26/11/2010
Fair game, pas "fair play" du tout
Fair Game
De Doug Liman
Avec Naomi Watts et Sean Penn
Et dire que tout cela est vrai ! La réalité dépasse la fiction et l'affliction.
Nixon a été obligé de démissionner pour avoir caché la vérité dans l'affaire du Watergate. Clinton a été harcelé sur la nature exacte de ses relations sexuelles avec une stagiaire. Mais W. Bush a pu terminer son mandat après avoir délibérément et effrontément menti sur de prétendues "armes de destruction massive" irakiennes.
D'autres films américains, comme "Green Zone" sont revenus sur ce mensonge.
"Fair Game" entre dans les détails.
La CIA avait très explicitement dit que le programme nucléaire irakien était détruit.
Tout le monde savait que les tubes en aluminium donnés comme "preuves" n'avaient rien à voir avec la construction d'une bombe atomique.
Un ancien ambassadeur américain avait expliqué très catégoriquement qu'il était impossible que le Niger ait vendu 500 tonnes d'uranium à l'Irak.
Pour faire peur à tous les agents des services de renseignements susceptibles de révéler les mensonges, de gros et de détails, les proches du Président sont allés jusqu'à révéler le nom d'une femme officier de la CIA.
Ces salopards ont été punis pour cela, puis amnistiés par le Président.
Mais l'essentiel était fait : détourner l'attention de la véritable question : pourquoi les soldats américains étaient-ils en Irak ?
Le film montre bien le fonctionnement des médias américains (seulement américains ?) : l'essentiel est de passer à autre chose, à d'autres questions, par exemple : quels sont les rapports de ce couple ? Le mari ne se faisait-il pas payer des vacances au Niger aux frais des contribuables ? Sont-ils de vrais patriotes ou des communistes ?
Souvenez-vous de l'affaire Woerth / Bettencourt cet été : il fallait détourner l'attention : ce fut l'opération sécuritaire avec les Roms pour cibles.
La démonstration est irréfutable et inquiétante pour la démocratie et la marche du monde.
Sean Penn est un habitué des films engagés politiquement. Il incarne parfaitement cet idéaliste décidé à faire éclater la vérité. Naomi Watts est très crédible en mère de famille, fille de militaire, totalement engagée dans son travail, au péril de sa vie, de son couple, de sa famille.
08:50 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
25/11/2010
Drame haïtien, impuissance européenne
Haïti : drame humanitaire, impuissance de l'Union européenne
Devant l'aggravation de la situation, l'ONU a lancé un appel de fonds de 121 millions d'euros.
Le coordinateur de l'ONU se plaint d'avoir reçu moins de 10% de ce dont il a besoin.
La Commission européenne a mobilisé 12 millions d'euros supplémentaires pour ses partenaires humanitaires sur place et dépêché de nouveaux experts médicaux.
Devant le Parlement européen, la Commissaire européenne chargée de l'action humanitaire a exhorté les parlementaires à faire pression sur leurs Etats membres pour qu'ils contribuent.
En pleine crise sur le budget européen, on voit là un exemple concret de l'utilité que pourrait avoir un véritable budget commun, au lieu d'attendre la bonne volonté de chaque Etat.
Dans le domaine des affaires étrangères, l'Union européenne est souvent perçue comme une "super ONG". Je dirais plutôt qu'elle est une pourvoyeuse de fonds pour les ONG.
Le drame haïtien montre qu'elle ne peut agir qu'à la marge : 10%.
07:54 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, haïti
24/11/2010
Paul à Québec : un "prix du public" bien mérité
Paul à Québec
Michel Rabagliati
Prix du public FNAC / SNCF Angoulême 2010
Editions "La pastèque"
Paul, qui vit au Québec, à Montréal, avec sa femme Lucie et sa fille Rose, part en famille à Québec pour rendre visite à ses beaux-parents Roland et Lisette.
Le grand-père, heureux d'avoir la visite des ses filles, gendres et petits enfants a fait installer un chauffe-eau pour que tout le monde puisse profiter de la piscine.
Une petite première moitié du livre montre une vie familiale tranquille, avec les tracas ordinaires : trouver une maison à un prix abordable, assez grande et dans un quartier sympathique, sans nuisances...
Avec toutes ces expressions québécoises qui nous font sourire, mais ne nécessitent pas de dictionnaire.
Se brancher à Internet, après avoir été obligé de changer tout l'équipement informatique, parfois déjà obsolète au moment de l'achat. La scène de l'installation "si vous êtes en pantalon tapez 3"...fait penser au "Bidochon fait de l'informatique" de Binet.
La, grande, deuxième moitié est plus centrée sur Roland, le beau-père de Paul.
Roland est un "self made man", qui raconte son enfance miséreuse, puis son travail acharné et qui, arrivé à l'âge de la retraite, est frappé par le cancer.
Adieu la belle maison dans la campagne, avec piscine, près de Québec, il faut déménager dans un appartement, près de ses filles.
Puis il faut se résigner à attendre la mort dans un centre de soins palliatifs, où, après une période un peu agressive, il demande le droit de choisir son moment de mourir.
La scène de sa petite fille retournant sur la tombe encore ouverte pour lui adresser un dernier adieu est particulièrement touchante.
Depuis quand n'avais je pas pleurer d'émotion à la lecture d'une BD ?
S'il est vrai que l'on ne pleure que sur soi même, j'avoue espérer ne pas terminer ma vie ainsi...
Un sacré "roman graphique", "sibonac !", comme disent nos cousins, au trait précis comme un scalpel, souligné par le noir et blanc.
"Si j'avais les ailes d'un ange, je partirais pour Québec..."
09:17 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
23/11/2010
Sarkozy et la Méditerranée
Echec du (co) Président de toute la Méditerranée
Les médias français sont très discrets sur la situation d'échec grave dans laquelle se trouve l'Union pour la Méditerranée, voulue et lancée par notre glorieux Président, à grands renforts de trompettes de la renommée, en 2008.
Reporté de juin à novembre, le second Sommet a été, sinon annulé, du moins "reporté sine die" et devrait se tenir "dans les prochains mois".
Remplaçant le "Processus de Barcelone", lancé en 1995, l'"Union pour la Méditerranée", qui voulait faire beaucoup mieux et beaucoup plus, souffre, depuis sa naissance, il y a deux ans, de par la volonté de l'actuel Président du G 20, de malformations congénitales, et d'un constat désolant de carences et d'anémie.
Sur la rive sud, le mot "Union" ne veut pas dire grand chose, et pas seulement à cause d'Israël, même si cela joue beaucoup. Pas d'union, ni entre pays de la rive sud, ni avec les pays de la rive nord.
Sur la rive nord, la question se pose naturellement de la place de l'Union européenne dans le dispositif. Le budget européen fournit la moitié du budget prévu de l'UpM.
Impossible donc de s'en tenir à la vision purement intergouvernementale et méditerranéenne prônée au démarrage. C'est ainsi que la Finlande, la Pologne, l'Irlande et les autres se trouvent membres de l'Union pour la Méditerranée.
Impossible également de s'accrocher à la coprésidence prise par Sarkozy en 2008, quand la France assurait la présidence tournante semestrielle de l'Union européenne.
Impossible de continuer à ignorer la politique extérieure de l'Union européenne prévue dans le Traité de Lisbonne, et qui, difficilement, se met en place.
Le resserrement des liens entre les deux rives de notre "mer commune" est indispensable, et la coopération vitale pour notre futur commun.
Il semble donc indispensable que Sarkozy cesse de se rêver en sauveur du monde, en voulant utiliser l'Union pour la Méditerranée pour jouer un rôle dans le processus de paix au Moyen-Orient.
L'Union pour la Méditerranée ne peut exister que si elle passe au dessus de ces problèmes pour réaliser des programmes concrets, plus ou moins importants, ou limités, en fonction des ressources mises dans le pot commun, dans des domaines moins glorieux que la guerre et la paix mais très concrets comme, par exemple, la sauvegarde de la mer, la coopération énergétique, la protection civile, la gestion des migrations...
N'est-ce pas cette démarche très concrète qui a permis la construction de l'Union européenne ?
08:49 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
22/11/2010
coca, la feuille sacrée des Incas
Coca, la feuille sacrée des Incas
Cultiver la coca n'est pas illégal, car la coca n'est pas la cocaïne, mais son commerce l'est. 90% de la production de feuilles de coca serait destinés au narcotrafic.
Le trafic, qui a explosé entre 1980 et 1995, a muté après la chute des cartels de Cali et de Medellin.
Les Mexicains ont remplacé les Colombiens et, contrairement à ces derniers, ils préfèrent sous-traiter au maximum et laissent les chimistes produire sur place.
Dans le même esprit de vases communicants, quand la production diminue en Colombie, elle augmente au Pérou et réciproquement.
60.000 hectares sont concernés, dans des zones pauvres et qui le restent, à proximité des frontières avec la Bolivie et la Colombie.
La culture provoque une déforestation sauvage qui provoque la dégradation des sols et une perte de biodiversité.
La consommation sur place a augmenté, mais l'exportation reste largement prédominante.
Le phénomène nouveau est l'arrivée massive en Amérique latine de drogues de synthèse venues d'Europe.
L'exportation, par les fortunes qu'elle génère, et qui permettent la corruption, pèse sur la gouvernance et provoque des violences.
Le reliquat des groupes terroristes sert, avec d'autres, de force armée aux trafiquants.
Nous avons visité l'Agence gouvernementale qui tente de lutter contre le phénomène : prévention, réhabilitation, développement de cultures alternatives (huile de palme, cacao, café), mais ses responsables considèrent que la solution ne peut être seulement économique. Ils regrettent qu'en cinq ans l'aide internationale ait été divisée par deux.
Selon un ambassadeur européen, cela ne sert à rien de verser de l'argent dans le "tonneau des Danaïdes" puisqu'en raison de la loi du marché, tant qu'il y a aura de la demande...
Je me suis contenté de ramener du "maté" de coca !
08:41 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0)