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05/10/2016

Une biographie de Tocqueville

Alexis

La vie aventureuse du comte de Tocqueville

de Christine Kerdellant

éditions Robert Laffont

 

Alexis de Tocqueville est, justement, connu pour ses écrits sur la démocratie américaine et les causes de la Révolution française. Ce livre s'attache à raconter sa vie plus qu'à analyser ses célèbres ouvrages.

Son père est préfet de Louis XVIII et de Charles X, Pair de France, mais accepte qu'Alexis se marie avec une roturière. L'auteur s'attache à montrer l'importance du rôle de l'épouse d'Alexis. Il n'y a pas d'homme remarquable sans compagne qui ne le soit également. "Cette société accepte les liaisons illégitimes plus facilement que les mariages non assortis."

Peu favorable à la "Monarchie de Juillet", il part aux Etats-Unis pour une grande enquête officielle sur les systèmes pénitentiaires (de la responsabilité de chaque Etat)...et s'intéresse surtout au système démocratique et aux méfaits de l'esclavage, y compris pour les esclavagistes. "A l'Institut comme à la Chambre, Tocqueville est l'un des premiers à militer pour l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises."

"L'Amérique restera pour lui le pays qui réconcilie la religion et la démocratie, la foi et l'intelligence."

Descendant de Malesherbes, neveu de Chateaubriand, Tocqueville est un "châtelain rouge", siégeant à gauche de l'hémicycle, dénonçant l'aveuglement de la noblesse avant la Révolution et lors de la Restauration, stigmatisant les inégalités. Son opposition au coup d'Etat de 1851 lui vaudra d'être emprisonné, peu de temps il est vrai, lui l'ancien ministre des affaires étrangères du "Prince-Président".  

 

"Cette fausse camaraderie des parlementaires entre eux...En politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés."

"Chez nous, on s'agace que l'Etat se mêle de tout, mais au fond, on trouve cela naturel, et même on le souhaite !"

"L'islam mêle religion et politique. Il y voit la cause première du despotisme et de l'immobilité sociale qui affaiblit les nations qui l'ont pour religion."

"La folie des hommes intelligents est une chose merveilleuse."

"La recherche du bonheur parfait est aussi vaine que celle de la vérité absolue."

"L'Europe est une nation composée de nations."

 

16:10 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

10/09/2016

Vers la victoire de Yorktown

Le vent d'Amérique

Les hommes de la liberté, tome 2

1778/1782

Claude Manceron

éditions Robert Laffont

 

Deuxième tome des biographies croisées des futurs acteurs de la révolution.

Au début  de l'ouvrage Marie-Antoinette enfante enfin, après neuf années de mariage. Mais c'est une fille ! A la fin, début 82, elle donne naissance au dauphin que la France attendait. De l'autre coté de l'Atlantique, "u nouveau monde est en train de naître".

Ces années sont marquées par la marche vers l'indépendance américaine, avec l'aide de la France, sur fond de sa rivalité avec l'Angleterre. L'amiral De Grasse semble plus décisif que Lafayette. Il n'a pas demandé l'autorisation de son ministre car à Versailles beaucoup considèrent que "l'esprit de révolte est toujours un dangereux exemple." (Vergennes)

Le lecteur croise Sartines, "dont les maquerelles et les filles étaient les indicateurs, par l'intermédiaire de Le Noir, son homme de paille, chargé de la police.", le futur "Philippe égalité", "Grand-Maître de la Grande Loge de France", "une maçonnerie mondaine et snob". Il considère "toute religion présentée comme l'oeuvre de Dieu comme une absurdité." ;Mirabeau emprisonné par la volonté de son père ("sans livres, je serais bientôt mort ou fou" ; Sieyes ("il a épousé l'ambition") ; Necker qui est renvoyé après avoir publié les comptes du pays, "première tentative d'analyse financière de la France" ; "le secret du roi est violé au niveau le plus sensible : celui du porte-monnaie" ; et quelques autres...

 

 

"Toute l'affabilité conquérante des hommes hantés par leur courte taille" (à propos du Duc de Broglie)

 

17:05 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

03/08/2016

Joachim Murat, fils d'aubergiste devenu un éphémère roi de Naples

Le sabre de l'Empire

Michel Peyramaure

éditions Robert Laffont

 

Il y a quelques mois, un ami américain, professeur d'Histoire, de passage à Paris,  me demanda de l'accompagner au cimetière du Père Lachaise. A ma grande surprise, c'est la tombe de Murat qu'il voulait voir ! Je me suis donc senti obligé d'en lire un peu plus sur ce personnage à la vie épique, dont le destin fut d'autant plus lié à Bonaparte, dans l'ascension comme dans la chute, de victoires en défaites, qu'il lui avait donné l'autorisation d'épouser sa soeur Caroline, après son aide décisive lors du coup d'Etat du 18 Brumaire. Aide de camp devenu Maréchal, puis Duc, et enfin roi. "Bonaparte n'avait que mépris pour ses tenues vestimentaires."

Impossible de parler de Murat sans évoquer son épouse, Caroline, boulimique dans tous les domaines. Partis de rien, "les Murat détenaient une des plus grosses fortunes du pays. (dont l'Elysée )"

Pour tenter de sauver son trône, Murat n'a pas hésité à faire preuve, avec maladresse, de duplicité frisant la trahison, héritant du sobriquet de "petit Machiavel de Cahors".

Ses tentatives pour récupérer son royaume ont lamentablement échoué. Pendant qu'il était jeté en prison, avant d'être fusillé, en Calabre,  son épouse menait à Vienne la vie dissolue qui avait toujours été la sienne.

Las Cases, dans son "Mémorial de Sainte-Hélène" a rapporté des propos très durs de l'exilé au sujet de son beau-frère : "Il était brave, mais fait pour être subalterne. Merveilleux sabreur, Murat n'était pas une tête politique. Il n'était bon qu'au feu. Il se croyait un grand homme. Ce sot a refusé l'asile que lui offrait Metternich où il aurait pu vivre très heureux."

 

16:00 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

09/07/2016

La Terreur à Montpellier

D'un rouge incomparable

Véronique Chouraqui

TDO éditions, collection "Histoire du Sud"

 

Le "rouge incomparable", c'est celui obtenu,  dès le XIIe siècle,  par les drapiers de Montpellier à partir de la femelle d'un insecte minuscule, plus petit qu'un moustique, la cochenille, donnant un pigment rouge incomparable. Secret des draperies vermillon, carmin et cramoisi.

Et quand la tête de la belle et méritante drapière, innocente injustement condamnée,  tombe sous la guillotine, "le soleil se mit à saigner d'un rouge incomparable "...

Une belle histoire d'amour impossible, commencée sous l'ancien Régime, prolongée sous la Terreur.

Dommage que le parti pris historique de l'auteur soit si flagrant contre "ces opportunistes sanguinaires qui pondaient les lois".

La Révolution dans l'Hérault , c'est quand même aussi le député Fabre, tombant au combat contre les troupes espagnoles entrées en Roussillon.

Le "peuple" est décrit comme composé de "brutes stupides. Une meute fanatique d'animaux  sauvages."

Catherine, jeune domestique sachant lire et écrire, est une émule d'Olympe de Gouges. Contrairement à son modèle elle échappera à l'échafaud. Les domestiques ne pouvant pas témoigner en faveur de leur maîtresse. Le vote des domestiques hommes sera l'objet de longs débats. Un(e) domestique n'était pas considéré comme un citoyen à part entière ! Et les femmes non plus...

 

 

17:24 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

21/06/2016

Mourir en député(e)

La liberté ou la mort

Mourir en député

1792/1795

Michel Biard

 

Entre 1792 et 1795, 86 parlementaires, membres de la Convention, sont décédés de mort non naturelle. Dix de plus entre 95 et 99.

"Entre 1789 et 1791, la vigueur du débat n'implique pas encore d'éliminer son adversaire, mais de convaincre par la seule force de la raison, puis par un vote de l'assemblée."

Le premier sang versé d'un représentant sera l'assassinat de Le Peletier de Saint Fargeau, tué, parce qu'il avait voté la mort du roi,  par un ancien garde de Louis XVI.

Outre Marat, cinq autres membres de la Convention meurent assassinés.

Féraud est frappé à mort et décapité dans la salle même de la Convention.

Fabre, de l'Hérault, envoyé en mission auprès de l'armée à la frontière espagnole, meurt au combat.

Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, anciens membres du Comité de Salut public,  sont déportés en Guyane, "la guillotine sèche".

L'immense majorité des morts vient de la violence de l'affrontement entre Gironde et Montagne. Les 3/4 meurent entre l'été 93 et l'été 94. 94% sont Girondins ou Montagnards. "La mise à l'écart politique se solde par une exécution collective."

Aucune autre Assemblée nationale n'a connu une telle saignée.

"La Révolution, comme Saturne, dévorera tous ses enfants." (Vergiaud)

"Rien n'est plus difficile que de définir un crime politique" (Danton)

Seize représentants choisissent de se donner la mort pour des raisons politiques, et une dizaine le tentent sans succès.

De nombreuses propositions seront faites d'entrée au Panthéon. Seuls Le Peletier puis Marat auront finalement droit à cet honneur. L'auteur n'explique pas quand et pourquoi ils en ont été exclus . 

"La mort est moins importante que l'immortalité de l'âme et l'immortalité de l'exemple."

 

12:10 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire