement victime de. Fraudes au 1er tour, j'ai toujours été sceptique sur les missions d'observation électorale. Surtout depuis que j'ai participé à quelques unes d'entre elles.
Je pense aux élections présidentielles en Mauritanie et à Madagascar : les deux présidents concernés ont été renversés depuis .
L'Union européenne ne va observer les élections que là où elle est invitée par le gouvernement en place, qui veut ainsi un "label" démocratique ...que généralement nous leur fournissons : ainsi le Rwanda, le Congo (les deux)...et le Tchad où. Je me rends : les jeux sont joués d'avance, les résultats globalement connus.
Le pire, c'est que quand la fraude est trop visible, et dénoncée par les parlementaires européens, ils sont priés par les Etats membres de se taire : intérêts géostratégiques obligent. Ce fut le cas pour l'Ethiopie (2 fois), le Nigeria, le Pakistan.
Les seuls cas valables me semblent être à l'issue d'une transition neutre, comme en Guinée et au Niger, ce qui a permis deux fois le succès de candidats socialistes...

Tunisie : incertitudes

La lutte contre la corruption

 

Le président de la commission "d'établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption" est, lui aussi,  unanimement respecté. Ce qui ne semble pas être le cas de tous les membres de sa commission.

Il dit avoir reçu "carte blanche" du gouvernement intérimaire, et tous les moyens requis, y compris informatiques.

Il a reçu 800 dossiers en trois jours et le "n° vert" mis en place est saturé.

Tous les corps administratifs ont l'obligation de transmettre les dossiers.

La commission disposera d'experts dans les domaines fiscal, financier, douanier et immobilier.

Elle va s'appuyer sur la Convention de l'ONU de 2003 contre la corruption.

Quand les faits seront avérés, les dossiers seront transmis au parquet.

La formation de juges spécialisés est souhaitée.

 

Conclusion du président de la commission : "Que Dieu nous aide dans ce grand bazar !"

 

 

Les "acteurs du changement politique"

 

Le mouvement des jeunes qui ont marché sur Tunis et obtenu le départ de Ben Ali avait pour slogan "Dignité - Liberté- Travail", avec un "ras-le-bol" contre un régime méprisant ne leur offrant aucune perspective d'avenir, malgré leurs formations.

Nous n'avons malheureusement rencontré aucun d'entre eux.

Personne ne se présente comme leur représentant, et les responsables de la "société civile" ou des partis politiques que nous avons rencontrés en nombre ne prétendent pas l'être.

Le "Conseil National pour les Libertés" (ONG) s'efforce d'organiser une convergence entre les "résistants" et les "vainqueurs", ce qui prouve bien qu'il n'existe pas de liens entre les uns et les autres.

 

Comme l'a dit le représentant du "Congrès pour la République" : "le peuple a été plus vite que l'opposition".

 

Personne ne semble craindre un danger islamiste.

Les responsables du parti Ennadha considère que leur islam politique s'inscrit dans le cadre d'une société pluraliste et libre et d'un Etat laïc, comme en Turquie, même s'il n'est pas question pour eux d'imiter des modèles étrangers, ni turc ni, encore moins iranien.

Pour eux la laïcité est la stricte neutralité de l'Etat, "pas comme en France où l'Etat intervient dans les affaires religieuses".

Il n'est pas question de remettre en cause l'égalité hommes/femmes.

Leur parti n'est pas théocratique et ils sont contre une dictature au nom de Dieu ou de l'islam.

Ils font le parallèle avec les partis démocrates-chrétiens.

Ils sont contre le terrorisme de groupuscule au nom de Dieu, mais également contre le terrorisme d'Etat.

Ils demandent si l'Union européenne est prête à accepter le choix du peuple s'ils obtiennent démocratiquement une majorité ?

 

 

Dans quels délais ?

 

Tout le monde est unanime pour considérer que le délai constitutionnel de deux mois pour tenir une élection présidentielle est impossible.

 

C'est pour un an que le Parlement devrait donner pouvoir aux Président et gouvernement intérimaires de légiférer par décrets.

 

Personne ne semble se formaliser sur le délai annoncé, de plus ou moins six mois,  tant les forces politiques doivent avoir le temps de s'organiser.

 

Seuls les ambassadeurs des pays de l'UE nous ont parlé de l'attente d'un échéancier.

L'ambassadeur danois, considérant qu'il n'y a pas de démocratie sans partis politiques, suggère une aide des "familles" politiques européennes à leurs partenaires tunisiens.

 

 

Les incertitudes sécuritaires

 

Des incidents violents continuent à se produire.

Certaines entreprises sont victimes de racket.

Tous nos interlocuteurs incriminent des éléments de la police de l'ancien régime voulant semer le trouble.

Aujourd'hui, le maintien de l'ordre est d'abord de la responsabilité de l'armée, et la coordination générale est placée sous les ordres du chef d'état major de l'armée (celui qui refusé de tirer sur les manifestants et a obligé Ben Ali à partir), avec l'accord du ministre de la justice.

 

Une aide de l'UE à la réforme des forces de sécurité a été évoquée, en particulier pour les former au respect des droits humains.

 

Toutes les zones touristiques sont l'objet d'une vigilance particulière.

08:40 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie

09/02/2011

Tunsie : transition vers la démocratie

Le maintien des structures de l'Etat

 

Bien entendu tous les opposants à l'ancien régime font remarquer que toutes les structures restent en place,  et protestent contre la nomination de Gouverneurs de province tous issus de l'ancien régime.

Les ministres ont changé, les responsables administratifs des ministères sont demeurés en poste. Ce qui provoque quelques rancœurs. Même si tous affirment ne pas avoir d'esprit de revanche, certains demandent un "nettoyage".

"Le dictateur est parti, le système est resté" (Ben Jaafar).

"La dictature demeure" (Hamma Hammami)

 

 

Une force de proposition : la commission des réformes politiques

 

Comme pour les deux autres commissions, la mise en place est en train de se faire.

 

Le président de cette commission, Iyad Ben Achour, frère de la présidente de l'association des femmes démocrates, universitaire,   est unanimement respecté.

 

La commission, composée essentiellement de juristes,  va commencer par faire des propositions concernant la suppression de toutes les lois anti-démocratiques.

 

Dans la perspective des élections, la commission fera des propositions concernant le code électoral, la création d'une "Commission électorale indépendante", l'organisation de la campagne électorale, etc.

La commission fera également des propositions dans les domaines des libertés d'expression, d'association et politiques.

 

Le président de la commission a annoncé des rencontres bihebdomadaires avec la "société civile" afin de prendre note des demandes et suggestions.  

 

Le "Conseil des Libertés", l'"association des avocats" et le "Parti de la gauche moderne" critiquent la mise en place de ces commissions.

Plusieurs associations font remarquer que c'est Ben Ali, avant de partir,  qui en a décidé la création.

 

 

Un point sensible : la justice et les droits de l'Homme

 

Le gouvernement provisoire a donné des signes positifs, en particulier en adoptant quatre protocoles internationaux, dont les Conventions contre la torture et la protection des personnes contre les disparitions forcées, et le Statut de la Cour Pénale Internationale, ainsi qu'un projet de loi d'amnistie politique et de libération conditionnelle des prisonniers de conscience en attendant leur réhabilitation.

 

Toutes les organisations de défense des Droits de l'Homme, et "l'Association des magistrats",  insistent sur l'indépendance de la justice, qui doit être garantie par un Conseil Supérieur de la Magistrature indépendant du pouvoir politique, et par le statut des magistrats.

Le ministre de la justice en est d'accord.

L'association des magistrats demande des mesures de lutte contre la corruption au sein de la magistrature.

Les magistrats sanctionnés par le pouvoir précédent ont été réhabilités.

Comme le constate le Président du "Parti de la gauche moderne" : "les gendarmes se sont révoltés, pas les juges !"

14 tribunaux ont été incendiés. Par des provocateurs ?

Le programme "justice" de l'UE pourrait enfin être mis en place.

 

La commission d'"établissement des faits sur les abus", présidée par l'ancien président de la Ligue des droits de l'Homme,  comme les deux autres se met en place. Nous avons vu des dizaines de personnes faire la file pour venir témoigner.

La commission a un droit de convocation, mais n'est pas un tribunal.

Elle souhaite constituer des archives et remonter dans le temps.

 

La création d'une commission "Vérité, justice, réconciliation" a  été évoquée.

 

La disparition de la police politique est unanimement réclamée.

 

Le droit des femmes est, pour tous,  la "ligne rouge" à ne pas franchir, et même à améliorer. (à suivre)

08:37 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie