23/11/2017
Histoire globale contre roman national
Les querelles de l'histoire
Le Monde Hors-Série
"Si vous pensez avoir compris l'histoire, c'est qu'on vous l'a mal expliqué". (Patrick Boucheron)
L'utilisation politique de l'histoire est aussi vieille que celle-ci. La polémique autour de l'Histoire mondiale de la France a ravivé les clivages. L'école enseigne-t-elle "à être citoyens du monde plutôt que des citoyens aimant la France" ? Les mythes doivent-ils l'emporter sur les vérités historiques ?
Symbole des plus utilisés : Jeanne d'Arc. Les Ligueurs ultra catholiques se sont emparés de son image pour en faire une égérie contre les Protestants. Puis elle est présentée comme une émanation du peuple au service de la foi et du roi. Ou est-elle la figure de la "résistance universelle", animant "la grande fraternité des vaincus" ? "La grande patriote trahie par son roi et brûlée par l'Eglise." ?
Autre symbole : Clovis ! "La France est un pays d'empreinte et de tradition chrétiennes, un pays qui est né du baptême de Clovis" (Nicolas Sarkozy) Sauf que "le baptême de Clovis n'est pas celui de la France : la christianisation des villes gallo-romaines a commencé au IIe siècle." "La langue, le territoire et le système de pouvoir du royaume franc ont très peu de choses à voir avec le royaume de France." "à l'époque, les Francs ne représentaient que 2% de la population de la Gaule."
J'ai également beaucoup aimé l'article "quand le polar dissèque le passé". Il y est question du Frère Cadfael d'Ellis Peters, recommandé par Frédéric Dubuisson, de Philip Kerr et Jean-François qui sont parmi mes auteurs préférés. D'après cet article, je me dois maintenant de découvrir les romans d'Anne Perry et de Frédéric Lenormand.
15:53 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
18/11/2017
De la tolérance religieuse
Une colonne de feu
Ken Follet
éditions Robert Laffont
J'ai bien aimé "Les piliers de la terre", un peu moins "Un monde sans fin". Je regrettais dans ces deux romans leur manichéisme. Les méchants sont vraiment méchants et les gentils sont des héros. Autre reproche : les "rebondissements" tout à fait prévisibles. Etonnant de la part d'un auteur de "thrillers". Ces deux regrets sont également valables pour ce troisième volet de la cité imaginaire de Kingsbridge.
Cinq cent ans de la Réforme, mais aussi actualité de l'extrémisme religieux.
"Quand un homme est convaincu de connaître la volonté de Dieu, et qu'il est résolu à l'accomplir à tout prix, il devient l'être le plus dangereux du monde."
Il y a donc deux catégories : les extrémistes religieux, très méchants, et les tolérants qui sont les héros. Inconvénient : tous les méchants sont catholiques ! Avec en tête de liste la famille de Guise, ce qui est mérité. Mais tous les catholiques ne sont pas méchants. Catherine de Médicis et Charles IX sont classés dans la catégorie des tolérants et sont totalement exonérés par l'auteur des massacres de la Saint Barthélémy !
En Angleterre Marie, fille de Catherine d'Aragon, surnommée "Marie la sanglante", catholique, est dans le camp du mal,et Elizabeth I, protestante, dans le camp des gentils, ne tuant les catholiques, dont Marie Stuart, Reine d'Ecosse, que pour sauver son trône.
Il est curieux de Ken Follet ne distingue pas les Protestants des Anglicans. Henri VIII, père de Marie et d'Elizabeth pourchassait les Luthériens autant que les catholiques.
09:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
17/11/2017
Napoléon et l'aristocratie russe
Guerre et paix (1)
Léon Tolstoï
Adaptation : Frédéric Brémaud
Dessins : Thomas Campi
Couleurs : Fabio d'Auria
Le Monde et éditions Glénat
Guerre et paix, initialement paru en feuilleton, a été adapté trois fois au cinéma, sans compter la version parodique de Woody Allen "Guerre et Amour" , adapté à plusieurs reprises à la télévision par la BBC, en multiples épisodes, dont une version avec Anthony Hopkins, adapté en opéra, adapté au théâtre. Le voici adapté en BD.
L'adaptation BD porte peu sur la guerre et la paix mais insiste surtout sur la vie de l'aristocratie russe de l'époque. Malheureusement la question du servage, soulevée par Tolstoï, est escamotée. Les guerres napoléoniennes, et les positions changeantes du Tsar, servent de toile de fond.
La première partie se termine avec l'avancée des troupes napoléoniennes vers Moscou.
08:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire
14/11/2017
Les racines de la Révolution
Le sang de la Bastille (1787/1789)
Claude Manceron
éditions Robert Laffont
Raconter la Révolution à travers les biographies croisées des personnages les plus importants...et de parfaits inconnus.
Projet gigantesque. Au départ Claude Manceron avait prévu cinq volumes de 1774 à 1797. Il a bien écrit cinq gros volumes mais qui ne couvrent que la période antérieure au déclenchement de la Révolution, et n'a pas eu le temps de rédiger, à partir de ses milliers de fiches, la suite de ces biographies couvrant la période révolutionnaire elle même. Et personne n'a repris la tâche titanesque.
Ce "sang de la Bastille" va du mariage de Condorcet (vingt ans de plus que la mariée) et du renvoi de Calonne ("une politique d'emprunts plus que d'impôts"), à la prise de la Bastille, comme l'indique le titre. "Le sang de la Bastille cria dans toute la France" (Saint-Just)
"Ainsi s'est accomplie la plus grande Révolution dont l'Histoire ait conservé le souvenir." (ambassadeur britannique à Paris)
"Louis XVI souffrait d'une indécision pathologique croissante aggravée par l'imprégnation alcoolique." "Il ne détestait rien tant que d'être appelé à l'arbitrage." Et les caisses sont vides ! Et la disette fait rage, provoquant des émeutes de la faim dans plusieurs provinces.
La Fayette va obéir à "cette faim canine pour la popularité et la renommée" (Jefferson)
"Ce fut dans la poussière des archives seigneuriales que je découvris les affreux mystères des usurpations de la caste noble." (Babeuf)
Pendant ce temps, les Etats-Unis d'Amérique adoptent leur Constitution. "Pas question de faire désigner le Président au suffrage universel direct. Une péréquation compliquée permet d'éviter qu'il soit l'émanation des gros Etats par rapports aux petits." Et c'est ainsi, qu'un jour, un Président sera élu avec presque trois millions de voix de moins que sa concurrente... mais ceci est une autre histoire !
16:01 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
10/10/2017
Séparation de l'Eglise et de l'Etat
La Séparation de 1905
Les hommes et les lieux
sous la direction de Jean-Pierre Chantin et Daniel Moulinet
éditions ouvrières / éditions de l'Atelier
avec le concours du Centre National du Livre
Les maires du Narbonnais sont en colère contre l'évêque. Celui-ci interdit les concerts profanes dans les églises de son diocèse.
Les maires font valoir que ce sont les communes qui sont propriétaires des églises et qu'elles prennent en charge tous les frais d'entretien et de réparations. Mais ils ne sont que "nu-propriétaires". Les fidèles et le clergé en ont la pleine jouissance, bien que "sans droit juridique."
Ils considèrent que la Loi de 1905 es dépassée et devrait être revue.
Sauf que la Loi de Séparation n'avait pas prévu une telle situation. Les biens des Eglises devaient, sur proposition de Jean Jaurès, être dévolus à des associations cultuelles placées sous l'autorité de la hiérarchie religieuse.
Loi acceptée par les Protestants et les Juifs, mais refusée par le Pape.
Cet ouvrage, fruit d'un colloque organisé à Lyon à l'occasion du centenaire de la Loi de Séparation, et qui garde toute son actualité, explique clairement que c'est la loi du 2 janvier 1907 qui prend acte du refus de l'Eglise catholique et dispose, dans son article 5 qu'"à défaut d'associations cultuelles les édifices affectés à l'exercice du culte continueront à être laissés à la disposition des fidèles et des ministres du culte pour la pratique de leur religion." La Loi d'avril 1908 ouvrit la possibilité aux commune "d'engager les dépenses nécessaires pour l'entretien et la conservation des édifices du culte." Il s'agit d'un "transfert total des charges de l'utilisateur sur le propriétaire." "Celui qui profite n'est ni propriétaire ni locataire. Il jouit d'une concession d'usage, à titre exclusif et perpétuel. La Loi de décembre 1913 rend les communes explicitement responsable de la sécurité des lieux et des objets qui s'y trouvent.
Autres interventions lors du colloque reprises dans le livre : "la laïcisation de la mort", "les Protestants face à la Séparation", "les Juifs face à la Séparation", "l'application de la loi de Séparation Outre-Mer" (trop basée sur l'Eglise catholique, oubliant l'islam), et bien entendu "la révolte des Inventaires." qui n'était pas attendue. "Ce qui devait n'être qu'un épisode technique anodin de la Séparation est devenu l'un des psychodrames de l'histoire de France.
16:12 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire