01/03/2011
Une vie chinoise (2)
Une vie chinoise
2. Le temps du Parti
Li Kunwu et P. Ôtié
Prix de la BD historique Blois 2010
Prix "Ouest France"
Editions Dargaud
Deuxième tome de la trilogie "Une vie chinoise". Il commence là où s'était arrêté le premier : à la mort de Mao. Et se termine, symboliquement, avec la mort du père du "héros".
P. Ôtié a "mis en scène" la vie du dessinateur chinois Li Kunwu, qui, dans ce deuxième tome, n'est plus Xia Li, le petit Li.
Li est devenu soldat. Il veut entrer au Parti. Ce qui est difficile pour lui, puisque ses grands-parents étaient des "bâtards noirs", de petits propriétaires terriens. Seulement 2% de la population chinoise sont membres du Parti. Il fait du zèle, au point d'être volontaire pour être affecté dans une unité de production agricole.
Mais les services de propagande de l'armée ont besoin de son talent pour magnifier la nouvelle ligne politique, dans laquelle il se reconnait pleinement.
La période est marquée par l'arrestation de la "Bande des Quatre", et la réhabilitation de Deng Xiao Ping, qui permettra celle du père de Li, après dix années de camp de "rééducation".
Li découvre également les émois de l'amour, ce qui renforce le côté humain de cette "vie chinoise".
Album en noir et blanc où se mêlent, selon les moments, la peinture traditionnelle au pinceau, les dessins si particuliers de la propagande chinoise, et l'influence des mangas.
"Lorsque l'armée et le peuple ne font qu'un, qui donc sur terre peut s'opposer à eux ?"
09:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
Pensées de François Mitterrand
Pensées, bons mots et traits d'esprit de
François Mitterrand
Sélectionnés par Laurent Pfaadt
Editions "City"
Je me souviens parfaitement que j'étais en mission à Chypre, il y a 15 ans, quand j'ai appris le décès de François Mitterrand.
Beaucoup de livres sont parus sur François Mitterrand, et ces 15 ans ont été l'occasion d'une petite reprise éditoriale.
François Mitterrand a été un orateur et un écrivain prolixe, et plutôt talentueux.
Laurent Pfaadt a fait sa sélection de quelques bonnes formules.
J'ai fait ma sélection au sein de la sélection...
"Salut à celles et à ceux que l'on bâillonne, que l'on persécute et que l'on torture, qui veulent vivre et vivre libres. Courage, la liberté vaincra"
"Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi"
"On ne jongle pas avec les espérances populaires"
"Il n'est pas besoin de tout approuver dans la politique d'un pays pour y aller"
"La démocratie, c'est le droit institutionnel de dire des bêtises"
"Dans la vie politique, il faut être offensif. Si on se défend, on a déjà perdu"
"Les grandes fortunes ne se font pas sur les chemins de la vertu"
"Être d'accord avec soi-même, je ne connais pas meilleur bulletin de santé"
"Ecrire, c'est vider son sac"
"L'amour et la beauté, la liberté et le savoir sont toujours à réinventer"
"La bonne gestion d'une erreur vaut mieux que certains succès"
"L'échec se jauge à l'espérance"
"Le christianisme, c'est la reconnaissance de la souffrance comme levier de l'espérance"
"Je suis né chrétien, et je mourrai sans doute dans cet état. Dans l'intervalle..."
"Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur de ne plus exister"
"On ne peut juger un homme qu'à la fin"
09:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
28/02/2011
le discours d'un roi
Le discours d'un roi
De Tom Hooper
Avec Colin Firth et Geoffrey Rush
Oscars 2011 : Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur acteur
Le scénario est original mais simple : le prince de York, père de la future souveraine Elisabeth, est bègue et manifestement très émotif ; il cherche à surmonter son handicap ; bien lui en prend puisqu'après la mort de son père et le "désistement" de son frère aîné, qui préfère l'amour au trône, il devient roi sous le nom de George VI.
Colin Firth joue incontestablement souverainement le rôle.
Mais j'ai surtout été séduit par le jeu de Geoffrey Rush, qui incarne le logopède (on dit également orthophoniste), sans diplôme et sans tabous, mais avec beaucoup d'humanité.
L'art du réalisateur est de nous captiver alors que, dès le début, nous connaissons la fin...
Au total un très bon film, sans être époustouflant. Classique et intelligent, avec un zeste d'humour britannique.
Meilleur film de l'année ? Cela me semble un peu exagéré tout de même.
14:04 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
27/02/2011
mystères d'un crime
L'assassinat d'Henri IV
Mystères d'un crime
Jean-Christian Petitfils
Editions Perrin
La pièce de théâtre, avec le convainquant Jean-François Balmer, m'a donné envie d'en savoir un peu plus.
Si l'on se pose la question habituelle "à qui profite le crime ?", la Reine, et son entourage italien, est la première suspecte : elle vient d'être couronnée, elle devient régente et la perspective d'une guerre s'éloigne contre les catholiques qui règnent à Vienne, Madrid et Bruxelles. Les scènes étaient parfois violentes avec son mari, qui, à l'occasion, menaçait de la renvoyer. Mais "la grosse banquière" ne semble pas avoir cherché le pouvoir.
Autre suspect : l'Archiduc Albert de Habsbourg, marié avec l'Infante d'Espagne Isabelle, souverain, sous la suzeraineté espagnole, des "Pays-Bas espagnols" (l'actuelle Belgique, sauf Liège, + le Luxembourg et une partie de l'Artois). Il craignait, lui aussi, une guerre de la France contre les Habsbourg, à propos de la succession du Duché de Clèves, guerre qui aurait pu se dérouler en partie sur son territoire, surtout si Henri mettait en œuvre son désir d'aller "récupérer" son dernier amour, la jeune Charlotte de Montmorency, devenue Princesse de Condé, retenue contre son gré, et par la volonté de son mari, à Bruxelles.
La thèse de Jean-Christian Petitfils est que Ravaillac a été manipulé par des conspirateurs à la solde de l'Archiduc Albert.
Le seul problème est qu'il ne fournit aucune preuve convaincante.
Que l'Archiduc ait souhaité la mort du roi est crédible. Qu'il ait conspiré dans ce but est possible. De là à armer le bras de Ravaillac...
Que Ravaillac ait été vêtu "à la flamande" ne prouve rien.
Que le régicide ait été persuadé que son geste serait apprécié, "bien reçu du peuple", prouve seulement qu'il avait l'esprit dérangé des exaltés persuadés d'avoir raison, dans un climat général d'intolérance religieuse, ravivée par l'appui apporté par le roi de France aux princes protestants contre Rodolphe II, Empereur du Saint Empire romain germanique.
Henri avait déjà échappé à une vingtaine de tentatives de meurtre. Il n'est pas étonnant que l'une d'elles finissent par aboutir.
Reste une certitude : "son assassinat a magnifié l'homme", devenu un des rois les plus populaires de l'Histoire de France.
Et une question : le régicide n'a-t-il pas favorisé le renforcement de l'absolutisme monarchique ?
"En politique, les apparences ont autant de poids que les réalités"
"Un quinquagénaire affolé par une nymphette" ; "Chez le Vert galant, le démon de midi s'attardait infatigablement"
08:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire
26/02/2011
Boulevard des branques
Boulevard des branques
Patrick Pécherot
Folio policier n°531
Paris, 1940, la "débâcle". Un détective privé parisien en pleine action. Avec l'utilisation de l'argot parisien de l'époque, mis en valeur par Audiard.
Au delà de l'enquête policière, le livre vaut par la restitution de l'ambiance de l'époque ("c'était un temps déraisonnable", Aragon dixit), la gestapo utilisant les policiers véreux, comme Pierre Bony, et des voyous, comme Henri Lafont, utiles à la répression, l'évocation de la guerre d'Espagne (où est passé l'or de la République envoyé à Staline ?), et surtout une dénonciation vigoureuse du sort réservé aux malades mentaux dans cette époque de "purification ethnique", "d'hygiène raciale" et de "prophylaxie" sociale.
"On estime à 40 000 le nombre de malades qui trouvèrent la mort dans les hôpitaux psychiatriques français entre 1940 et 1945".
"Cinquante ans plus tôt, là où paradaient les feldgraus, le préfet Poubelle avait fait sabler la chaussée pour que les chevaux des dragons ne glissent pas en chargeant les ouvriers"
"Le baratin, quand on y met le doigt, il vous emporte vite"
"Nous réclamons qu'on libère les forçats de la sensibilité"
"Les tortillards, ça incite à la réflexion"
"Le principe démocratique a contribué à l'affaiblissement de la civilisation en empêchant le développement de l'élite" (Alexis Carrel)
07:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature