08/09/2011
faut-il arrêter l'aide à l'Afrique ?
L'aide fatale
Dambisa Moyo
Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique
Editions JC Lattès
L'auteure est une économiste zambienne, diplômée d'Oxford et d'Harvard, travaillant chez "Goldman Sachs" après un passage à la Banque Mondiale.
Son constat est simple : résultats de l'aide occidentale à l'Afrique : essentiellement la corruption.
La moitié de l'aide étrangère versée à l'Afrique quitterait le continent chaque année.
"Les choses n'iraient peut-être pas si mal si les dirigeants africains réinvestissaient sur place l'argent volé"
"La vérité est que les malheureux en Afrique ne voient de toute manière rien des flux de l'aide"
Elle a raison de souligner que l'aide n'a pas empêcher le taux de pauvreté de s'accroître de façon vertigineuse, et le niveau d'alphabétisation de baisser.
Entre 1.000 et 2.000 milliards d'aide depuis les indépendances, donc quelques décennies, cela peut paraître énorme. Mais doit être relativisé et comparé, par exemple, aux 10.000 milliards dépensés depuis 10 ans par les USA dans la lutte contre le terrorisme, sans parler des 700 milliards annuels du budget américain de la défense, ou des 3.000 milliards échangés chaque jour sur les marchés boursiers.
Ses conclusions sont discutables : il faut arrêter progressivement l'aide ("elle fait partie du problème, pas de la solution"), sauf l'aide humanitaire, afin de responsabiliser les Africains.
"Les guerres civiles de Somalie peuvent être attribuée à une compétition entre factions pour le contrôle de l'importante aide alimentaire."
L'aide serait au développement "la maladie dont elle prétend être le traitement".
Le problème, c'est que cette solution risque de déresponsabiliser un peu plus les riches.
Les solutions qu'elle préconise sont également discutables, en particulier, de se tourner résolument vers la Chine.
Elle a raison de préconiser de se tourner vers les investisseurs privés (et pas seulement les Chinois), mais elle généralise un peu vite quand elle écrit : " les investisseurs ne sont plus des spéculateurs à court terme". Surtout qu'elle reconnaît elle-même : "Faire des affaires en Afrique est un cauchemar".
Ce livre a le mérite de poser une nouvelle fois, mais de façon directe la question : "comment l'Afrique peut-elle sortir de la situation actuelle ?", en y ajoutant une autre : "les Occidentaux doivent-ils, peuvent-ils l'y aider ?"
"L'aide fait partie intégrante de l'industrie du spectacle"
"L'aide internationale est devenue un bien culturel"
"La moralité pénétrée de culpabilité de l'Occident progressiste"
"Avec la Banque mondiale, le FMI, les agences de l'ONU, les agences gouvernementales et les 25.000 ONG enregistrées, l'aide est le gagne-pain d'un demi-million de personnes" "Les donateurs occidentaux ont une industrie de l'aide à entretenir"
"L'une des caractéristiques de la guerre froide fut l'empressement de l'Occident de soutenir, financer et épauler une bande de dictateurs pathologiques"
"Les fameuses conditions imposées pour l'aide n'ont pas plus de valeur que la feuille de papier sur laquelle elles figurent, car les donateurs cherchent désespérément à donner"
"L'ennui avec le modèle de dépendance de l'aide, c'est qu'il maintient le continent dans une perpétuelle enfance" ; "L'aide encourage un comportement de chasseur de rentes"
"A leur apogée, les flux du plan Marshall représentaient seulement 2,5% du PNB des pays bénéficiaires, pour une durée limitée. L'Afrique reçoit une assistance, considérée comme une source de revenus permanente, presque équivalente à 15% de son PNB."
"L'Afrique montre que l'abondance des terres et des ressources naturelles n'est pas une garantie du succès économique" ; "La dépendance à l'égard des ressources naturelles s'est révélée plutôt une malédiction qu'une bénédiction"
"On ne voit guère de représentants élus de l'Afrique, ou de hauts fonctionnaires africains chargés du dossier du développement, offrir leur opinion sur les mesures à prendre, ou suggérer ce qui devrait être fait pour sauver le continent de la régression. Cette responsabilité semble laissée à des musiciens qui résident hors du continent"
08:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique
07/09/2011
bien aimé(e)s
Les biens aimés
De Christophe Honoré
Avec Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier
Avec la participation de Milos Forman et Michel Delpech
Il y a les chansons, qui ne resteront pas dans l'Histoire, mais qui agrémentent le récit.
Il y a le Paris des années soixante, avec les coiffures et les vêtements de l'époque, et Paris aujourd'hui, en passant par Londres et Montréal.
Il y a une femme qui a aimé, qui aime, sans toujours savoir si elle doit écouter son cœur ou sa raison. Femme interprétée, selon les étapes de sa vie, par Ludivine Sagnier puis par Catherine Deneuve. Milos Forman et Michel Delpech sont touchants en sexagénaires toujours épris de la belle insaisissable.
Il y a la fille de cette femme, magnifiquement interprétée par Chiara Mastroianni, lumineuse, aux amours encore plus compliqués que ceux de sa mère.
A elles trois elles nous font sentir toute la gamme des sentiments amoureux.
Le film dure deux heures et demie. Je ne les ai quasiment pas vues passer. C'est un exploit, bref, j'ai bien aimé.
08:50 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
05/09/2011
Merci, continuez
Records battus
En juillet, pour la première fois, ce blog a reçu plus de 4 000 visites. Août confirme et dépasse. Mieux encore : presque 10 000 pages ont été consultées.
Le nombre de visiteurs restant stable (le record date de janvier 2010 avec 858 visiteurs), cela signifie donc que les visiteurs reviennent plus souvent, avec une moyenne de 150 visites par jour... et consultent plus de pages.
Merci, continuez !
08:06 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
04/09/2011
lutte contre l'obscurantisme
Aesculapius
Les mystères de Druon de Brévaux
Andrea H. Japp
Editions Flammarion
Du même auteur, j’ai déjà parlé dans ce blog de « Monestarium » (Livre de poche) et « La croix de perdition ».
Andrea H. Japp invente le personnage d’Héluise, fille de médecin condamné par l’Inquisition et qui, pour échapper à celle-ci, se transforme en Druon de Brévaux, « mire » (médecin laïc) et chevalier, au temps du roi Philippe le Bel.
Son errance l’amène au château d’une baronne veuve énergique, en butte à une conspiration, via les massacres commis par une bête tellement énorme qu’elle ne peut être que l’incarnation du diable.
Andrea H. Japp arrive, sans peine, à nous convaincre des capacités des femmes, (c’et un roman très féministe), mais pas au fait qu’une femme du XIVe siècle, même grimée, puisse se faire passer pour un homme.
Il est vrai que depuis le XIIe siècle, les femmes n’avaient plus de droit d’exercer la médecine, même comme « miresse », sous peine d’être considérées comme des « sorcières ».
« On se lasse vite de la beauté, rarement de l’esprit »
« Tant d’êtres sont morts à cause des convictions des autres »
« C’est un travers classique de l’esprit : ne retenir que ce qui appuie notre conviction »
« Il existe une pléthore de vérités, puis qu’on les façonne, pour la plupart »
08:21 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
03/09/2011
Les Améridiens dans la "grande" guerre de 14/18
Le chemin des âmes
Joseph Boyden
Livre de poche n°30959
Le film "Indigènes" a rappelé aux Français la part prise par les "coloniaux" dans la libération de notre pays.
Joseph Boyden, écrivain canadien, met en scène deux indiens du grand nord canadien, combattant dans les batailles du nord de la France (Vimy, Lens, Cambrai) à la fin de la première guerre mondiale.
J'ai repris mon livre d'Histoire de classe terminale : rien sur la participation des Canadiens dans la guerre de 14-18 ! C'est donc peu dire que l'action des "indigènes" du "nouveau monde" dans cette guerre est peu connue des Français. Et pourtant je connaissais la présence de tombes canadiennes dans les cimetières militaires du Pas-de-Calais.
Vérification faite, le Canada s'est rangé du côté du Royaume-Uni, donc du notre, dès 1914, mais les soldats canadiens ne sont intervenus sur notre sol qu'en 1916, et surtout à partir de 17, quand la conscription a été mise en place là-bas, malgré l'opposition des francophones...
Le retour au pays est l'occasion d'évoquer la vie fruste, au contact direct d'une nature hostile, de ces indiens, grands chasseurs par nécessité et formation ancestrale.
Ils ont utilisé à la guerre leurs capacités à survivre dans un environnement hostile, à se mouvoir discrètement et à faire mouche.
L'occasion de rappeler les horreurs de la vie dans les "tranchées" : les rats, la vermine, l'humidité qui pourrit tout, les gaz, la nourriture infecte, le vin et la morphine pour tenir le coup. Les gradés arrogants, les amitiés, les jalousies, les haines : la vie au centuple au risque continuel de la mort. Avec un certain fatalisme : "je ne vais pas m'inquiéter de ce que je ne peux pas maîtriser".
L'occasion de rendre hommage aux soldats amérindiens qui ont combattu pendant la "Grande" guerre, ces hommes admirables victimes du racisme ("Quand nous rentrerons chez nous, rien n'aura changé, on nous traitera toujours comme des merdes".)
Le "chemin des âmes", c'est celui qu'empruntent les esprits vers un monde meilleur.
Un livre à lire à l'occasion du prochain 11 novembre...
09:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature