15/11/2010
libérations
Aung San Suu Kyi libérée,
Jean-Louis Borloo et Hervé Morin aussi...
La grande nouvelle du week-end, c'est la libération d'Aung San Suu Kyi, dont le portrait ne quitte pas mon bureau depuis bien des années.
L'accueil qu'elle a reçu montre sa popularité.
Je ne crois pas que les pressions internationales soient la cause de sa libération. Même si j'ai écrit, pour le groupe socialiste du Parlement européen, quelques résolutions dans ce but. Je crois les généraux qui tiennent le pouvoir, et qui y tiennent, insensibles à ce genre de chose.
La junte militaire au pouvoir se sent probablement assez forte pour la laisser en liberté, et se dit qu'elle peut l'assigner à résidence, ou même la remettre en prison, à tout moment.
Plus de 1.500 prisonniers politiques, amis de la prix Nobel de la paix, restent derrière les barreaux.
Que va-t-elle pouvoir faire de sa liberté ?
Elle est invitée au Parlement européen. Si elle vient, l'accueil sera triomphal. Mais pourra-t-elle retourner dans son pays ? C'est pour cela qu'elle a toujours refusé de quitter la Birmanie.
Jean-Louis Borloo et Hervé Morin ont également été libérés.
Que vont-ils faire de leur liberté de parole retrouvée ?
Hervé Morin se rêve en candidat à la présidentielle. Mais quel est la notoriété d'Hervé Morin ? S'il est candidat, qui va-t-il gêner au premier tour, Bayrou ou Sarkozy ?
Tous les commentateurs répètent que ce gouvernement est composé pour préparer l'élection présidentielle.
Plus spécifiquement, je dirais, pour préparer le premier tour de l'élection présidentielle.
Le noyau dur. Pour éviter un mouvement comme les "Tea Parties" ?
Tous les alliés potentiels du second tour sont laissés au bord du chemin.
Avec leurs rancunes et leurs rancœurs.
De "l'ouverture", ne reste que l'ancien socialiste Besson, devenu le plus sarkozyste de l'UMP. La comparaison avec Déat n'était peut-être pas si inappropriée...
11:25 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0)
13/11/2010
Un livre très politique du prix Nobel de littérature
Histoire de Mayta
Mario Vargas Llosa
Prix Nobel de littérature 2010
Folio 4022
Même sans aller au Pérou, même sans Prix Nobel de littérature, donc même sans prétextes, un livre passionnant, littéraire et politique.
C'est l'histoire de Mayta, militant dans un groupuscule trotskiste, issu d'une scission. Pabliste, ou non ?
"Il était encore dans cette adolescence où la politique consistait exclusivement en sentiments, indignation morale, rébellion, idéalisme, rêves, générosité, mystique."
"La recherche de la perfection, de la pureté. Quand on poursuit cela, en politique, on arrive à l'irréalité."
"A cette époque, cela semblait impossible qu'un garçon dévot devînt communiste".
C'était avant qu'un prête péruvien, Gustavo Gutierrez, ne théorise la "théologie de la libération".
"Il n'est pas possible que le remède contre tant d'iniquité soit la promesse de la vie éternelle."
"Quand Dieu mourut dans son cœur, il crut avec la même ardeur à la révolution".
Un jour se présente la possibilité de l'action directe. "La révolution cubaine eut raison des inhibitions. La révolution sembla se mettre à la portée de tous ceux qui avaient l'audace de se battre". Mayta cède à la tentation de la participation à un coup de force, qui échoue lamentablement, dans l'indifférence, sinon l'hostilité, des paysans et des mineurs. Dans la région de Jauja (voir Tintin et le temple du soleil !).
Mais, "les révolutionnaires ne se repentent pas. Ils font leur autocritique."
Ce roman, toujours actuel, a été écrit en 1984, et la date n'est pas sans importance. Cette année là, le terrorisme du "Sentier lumineux" ("Le marxisme-léninisme est le sentier lumineux du futur" = 70.000 morts entre 1980 et 2000) est à son paroxysme et le président Fujimori, aujourd'hui en prison, donne les pleins pouvoirs à l'armée pour lutter contre les groupes révolutionnaires. Les communautés paysannes sont prises entre deux feux, entre deux violences.
"Tout cette violence n'a apporté que de la violence. Et les choses n'ont pas changé." "A la misère et au chômage s'est ajoutée la tuerie".
C'est donc tout un pan de l'Histoire récente du Pérou qui se profile en toile de fond.
"Informer, c'est maintenant interpréter la réalité selon les désirs, les craintes ou les convenances".
"La plupart des gens sont honnêtes parce qu'ils n'ont pas d'autre alternative".
08:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
12/11/2010
Clooney, l'Américain
L'Américain
d'Anton Corbijn
Avec George Clooney
Dans ce film, au rythme du temps qui passe, il y a Clooney, excellent, loin de son rôle de marchand de café, mais toujours aussi séducteur.
What else ?
Des paysages superbes des Abruzzes. Le réalisateur s'est d'abord fait connaître comme photographe : cela se voit !
Des créatures de rêve, sous le charme, et qui se ressemblent tellement que l'on peut les confondre. D'autant plus qu'elles ne sont jamais ensemble à l'écran.
Et surtout la difficulté, jusqu'à la paranoïa, à faire valoir son droit légitime à la retraite, pour profiter du soleil d'Italie et des jolies femmes, même quand on est tueur à gages !
08:19 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
11/11/2010
Mario Vargas Llosa contre les utopies politiques en Amérique latine
Rêve et réalité de l'Amérique latine
Avant de se voir décerner le Prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa a écrit, pour la revue "Problèmes d'Amérique latine", un article dans lequel il fustige les fantasmes projetés par les Européens sur l'Amérique latine. "L'Amérique latine est une réalité fictive sur laquelle ils reportent leurs utopies frustrées".
A commencer par les rêves des "conquistadors" : "ce qui était impossible dans l'Ancien Monde devenait possible", l'El Dorado !
Fantasmes de révolution, par procuration, réveillés par Cuba, "dictature qui a le privilège d'être la plus longue de celles qu'a connues l'Amérique latine". "Pourquoi ce qui est mauvais pour les Européens serait-il bon pour les Latino-Américains ?". "Avec "la mentalité des anciens colonisateurs pour lesquels l'Amérique latine n'était pas une réalité, mais une fiction".
"En matière politique, à la différence de ce qui se passe dans le monde artistique et littéraire, il convient de distinguer très clairement la réalité de la fiction." "La confusion de la réalité et de la fiction a toujours eu des conséquences tragiques pour l'humanité".
Il dénonce ces "écrivains et artistes occidentaux qui, déçus par leur propre culture, partirent à la recherche d'autres plus à même de satisfaire leurs appétits d'exotisme, de primitivisme, de magie, d'irrationalité et d'innocence, et qui firent de l'Amérique latine la cible de leurs utopies". "L'Amérique latine ne paraît avoir d'autre raison d'être que de servir de scène à leurs chimères romantiques."
Il trouve particulièrement dangereuse "la guerre des races que certains progressistes irresponsables utilisent pour faire de l'agitation et de la propagande".
"Que l'utopie se cantonne à notre littérature et à nos arts !"
Dans le domaine politique et social, "seule la vision réaliste - le pragmatisme de ce qui est possible dans un cadre où coexistent la légalité et la liberté - amène le progrès et la prospérité."
"Nous avons besoin de créer un monde où le bonheur ne s'atteint pas en niant la réalité, ni en se réfugiant dans le rêve et la fiction, mais en regardant la vie réelle en face".
Dans le même numéro de la revue "Problèmes d'Amérique latine", un article de Gilles Bataillon, directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes et Sciences Sociales, qui s'attaque au mythe de "Che" Guevara qui "incarne la figure du héros révolutionnaire", mais que l'article montre comme "au premier chef, le théoricien du pouvoir absolu de Castro", "apologiste du pouvoir de l'égocrate".
08:15 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
10/11/2010
Tintin et les Incas
Le temple du soleil
Les aventures de Tintin
Hergé
Casterman
Relecture de l’inusable Tintin, avant de partir, ainsi qu’au retour du Pérou, même si la réalité contemporaine n’a plus grand-chose à voir, à part le « pisco » toujours aussi populaire.
Suite des « 7boules de cristal », à la recherche du professeur Tournesol, Tintin, accompagné de Milou et du capitaine Haddock se retrouve au Pérou.
Le port de Callao, n’est, ni plus ni moins que le port de Lima. Le nom du bateau évoque l’empereur inca Pachacutec (« celui qui change le monde »).
Le « train de Andes », avec des passages à 4.800 mètres d’altitude, part toujours deux fois par semaine en direction de Huancayo, région dans laquelle se trouve Jauga.
L’album a le mérite de bien montrer les trois zones géographiques du Pérou : le littoral, la cordillère des Andes, et la jungle amazonienne.
Le trésor caché des Incas (à Vilcabamba ?) fait autant fantasmer que celui des Templiers…
Le Temple du soleil du Machu Picchu a des dimensions beaucoup plus modestes que dans Tintin, et mon guide sur place, qui connait bien l’œuvre d’Hergé, récuse totalement l’idée de sacrifices humains. Il est également persuadé que les Incas, ces « fils du soleil » (et de la « terre mère ») connaissaient parfaitement le phénomène des éclipses du soleil.
08:04 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature