12/02/2011
Tchad : veille d'élections
En étant positif, il est possible de dire que la campagne électorale a été pacifique, qu'elle s'est faite au porte à porte. Il est également possible de dire qu'elle a été de "faible intensité",qu'elle a provoqué peu d'engouement. Probablement à cause d'un niveau de communication proche du zéro pour ce que j'ai vu d'afficher et de "spots" télé.
L'opposition est éclatée, incapable de faire les listes communes ou un programme commun.
Le financement de chaque parti repose sur les moyens d'un chef tout puissant. D'où le succès de la mouvance présidentielles qui, en plus, ne se prive pas d'utiliser les moyens de l'Etat.
A la veille de l'ouverture du scrutin, je risque un pronostic : autour de 60% pour les candidats du Président !
Le niveau de participation sera interressant, en particulier dans le Sud, traditionnellement frondeur à l'égard de ce Président venu du nord est, mais largement démobilisé. Départ demain matin à 5 heures...
18:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Élections
Incendies
Incendies
De Denis Villeneuve
Avec Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin et Rémy Girard
Prix du public du Festival international du film francophone de Namur
Deux jeunes adultes partent à la recherche du passé de leur mère, conformément à la dernière volonté de celle-ci. Au bout du chemin, c'est eux mêmes qu'ils retrouvent.
Le passé de leur mère, leur passé, c'est le Liban des années 70. Celui du début des affrontements meurtriers entre les Palestiniens, chassés par les Israéliens en 67, parqués dans des camps, et les Chrétiens du sud, jusqu'aux massacres de Sabra et Chatila, dix ans plus tard.
Ames sensibles s'abstenir, "Incendies" est un film brûlant, à l'histoire poignante, réquisitoire, d'autant plus implacable qu'il est sans grandiloquence, contre l'intolérance et la guerre.
Les paysages libanais nous font oublier qu'il s'agissait, au départ, d'une pièce de théâtre. Ce n'est pas théâtral, ce n'est pas un huis-clos, c'est un voyage initiatique.
08:47 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
11/02/2011
touristes : la transition démocratique tunisienne a besoin de vos vacances
Une grande préoccupation : la situation économique
Il est évident que les troubles persistants ne favorisent pas le tourisme. Les réservations pour la saison 2011 ont chuté de 45%.
Pour offrir de meilleurs emplois, il faudra que le tourisme soit orienté vers plus de services avec une plus haute valeur ajoutée.
Beaucoup d'entreprises tournent au ralenti.
Des grèves spontanées, inhabituelles dans ce pays se déclenchent avec des revendications salariales et de conditions de travail.
La grève des douanes est particulièrement handicapante.
Chaque jour de travail perdu coûterait au pays 130 millions d'euros.
Le secrétaire général adjoint de l'UGTT parle de "débordements", mais "le syndicat est bien obligé de tenir compte des revendications", d'autant que des milliers de demandes d'adhésion arrivent en provenance du secteur privé (en particulier hôtellerie).
Le syndicat, qui est la seule force civile encore organisée dans le pays, joue un rôle de tentative d'apaisement, pour ne pas casser la machine économique.
Beaucoup d'investissements prennent du retard.
Les ministres et la centrale syndicale craignent que certains investisseurs se détournent d'une Tunisie respectant le code du travail et des salaires décents.
Les agences de notation ont baissé la note de la Tunisie, ce qui rend les prêts plus chers. Un représentant de la BEI est venu pour voir ce qu'il était possible de faire.
Personne n'oublie que le mouvement est parti d'une région du pays en retard de développement.
Tout le monde fait la distinction entre Tunis, la côte, et l'intérieur du pays beaucoup plus pauvre.
Comme le dit le ministre des affaires étrangères : "Il faut rendre les fractures sociales tolérables".
Le premier ministre dit vouloir se concentrer sur les questions économiques, laissant les questions politiques et de "souveraineté" au Président (remarque personnelle : comme il le faisait avec Ben Ali !)
Il dit avoir besoin de 5 milliards de$ pour relancer la machine économique.
L'aide de l'UE est demandé, y compris en faveur des petites entreprises.
Le rôle de l'Union européenne
La Délégation de l'UE en Tunisie a pour instructions, conformément aux conclusions du Conseil, d'entamer une reformulation des politiques pour favoriser la transition en utilisant tous les instruments de l'UE.
Le développement de l'intérieur du pays fera l'objet de programmes spéciaux. Avec une aide aux infrastructures, comme la Commission a l'habitude de le faire.
Le Premier ministre propose une décentralisation.
Mais quels seront les moyens de l'UE dans le cadre des perspectives financières ?
Nos interlocuteurs sont sensibles aux marques de solidarité de l'Union européenne.
Le Premier ministre (à qui Hélène Flautre a refusé de serrer la main) souhaite un renforcement des relations avec l'UE.
Les Tunisiens ont été sensibles au discours de soutien du Président Obama, et ont trouvé tardif le changement d'attitude de l'UE, en particulier du gouvernement français, particulièrement critiqué.
Généralement spontanément, ils font la différence entre la Commission, s'occupant des questions économiques, collaborant avec l'ancien régime et le Parlement européen votant des résolutions sur les droits de l'Homme.
Le ministre de la défense a exprimé sa déception à l'égard de "l'Union pour la Méditerranée "qui semble n'avoir comme première préoccupation que de bloquer les migrants".
Les parlementaires espagnols ont rappelé à de nombreuses reprises l'expérience de la transition vers la démocratie dans leur pays.
Un député bulgare (ALDE) a souvent fait le parallèle avec la transition des pays européens de l'ex bloc soviétique. Le délégué de la Commission a fait remarquer qu'à la différence de ceux-ci, pour la Tunisie, il n'y aura pas de perspective d'adhésion à l'UE.
Mais pour les Tunisiens, il est clair qu'il y a un espoir d'Association avancée, avec le reproche fait à l'Union européenne, de la part de certains, de regarder plus à l'est qu'au sud.
08:41 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie
10/02/2011
Observations électorales
Élu, il y a bientôt 30 ans sur une liste invalidée, sans que ni mes amis ni moi n'ayons rien vu.
Probablement victime de. Fraudes au 1er tour, j'ai toujours été sceptique sur les missions d'observation électorale. Surtout depuis que j'ai participé à quelques unes d'entre elles.
Je pense aux élections présidentielles en Mauritanie et à Madagascar : les deux présidents concernés ont été renversés depuis .
L'Union européenne ne va observer les élections que là où elle est invitée par le gouvernement en place, qui veut ainsi un "label" démocratique ...que généralement nous leur fournissons : ainsi le Rwanda, le Congo (les deux)...et le Tchad où. Je me rends : les jeux sont joués d'avance, les résultats globalement connus.
Le pire, c'est que quand la fraude est trop visible, et dénoncée par les parlementaires européens, ils sont priés par les Etats membres de se taire : intérêts géostratégiques obligent. Ce fut le cas pour l'Ethiopie (2 fois), le Nigeria, le Pakistan.
Les seuls cas valables me semblent être à l'issue d'une transition neutre, comme en Guinée et au Niger, ce qui a permis deux fois le succès de candidats socialistes...
08:53 | Lien permanent | Commentaires (0)
Tunisie : incertitudes
La lutte contre la corruption
Le président de la commission "d'établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption" est, lui aussi, unanimement respecté. Ce qui ne semble pas être le cas de tous les membres de sa commission.
Il dit avoir reçu "carte blanche" du gouvernement intérimaire, et tous les moyens requis, y compris informatiques.
Il a reçu 800 dossiers en trois jours et le "n° vert" mis en place est saturé.
Tous les corps administratifs ont l'obligation de transmettre les dossiers.
La commission disposera d'experts dans les domaines fiscal, financier, douanier et immobilier.
Elle va s'appuyer sur la Convention de l'ONU de 2003 contre la corruption.
Quand les faits seront avérés, les dossiers seront transmis au parquet.
La formation de juges spécialisés est souhaitée.
Conclusion du président de la commission : "Que Dieu nous aide dans ce grand bazar !"
Les "acteurs du changement politique"
Le mouvement des jeunes qui ont marché sur Tunis et obtenu le départ de Ben Ali avait pour slogan "Dignité - Liberté- Travail", avec un "ras-le-bol" contre un régime méprisant ne leur offrant aucune perspective d'avenir, malgré leurs formations.
Nous n'avons malheureusement rencontré aucun d'entre eux.
Personne ne se présente comme leur représentant, et les responsables de la "société civile" ou des partis politiques que nous avons rencontrés en nombre ne prétendent pas l'être.
Le "Conseil National pour les Libertés" (ONG) s'efforce d'organiser une convergence entre les "résistants" et les "vainqueurs", ce qui prouve bien qu'il n'existe pas de liens entre les uns et les autres.
Comme l'a dit le représentant du "Congrès pour la République" : "le peuple a été plus vite que l'opposition".
Personne ne semble craindre un danger islamiste.
Les responsables du parti Ennadha considère que leur islam politique s'inscrit dans le cadre d'une société pluraliste et libre et d'un Etat laïc, comme en Turquie, même s'il n'est pas question pour eux d'imiter des modèles étrangers, ni turc ni, encore moins iranien.
Pour eux la laïcité est la stricte neutralité de l'Etat, "pas comme en France où l'Etat intervient dans les affaires religieuses".
Il n'est pas question de remettre en cause l'égalité hommes/femmes.
Leur parti n'est pas théocratique et ils sont contre une dictature au nom de Dieu ou de l'islam.
Ils font le parallèle avec les partis démocrates-chrétiens.
Ils sont contre le terrorisme de groupuscule au nom de Dieu, mais également contre le terrorisme d'Etat.
Ils demandent si l'Union européenne est prête à accepter le choix du peuple s'ils obtiennent démocratiquement une majorité ?
Dans quels délais ?
Tout le monde est unanime pour considérer que le délai constitutionnel de deux mois pour tenir une élection présidentielle est impossible.
C'est pour un an que le Parlement devrait donner pouvoir aux Président et gouvernement intérimaires de légiférer par décrets.
Personne ne semble se formaliser sur le délai annoncé, de plus ou moins six mois, tant les forces politiques doivent avoir le temps de s'organiser.
Seuls les ambassadeurs des pays de l'UE nous ont parlé de l'attente d'un échéancier.
L'ambassadeur danois, considérant qu'il n'y a pas de démocratie sans partis politiques, suggère une aide des "familles" politiques européennes à leurs partenaires tunisiens.
Les incertitudes sécuritaires
Des incidents violents continuent à se produire.
Certaines entreprises sont victimes de racket.
Tous nos interlocuteurs incriminent des éléments de la police de l'ancien régime voulant semer le trouble.
Aujourd'hui, le maintien de l'ordre est d'abord de la responsabilité de l'armée, et la coordination générale est placée sous les ordres du chef d'état major de l'armée (celui qui refusé de tirer sur les manifestants et a obligé Ben Ali à partir), avec l'accord du ministre de la justice.
Une aide de l'UE à la réforme des forces de sécurité a été évoquée, en particulier pour les former au respect des droits humains.
Toutes les zones touristiques sont l'objet d'une vigilance particulière.
08:40 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages, tunisie