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17/05/2017

Dans l'ombre d'un candidat à l'élection présidentielle

Dans l'ombre

 

Edouard Philippe et Gilles Boyer

 

Editions JC Lattès

 

 

J'ai hésité à acheter ce livre de presque 600 pages, écrit par deux militants de droite, l'un élu, l'autre "conseiller". Je n'ai pas regretté : il est excellent et plein d'humour.

 

C'est un roman policier,  avec des mystères, et même des meurtres, avec de l'action et des questions. Ce roman policier a la particularité de se dérouler dans le monde politique, à l'occasion d'une élection présidentielle.

L'action est supposée se passer au sein du grand parti de droite, mais cela parle de fraude à l'occasion du vote des militants pour la "primaire". Une primaire au sein du grand parti de la droite ? Une fraude à l'occasion du vote des militants serait-elle imaginable au PS ?

Les relations entre l'équipe de campagne et le candidat, ainsi qu'au sein de l'équipe du candidat, les relations avec les journalistes, ces relations humaines intenses, véritables objets du roman, sont probablement transposables de droite à gauche...

 

 

"La politique, c'est souvent savoir faire naître un espoir. Et après d'être prêt à gérer les déceptions"

 

"Un politique, c'est une aptitude à sentir et à toucher les gens, à leur faire comprendre que l'on est à la fois comme eux et différent."

"Les saltimbanques de la politique qui savent mimer l'intérêt pour les autres, la grandeur d'âme et la simplicité des manières"

"Je n'en connais pas qui se pense inutile. Ou qui conçoive que quelqu'un d'autre ferait mieux"

"Pourquoi solliciter le suffrage des électeurs si on ne pense pas sincèrement qu'on va faire mieux ?"

"Fondamentalement, pour faire de la politique, il faut avoir un ego."

"Un bon déjeuner politique, c'est celui où l'autre parle de son sujet favori : lui-même"

"En politique, on devient rarement riche, mais il est difficile de ne pas finir gros"

 

"Il faut toujours rire avec ses adversaires en politique. Si vous ne riez pas avec eux, c'est que vous êtes sectaire, ou inquiet, ou chiant. Dans tous les cas, c'est mauvais signe".

 

"Un monde où les gens sont plus méchants et plus retors que la moyenne"

"Dans la vie, on a peur de ce qu'on ne comprend pas"

"La paranoïa, c'est la maladie professionnelle de l'homme politique et des apparatchiks"

"Même les paranoïaques peuvent avoir des ennemis"

"Un type qui travaille en politique depuis vingt ans et qui n'a pas d'ennemis ne fait pas bien son boulot"

"Qui peut passer plus de temps à lutter contre les gens du même bord qu'avec des gens du bord opposé ? Un homme politique !"

"Rien de tel que le spectacle d'une guerre fratricide pour exciter la presse politique"

"Les combats acharnés au sein de la même famille laissent forcément des traces"

 

"Il ne disait rien, puisqu'il n'avait rien à dire, ce qui démontrait une grande intelligence et une forme d'originalité radicale dans le milieu politique"

 

"C'est fou comme quand quelqu'un pense comme vous, vous avez tendance à le trouver intelligent"

"Dans le monde politique, on finit toujours par trouver convaincant ce qu'on a envie d'entendre"

 

"Dans ce métier, il est essentiel de savoir attendre"

 

"En politique, beaucoup de choses ne servent à rien, mais il faut les faire correctement"

 

"Etre un perdant, c'est un problème. Mais être un mauvais perdant, c'est un péché mortel"

21:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique

06/05/2017

"La France ne peut pas se retrouver sans retrouver le monde"

François Mitterrand

Michel Winock

Biographies NRF Gallimard

 

J'ai rencontré François Mitterrand en 1969, à l'occasion de la sortie de "Ma part de vérité" qui a été mon premier livre politique.

J'ai eu l'occasion de lui parler alors que j'étais Secrétaire national des cheminots socialistes, juste avant 81. Je lui avais dit alors que l'âge de départ à la retraite devait être différencié en fonction de la pénibilité du travail. Les cheminots travaillant dans les bureaux n'avaient aucune raison de partir à 55 ans, comme ceux qui travaillent en 3X8, comme c'était mon cas...

J'ai eu Michel Winock comme professeur (maître assistant) d'Histoire à l'université.

De nombreux livres ont été écrit sur François Mitterrand, généralement par des journalistes, ou par certains de ses proches, politiques ou personnels. On a même fait parler son chien Baltique...A ma connaissance, c'est la première fois qu'un historien universitaire se livre à l'exercice. Il cite beaucoup les autres ouvrages sur l'objet de son étude, généralement en soulignant les contradictions.

En 78, candidat suppléant député aux législatives, j'ai vraiment cru que nous allions "changer la vie". Un an plus tard, au Congrès de Metz, j'étais beaucoup plus sceptique sur la "rupture immédiate avec le capitalisme". Au cours de ses deux septennats, exemple qui restera unique dans l'histoire de France, François Mitterrand a été "un concentré sur ce que l'on peut faire". Plus pragmatique qu'idéologue. "Radicalité dans le discours, possibilisme dans les actes."

Je l'ai écouté deux fois s'adresser au Parlement européen. Dans les deux cas des discours qui ont marqué.

Les socialistes français ne sont pas spontanément favorables à la construction européenne. J'ai assisté en direct à la façon dont le Président a amené les parlementaires européens socialistes français à soutenir le rapport Spinelli, fédéraliste,  dont ils ne voulaient pas, pour la majorité d'entre eux. Ce n'est que face à Mitterrand que Jean-Luc Mélanchon, jeune sénateur mitterrandolâtre n'osait critiquer la construction européenne.

Son discours sur le thème "le nationalisme, c'est la guerre" est resté gravé dans ma mémoire."

"Il était sûr de l'influence que retrouverait une France résolue à travers une Europe forte, par quoi se poursuivrait l'épopée française."

"Il a inscrit son action dans un temps qui dépassait celui de son existence." "Mitterrand ou l'homme qui médite sur les tombes."

"La mort redonna à François Mitterrand tout son lustre."

 

 

 

05/05/2017

Bedos renoue avec sa "revue de presse"

A l'heure où noircit la campagne

Guy Bedos

éditions Fayard

 

J'ai été bercé par les "revues de presse" de Guy Bedos. Je m'en régalais au moins autant qu'avec ses sketchs. Octogénaire, Guy Bedos a fait ses adieux à la scène. Pendant un an il a noté sur ses cahiers les réflexions qu'il aurait faites s'il avait été toujours en tournée. Cela donne un petit livre vite lu.

Guy Bedos est un humoriste engagé, pas vraiment un pronostiqueur politique. Ses cibles favorites : Sarkozy et Valls. Après les primaires, il a misé sur Hamon, avec Montebourg comme Premier ministre... Il ne parle quasiment pas de Macron ni de Mélanchon, secondaires à ses yeux.

Curieusement, il s'en prend peu à Marine. Sauf pour se féliciter d'avoir gagné dans le procès qu'elle lui avait intenté. 

Le livre est dédié à son ami Michel Rocard, décédé pendant la période.

 

"A côté de Sarkozy, Juppé, c'est Mélenchon"

"Qu'est-ce que vous voulez que je dise sur la Droite ? A part réclamer une minute de silence."

"Trump, Le Pen, Fillon...Tous trois attachés à Poutine. Les banques russes n'y sont peut-être pas tout à fait étrangères."

"Si on devait gifler toutes les têtes à claques qui encombrent le paysage politique, on finirait manchot."

 

 

04/05/2017

Cabu, le caricaturiste le plus juste

Le journal des présidents

Cabu

éditions Michel Lafon

 

"Un dessinateur qui se nourrit de l'actualité compte plus volontiers les septennats qui se succèdent que l'âge qui avance." (Cabu)

Quand je vois la plupart des caricatures d'aujourd'hui, je ne peux que regretter l'assassinat de Cabu.

Non seulement son trait est juste, mais il était un véritable chroniqueur de la vie politique, il est aussi juste dans la fond que dans la forme graphique.

Les sept présidents de la Ve République sont, bien entendu,  les vedettes qui se trouvent en couverture. Mais il y a également des caricatures des deux présidents de la IVe : Vincent Auriol, le socialiste méridional, et René Coty le Havrais.

Bien entendu les présidents sont rarement seuls, et l'on retrouve tous les principaux personnages politiques des soixante dernières années. Il y a donc trois dessins où l'on reconnait avec le président Hollande, Emmanuel Macron baptisé "l'hémisphère droit de Hollande", et un autre qui fait dire à Hollande "tu iras loin...à ton âge, je n'avais pas encore fait descendre les notaires dans la rue !".

Cabu nous manque, ses dessins sur l'actualité de cette présidentielle nous manque. A défaut de nous consoler, nous pouvons nous régaler des dessins antérieurs...

 

 

27/04/2017

Primaires

Il y a cinq ans, j'étais très sceptique su l'organisation de primaires, sur le modèle américain, par le PS. Dans ce modèle, ce n'est pas seulement le candidat à la présidence qui est choisi, mais aussi les candidats au Sénat et au Congrès. Dans ce modèle, surtout à l'heure où la communication ne se fait plus par colleurs d'affiches et distributeurs de tracts, le rôle des militants consistent essentiellement à organiser les primaires...

Les seuls encartés du PS auraient probablement choisi Aubry et non Hollande, et probablement pas Hamon cette fois ci.

Benoît Hamon est un homme extrêmement sympathique que j'ai connu au Parlement européen. Je n'appartiens pas à son courant de pensée au sein du PS, mais il est ouvert et non sectaire. Je suis extrêmement peiné pour lui aujourd'hui, d'un point de vue strictement humain. Je pensais qu'il "mordrait" sur l'électorat de Jean-Luc Mélanchon. C'est l'inverse qui s'est produit. Sans parler de toute la partie de l'électorat socialiste qui ne se reconnaissait pas dans ses propositions (revenu universel, taxe sur les robots, refus des critères de Maastricht...)

Manifestement, l'électorat d'une primaire n'est pas le même que pour la véritable élection. La même chose est probablement vraie à Droite. Juppé n'aurait-il pas recueilli plus de voix que Fillon ?

Aujourd'hui, je me console en pensant qu'il y a seulement quelques mois, je pensais que je déposerais un bulletin blanc pour ne pas choisir entre Sarkozy et Le Pen, tellement le premier a banalisé les thèmes de la seconde.

Il y a bien des choses à reprocher à Emmanuel Macron, et je pressens qu'il y en aura beaucoup d'autres dans les cinq ans à venir, mais entre Macron et Sarkozy, j'avoue être soulagé...

Et je ne comprends même pas celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas choisir entre Le Pen et Macron !