10/11/2020
Voyages dans l'antichambre du pouvoir
Comédie française
Voyages dans l'antichambre du pouvoir
Mathieu Sapin
éditions Dargaud
Mathieu Sapin fait des reportages dessinés. La campagne électorale de François Hollande, puis François Hollande à l'Elysée, puis un magistral reportage dessiné en suivant Gérard Depardieu.
Sur le thème de "l'antichambre du pouvoir" Mathieu Sapin nous parle de Racine qui abandonne le théâtre pour écrire l'histoire de Louis XIV, et, en parallèle, l'entourage et deux voyages de l'actuel Président.
Point commun : le système de cooptation qui engendre, inévitablement, un phénomène de cour. Comédie "française" ? Il me semble qu'il n'y a pas que chez nous ! Plus le pouvoir central est fort, plus la distribution des postes dépend du leader, et donc plus les aspirants se pressent autour de leur espoir.
"Est-ce qu'on peut approcher le pouvoir sans pour autant perdre son âme ? Tutoyer le prince et rester soi-même ?" (Mathieu Sapin)
"on ne va pas se mentir : la plupart des politiques ont des psychopathologies lourdes." (Nathalie Kosciusko-Morizet)
15:57 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, politique
21/10/2020
Au nom de l'intérêt général
L'envers du décor
Jean-Pierre Jouyet
éditions Albin Michel
La couverture du livre est parlante : on y voit JP Jouyet tenant un énorme parapluie abritant François Hollande accaparé par l'écran de son téléphone portable. L'auteur insiste beaucoup, à de nombreuses reprises, sur son amitié et son admiration pour son camarade de promotion qu'il considère comme le plus intelligent d'entre tous. Amitié ternie par l'accord donné à Sarkozy, alors président de la République, de devenir son ministre des affaires européennes, le temps du semestre de présidence française de l'Union européenne.
Ministre de Sarkozy, Secrétaire général de l'Elysée sous Hollande, JP Jouyet, inspecteur des finances, donc sorti dans les premiers de l'ENA a occupé de nombreux postes de hautes responsabilités, à Bercy, à Bruxelles, à Matignon (sous Jospin), et dans les annexes du pouvoir (Directeur de l'Autorité des marchés financiers et Directeur général de la Caisse des dépôts), pour terminer sa carrière comme ambassadeur à Londres.
Ce qui ressort du livre, à mes yeux, c'est que ces gens de pouvoir, presque tous sortis dans les premiers de l'ENA, passent leur temps à se recevoir les un(e)s les autres, au delà des clivages politiques, liant même des amitiés durables. Je ne critiquerai pas trop puisque j'ai dîné avec JP Jouyet, moi qui n'ait même pas fait "Sciences Po", chez le Directeur de cabinet de Romano Prodi, alors Président de la Commission européenne. Ce qui m'a permis de téléphoner à JPJ quand il était au cabinet de Lionel Jospin à Matignon. Mais c'est un drôle de système quand même. "L'envers du décor" ?
Au passage l'auteur se moque de ses collègues (comme Macron) qui ne le trouvait pas assez "de gauche" et sont arrivés bien plus à droite que lui.
"La bourse aux "énarques de gauche" est devenue avec l'avènement du supposé "nouveau monde", le mercato des carriéristes pragmatiques. Je ne suis pas sûr que ce soit un progrès."
"L'agriculture et la culture, deux mondes où les passe-droits l'emportent souvent sur les règles."
"Je suis bien placé pour savoir que le principal objectif consiste à protéger le système bancaire et financier français, de plus en plus affaibli face aux Etats-Unis, à la Chine et aux économies émergentes d'Asie. Aucune inégalité n'est réduite à l'issue des crises. Ce sont les plus modestes, les plus fragiles qui perdent le plus, sans espoir de récupérer le manque à gagner."
"La vérité, selon moi, est que la gauche en revient toujours à un certain réalisme. Il lui faut parfois du temps. Ce sont les leçons que l'on peut retenir des mandats de François Mitterrand et de François Hollande."
18:31 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
22/08/2020
Que serait le monde sans l'Europe ?
La dictatrice
Diane Ducret
éditions Flammarion
Novembre 2023, "les vingt-sept dirigeants viennent de décider du démantèlement de l'Union européenne." Puisque les peuples ont été persuadés que "c'est la faute de Bruxelles", la pression était devenue trop forte. "Les politiques opportunistes n'avaient eu qu'à souffler sur les braises. Le populisme et le nationalisme renaissaient de leurs cendres." "Nous sentons tous le réveil de la haine dans nos pays."
Une jeune femme se lève, à contre courant. "L'Europe nous a élevés, c'est notre foyer. Nous serons moins forts si nous nous séparons, et nous nous isolerons dangereusement."
La situation devient catastrophique. C'est "la grande dépression." Un courant irrépressible porte la jeune femme au pouvoir. Hélas, il est bien connu que le pouvoir absolu conduit irrésistiblement aux abus de pouvoirs. Même avec les meilleures intentions du monde. Même si c'est une femme qui exerce ce pouvoir absolu.
"Tu ne veux parler qu'à leur raison, quand ils veulent être touchés par l'émotion. Ils ont besoin de quelque chose qui les pousse à croire, quelque chose de plus grand qu'eux." "Ce qui advient importe peu, seule compte la manière dont on le raconte. Tout est question de perception."
"Quelle tragédie que celle du pouvoir, il contraint les hommes de paix à se comporter en chefs de guerre afin de faire entendre leurs idées."
"Ne perdons pas espoir, car c'est là que commence la servitude."
Diane Ducret s'est fait connaître par ses deux livres sur les "Femmes de dictateurs". La "Dictatrice" montre bien les rouages qui mènent à la dictature et toutes ses conséquences.
Les droits du roman viennent d'être achetés pour en faire une série télévisée.
16:36 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique
17/08/2020
La trahison ne vient-elle pas toujours des plus proches
Trahison
Lilja Sigurdardottir
éditions Métailié / Noir
Après ses missions humanitaires au Liberia (pour lutter contre Ebola) et en Syrie (pour s'occuper d'un camp de réfugiés), Ursula qui n'appartient à aucun parti politique, se voit proposer le poste de ministre de l'intérieur par le Premier Ministre islandais. En Islande aussi la "société civile" est à la mode. Elle accepte, pour un an. Son ambition est de mettre en place une véritable politique des réfugiés et des demandeurs d'asile.
Mais les circonstances détournent quelque peu son attention. Le premier jour elle promet d'agir à la mère d'une adolescente violée par un policier.
Devant le déferlement d'attaques sur les réseaux sociaux, y compris de faux comptes Facebook et Tinder, elle accepte un garde du corps. Les médias ne l'épargnent pas.
Seulement à la fin du livre le lecteur découvre qui sont ses ennemis les plus déterminés.
Comme lui dit le Premier Ministre : "Rien de personnel, c'est la politique..."
08:23 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, politique
16/05/2020
Une campagne électorale nouveau genre
Brexit, la guerre incivile
de Toby Haynes
avec Bénédict Cumberbatch, Rory Kianear
Ce film est passé totalement inaperçu en France. Il donne pourtant matière à réflexions.
Il relate la campagne "Leave" au référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, en 2016.
Et oui, déjà quatre ans, et ni les Britanniques, ni les Européens ne savent quelles seront leurs relations demain. En particulier dans le domaine commercial.
Pour vendre leurs produits dans ce grand marché continental les Britanniques devaient, et doivent toujours, respecter les normes européennes. C'est parce qu'ils voulaient avoir leur mot à dire dans l'établissement des normes européennes que les Britanniques ont adhéré, en refusant toujours une Europe plus intégrée. Etaient-ils vraiment dans l'Union européenne ? Pour eux pas d'Euro, pas de Schengen. Contrairement aux Norvégiens et aux Suisses.
Le film est un mixte entre images d'actualités et scènes jouées par des acteurs. Il montre les mensonges éhontés et assumés, totalement démagogiques des partisans du Leave.
Le plus flagrant est ce bus qui a circulé pendant toute la campagne avec écrit dessus : "Nous versons 350 millions de £ chaque semaine à Bruxelles, sortons et nous les verserons à notre système de santé". Bien entendu le chiffre n'avait rien à voir avec la réalité, et le NHS n'a pas reçu un penny supplémentaire depuis le référendum.
La campagne du Leave a joué sans scrupule sur la xénophobie. Elle osait affirmer : "70 millions de Turcs vont déferler sur l'Europe, et Bruxelles les encouragera". Nous avons eu droit au même type d'argument pendant notre référendum sur le projet de Traité constitutionnel. Pas une réunion publique sans que l'on me pose la question de la Turquie, alors que ce n'était pas la question posée...
Mais ce qui est le plus novateur dans ce film, est de montrer comment la campagne a utilisé,grâce à l'intelligence artificielle, par des algorythmes de la firme "Cambridge analytica" tous ce que nous postons sur Facebook, nos tweet, nos blogs. Pas besoin de chercher à convaincre les 2/3 d'électeurs convaincus, dans un sens ou dans l'autre, mais un ciblage pointu des électeurs indécis, et l'envoi de messages tout aussi ciblés pour les pousser à voter Leave. Pas de messages globaux. Encore moins de messages faisant appel à l'intelligence. Vous avez l'impression de ne plus avoir de contrôle sur votre vie dans ce monde globalisé ? C'est la faute de l'Europe ! Votez Leave ! et comment ensuite vous pourrez de nouveau avoir ce contrôle ? Ce n'est pas dit, bien entendu, mais le message démagogique est bien passé, même si ce n'était qu'à une petite majorité.
Cette campagne a servi de banc d'essai à la campagne présidentielle de Donald Trump, qui a utilisé les mêmes méthodes, avec une victoire marginale (avec presque trois millions de voix de moins que sa concurrente).
La prochaine fois chez nous ?
18:06 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, politique, brexit