08/03/2017
C'est la guerre de 14/18
Le dernier assaut
Tardi
Chansons de Dominique Grange
Musique d'Accordzéam
éditions Casterman
J'aime les dessins de Tardi. Parmi mes albums préférés : Adèle Blanc-Sec, Nestor Burma et ses illustrations de "Voyage au bout de la nuit" et "Mort à crédit". Un auteur d'extrême droite illustré par un dessinateur d'extrême gauche. J'ai parlé récemment d'"Avril et le monde truqué ", adapté au cinéma. "Le dernier assaut" est dans la veine de ses deux albums intitulés "Putain de guerre", également sur la guerre de 14/18. La même description de l'horreur et des souffrances, à travers les yeux d'un brancardier. "On aurait pu le croire indifférent Augustin, mais il savait qu'il n'oublierait jamais, qu'il aurait toujours les hurlements de douleur dans les oreilles et l'horrible vision des corps déchiquetés sur la toile sanglante du brancard."
L'album revient aussi sur le rôle des tirailleurs venus d'Afrique, souvent placés en première ligne.Il y a également les Anglais, les Canadiens, et même, ce qui est moins connu, les Portugais.
Il y a les gaz asphyxiants, malgré l'interdiction par la Convention de Genève.
Le livre est accompagné d'un CD de chansons de Dominique Grange, compagne de Tardi, et surtout chanteuse emblématique pour toute ma génération de Mai 68. Elle avait sorti un album, illustré par Tardi, intitulé "1968/2008, n'effacez pas nos traces". Sa voix est toujours aussi claire et n'a pas "pris une ride". Les textes sont, bien entendu, contre la guerre.
08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire
12/02/2017
un temps d'intolérance religieuse
La ville qui n'aimait pas son roi
Jean D'Aillon
Livre de poche policier n°32147
La couverture peut prêter à confusion. Elle représente Henri IV alors que le roi dont il est question est Henri III. La ville "qui n'aimait pas son roi", c'est Paris que le souverain a été obligé de fuir devant la menace que faisait peser sur lui l'alliance d' Henri de Guise, Duc de Lorraine avec les bourgeois parisiens ultra-catholiques "qui voulait se libérer du joug royal et payer moins d'impôts, regroupés dans la "Sainte Ligue".
L'intrigue policière passe au second plan derrière la tension des évènements historiques. Même si nous savons comment tout cela s'est terminé.
L'auteur prend le parti d'Henri III, "malade, toussant, édenté, boitant à cause de ses fistules, le teint blême, le regard fuyant", et justifie l'assassinat du Duc de Guise : c'était une question de survie pour lui. ("J'y aurais laissé la vie") "Les Lorrains disposaient de troupes bien équipées et de milliers de mercenaires payés par l'Espagne.""Le Balafré demandait tout, hormis la couronne et que le cardinal de Bourbon soit déclaré l'héritier du trône", à la place de l'hérétique Henri de Navarre. Henri III convoque les Etats généraux à Blois. "Pour le roi ce fut un échec et une nouvelle humiliation. Les trois ordres étaient dirigés par ses ennemis."
Après avoir tenté en vain de concilier les inconciliables, Catherine de Médicis "expira après avoir recommandé au roi de se réconcilier avec son beau-frère (Henri de Navarre), de cesser les persécutions contre les catholiques et d'établir dans le royaume la liberté de religion."
Henri III sera poignardé à son tour par Jacques Clément, moine fanatisé par les ultra-catholiques qui lui avaient fait croire que son geste lui donnerait un accès direct au paradis. Tentant, même sans promesse de vierges...
"Cette guerre civile n'était pas seulement entre les hommes, entre les familles. Elle se livrait aussi à l'intérieur de leur esprit. Personne ne pouvait en sortir intact.
18:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, histoire
08/02/2017
Un médecin dans la tourmente 1914/1916
Un médecin dans la tourmente
Le carnet de guerre de René de Saint-Périer
1914/1916
Présenté par Jacques Gélis
Etampes Histoire
Mon ami Jacques Gélis, historien professeur émérite de Paris VIII, présente le carnet de guerre du Marquis de Saint-Périer, châtelain de Morigny (à côté d'Etampes), médecin réquisitionné pendant la guerre, affecté à l'hôpital installé dans les locaux du lycée de Beauvais. Puisque la guerre devait être brève. Avec l'intermède d'un repli en Vendée, dans la crainte de l'avancée allemande.
J'ai été surpris de lire que le lycée de Beauvais portait, et porte toujours, le nom de Félix Faure, connu surtout pour sa mort "glorieuse" dans les bras de sa maîtresse. A moins que ce ne soit l'anti-dreyfusard féroce qui ait été honoré ? Il n'était ni natif, ni élu de Beauvais...
Le départ ne correspond pas à l'image d'Epinal de l'enthousiasme patriotique. Les départs se font "avec calme et courage ; pas de cris, pas de chants, une grande résignation. Pauvres gens".
"L'état déplorable de l'organisation des services sanitaires de l'armée" choque beaucoup ce médecin qui revient à plusieurs reprises sur "l'incurie et la stupidité de l'administration du service de santé". "La conséquence de ces dysfonctionnements n'est rien moins que la survie de centaines de blessés du champ de bataille en attente de soins." "Confusion et désordre inouï ; la désorganisation est complète". "Le gâchis n'a pu être plus grand en 1870". "L'incohérence de l'administration sanitaire de l'armée ne s'est pas modifiée." "Le service de santé est digne de nos bons alliés les Russes : vols, incurie, gaspillage, négligence et stupidité..." "Les questions administratives du service de santé sont, pour la plupart, aussi stupides sur le fond qu'inintelligibles par la forme. Elles se contredisent fréquemment. L'absurdité est habituelle à un militaire."
Il se vit mal en "réparateur de pauvres poilus que l'on va réexpédier". "Je comprends les psychoses des combattants."
Problèmes principaux : le tétanos, la tuberculose et les conséquences de l'alcoolisme.
Probablement parce qu'il est médecin, la guerre, "école de la brutalité et de la violence", "fléau sans nom, digne de l'inqualifiable méchanceté des hommes", "guerre abominable et maudite" lui fait horreur. "L'horreur de cette lutte sans but possible". D'autant que, rapidement, on n'en voit pas l'issue rapide qui était espérée. "Désillusion quant à l'idée d'une victoire rapide".Il dénonce donc, dans son carnet intime, "la monstruosité de cette guerre abominable". "Il est douloureux, malgré l'accoutumance professionnelle, de voir mourir des hommes jeunes et plein de vie, frappés brutalement par la plus monstrueuse des iniquités humaines qu'est la guerre."
"Il n'y a plus rien à attendre d'une humanité aussi barbare, et je vois l'inanité de mes rêves de progrès."
Bien que fils de militaire gradé, il est devenu anti-militariste : "malveillant et borné comme le sont les militaires surtout de grade élevé." "Désillusion et colère croissante à l'égard de la caste des officiers supérieurs de carrière, leur morgue, leur absence de clairvoyance, leur incompétence, leur bêtise, leur inhumanité à l'égard des poilus." "Ce n'est pas une comparaison flatteuse que d'être assimilé à un militaire.""Je me sens de moins en moins militaire, à mesure que je connais mieux l'esprit qui règne dans l'armée, je suis arrivé sans parti pris à l'armée et j'en partirai nettement anti-militariste."
"Il ne faut pas demander de logique à une administration, surtout militaire." "une conduite logique serait incompatible avec l'administration militaire."
Comme l'écrit Jacques Gélis : "il témoigne de l'évolution de l'esprit public dans le pays au cours de l'année 1915, le désarroi qui gagne les Français. la désillusion de René de Saint-Périer étant à la hauteur des espérances qu'il avait mises dans le succès des armées françaises."
08:35 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire
29/01/2017
Festival de la biographie Nîmes
Les écritures de l'histoire
Hôtel Novotel Atrai
Jusqu'à ce soir.
Plein d'auteurs présents. Pas trop trop de monde pour s'en approcher.
Un drôle d'effet de voir "en vrai" des auteurs souvent vus à la télé, comme Henri-Jean Servat, PPDA, Richard Bohringer, François de Closets, Alain Chamfort, Zoé Valdès, Marek Halter, etc.
L'impression que ces gens ont quelque peu vieilli...
Interessant de voir, "en chair et en os", des historiens dont j'ai lu quelques livres, comme Emmanuel de Waresquiel, Michel Verg-Franceschi, Eric Teysssier, Jean Sévillia, Joël Schmidt, Thierry Lentz, Didier Le Fur...
Le festival de la biographie de Nîmes, j'y retournerai l'année prochaine !
11:11 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
17/01/2017
Les hommes de la liberté (3)
Le bon plaisir
1782/1785
Claude Manceron
Troisième volume de l'immense travail de Claude Manceron qui croise les biographies des acteurs de la Révolution à venir. Prévu au départ en cinq volumes, puis en huit tellement la matière était abondante, Manceron ne viendra pas au bout de la tâche.
De 1782 à 85 Louis XVI, que certains surnomment alors "Louis le juste", est un monarque absolu. La guerre d'Amérique a été gagnée, mais les finances du Royaume sont au plus mal. Des réformes lui sont proposées. Vauban, déjà : "taxer le riche à la décharge du pauvre". Carnot : "le gouvernement doit prévenir l'affreuse misère des uns, l'excessive opulence des autres". Turgot et Necker ont été chassés. La noblesse de Cour se crispe sur ses privilèges : c'est la "réaction nobiliaire".
Le "Mariage" de Beaumarchais a un parfum de scandale : "Vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus !" Sans parler de la réplique "Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, Madame, il n'y a que cela qui nous distingue des bêtes."
L'appartenance à la maçonnerie du Lieutenant général de police Lenoir le pousse à la sympathie envers les philosophes. "Les loges maçonniques, avec les "académies" sont les seuls lieux possibles pour les rencontres de l'esprit." "Le premier pas vers la philosophie, c'est l'incrédulité" (Diderot qui décède en 84)
En spéculant et en se retirant à temps avant la banqueroute de Law, la famille Condé a accumulé une immense fortune dont elle entend bien profiter.
Montgolfier fait sensation avec ses ballons qui s'élève dans les airs. Les succès du physicien Charles dans ce domaine seront plus durables, et utilisés pour la guerre. Mais l'Histoire a retenu la "Montgolfière" !
08:26 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire