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11/02/2011

touristes : la transition démocratique tunisienne a besoin de vos vacances

Une grande préoccupation : la situation économique

 

Il est évident que les troubles persistants ne favorisent pas le tourisme. Les réservations pour la saison 2011 ont chuté de 45%.

Pour offrir de meilleurs emplois, il faudra que le tourisme soit orienté vers plus de services avec une plus haute valeur ajoutée.

 

Beaucoup d'entreprises tournent au ralenti.

Des grèves spontanées, inhabituelles dans ce pays se déclenchent avec des revendications salariales et de conditions de travail.

La grève des douanes est particulièrement handicapante.

Chaque jour de travail perdu coûterait au pays 130 millions d'euros.

 

Le secrétaire général adjoint de l'UGTT parle de "débordements", mais "le syndicat est bien obligé de tenir compte des revendications", d'autant que des milliers de demandes d'adhésion arrivent en provenance du secteur privé (en particulier hôtellerie).

Le syndicat, qui est la seule force civile encore organisée dans le pays,  joue un rôle de tentative d'apaisement,  pour ne pas casser la machine économique.

 

Beaucoup d'investissements prennent du retard.

Les ministres et la centrale syndicale craignent que certains investisseurs se détournent d'une Tunisie respectant le code du travail et des salaires décents.

 

Les agences de notation ont baissé la note de la Tunisie, ce qui rend les prêts plus chers.  Un représentant de la BEI est venu pour voir ce qu'il était possible de faire.

 

Personne n'oublie que le mouvement est parti d'une région du pays en retard de développement.

Tout le monde fait la distinction entre Tunis, la côte, et l'intérieur du pays beaucoup plus pauvre.

 

Comme le dit le ministre des affaires étrangères : "Il faut rendre les fractures sociales tolérables".

 

Le premier ministre dit vouloir se concentrer sur les questions économiques, laissant les questions politiques et de "souveraineté" au Président (remarque personnelle : comme il le faisait avec Ben Ali !)

Il dit avoir besoin de 5 milliards de$ pour relancer la machine économique.

 

L'aide de l'UE est demandé, y compris en faveur des petites entreprises.

 

 

Le rôle de l'Union européenne

 

La Délégation de l'UE en Tunisie a pour instructions, conformément aux conclusions du Conseil,  d'entamer une reformulation des politiques pour favoriser la transition en utilisant tous les instruments de l'UE.

 

Le développement de l'intérieur du pays fera l'objet de programmes spéciaux. Avec une aide aux infrastructures, comme la Commission a l'habitude de le faire.

Le Premier ministre propose une décentralisation.

 

Mais quels seront les moyens de l'UE dans le cadre des perspectives financières ?

 

Nos interlocuteurs sont sensibles aux marques de solidarité de l'Union européenne.

Le Premier ministre (à qui Hélène Flautre a refusé de serrer la main) souhaite un renforcement des relations avec l'UE.

Les Tunisiens ont été sensibles au discours de soutien du Président Obama,  et ont trouvé tardif le changement d'attitude de l'UE, en particulier du gouvernement français, particulièrement critiqué.

Généralement spontanément, ils font la différence entre la Commission, s'occupant des questions économiques, collaborant avec l'ancien régime et le Parlement européen votant des résolutions sur les droits de l'Homme.

 

Le ministre de la défense a exprimé sa déception à l'égard de "l'Union pour la Méditerranée "qui semble n'avoir comme première préoccupation que de bloquer les migrants".

 

Les parlementaires espagnols ont rappelé à de nombreuses reprises l'expérience de la transition vers la démocratie dans leur pays.

Un député bulgare (ALDE) a souvent fait le parallèle avec la transition des pays européens de l'ex bloc soviétique. Le délégué de la Commission a fait remarquer qu'à la différence de ceux-ci,  pour la Tunisie, il n'y aura pas de perspective d'adhésion à l'UE.

Mais pour les Tunisiens, il est clair qu'il y a un espoir d'Association avancée, avec le reproche fait à l'Union européenne, de la part de certains,  de regarder plus à l'est qu'au sud.

08:41 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie

10/02/2011

Observations électorales

Élu, il y a bientôt 30 ans sur une liste invalidée, sans que ni mes amis ni moi n'ayons rien vu.
Probablement victime de. Fraudes au 1er tour, j'ai toujours été sceptique sur les missions d'observation électorale. Surtout depuis que j'ai participé à quelques unes d'entre elles.
Je pense aux élections présidentielles en Mauritanie et à Madagascar : les deux présidents concernés ont été renversés depuis .
L'Union européenne ne va observer les élections que là où elle est invitée par le gouvernement en place, qui veut ainsi un "label" démocratique ...que généralement nous leur fournissons : ainsi le Rwanda, le Congo (les deux)...et le Tchad où. Je me rends : les jeux sont joués d'avance, les résultats globalement connus.
Le pire, c'est que quand la fraude est trop visible, et dénoncée par les parlementaires européens, ils sont priés par les Etats membres de se taire : intérêts géostratégiques obligent. Ce fut le cas pour l'Ethiopie (2 fois), le Nigeria, le Pakistan.
Les seuls cas valables me semblent être à l'issue d'une transition neutre, comme en Guinée et au Niger, ce qui a permis deux fois le succès de candidats socialistes...

Tunisie : incertitudes

La lutte contre la corruption

 

Le président de la commission "d'établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption" est, lui aussi,  unanimement respecté. Ce qui ne semble pas être le cas de tous les membres de sa commission.

Il dit avoir reçu "carte blanche" du gouvernement intérimaire, et tous les moyens requis, y compris informatiques.

Il a reçu 800 dossiers en trois jours et le "n° vert" mis en place est saturé.

Tous les corps administratifs ont l'obligation de transmettre les dossiers.

La commission disposera d'experts dans les domaines fiscal, financier, douanier et immobilier.

Elle va s'appuyer sur la Convention de l'ONU de 2003 contre la corruption.

Quand les faits seront avérés, les dossiers seront transmis au parquet.

La formation de juges spécialisés est souhaitée.

 

Conclusion du président de la commission : "Que Dieu nous aide dans ce grand bazar !"

 

 

Les "acteurs du changement politique"

 

Le mouvement des jeunes qui ont marché sur Tunis et obtenu le départ de Ben Ali avait pour slogan "Dignité - Liberté- Travail", avec un "ras-le-bol" contre un régime méprisant ne leur offrant aucune perspective d'avenir, malgré leurs formations.

Nous n'avons malheureusement rencontré aucun d'entre eux.

Personne ne se présente comme leur représentant, et les responsables de la "société civile" ou des partis politiques que nous avons rencontrés en nombre ne prétendent pas l'être.

Le "Conseil National pour les Libertés" (ONG) s'efforce d'organiser une convergence entre les "résistants" et les "vainqueurs", ce qui prouve bien qu'il n'existe pas de liens entre les uns et les autres.

 

Comme l'a dit le représentant du "Congrès pour la République" : "le peuple a été plus vite que l'opposition".

 

Personne ne semble craindre un danger islamiste.

Les responsables du parti Ennadha considère que leur islam politique s'inscrit dans le cadre d'une société pluraliste et libre et d'un Etat laïc, comme en Turquie, même s'il n'est pas question pour eux d'imiter des modèles étrangers, ni turc ni, encore moins iranien.

Pour eux la laïcité est la stricte neutralité de l'Etat, "pas comme en France où l'Etat intervient dans les affaires religieuses".

Il n'est pas question de remettre en cause l'égalité hommes/femmes.

Leur parti n'est pas théocratique et ils sont contre une dictature au nom de Dieu ou de l'islam.

Ils font le parallèle avec les partis démocrates-chrétiens.

Ils sont contre le terrorisme de groupuscule au nom de Dieu, mais également contre le terrorisme d'Etat.

Ils demandent si l'Union européenne est prête à accepter le choix du peuple s'ils obtiennent démocratiquement une majorité ?

 

 

Dans quels délais ?

 

Tout le monde est unanime pour considérer que le délai constitutionnel de deux mois pour tenir une élection présidentielle est impossible.

 

C'est pour un an que le Parlement devrait donner pouvoir aux Président et gouvernement intérimaires de légiférer par décrets.

 

Personne ne semble se formaliser sur le délai annoncé, de plus ou moins six mois,  tant les forces politiques doivent avoir le temps de s'organiser.

 

Seuls les ambassadeurs des pays de l'UE nous ont parlé de l'attente d'un échéancier.

L'ambassadeur danois, considérant qu'il n'y a pas de démocratie sans partis politiques, suggère une aide des "familles" politiques européennes à leurs partenaires tunisiens.

 

 

Les incertitudes sécuritaires

 

Des incidents violents continuent à se produire.

Certaines entreprises sont victimes de racket.

Tous nos interlocuteurs incriminent des éléments de la police de l'ancien régime voulant semer le trouble.

Aujourd'hui, le maintien de l'ordre est d'abord de la responsabilité de l'armée, et la coordination générale est placée sous les ordres du chef d'état major de l'armée (celui qui refusé de tirer sur les manifestants et a obligé Ben Ali à partir), avec l'accord du ministre de la justice.

 

Une aide de l'UE à la réforme des forces de sécurité a été évoquée, en particulier pour les former au respect des droits humains.

 

Toutes les zones touristiques sont l'objet d'une vigilance particulière.

08:40 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie

09/02/2011

Tunsie : transition vers la démocratie

Le maintien des structures de l'Etat

 

Bien entendu tous les opposants à l'ancien régime font remarquer que toutes les structures restent en place,  et protestent contre la nomination de Gouverneurs de province tous issus de l'ancien régime.

Les ministres ont changé, les responsables administratifs des ministères sont demeurés en poste. Ce qui provoque quelques rancœurs. Même si tous affirment ne pas avoir d'esprit de revanche, certains demandent un "nettoyage".

"Le dictateur est parti, le système est resté" (Ben Jaafar).

"La dictature demeure" (Hamma Hammami)

 

 

Une force de proposition : la commission des réformes politiques

 

Comme pour les deux autres commissions, la mise en place est en train de se faire.

 

Le président de cette commission, Iyad Ben Achour, frère de la présidente de l'association des femmes démocrates, universitaire,   est unanimement respecté.

 

La commission, composée essentiellement de juristes,  va commencer par faire des propositions concernant la suppression de toutes les lois anti-démocratiques.

 

Dans la perspective des élections, la commission fera des propositions concernant le code électoral, la création d'une "Commission électorale indépendante", l'organisation de la campagne électorale, etc.

La commission fera également des propositions dans les domaines des libertés d'expression, d'association et politiques.

 

Le président de la commission a annoncé des rencontres bihebdomadaires avec la "société civile" afin de prendre note des demandes et suggestions.  

 

Le "Conseil des Libertés", l'"association des avocats" et le "Parti de la gauche moderne" critiquent la mise en place de ces commissions.

Plusieurs associations font remarquer que c'est Ben Ali, avant de partir,  qui en a décidé la création.

 

 

Un point sensible : la justice et les droits de l'Homme

 

Le gouvernement provisoire a donné des signes positifs, en particulier en adoptant quatre protocoles internationaux, dont les Conventions contre la torture et la protection des personnes contre les disparitions forcées, et le Statut de la Cour Pénale Internationale, ainsi qu'un projet de loi d'amnistie politique et de libération conditionnelle des prisonniers de conscience en attendant leur réhabilitation.

 

Toutes les organisations de défense des Droits de l'Homme, et "l'Association des magistrats",  insistent sur l'indépendance de la justice, qui doit être garantie par un Conseil Supérieur de la Magistrature indépendant du pouvoir politique, et par le statut des magistrats.

Le ministre de la justice en est d'accord.

L'association des magistrats demande des mesures de lutte contre la corruption au sein de la magistrature.

Les magistrats sanctionnés par le pouvoir précédent ont été réhabilités.

Comme le constate le Président du "Parti de la gauche moderne" : "les gendarmes se sont révoltés, pas les juges !"

14 tribunaux ont été incendiés. Par des provocateurs ?

Le programme "justice" de l'UE pourrait enfin être mis en place.

 

La commission d'"établissement des faits sur les abus", présidée par l'ancien président de la Ligue des droits de l'Homme,  comme les deux autres se met en place. Nous avons vu des dizaines de personnes faire la file pour venir témoigner.

La commission a un droit de convocation, mais n'est pas un tribunal.

Elle souhaite constituer des archives et remonter dans le temps.

 

La création d'une commission "Vérité, justice, réconciliation" a  été évoquée.

 

La disparition de la police politique est unanimement réclamée.

 

Le droit des femmes est, pour tous,  la "ligne rouge" à ne pas franchir, et même à améliorer. (à suivre)

08:37 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie

08/02/2011

Retour de Tunisie

Une page de l'Histoire de la démocratie en train de s'écrire

 

  

Une transition légaliste vers la démocratie.

 

La position du Premier ministre, qui tire sa légitimité de la Constitution actuelle, mais aussi celle de la grande majorité de nos interlocuteurs, est de se tenir le plus près possible de la Constitution actuelle, dont tout le monde, pourtant, souligne les incompatibilités avec l'organisation d'élections libres et démocratiques.

La centrale syndicale UGTT a également adopté cette position,  après un débat interne.

 

Seul le Parti communiste demande la tenue d'une "Conférence nationale", sur le modèle de ce qui a été fait dans plusieurs pays africains.

Il propose que  cette Conférence nomme un gouvernement provisoire d'union nationale organisant la transition.

 

Tous nos autres interlocuteurs acceptent le gouvernement intérimaire nommé par le Premier ministre.

Pour Nejib Chebbi, grande figure de l'opposition, et nouveau ministre, ce gouvernement intérimaire est l'alliance des réformateurs de l'ancien régime et d'une partie de la "société civile" qui veut participer à la transition vers la démocratie car "tout est à construire".

 

 

L'inconvénient de "coller" à la Constitution

 

Même si toutes les dispositions anti-démocratiques de l'actuelle Constitution étaient "oubliées", un inconvénient majeur demeurerait : les premières élections démocratiques seraient présidentielles, ce qui ne peut pas être sans influence sur le type de système politique qui suivra.

Pour le Premier ministre intérimaire, comme pour le Président de la commission des réformes, ou Nejib Chebbi,  ce sera au Président élu de décider s'il convoque une assemblée constituante ou s'il propose,  par référendum,  une nouvelle Constitution (qui pourrait avoir été préparée par la commission des réformes politiques).

Une seule certitude : le gouvernement intérimaire a demandé à l'ONU et à l'Union européenne de l'assister pour préparer, et financer,  les élections.

 

 

Pas de contre-pouvoir

 

Nous n'avons rencontré aucun parlementaire, et peu de nos interlocuteurs ont fait référence à leur existence, tant ils semblent illégitimes.

 

Cette semaine, le Parlement, qui dans un système démocratique est le contre-pouvoir de l'exécutif,  sera réuni pour qu'il donne le droit au Premier ministre et au Président,  de gouverner par "décrets-lois", ce que la Constitution permet, pour six mois.

 

Seule une minorité invoque "la légitimité révolutionnaire" pour exercer un contre-pouvoir face à ce gouvernement,  à la légitimité faible.  La centrale syndicale UGTT et l'association des avocats proposent, comme Mustapha Ben Jaafar, opposant historique,   la création d'un "Comité de sauvegarde de la révolution", dont la composition n'a pas été arrêtée, mais qui pourrait, en plus de son rôle de contre-pouvoir, préparer une nouvelle Constitution.

Le paradoxe de "l'association des avocats", juristes invétérés, est de demander que ce "Comité de sauvegarde de la révolution" soit créé par un "décret-loi" du gouvernement provisoire...

 

De nombreuses associations, dont la Ligue des Droits de l'Homme,  refusent ce qui pourrait rappeler le "Comité de salut public" de la Révolution française, conduisant à la Terreur ou aux "gardiens de la révolution".

 

La Ligue des Droits de l'Homme considère que c'est à la "société civile" d'être ce contre-pouvoir vigilant ("pas besoin d'un "Comité pour cela!").

 

Des propositions sont faites pour la création d'un "Comité des sages".

 

Tout le monde considère que la seule légitimité est celle du suffrage universel.

La majorité, légaliste,  considère qu'une légitimité juridique doit  persister en attendant que celui-ci se prononce. (à suivre)

08:36 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie