27/05/2017
Berlin 1939
Zoo station
David Downing
éditions du "cherche midi"
Impossible de ne pas penser à Philip Kerr et son héros récurrent Bernie Gunther.
John Russell n'est pas Allemand, ni policier, mais journaliste anglo-saxon, correspondant à Berlin, père d'un enfant allemand. Il voit venir la guerre.
Quand un de ses confrères, qui enquêtait sur l'eugénisme organisé par le régime nazi, est poussé sous une rame de métro à la station Zoo, John n'enquête pas, mais poursuit le travail d'investigation journalistique.
"Les sujets d'actualité mentionnés sont d'une tragique authenticité."
"Hitler n'a jamais tenu secret son projet de purifier la race en stérilisant les handicapés mentaux et tous les autres malades soi-disant incurables."
"Même si un Juif couchait avec une Aryenne une seule fois, les membranes de son vagin seraient tellement imprégnées de semence étrangère que la femme ne pourrait plus porter d'Aryens de race pure."
"Les seuls criminels violents que l'on pouvait voir dans les rues de Berlin étaient les autorités."
"Il y a plus de larmes en ce monde que tu ne peux le comprendre" (Yeats)
08:11 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire, littérature
26/05/2017
1848/2017 : 25 Présidents de la République
L'accent du Midi
éditions "La Dépêche du Midi" / "Midi Libre"
Le premier Président: Louis-Napoléon Bonaparte. La Constitution de la IIe République ne l'autorisait pas à se représenter : il a donc fait un Coup d'Etat, et préféré devenir empereur, Napoléon "le petit".
Parmi les 25 Présidents de la République (doit-on dire "des Républiques" la IIe, la IIIe, la IVe, la Ve ?) quatre avaient l'accent du Sud.
Emile Loubet, "le père tranquille", ancien maire de Montélimar. Succédant à l'anti-dreydusard Félix Faure, mort en pleine action amoureuse à l'Elysée, Loubet cesse de bloquer le procès en révision du martyr de l'île du Diable et signe la grâce de Dreyfus.
"C'est la Belle époque, la France entre dans le XXe siècle, la prestigieuse Exposition universelle, la tour Eiffel, la première ligne du métro..."
Le second est Armand Fallières, ancien maire de Nérac (Lot-et-Garonne), petit-fils de vigneron. Il fit transférer les cendres d'Emile Zola au Panthéon, ce qui était une façon de clore l'affaire Dreyfus. Opposé à la peine de mort, il graciait les condamnés. Il instaura l'isoloir afin de rendre les votes secrets. C'était le temps des premières automobiles et des début du cinéma. Il fit entrer l'armagnac à l'Elysée.
Sa phrase restée dans l'histoire : "La place n'est pas mauvaise, mais il n'y a pas d'avancement !"
Il ne fit plus parler de lui. Le régime de Vichy fit fondre la statue de bronze que le Lot-et-Garonne lui avait érigée.
Le troisième est Gaston Doumergue, natif d'Aiguës-Vives, aux portes de la Camargue, à moins de dix km de l'endroit où je me trouve. Une circonscription représentée aujourd'hui par Maître Collard, du FN. Ici, Doumergue reste pour toujours "Gastounet".
Il est le seul Président de la République "parpaillot". Quand il quitta l'Elysée , en 1931, il s'installa dans la propriété de sa femme, épousée 13 jours avant de quitter l'Elysée, à Tournefeuille, à côté de Toulouse.
En 1937, Gastounet est mort dans le lit dans lequel il était né, à Aigues-Vives.
Le quatrième fut le socialiste Vincent Auriol, fils du boulanger de Revel, Haute-Garonne. Il était parvenu à imposer dans les menus de l'Elysée le cassoulet et la garbure.
08:38 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
07/05/2017
Comme s'ils n'existait plus de fascistes aujourd'hui.
L'administrateur provisoire
Alexandre Seurat
éditions du Rouergue
L'auteur apprend que son arrière grand-père a été "administrateur provisoire" de biens de juifs spoliés pendant la guerre. Confronté au silence des aînés de la famille, il se plonge dans les archives du "Commissariat général aux questions juives." Il imagine, sous forme de roman, le sort de trois de ces familles juives spoliées. C'est une page sombre de son histoire familiale qui ressort, reflet d'une période peu glorieuse pour notre pays.
Parmi ces familles, celle de Pierre Dreyfus, "fils du trop célèbre Alfred Dreyfus". "Il a aidé son père à écrire ses mémoires, il les a publiés, il rejoindra bientôt les Forces Françaises Libres". "Que Dreyfus soit capable de trahir, je le conclus de sa race" écrit l'aïeul.
Conformément à la loi du 22 juillet 1941 "relative aux entreprises biens et valeurs appartenant aux juifs", décrétée par "Nous, Maréchal de France", "l'administrateur provisoire a de plein droit, les pouvoirs les plus étendus".
Sont concernées toutes les entreprises ayant plus d'un tiers de juifs dans leur conseil d'administration.
"La loi française ne fait nullement reposer la définition juridique du Juif sur le critère religieux. Elle se contente de l'utiliser comme élément de discrimination." (règlement du Commissariat aux questions juives)
L'administrateur provisoire prend possession des biens, dresse l'inventaire, fait un appel d'offres ou liquide.
"Certains subtilisent, falsifient, extorquent par le chantage, s'arrangent pour racheter avec l'idée de revendre très vite beaucoup plus cher (ce que les règlements vichystes interdisent formellement). Le produit de la vente est bloqué sur un compte à la Caisse des dépôts".
Ceux qui sont déportés, via Drancy ou Pithiviers, ceux qui parviennent à s'enfuir ne réclament rien, ne touchent rien...
En juin 1943, l'arrière grand-père est relevé de ses fonctions. Son successeur se plaint de toutes ses irrégularités. Il s'est attribué des honoraires "significatifs", pris sur les biens confisqués. Il a "prélevé plus de deux fois plus que ce à quoi les règlement vichystes l'autorisaient."
En 1947, est mis en place, au ministère de la Justice, un "service de contrôle des administrateurs provisoires. En 1952, le dossier de l'arrière grand-père est classé "à titre interruptif de prescription". "Il n'a jamais été jugé, il a vécu tranquille après ça."
Il faudra attendre 1997 pour mesurer toute l'ampleur de la spoliation des Juifs de France.
07:28 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, littérature
12/04/2017
Lamentation d'une pécheresse
Lamentation
C.J. Sansom
éditions Belfond
1546 : Londres, quelques mois avant la mort d'Henri VIII. Bien qu'il soit impensable d'évoquer l'hypothèse de la mort du roi,malgré sa décrépitude évidente, ses jambes pleines d'ulcères à cause de son diabète, les différentes factions sont en lutte d'influence. La politique religieuse du souverain, louvoyante est le terrain propice à ces confrontations...et à quelques épurations.
Afin de pouvoir divorcer de Catherine d'Aragon et se marier avec Ann Boleyn, Henri avait rompu avec Rome. Il n'avait pas hésité à saisir les monastères et a en tirer l'argent dont il avait besoin pour financer sa guerre contre la France. A la grande déception de ceux qui espéraient que cet argent servirait à aider les plus pauvres. Mais, pour le reste, il ne souhaitait pas pour autant s'aligner sur les positions religieuses des luthériens et s'accommodait fors bien de pratiques religieuses copiées sur les catholiques, mais sans le Pape. Comme le Pape, il interdit la lecture de la bible par les "petites" gens. "Il n'a fait preuve d'aucune constance en matière de religion. Une année Lord Cromwell met en place la vraie réforme ; l'année suivante, il est exécuté." "Pour comprendre le roi, il suffit de se rappeler qu'il croit sincèrement que Dieu l'animé chef de l'Eglise d'Angleterre." Dans son testament , il demande que des messes tout à fait traditionnelles soient célébrées pour le repos de son âme.
Les anabaptistes qui considéraient que selon le vrai christianisme les différences sociales devraient être abolies et que tous les biens devaient être mis en commun, étaient "la bête noire de toute l'élite politique". Massacrés à Münster, aussi bien par les dirigeants protestants que catholiques, certains s'étaient réfugiés en Angleterre.
En 1546, sa sixième épouse, Catherine Parr penche vers la réforme et certains membres du Conseil du Roi voudrait bien la faire chuter. La régence et la tutelle du jeune prince Edouard, qui n'avait pas dix ans, était un enjeu d'importance.
Une grande chasse aux "hérétiques" est ouverte pendant quelques mois sur le thème de la "transsubstantiation", avec autodafés de la longue liste de livres qu'il était interdit de posséder. Il arrive même que les bourreaux ne se contentent pas de brûler des livres mais aussi des malheureux préférant mourir que d'accepter que "le corps et le sang du Christ soient présents dans l'hostie au cours de la célébration de l'eucharistie durant la messe." Discussion dont nous sommes bien loin aujourd'hui...
La reine a écrit, pour elle même, comme une sorte de confession, sa "Lamentation d'une pécheresse", très marquée par le protestantisme. Elle y écrivait notamment : "ce sont la foi et l'étude de la Bible qui assurent le salut, et non pas les vains rituels." "Elle s'était lourdement trompé en imaginant qu'à ce moment la balance penchait vers la Réforme." Et Henri VIII avait prouvé qu'il n'hésitait pas à répudier, ou à faire décapiter, ses épouses. Heureusement pour elle, son manuscrit ne parle pas de la messe et de ce qui s'y passe.
Tout cela à l'occasion d'une enquête policière menée par l'avocat Matthew Shardlake, héros récurrent de C.J. Sansom.
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05/04/2017
De l'Empire à la République
Comités secrets du Parlement
1870/1871
éditions Perrin, en collaboration avec l'Assemblée Nationale
Présentation d'Eric Bonhomme
Le règlement du Corps Législatif du Second Empire prévoit que celui-ci peut se réunir en "comité secret", donc à "huis-clos", afin d'éviter la pression du public. Les participants sont tenus au secret, mais un compte-rendu est tout de même rédigé par les services. Il n'a été rendu public qu'en 2011.
En août 1870 la situation militaire justifie ces séances. Le 4 septembre, la République sera proclamée à l'Hotel de Ville de Paris après la défaite des armées françaises.
En mars 1871, c'est l'insurrection parisienne qui émeut les parlementaires, qui veulent en débattre entre eux, à Versailles, sous la protection de l'armée prussienne.
Le premier comité secret montre le refus de la majorité du Corps Législatif d'envisager la défaite. Chez les Républicains, la levée en masse constitue un mythe tenace.
La séance du 26 août porte sur la proposition d'armer le peuple de Paris, de passer d'une garde nationale bourgeoise à une milice populaire. Comme le souligne le député républicain de gauche Raspail, le corps législatif a "d'avantage peur de la garde nationale que des Prussiens." Jules Favre propose la prise du pouvoir par l'Assemblée. La question est également posée de l'organisation d'une guerre de partisans dans les zones occupées par l'ennemi. "Armez les citoyens" (Jules Favre).
La séance de mars 1871 porte sur la proposition d'organiser rapidement des élections municipales à Paris , afin de contre balancer la Commune. Mais la Droite ne parle que de répression de l'insurrection , de défense de l'ordre et ajourne l'organisation d'élections municipales à Paris la républicaine. L'ennemi principal n'est pas le Prussien, mais l'ouvrier parisien insurgé. "Le pays doit s'unir à l'armée pour réprimer le désordre." tandis que Victor Schoelcher (célèbre auteur de la loi d'abolition de l'esclavage en 1848) s'écrie "essayons tous les moyens qui peuvent prévenir l'effusion de sang."
Les Républicains, pourtant minoritaires sont les véritables animateurs de ces séances.
Dans ces réunions parlementaires il est intéressant de voir combien la procédure est instrumentalisée à des fins politiques. En 70 sous la présidence du maître des forges Schneider, en 71 sous la présidence de Jules Grévy, orchestrateur de la politique de Thiers (La République sera conservatrice ou ne sera pas).
17:53 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire