02/02/2018
A la Cour de Louis XVI
L'araignée d'Apollon
Christophe Estrada
Actes Sud / Actes noirs
Versailles, 1777. "Dans ce pays-ci, tout est froid, calcul, mensonge et flatterie."
Le chevalier Hilarion de S et son valet Pierre, ancien galérien, tentent de retrouver des lettres compromettantes dérobées à Marie-Antoinette, qui n'a pas encore donné d'héritier à la monarchie. Lettres qui alimentent des libelles infamants pour la Reine.
"La reine, encore inexpérimentée, est entourée de jeunes seigneurs et de dames qui parfois entraînent Sa Majesté dans une conduite que beaucoup ne considèrent pas être digne d'une reine de France."Mais elle n'est pas seule à la Cour à tuer le temps en dépensant des sommes folles au jeu.
Hilarion est prêt à mourir, et à tuer, pour accomplir sa mission. Il tuera mais ne mourra pas.
Le principal suspect est retrouvé pendu. Un assassinat déguisé en suicide.
Le grand méchant manipulateur, instigateur, n'est pas le Duc d'Orléans, occupé par "son mariage secret avec la jolie Mme de Montesson".
09:04 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, histoire
18/01/2018
Marcelin Albert et la crise viticole
1907, la révolte des vignerons
Paul Astruc
avec un DVD
éditions Christian Salès
réédition d'un album de 1984
Le midi vit au rythme des vendanges. C'était encore plus le cas au début du XXe siècle. De cette époque datent de beaux châteaux, ou , au moins, de beaux porches, signes extérieurs de la richesse des vignerons d'alors.
Le drame se joue en plusieurs étapes. En 1870 le phylloxéra ravage les vignobles. Pour lutter contre l'insecte destructeur, les vignes quittent les coteaux pour descendre dans les plaines où les ceps peuvent être inondés. On fait "pisser la vigne". "Les calamités vaincues, la surproduction constitue un fléau". Jusqu'à 1/3 des vendanges est distillé. Le vigneron ne produit plus de qualité, puisque sa récolte va être largement distillée. En 1906 le prix du vin est divisé par quatre.
En 1907 un petit vigneron, Marcelin Albert, prêche la révolte. Il dénonce ceux qui font du vin avec du jus de betterave. Il est suivi par des partisans de plus en plus nombreux. Le maire, socialiste, de Narbonne, rejoint le mouvement. Les soldat de Béziers mettent "la crosse en l'air." "L'armée n'est pas faite pour des tâches policières." déclare le commandant de la garnison. Mais à Narbonne, la troupe, harcelée, tire et il y a des morts.
Malgré les manifestations de masse, le mouvement n'a pas de débouchés politiques. Sans rien dire à personne, Marcelin part à Paris rencontrer Clemenceau, Président du Conseil. Celui-ci se joue de Marcelin Albert, convoque la presse qui détruit l'image du "prophète".
La lutte n'aura pas été vaine puisqu'en juin et juillet de la même année les lois qui encadrent la production et le marché des vins en France furent votées.
08:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire
09/01/2018
Violences et guerres civiles
Les Vaincus
Robert Gerwarth
Violences et guerres civiles sur les décombres des empires
1917/1923
éditions du Seuil
"Entre 1917 et 1920, l'Europe connut plus de vingt-sept transferts de pouvoir politique, le plus souvent accompagnés d'une guerre civile."
La première guerre mondiale se termine par la disparition des empires allemand, austro-hongrois, russe et ottoman. Le nationalisme est devenu la nouvelle religion" (Joseph Roth). "Tous ceux qui cherchaient à faire reconnaître leur droit à avoir un Etat dépêchèrent des porte-parole à Paris." Comment "découper" les nouveaux Etats émergeant de ces empires disparus ? "Une guerre éclata entre le nouvel Etat d'Ukraine occidentale et la Pologne." Ainsi qu'entre la Hongrie et la Roumanie. "Chaque parcelle de leurs territoires restait aussi multiethnique qu'elles l'avaient été quand elles appartenaient aux Empires centraux." "L'atmosphère devint profondément hostile à toute cohabitation."
Non seulement le Kaiser mais aussi "les vingt-deux rois, princes et ducs d'Allemagne furent déposés sans résistance."
Violences révolutionnaires et contre révolutionnaires à Berlin, à Munich, à Vienne, à Budapest, en Bulgarie, avec en arrière plan la pauvreté, et même la misère résultant de la guerre, et la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie. "La peur du bolchévisme favorisa la montée du fascisme". "La bourgeoisie libérale croyait qu'il était possible de domestiquer le fascisme." Grèves et manifestations de masse en France, en Italie, en Espagne.
"En Hongrie, comme en Autriche, les Juifs étaient considérés comme directement responsables de la défaite militaire." "Ils nétaient pas plus de 6% en Palestine en 1914." "La majorité écrasante des Juifs de Palestine ne défendaient pas la création d'un Etat indépendant."
"Les vaincus furent exclus des négociations et ne furent convoqués qu'à partir du moment où le traité de paix qui allait leur être imposé avait été finalisé." "Un gouvernement allemand démocratiquement élu devait accepter une paix dictée sans même un simulacre de négociation. Les Alliés posèrent un ultimatum, créant un ressentiment fondamental."
"Le chancelier autrichien, social-démocrate, plaida qu'un Etat démocratique ne devait pas être tenu pour responsable de méfaits de feu l'empire des Habsbourg et que la république nouvelle, pas plus que les autres, ne pouvait être considérée comme le successeur de la monarchie défunte."
"Le principe wilsonien d'autodétermination était clairement appliqué aux peuples considérés comme des Alliés, il ne l'était pas à ceux qui étaient considérés comme des ennemis." "Les Alliés ne semblaient pas vouloir accorder ce droit aux non-Européens."
"La révision de ces traités est placée au premier plan des priorités politique bien avant que les nazis n'entrent en scène." "La conférence de Lausanne de 1923 a démontré qu'il était possible à un Etat vaincu de devenir un Etat victorieux." "Hitler comme Mussolini furent impressionnés et inspirés par le succès de Kémal." "Ils construisirent leurs régimes sur la base des injustices d'après-guerre."
16:38 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
06/01/2018
Raison d'Etats
L'échange des princesses
Chantal Thomas
éditions du Seuil
L'inconvénient de la vie de princes et de princesses, et de quelques autres, au XVIIIe siècle, était de ne pas pouvoir choisir son conjoint, celle ou celui-ci étant choisi(e) pour des raisons d'alliances. Louis XIV aurait bien aimé se marier avec la nièce de Mazarin, mais celui-ci pensait à la France ! La Duchesse de Ventadour qui a élevé l'enfant Louis XV puis la Reine-Infante était mariée à "un nabot difforme et pervers."
"L'échange des princesses" raconte l'échange, pensé et organisé par le Régent Philippe d'Orléans, de sa fille, destinée à être mariée au Prince des Asturies, dauphin d'Espagne, avec (ou contre) l'infante d'Espagne destinée à se marier avec Louis XV.
Tous ces enfants sont cousins, trois sont descendants, arrière-petits enfants de Louis XIV, ou d'Henri IV pour la fille d'Orléans, mais le Pape donnera sans difficulté sa dispense.
Inconvénient : l'Infante à cinq ans ! Mais c'est un avantage pour le Régent, car cela lui donne la garantie que le Roi n'aura pas d'héritier avant une dizaine d'années. "Le Roi peut vivre comme si elle n'existait pas.""Plus il grandit, plus il lui échappe."
La Princesse d'Orléans à onze ans et n'est pas encore apte à enfanter.
L'échange se fait sur "l'île aux faisans", au milieu de la Bidassoa, rivière séparant les deux royaumes.
Malheureusement, les choses ne se passeront pas très bien, pour aucune des deux princesses.
"En mourant, la Duchesse de Bourgogne avait emporté avec elle le goût de vivre. Elle n'avait pas eu le temps d'en pourvoir son fils." (Louis XV) "Sa conviction de mélancolique est qu'agir ne sert à rien." "Il n'a aucune notion de la valeur de l'argent."
"Louis 1er a pour principale vertu l'obéissance, et ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour gouverner"
"Le vin, la chasse et les belles, voilà le refrain de Bourbon"
08:16 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : histoire
03/01/2018
de Louis XIII à Louis XV
Le Roi-Soleil
L'histoire de France pour les nuls, en BD, tome 7
D'après L'histoire de France pour les nuls de Jean-Joseph Julaud
Adaptation : Laurent Queyssi
Storyboard : Dan Popescu
Dessinateur : Gabriele Parma
Couleurs : Silvia Fabris et Gabriele Parma
Lettrage : Novy
éditions First
Raconter en moins de cinquante pages de bandes dessinées les règnes de Louis XIII, XIV et XV, plus le Régent, relève de la gageure. L'auteur va donc à l'essentiel. Les raccourcis ne font pas toujours dans la complexité et la nuance...
Mais c'est à lire avec plaisir, avec de belles couleurs ! Et même un dessin coquin pour la nuit de noces de Louis XIV qui ne reflète probablement pas la vérité historique.
Beaucoup de batailles, dans le détail desquelles il n'est pas question d'entrer.
Pour Louis XIII, la prise de La Rochelle, la guerre de Trente ans, Rocroi.
Pour Louis XIV, la guerre de Hollande, la guerre de succession d'Espagne
Pour Louis XV, la guerre de Sept ans.
Le récit des débuts difficiles du règne de Louis XIV (les Frondes) est bien réussi. Malheureusement il n'y a rien sur la misère du peuple. J'ai été irrité de lire que Louis XIV avait "chassé les Protestants". S'il est vrai que les pasteurs ont eu le choix entre la conversion et l'exil, celui-ci n'était pas autorisé pour les simples fidèles, sous peine de prison pour les femmes et de galères pour les hommes, contrairement aux règles internationales alors en vigueur, où la possibilité de l'émigration était la contrepartie du droit du Prince à imposer sa religion . A leurs risques et péril entre 150 000 et 200 000 Protestants partirent tout de même. Les archives départementales du Gard et de l'Hérault, entre autres, gardent la trace des peines prononcées contre celles et ceux qui s'étaient fait prendre.
08:55 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire