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22/03/2011

abus ou corruption ?

Piégés !

 

 

Depuis 30 ans que je suis au Parlement européen, c'est la première fois que je vois une chose pareille :

Trois parlementaires européens, de trois nationalités différentes mais tous trois anciens ministres de leur pays, se sont fait piégés, en caméra cachée,  par des journalistes du Sunday Times se faisant passer pour des "lobbyistes", leur demandant, contre des sommes importantes, de déposer des amendements à un texte législatif sur la protection des consommateurs.

Les documents sont disponibles sur "Youtube".

L'un,  ancien ministre de l'intérieur, s'étant illustré dans son pays pour ses actions contre les immigrés,  répond qu'il est déjà salarié de plusieurs groupes de pression et se qualifie de "député / lobbyiste".

L'autre, ancien vice-premier ministre, explique qu'il a fait déposer l'amendement par un député d'un autre groupe et facture sa prestation pour 12.000 euros.

12.000 euros pour un faire déposer un amendement par un député : je devrais revoir mes tarifs !

Cette affaire fait, bien entendu, grand scandale dans la maison. Deux des trois parlementaires incriminés ont démissionné du Parlement européen. L'un a déjà annoncé son retour...comme lobbyiste.  Le troisième refuse, arguant qu'il n'a rien fait d'illégal, mais a été immédiatement exclu du groupe...socialiste !

 

Les parlementaires sont censés travailler, donc écrire des textes, en particulier des amendements, en fonction des intérêts de leurs électeurs, et de leurs convictions.

Il est clair que certains sont les porte-parole de groupes d'intérêts ou de pressions qui parfois les font élire. Elus, ils ne devraient pas être payés une seconde fois pour déposer des amendements conformes à leurs convictions, et aux intérêts de leurs mandants...Il s'agit alors d'un abus.

S'ils déposent, contre de l'argent, des amendements contraires à leurs convictions, il s'agit alors de corruption.

 

Le bon côté, c'est que cette affaire montre que le Parlement européen a pris de l'importance et possède un véritable pouvoir législatif, avec une réelle marge de manœuvre pour les parlementaires, ce qui n'est généralement pas le cas dans les Parlements nationaux.

 

Le mauvais côté est que cela va alimenter l'extrême droite sur le thème "tous pourris" et les campagnes contre l'Union européenne. C'était d'ailleurs le but recherché par ce journal britannique, qui promet de nouvelles révélations dimanche prochain !

 

15:05 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, politique

21/03/2011

Diffusion des idées xénophobes, racistes, anti-musulmanes

Quand on diffuse les idées du Front National...

 

 

 

Quand un ministre de la République est condamné, deux fois, pour propos racistes, quand son successeur, qui semble pourtant si bien élevé par l'ENA, tient des propos de même tonalité, les idées de l'extrême droite se diffusent, infusent, se banalisent.

 

Tout le monde sait que lors de la dernière élection présidentielle, le candidat de la droite avait tout fait, avec un succès certain,  pour rallier les suffrages xénophobes.

Mais aujourd'hui le mécontentement est tel que ces électeurs en quête de boucs émissaires préfèrent voter pour l'original que pour la version édulcorée.

Le Front National fait donc un score historique. Comme l'abstention. Mais n'est-ce pas le même symptôme d'affaiblissement de l'esprit civique, républicain ?

 

L'UMP n'a qu'à s'en prendre qu'à ses choix politiques...ou à sa trop grande proximité d'idées.

Il est clair maintenant que la majorité présidentielle ne pourra gagner les prochains scrutins, présidentiel et législatif, qu'en faisant alliance morale et idéologique,  sinon politique,  avec l'extrême droite. Le refus d'appeler à voter pour les candidats de gauche face aux candidats d'extrême droite n'est qu'un signe de plus de cette alliance implicite.

Cela nous promet des moments difficiles dans le proche avenir...

 

Faire barrage au Front National : évident si un candidat de gauche est en face, mais si c'est un candidat UMP professant les mêmes idées que le FN ?

J'ai voté Chirac contre Le Pen, traumatisé par l'élimination de Lionel, mais, malgré tous ses défauts, Chirac, s'il a joué sans scrupule sur la corde sécuritaire, ne peut être soupçonné de trop grande proximité avec les idées des Le Pen.

Si j'avais, malheureusement,  à choisir entre un candidat du Front National et Mr Hortefeux, ne serais je pas tenter de les considérer comme "blanc bonnet et bonnet blanc" ?

 

 

Le PS a fait un bon score, aidé par le fait que le type de scrutin favorise les sortants qu'il avait en nombre. Le mode de scrutin va lui permettre de gagner des cantons, par dizaines ? Par centaines ? J'espère de gagner quelques départements, pour conduire une autre politique.

Mais le PS n'a pas fait le score exceptionnel que j'espérais du fait de l'impopularité du pouvoir en place.

Il y a eu beaucoup d'abstentions, surtout chez les jeunes. Comment vont voter ceux-ci lors du prochain scrutin présidentiel ?

15:37 Publié dans vie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

20/03/2011

Polar retro

Du rififi chez les femmes

 

Auguste le Breton

 

Edition Plon, collection "Noir rétro"

 

 

Réédition, en format de poche, d'un succès de 1957, porté à l'écran l'année suivante. Ce qui n'est pas étonnant tant le livre semble avoir été écrit pour le cinéma, dans l'argot parisien des années 50, partiellement inventé par l'auteur, comme le mot "rififi" qu'il a utilisé dans toute une série de romans de "voyous". Un glossaire se trouve à la fin, mais je n'ai pas eu à l'utiliser.

 

1957 : la signature du Traité de Rome, donnant la naissance au "Marché commun".

La publication "D'un château l'autre" de Louis-Ferdinand Céline, livre qui a marqué mon adolescence (je ne l'ai pas lu à sa parution !), de "La reine des pommes" de Chester Himes, qui vient également d'être réédité, et dont je parlerai un autre jour.

Albert Camus reçoit le "prix Nobel" de littérature.

Au cinéma je vais voir "Le pont de la rivière Kwaï", mais pas question  d'aller voir les nombreux films inspirés des romans d'Auguste le Breton ("Razzia sur la chnouf", "Le clan des Siciliens"...), ou de lire cette littérature argotique.

Ma mère désapprouve vivement mon père qui aime glisser quelques mots d'argot parisien dans ses propos.

 

"Du rififi chez les femmes" se déroulent essentiellement à Bruxelles, avec quelques incursions à Paris. "La Belgique, un beau pays pour les marlous au parfum de toutes les astuces".

"Vicky de Berlin" est une femme décidée, mais elle trouvera l'amour et son maître, et parviendra même à être docile...

Le féminisme a ses limites chez les hommes, les vrais ! "Rencontrer un mâle qui n'a pas le coup de tringle égoïste, c'est rare".

 

L'atmosphère sent l'après guerre, et dans les bars à filles,  on écoute les microsillons d'Edith Piaf. "Les mâles solitaires cherchaient l'âme sœur pour la valse des braguettes".

Avec de tels romans, les "caves",  que nous sommes, peuvent s'encanailler à bon compte...

 

14:18 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

19/03/2011

We want sex !

We want sex…equality

(Made in Dagenham)

De Nigel Cole

Avec Sally Hawkins et Miranda Richardson

 

1968 : les ouvrières de l’usine Ford se mettent en grève, à la surprise générale, pour demander la revalorisation de leurs qualifications. Très vite,  elles réalisent qu’elles sont sous payées parce que femmes.

Le syndicat, dont tous les permanents sont des hommes, est très vite dépassé et les patrons de Ford exercent un chantage à la délocalisation. Pourquoi employer des femmes s’il faut les payer autant que les hommes ?

Le gouvernement, travailliste, va-t-il se plier aux  arguments patronaux ? Céder à la peur face au chantage (l’arrêt des investissements américains, pas seulement dans l’automobile) ?

Mais il y a au gouvernement une femme énergique et décidée qui n’a pas peur de la lutte : Barbara Castle, que j’ai bien connu une quinzaine d’années plus tard quand elle est devenue  députée au Parlement européen, avec un caractère toujours aussi fort que ce que nous montre l’actrice Miranda Richardson dans le film. A ma connaissance Barbara vit encore, elle doit avoir un peu plus de quatre-vingt dix ans, et sa dernière lutte était à la tête des retraités se dressant contre Tony Blair.

C’est un film différent de ce que l’on voit d’habitude et qu’il ne faut pas manquer. Un film comme les Anglais savent en faire, social et humain,        avec l’humour « so british ».

Ce que le film ne montre pas, c’est que, malheureusement, l’industrie automobile anglaise a disparu, au mieux rachetée par les Japonais, et Ford a aujourd’hui effectivement délocalisé ses activités et fermé l’usine...

11:33 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

17/03/2011

"Ici on s'occupe du merdier mondial !"

Télégrammes diplomatiques

 

Voyage au cœur de la politique extérieure de l'Europe

 

Marc Pierini

 

Editions "Actes Sud"

 

 

Il ne faut pas se laisser décourager par le titre : ce livre n'est pas un cours sur la "Politique Extérieure et de Sécurité Commune" de l'Union européenne.

Il mérite d'être classé dans la catégorie "écrivains voyageurs".

 

L'auteur, haut fonctionnaire de la Commission européenne raconte son parcours, en particulier ses affectations dans différents postes de "délégué" (ambassadeur) dans les pays de la rive sud de la Méditerranée.

 

Le livre a été publié en septembre de l'année dernière, donc avant tous les évènements qui agitent encore la région. Et il prend aujourd'hui une autre dimension puisqu'il parle de la Tunisie, de la Libye, du Maroc et plus généralement du partenariat euro-méditerranéen.

 

Pour avoir trop insisté sur les droits de l'Homme, il est menacé d'expulsion par le pouvoir de Ben Ali, ce qui relativise les critiques faites à l'Union européenne qui aurait été trop complaisante. "Malheureusement pour moi, et heureusement pour les droits de l'Homme, c'est là un sujet sur lequel l'Union européenne est, par tradition, insistante".

(Rappel : le livre a été publié juste avant la chute de Ben Ali).

"La question est maintenant de savoir si la Tunisie aura le courage d'être un pays pionnier dans le domaine de l'Etat de droit et des droits de l'Homme"

 

Il parle de la naissance d'un embryon de politique étrangère commune, difficile puisque certains pays s'alignent systématiquement sur les Etats-Unis.

Diplomatie essentiellement faite de "déclarations" et d'aide humanitaire. "La Communauté européenne  répare ainsi avec grand coeur, et des centaines de millions d'euros, les dégâts causés par d'autres"

 

 

"Ici on s'occupe de merdier mondial"

 

"L'un des grands talents des hommes politiques : vendre comme leur initiative personnelle une idée dont ils ignoraient tout la veille"

 

"Apprenez que le problème principal du voyage officiel, c'est de pisser. Donc, dès que vous trouvez le temps, n'hésitez pas !" (Claude Cheysson ; Chirac disait la même chose des campagnes électorales ; ayant la double expérience, je peux confirmer et les approuver l'un et l'autre !)

 

"La méthode européenne qui privilégie le dialogue et le compromis dans les situations de conflit, est le plus souvent perçue comme un signe de faiblesse"

 

"Sois curieux de tout, et, où que tu ailles, ouvre-toi au monde qui t'accueillera, mais n'oublie jamais d'où tu viens" (Elias Sanbar)

 

 

08:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)