09/01/2018
Violences et guerres civiles
Les Vaincus
Robert Gerwarth
Violences et guerres civiles sur les décombres des empires
1917/1923
éditions du Seuil
"Entre 1917 et 1920, l'Europe connut plus de vingt-sept transferts de pouvoir politique, le plus souvent accompagnés d'une guerre civile."
La première guerre mondiale se termine par la disparition des empires allemand, austro-hongrois, russe et ottoman. Le nationalisme est devenu la nouvelle religion" (Joseph Roth). "Tous ceux qui cherchaient à faire reconnaître leur droit à avoir un Etat dépêchèrent des porte-parole à Paris." Comment "découper" les nouveaux Etats émergeant de ces empires disparus ? "Une guerre éclata entre le nouvel Etat d'Ukraine occidentale et la Pologne." Ainsi qu'entre la Hongrie et la Roumanie. "Chaque parcelle de leurs territoires restait aussi multiethnique qu'elles l'avaient été quand elles appartenaient aux Empires centraux." "L'atmosphère devint profondément hostile à toute cohabitation."
Non seulement le Kaiser mais aussi "les vingt-deux rois, princes et ducs d'Allemagne furent déposés sans résistance."
Violences révolutionnaires et contre révolutionnaires à Berlin, à Munich, à Vienne, à Budapest, en Bulgarie, avec en arrière plan la pauvreté, et même la misère résultant de la guerre, et la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie. "La peur du bolchévisme favorisa la montée du fascisme". "La bourgeoisie libérale croyait qu'il était possible de domestiquer le fascisme." Grèves et manifestations de masse en France, en Italie, en Espagne.
"En Hongrie, comme en Autriche, les Juifs étaient considérés comme directement responsables de la défaite militaire." "Ils nétaient pas plus de 6% en Palestine en 1914." "La majorité écrasante des Juifs de Palestine ne défendaient pas la création d'un Etat indépendant."
"Les vaincus furent exclus des négociations et ne furent convoqués qu'à partir du moment où le traité de paix qui allait leur être imposé avait été finalisé." "Un gouvernement allemand démocratiquement élu devait accepter une paix dictée sans même un simulacre de négociation. Les Alliés posèrent un ultimatum, créant un ressentiment fondamental."
"Le chancelier autrichien, social-démocrate, plaida qu'un Etat démocratique ne devait pas être tenu pour responsable de méfaits de feu l'empire des Habsbourg et que la république nouvelle, pas plus que les autres, ne pouvait être considérée comme le successeur de la monarchie défunte."
"Le principe wilsonien d'autodétermination était clairement appliqué aux peuples considérés comme des Alliés, il ne l'était pas à ceux qui étaient considérés comme des ennemis." "Les Alliés ne semblaient pas vouloir accorder ce droit aux non-Européens."
"La révision de ces traités est placée au premier plan des priorités politique bien avant que les nazis n'entrent en scène." "La conférence de Lausanne de 1923 a démontré qu'il était possible à un Etat vaincu de devenir un Etat victorieux." "Hitler comme Mussolini furent impressionnés et inspirés par le succès de Kémal." "Ils construisirent leurs régimes sur la base des injustices d'après-guerre."
16:38 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
06/01/2018
Raison d'Etats
L'échange des princesses
Chantal Thomas
éditions du Seuil
L'inconvénient de la vie de princes et de princesses, et de quelques autres, au XVIIIe siècle, était de ne pas pouvoir choisir son conjoint, celle ou celui-ci étant choisi(e) pour des raisons d'alliances. Louis XIV aurait bien aimé se marier avec la nièce de Mazarin, mais celui-ci pensait à la France ! La Duchesse de Ventadour qui a élevé l'enfant Louis XV puis la Reine-Infante était mariée à "un nabot difforme et pervers."
"L'échange des princesses" raconte l'échange, pensé et organisé par le Régent Philippe d'Orléans, de sa fille, destinée à être mariée au Prince des Asturies, dauphin d'Espagne, avec (ou contre) l'infante d'Espagne destinée à se marier avec Louis XV.
Tous ces enfants sont cousins, trois sont descendants, arrière-petits enfants de Louis XIV, ou d'Henri IV pour la fille d'Orléans, mais le Pape donnera sans difficulté sa dispense.
Inconvénient : l'Infante à cinq ans ! Mais c'est un avantage pour le Régent, car cela lui donne la garantie que le Roi n'aura pas d'héritier avant une dizaine d'années. "Le Roi peut vivre comme si elle n'existait pas.""Plus il grandit, plus il lui échappe."
La Princesse d'Orléans à onze ans et n'est pas encore apte à enfanter.
L'échange se fait sur "l'île aux faisans", au milieu de la Bidassoa, rivière séparant les deux royaumes.
Malheureusement, les choses ne se passeront pas très bien, pour aucune des deux princesses.
"En mourant, la Duchesse de Bourgogne avait emporté avec elle le goût de vivre. Elle n'avait pas eu le temps d'en pourvoir son fils." (Louis XV) "Sa conviction de mélancolique est qu'agir ne sert à rien." "Il n'a aucune notion de la valeur de l'argent."
"Louis 1er a pour principale vertu l'obéissance, et ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour gouverner"
"Le vin, la chasse et les belles, voilà le refrain de Bourbon"
08:16 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : histoire
03/01/2018
de Louis XIII à Louis XV
Le Roi-Soleil
L'histoire de France pour les nuls, en BD, tome 7
D'après L'histoire de France pour les nuls de Jean-Joseph Julaud
Adaptation : Laurent Queyssi
Storyboard : Dan Popescu
Dessinateur : Gabriele Parma
Couleurs : Silvia Fabris et Gabriele Parma
Lettrage : Novy
éditions First
Raconter en moins de cinquante pages de bandes dessinées les règnes de Louis XIII, XIV et XV, plus le Régent, relève de la gageure. L'auteur va donc à l'essentiel. Les raccourcis ne font pas toujours dans la complexité et la nuance...
Mais c'est à lire avec plaisir, avec de belles couleurs ! Et même un dessin coquin pour la nuit de noces de Louis XIV qui ne reflète probablement pas la vérité historique.
Beaucoup de batailles, dans le détail desquelles il n'est pas question d'entrer.
Pour Louis XIII, la prise de La Rochelle, la guerre de Trente ans, Rocroi.
Pour Louis XIV, la guerre de Hollande, la guerre de succession d'Espagne
Pour Louis XV, la guerre de Sept ans.
Le récit des débuts difficiles du règne de Louis XIV (les Frondes) est bien réussi. Malheureusement il n'y a rien sur la misère du peuple. J'ai été irrité de lire que Louis XIV avait "chassé les Protestants". S'il est vrai que les pasteurs ont eu le choix entre la conversion et l'exil, celui-ci n'était pas autorisé pour les simples fidèles, sous peine de prison pour les femmes et de galères pour les hommes, contrairement aux règles internationales alors en vigueur, où la possibilité de l'émigration était la contrepartie du droit du Prince à imposer sa religion . A leurs risques et péril entre 150 000 et 200 000 Protestants partirent tout de même. Les archives départementales du Gard et de l'Hérault, entre autres, gardent la trace des peines prononcées contre celles et ceux qui s'étaient fait prendre.
08:55 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire
20/12/2017
De Massilia à Jules César
L'enquête gauloise
Jean-Louis Brunaux et Nicoby
Histoire dessinée de la France
éditions La Découverte et La revue Dessinée
Deuxième tome de "l'histoire dessinée de la France" qui devrait en compter vingt. Il est consacré aux siècles qui ont précédé notre "ère".
Jean-Louis Brunaux, archéologue, Directeur de recherches au CNRS est auteur de nombreux livres sur les Gaulois. Il rétablit quelques vérités concernant "nos ancêtres".
Les menhirs ont précédé Obélix d'un millier d'années.
Les druides étaient très savants en diverses matières, dont la philosophie grecque. Ils ont pris une décision importante en interdisant l'usage de l'écriture (sauf pour la comptabilité). Le résultat est que l'histoire des Gaulois est connue essentiellement à travers des auteurs grecs, comme Poséidonios d'Apamée, et latins, comme Jules César qui avait surtout pour but de vanter ses propres mérites.
Les communautés gauloises étaient comparables aux cités grecques. Les citoyens y payaient des impôts proportionnels à leurs richesses, et participaient aux assemblées ...et aux banquets !
Les Gaulois étaient des agriculteurs, et éleveurs, et artisans, prospères, en contact, commercial et intellectuel, avec le monde grec dès la fondation de Marseille. Les Grecs les appelaient les "Celtes".
La "guerre des Gaules" a-t-elle eu lieu ? Pas vraiment puisque les élites gauloises étaient romanisées bien avant l'arrivée de César, et ce sont les Gaulois qui ont demandé à César de les protéger des Helvètes et des Germains envahisseurs.
18:43 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire
10/12/2017
Excellent Goncourt
L'ordre du jour
Eric Vuillard
éditions Actes Sud
Je ne suis pas particulièrement intéressé par les prix littéraires. Mais j'ai beaucoup aimé le Goncourt de cette année.
"L'ordre du jour", c'est celui que Goering dicte aux Autrichiens pour organiser le rattachement de leur pays au IIIe Reich, en tentant de faire croire que c'est à leur demande.
Ce n'est pas un roman, c'est un récit qui nous tient en haleine même si nous connaissons l'issue de la tragédie
En couverture, la photo de Mr Krupp, financier de la première heure du parti nazi, et qui profitera largement de la guerre, même dans la défaite.
Mr Krupp n'est pas seul. Ils sont plus de vingt et leurs noms sont bien connus aujourd'hui encore : BASF, Bayer, Agfa, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telefunken...
Les nazis leur promettent la stabilité politique (pas d'élections avant cent ans), et le pouvoir quasi absolu dans leurs entreprises.
En face, les conservateurs britanniques appliquent "la politique d'apaisement". Et pourtant "personne ne pouvait ignorer les projets des nazis."
En Autriche, le chancelier n'est pas un démocrate mais un "petit aristocrate raciste et timoré."
"Il a dit non à la liberté de la presse. Il a dit non au maintien d'un parlement élu. Il a dit non au droit de grève, non aux réunions, non à l'existence d'autres partis que le sien."
Il sera remplacé par le nazi Seyss-Inquart" et sa servilité de Kapo."
Goering "et ses méthodes de gangster" voudront faire croire que ce sont les Autrichiens qui ont demandé aux Allemands de les envahir.
"Six mois après l'Anschluss, à Munich, on brade la Tchécoslovaquie".
La SS fournit aux entreprises allemandes des milliers de travailleurs forcés. "BMW embauchait à Dachau, IG Farben à Auschwitz, Schneider à Buchenwald"...
"Sur un arrivage de six cent déportés aux usines concentrationnaire Krupp, il n'en restait un an plus tard plus que vingt."
"On tombe toujours de la même manière dans un mélange de ridicule et d'effroi."
08:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire