18/04/2009
Pirates
Pirates
SAS n°177
Gerard De Villers
Le dernier SAS, paru le mois dernier, mais vraisemblablement écrit il y a quelques mois, tombe en plein dans l'actualité.
Avec, comme souvent, une analyse géopolitique qui ne manque pas de pertinence :
1) les USA ne s'intéressent aux pirates somaliens que depuis qu'ils ont passé alliance avec les talibans locaux : c'est parce que la "Task force 150" de l'OTAN, basée à Djibouti et se concentrant sur le Yémen, avait pour seul but la lutte contre le terrorisme que l'Union européenne a mis en place sa première opération navale dans le cadre de la Politique Européenne de Défense et de Sécurité, "ATALANTE" (dont le livre, probablement écrit avant sa mise en place, ne parle pas) ;
2) la solution, avant d'être maritime, est d'abord sur terre, dans la stabilisation et le développement de la Somalie.
Rappel géographique et historique :
La Somalie est grande comme trois fois la France. Le Somaliland, partie de la Somalie qui avait été colonisée par les Britanniques est indépendant de fait, même s'il n'est pas reconnu par la communauté internationale et est calme et stable, avec des élections pluralistes.
La Somalie est dans l'anarchie la plus totale depuis la chute du dictateur Syad Barré, en 1991.
Contrairement à d'autres parties d'Afrique, le déchirement de la Somalie n'est pas ethnique, tribal, linguistique ou religieux : les Somalis sont partagés en clans, tous semblables, tous musulmans.
Les Américains ont sponsorisé une expédition de l'armée éthiopienne pour chasser les "Tribunaux islamiques", fanatiques religieux, mais qui avaient rétabli un semblant d'ordre. Mais, comme toute armée étrangère d'occupation, l'armée éthiopienne a été obligée de repartir.
L'Union européenne finance une force de paix de l'Union africaine, dont le but essentiel est de se terrer pour éviter d'être massacrée, et dont les soldats, majoritairement ougandais, n'hésitent pas à vendre leurs armes à ceux qu'ils sont censés "contenir". Ce qui prouve qu'une force de paix peut, éventuellement, maintenir celle-ci, mais ne peut pas l'imposer.
La "communauté internationale", au premier rang de laquelle figure l'Union européenne, finance un "Gouvernement de Transition", qui ne gouverne rien, et un "parlement", non élu, qui parlemente avec lui même, quand il siège (jamais dans la capitale, trop dangereuse)...
Les Somaliens fuient leur pays par centaines de milliers. C'est l'argent de la diaspora qui fait vivre les membres des familles restés au pays.
"Toutes les combines sont bonnes pour survivre. La plus récente et la plus juteuse est la piraterie.", "déversant sur ce pays misérable des dizaines de millions de dollars".
Grâce aux rançons versées par les premières victimes, "d'artisanale, la piraterie est devenue industrielle". Elle utilise des bateaux-"mères", éventuellement provenant de la piraterie, d'où partent des vedettes rapides permettant de partir à l'abordage des cibles, choisies grâce à l'"Automatic Identification System", qui permet également de repérer les navires de guerre qui pourraient protéger les victimes qui ne sont pas armées.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
12/04/2009
La Chronologiette
La Chronologiette
de Pierre Prion
1744/1759
Texte présenté et annoté par Jean-Marc Roger
Présentation historique d'Emmanuel Le Roy Ladurie
Pierre Prion est, au XVIIIe siècle, le scribe du Marquis d'Aubais.
Il relate dans sa chronologiette les faits marquants de la vie du chateau, du village, et des alentours.
Les naissances, les mariages (avec éventuels charivaris, en cas de remariage, ou de différence d'âges trop marquée), les décès, parfois par suicides.
Ce sont des années de guerres, d'abord la guerre de succession d'Autriche, puis la guerre de sept ans : on s'engage, on tire au sort les "volontaires".
La guerre des camisards, qui a largement débordée les Cévènnes n'est pas loin dans les esprits , les protestants nombreux, majoritaires dans certains villages des alentours, comme à Junas, qui ne compte que deux familles catholiques. Le Marquis lui même est fraîchement converti, et son épouse est loin d'être assidue aux offices. Mais, par épisodes, la répression se fait encore sentir
Les protestants ne sont pas le seul souci de l'Eglise catholique : la haute société se pique encore de jansénisme, comme symbole contre la monarchie absolue, et les manants sont encore prôches du paganisme. Il est vrai que les prières à Dieu, ou à ses Saints pour avoir de la pluie, ou de bonnes récoltes, ou éviter les débordements du Vidourle peuvent être considérées assez païennes !
C'est qu'il faut faire face aux difficultés quotidiennes, dans cette période de refroidissement climatique. Les protestants sont un peu moins pauvres que les autres. Prion affirme qu'un tiers de la population va sans souliers. Pourtant les agriculteurs sont également artisans. Les femmes réchauffent sur leur poitrine les vers à soie, avant de dévider les cocons, puis de fabriquer, en sous traitance, des bas.
"Après la panse, une bonne danse"
"Vive l'Amour, pourvu que je dîne"
Les protestants ne constituent pas
21:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
11/04/2009
L'homme à l'envers
L’homme à l’envers
Fred Vargas
Editions Viviane Hamy
Un « homme à l’envers », c’est un loup-garou : quand il est homme, il a les poils à l’intérieur, quand il se transforme en loup, les poils ressortent.
Fred Vargas s’est inspirée du problème posé par les loups, passés des Abruzzes dans le massif du Mercantour, et y dévorant quelques moutons.
Vous ne croyez pas au loup-garou ? Moi non plus et Fred Vargas pas d'avantage.
Le personnage central est Camille, l’amoureuse épisodique du commissaire Adamsberg, lequel n’entre vraiment en action et mène l’enquête que dans le dernier tiers du livre. A partir de ce moment là, je n’ai pas pu lâcher le livre, éteindre la lumière et dormir avant d’avoir connu le mot de la fin. Et cela ne m’arrive que très rarement.
J’ai vu l’adaptation du livre, à la télévision belge, par Josée Dayan, avec les mêmes, excellents, actrices et acteurs que lors des adaptations des livres précédents. Les paysages des Alpes de Haute Provence sont somptueux et donnent envie d’aller les découvrir. La vedette ce n'est pas Camille, c'est la montagne. Je ne sais pas si la télévision française a montré, ou a programmé cet « homme à l’envers ». Le cas échéant, j’en reparlerai donc.
Citations :
"C'est désespérant l'être humain, ça s'attache à ce qu'il a de pire"
"L'amour vous donne des ailes pour vous scier les jambes, une trouvailles pour narcissiques"
"Les gars impressionnants sont toujours chiants"
"C'est l'ignorance qui est cause des plus folles pensées"
"I y a des tucs qui s'embringuent pour des tas de mauvaises raisons et que tu ne peux plus désembringuer même pour des tas de bonnes raisons"
"La mémoire fait ce qu'elle veut avec les matériaux qu'on lui donne à la casse"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/04/2009
un cadavre de trop
Un cadavre de trop
Ellis Peters
10/18 n°1963
Il y a déjà quelques temps que l'historien quasi officiel de ce blog, mon ami Frédéric Dubuisson, a parlé, dans un des ses commentaires, toujours pertinents, des aventures moyenâgeuses du frère bénédictin Cadfael (prononcez Cadvale), herboriste, ancien héros de la croisade, grand résolveur d'énigmes.
J'aime quand la dimension historique s'ajoute à l'intrigue policière.
"Un cadavre de trop", premier roman, d'une série de vingt et un, publié en 10/18, se déroule en pleine guerre de succession entre les petits enfants de Guillaume, qui n'aimait pas qu'on l'appelle "le conquérant", et encore moins "le bâtard".
Comme dans tout roman "policier", le lecteur se demande "qui a tué ?", mais en plus il y a la reconstitution de l'atmosphère de l'Angleterre du XIIe siècle.
Citations
"Ce que tu ne dis pas n'est pas dangereux"
"Connaissez vous des être humains qui ne soient pas étrangers les uns aux autres ?"
"On apprend des choses dans le livre de la vie et en étudiant nos semblables"
"Il avait gardé un esprit turbulent, incorrigiblement emporté et prompt à l'insubordination"
"La justice n'est-elle due qu'aux être irréprochables ?"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, histoire
04/04/2009
Mes hommes de lettres
Mes hommes de lettres
Petit précis de littérature française
Catherine Meurisse
Editions Sarbacane
Catherine Meurisse est dessinatrice à « Charlie Hebdo ».
Elle revisite, en bandes dessinées, les auteurs de la littérature française.
Quel regret de ne pas avoir eu entre les mains cet album au moment où notre bréviaire obligatoire, et unique, était le Lagarde et Michard. Les enseignants n’auraient probablement pas supporté que nous nous contentions du Meurisse, mais nous aurions eu un complément agréable.
L’Histoire commence au Moyen-âge, plus précisément au IXe, pour prendre son essor avec les « chansons de geste », diffusées par les trouvères (au nord) et les troubadours (au sud) à partir du XIe siècle, popularisant « le roman de renard » et « les chevaliers de la table ronde ».
Les découvertes de terres lointaines et l’imprimerie « décrassent la tête ». Rabelais est au centre de ce « nouveau monde ». Comme l’écrit Montaigne : « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ».
Le « grand » siècle nous est raconté avec humour, même Corneille et Racine, et Catherine Meurisse se moque un peu du siècle suivant, celui des philosophes, et du « triomphe de la raison ». Hugo domine le XIXe, il a « tout vu, tout senti, tout vécu, tout écrit ». La bataille d’Hernani nous est racontée comme une histoire de B.D.
Catherine Meurisse a une tendresse particulière pour les femmes et les met en valeur : George Sand (« Je revendique la liberté de penser, de parler, de vivre » ; « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé »), et Colette.
Ses descriptions de Balzac, Flaubert, Zola, Proust (« les seuls vrais paradis sont ceux que l’on a perdus ») sont particulièrement réussies. Toutes ces célébrités se retrouvent autour de ce dernier, une madeleine à la main.
Que vous ayez gardé un bon ou un mauvais souvenir de vos cours de français, cet album est pour vous !
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature