30/05/2011
Pérou : Keiko / Ollanta
Pérou : vers le 2ème tour de la présidentielle
Il y a quelques mois j'ai eu la chance de rencontrer, à Lima, les deux candidats présents au deuxième tour de l'élection présidentielle.
Je ne savais pas alors que telles seraient leurs positions, et eux non plus...
Le moins que l'on puisse dire est qu'Ollanta Humala ne m'avait pas fait une bonne impression. Je ne l'attendais pas à le trouver en possible vainqueur.
Peut-être est-il excellent orateur dans les meetings ?
Ancien militaire, nationaliste, il nous avait expliqué que la gauche et la droite étaient des notions du XIXe siècle, dépassées, qui plus est importées d'Europe, donc ne s'appliquant pas à l'Amérique latine.
Il n'accepte qu'une seule étiquette : "Péruvien".
Et, bien entendu, les violences sont le fait des Colombiens ou Mexicains narcotrafiquants.
Il est souvent classé à gauche par les journalistes français parce qu'opposé à la globalisation capitaliste. Il ne repousse pas l'idée de nationalisations indemnisées.
Il souhaite, et c'est bien normal, que son pays cesse d'être un exportateur de matières premières.
S'il est élu, il annonce déjà une renégociation de l'accord commercial avec l'Union européenne. Il ne croit pas à un accord "gagnant/ gagnant". Il veut protéger la production nationale par des barrières douanières.
Il considère qu'il y a trop de conflits sociaux, et qu'ils freinent le développement.
Il se veut l'héritier d'une "grande civilisation" (Inca).
En comparaison, Keiko Fujimori est brillante.
Elle avait commencé sa campagne, comme son père, en multipliant les visites dans de petites villes de province, oubliées des autres candidats, trop centrés sur la capitale.
Reconnaissant que le gouvernement sortant laissait une situation macro-économique favorable, elle voulait mettre l'accent sur les "petites choses concrètes", "comme le font les femmes", "passionnées" et "organisées", puisque devant faire face à des tâches multiples.
Elle est en faveur de l'intégration régionale, en particulier l'intégration économique, en prenant l'exemple européen.
Elle mettait l'accent sur la modernisation de l'enseignement, et donc une meilleure formation des enseignants. J'aime quand des candidat(e)s donnent la priorité à l'éducation...
Par rapport à l'héritage paternel, elle déclare : "je suis une démocrate", "j'étais contre le troisième mandat de mon père" (celui des atteintes aux droits de l'Homme et à la démocratie, qui lui valent d'être en prison pour 25 ans). Elle promet de ne pas l'amnistier.
Elle a fait campagne sur son prénom, avec comme sigle un immense K !
Tous les sondages les donnent au coude à coude...
15:51 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0)
22/11/2010
coca, la feuille sacrée des Incas
Coca, la feuille sacrée des Incas
Cultiver la coca n'est pas illégal, car la coca n'est pas la cocaïne, mais son commerce l'est. 90% de la production de feuilles de coca serait destinés au narcotrafic.
Le trafic, qui a explosé entre 1980 et 1995, a muté après la chute des cartels de Cali et de Medellin.
Les Mexicains ont remplacé les Colombiens et, contrairement à ces derniers, ils préfèrent sous-traiter au maximum et laissent les chimistes produire sur place.
Dans le même esprit de vases communicants, quand la production diminue en Colombie, elle augmente au Pérou et réciproquement.
60.000 hectares sont concernés, dans des zones pauvres et qui le restent, à proximité des frontières avec la Bolivie et la Colombie.
La culture provoque une déforestation sauvage qui provoque la dégradation des sols et une perte de biodiversité.
La consommation sur place a augmenté, mais l'exportation reste largement prédominante.
Le phénomène nouveau est l'arrivée massive en Amérique latine de drogues de synthèse venues d'Europe.
L'exportation, par les fortunes qu'elle génère, et qui permettent la corruption, pèse sur la gouvernance et provoque des violences.
Le reliquat des groupes terroristes sert, avec d'autres, de force armée aux trafiquants.
Nous avons visité l'Agence gouvernementale qui tente de lutter contre le phénomène : prévention, réhabilitation, développement de cultures alternatives (huile de palme, cacao, café), mais ses responsables considèrent que la solution ne peut être seulement économique. Ils regrettent qu'en cinq ans l'aide internationale ait été divisée par deux.
Selon un ambassadeur européen, cela ne sert à rien de verser de l'argent dans le "tonneau des Danaïdes" puisqu'en raison de la loi du marché, tant qu'il y a aura de la demande...
Je me suis contenté de ramener du "maté" de coca !
08:41 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0)
11/11/2010
Mario Vargas Llosa contre les utopies politiques en Amérique latine
Rêve et réalité de l'Amérique latine
Avant de se voir décerner le Prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa a écrit, pour la revue "Problèmes d'Amérique latine", un article dans lequel il fustige les fantasmes projetés par les Européens sur l'Amérique latine. "L'Amérique latine est une réalité fictive sur laquelle ils reportent leurs utopies frustrées".
A commencer par les rêves des "conquistadors" : "ce qui était impossible dans l'Ancien Monde devenait possible", l'El Dorado !
Fantasmes de révolution, par procuration, réveillés par Cuba, "dictature qui a le privilège d'être la plus longue de celles qu'a connues l'Amérique latine". "Pourquoi ce qui est mauvais pour les Européens serait-il bon pour les Latino-Américains ?". "Avec "la mentalité des anciens colonisateurs pour lesquels l'Amérique latine n'était pas une réalité, mais une fiction".
"En matière politique, à la différence de ce qui se passe dans le monde artistique et littéraire, il convient de distinguer très clairement la réalité de la fiction." "La confusion de la réalité et de la fiction a toujours eu des conséquences tragiques pour l'humanité".
Il dénonce ces "écrivains et artistes occidentaux qui, déçus par leur propre culture, partirent à la recherche d'autres plus à même de satisfaire leurs appétits d'exotisme, de primitivisme, de magie, d'irrationalité et d'innocence, et qui firent de l'Amérique latine la cible de leurs utopies". "L'Amérique latine ne paraît avoir d'autre raison d'être que de servir de scène à leurs chimères romantiques."
Il trouve particulièrement dangereuse "la guerre des races que certains progressistes irresponsables utilisent pour faire de l'agitation et de la propagande".
"Que l'utopie se cantonne à notre littérature et à nos arts !"
Dans le domaine politique et social, "seule la vision réaliste - le pragmatisme de ce qui est possible dans un cadre où coexistent la légalité et la liberté - amène le progrès et la prospérité."
"Nous avons besoin de créer un monde où le bonheur ne s'atteint pas en niant la réalité, ni en se réfugiant dans le rêve et la fiction, mais en regardant la vie réelle en face".
Dans le même numéro de la revue "Problèmes d'Amérique latine", un article de Gilles Bataillon, directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes et Sciences Sociales, qui s'attaque au mythe de "Che" Guevara qui "incarne la figure du héros révolutionnaire", mais que l'article montre comme "au premier chef, le théoricien du pouvoir absolu de Castro", "apologiste du pouvoir de l'égocrate".
08:15 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
08/11/2010
pour une révolution éducative
Toledo, « El Cholo »
La presse présente souvent Evo Moralès, l’actuel Président bolivien, comme le premier « indien » Président d’un pays américain.
Sans parler de quelques « caudillos », cette affirmation oublie un peu vite Alejandro Toledo, Président du Pérou de 2001 à 2006, surnommé « El Cholo », « l’indien ».
La grande différence est qu’Evo met en avant, y compris électoralement, ses racines indiennes, alors qu’Alejandro souligne qu’il a été boursier dans une grande université américaine.
L’entretien se tient au coin de la cheminée, où crépite un feu de bois, dans le salon de la grande maison de Toledo, à Lima.
En jeans et pull, « El Cholo » raconte : « Ma mère a eu 17 enfants. 7 sont morts avant leur premier anniversaire, en particulier à cause de la malnutrition. Je suis le seul à avoir eu la chance d’aller au collège. Avec l’éducation tout devient possible. Je ne suis candidat à rien. Je suis un ex-président et mon rêve est de provoquer une révolution éducative.
Pour cela il a créé une fondation. Malicieux, il me glisse : « j’ai même réussi à avoir Chirac et Jospin dans mon comité directeur ! »
Pas candidat ? Un de ses adversaires politiques nous dit le lendemain : « dans ce cas il faut prévenir le fou qui fait peindre sur tous les murs « El Cholo Présidente ».
En 2006, la côte de popularité de Toledo était si basse qu’il avait du renoncer à défendre ses chances pour un deuxième mandat…
10:48 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (3)
15/04/2010
proposition équatorienne
Les Equatoriens ne manquent pas d'humour
Le gouvernement équatorien propose aux USA une aide de 2,5 millions de $ (1,8 million d'euros) s'ils ratifient, enfin, le protocole de Kyoto.
Le gouvernement équatorien souhaite un pacte climatique au niveau planétaire, réellement multilatéral, basé sur les normes et les protocoles de l'ONU.
10:37 Publié dans Amérique latine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : environnement