16/06/2017
1848/1871
Le crépuscule des révolutions
Quentin Deluermoz
Histoire de la France contemporaine
éditions du Seuil
1848 : la révolution parisienne qui chasse Louis-Philippe fait tâche d'huile : l'Italie s'embrase contre la tutelle autrichienne. Les autres nationalités de l'Empire des Habsbourg s'agitent et demandent la création de parlements élus. A Berlin, Frédéric-Guillaume IV est obligé de céder face aux émeutiers. Malgré le reflux, "la fin du printemps des peuples n'est pas un retour en arrière."
1871 : la Commune de Paris, "le plus grand massacre civil du siècle français et européen." De nombreux combattants étrangers viennent porter main forte aux Parisiens, le plus célèbre étant Garibaldi, mais rien ne se passe au delà des frontières.
"La notion de propriété individuelle n'est pas remise ne cause. Le socialisme y apparaît dans son sens du XIXe siècle comme un remplacement progressif du capitalisme par la libre association des coopératives de travailleurs."
Le Second Empire soutient le capitalisme émergent. Naissance d'un véritable capitalisme industriel favorisé par la naissance de grands établissements bancaires (Crédit Lyonnais, Société Générale, Paribas etc..
Les travailleurs quittent les campagnes pour rejoindre les usines qui se développent dans la périphérie des villes, "véritables mouroirs pour les populations fragiles."
C'est "le crépuscule des révolutions", et le triomphe du parlementarisme. Un Parlement inflexible face à la Commune de Paris.
Quentin Deluermoz enseigne à Paris XIII. Il a participé à l'Histoire mondiale de la France.
17:13 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, révolutions
12/06/2017
Berlin 1904/2014
La robe de Hannah
Pascale Hugues
éditions "les arènes"
Journaliste française en poste à Berlin décide de partir sur les traces des femmes et des hommes ayant habité "sa" rue depuis sa construction au début du XXe siècle.
A travers leurs histoires, c'est tout un pan de l'histoire de Berlin, et donc de l'Allemagne, qui nous est donné à voir : la crise économique des années 30, la montée du nazisme, les familles juives quittant le pays ou déportées ("eux si parfaitement assimilés, "la bourgeoisie du savoir"), les bombardements destructeurs de la fin de la guerre, les viols à l'arrivée des soldats russes.
Rue de Berlin Ouest, abritant quelques artistes de passages tels David Bowie.
Rue qui se transforme en raison de la spéculation immobilière qui accompagne la réunification.
"Tout ce qui est étranger représente pour lui une menace permanente."
"Celui qui a beaucoup vu de ce monde sourit, croise les mains sur son ventre et se tait."
08:44 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
26/05/2017
1848/2017 : 25 Présidents de la République
L'accent du Midi
éditions "La Dépêche du Midi" / "Midi Libre"
Le premier Président: Louis-Napoléon Bonaparte. La Constitution de la IIe République ne l'autorisait pas à se représenter : il a donc fait un Coup d'Etat, et préféré devenir empereur, Napoléon "le petit".
Parmi les 25 Présidents de la République (doit-on dire "des Républiques" la IIe, la IIIe, la IVe, la Ve ?) quatre avaient l'accent du Sud.
Emile Loubet, "le père tranquille", ancien maire de Montélimar. Succédant à l'anti-dreydusard Félix Faure, mort en pleine action amoureuse à l'Elysée, Loubet cesse de bloquer le procès en révision du martyr de l'île du Diable et signe la grâce de Dreyfus.
"C'est la Belle époque, la France entre dans le XXe siècle, la prestigieuse Exposition universelle, la tour Eiffel, la première ligne du métro..."
Le second est Armand Fallières, ancien maire de Nérac (Lot-et-Garonne), petit-fils de vigneron. Il fit transférer les cendres d'Emile Zola au Panthéon, ce qui était une façon de clore l'affaire Dreyfus. Opposé à la peine de mort, il graciait les condamnés. Il instaura l'isoloir afin de rendre les votes secrets. C'était le temps des premières automobiles et des début du cinéma. Il fit entrer l'armagnac à l'Elysée.
Sa phrase restée dans l'histoire : "La place n'est pas mauvaise, mais il n'y a pas d'avancement !"
Il ne fit plus parler de lui. Le régime de Vichy fit fondre la statue de bronze que le Lot-et-Garonne lui avait érigée.
Le troisième est Gaston Doumergue, natif d'Aiguës-Vives, aux portes de la Camargue, à moins de dix km de l'endroit où je me trouve. Une circonscription représentée aujourd'hui par Maître Collard, du FN. Ici, Doumergue reste pour toujours "Gastounet".
Il est le seul Président de la République "parpaillot". Quand il quitta l'Elysée , en 1931, il s'installa dans la propriété de sa femme, épousée 13 jours avant de quitter l'Elysée, à Tournefeuille, à côté de Toulouse.
En 1937, Gastounet est mort dans le lit dans lequel il était né, à Aigues-Vives.
Le quatrième fut le socialiste Vincent Auriol, fils du boulanger de Revel, Haute-Garonne. Il était parvenu à imposer dans les menus de l'Elysée le cassoulet et la garbure.
08:38 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
07/05/2017
Comme s'ils n'existait plus de fascistes aujourd'hui.
L'administrateur provisoire
Alexandre Seurat
éditions du Rouergue
L'auteur apprend que son arrière grand-père a été "administrateur provisoire" de biens de juifs spoliés pendant la guerre. Confronté au silence des aînés de la famille, il se plonge dans les archives du "Commissariat général aux questions juives." Il imagine, sous forme de roman, le sort de trois de ces familles juives spoliées. C'est une page sombre de son histoire familiale qui ressort, reflet d'une période peu glorieuse pour notre pays.
Parmi ces familles, celle de Pierre Dreyfus, "fils du trop célèbre Alfred Dreyfus". "Il a aidé son père à écrire ses mémoires, il les a publiés, il rejoindra bientôt les Forces Françaises Libres". "Que Dreyfus soit capable de trahir, je le conclus de sa race" écrit l'aïeul.
Conformément à la loi du 22 juillet 1941 "relative aux entreprises biens et valeurs appartenant aux juifs", décrétée par "Nous, Maréchal de France", "l'administrateur provisoire a de plein droit, les pouvoirs les plus étendus".
Sont concernées toutes les entreprises ayant plus d'un tiers de juifs dans leur conseil d'administration.
"La loi française ne fait nullement reposer la définition juridique du Juif sur le critère religieux. Elle se contente de l'utiliser comme élément de discrimination." (règlement du Commissariat aux questions juives)
L'administrateur provisoire prend possession des biens, dresse l'inventaire, fait un appel d'offres ou liquide.
"Certains subtilisent, falsifient, extorquent par le chantage, s'arrangent pour racheter avec l'idée de revendre très vite beaucoup plus cher (ce que les règlements vichystes interdisent formellement). Le produit de la vente est bloqué sur un compte à la Caisse des dépôts".
Ceux qui sont déportés, via Drancy ou Pithiviers, ceux qui parviennent à s'enfuir ne réclament rien, ne touchent rien...
En juin 1943, l'arrière grand-père est relevé de ses fonctions. Son successeur se plaint de toutes ses irrégularités. Il s'est attribué des honoraires "significatifs", pris sur les biens confisqués. Il a "prélevé plus de deux fois plus que ce à quoi les règlement vichystes l'autorisaient."
En 1947, est mis en place, au ministère de la Justice, un "service de contrôle des administrateurs provisoires. En 1952, le dossier de l'arrière grand-père est classé "à titre interruptif de prescription". "Il n'a jamais été jugé, il a vécu tranquille après ça."
Il faudra attendre 1997 pour mesurer toute l'ampleur de la spoliation des Juifs de France.
07:28 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, littérature
05/04/2017
De l'Empire à la République
Comités secrets du Parlement
1870/1871
éditions Perrin, en collaboration avec l'Assemblée Nationale
Présentation d'Eric Bonhomme
Le règlement du Corps Législatif du Second Empire prévoit que celui-ci peut se réunir en "comité secret", donc à "huis-clos", afin d'éviter la pression du public. Les participants sont tenus au secret, mais un compte-rendu est tout de même rédigé par les services. Il n'a été rendu public qu'en 2011.
En août 1870 la situation militaire justifie ces séances. Le 4 septembre, la République sera proclamée à l'Hotel de Ville de Paris après la défaite des armées françaises.
En mars 1871, c'est l'insurrection parisienne qui émeut les parlementaires, qui veulent en débattre entre eux, à Versailles, sous la protection de l'armée prussienne.
Le premier comité secret montre le refus de la majorité du Corps Législatif d'envisager la défaite. Chez les Républicains, la levée en masse constitue un mythe tenace.
La séance du 26 août porte sur la proposition d'armer le peuple de Paris, de passer d'une garde nationale bourgeoise à une milice populaire. Comme le souligne le député républicain de gauche Raspail, le corps législatif a "d'avantage peur de la garde nationale que des Prussiens." Jules Favre propose la prise du pouvoir par l'Assemblée. La question est également posée de l'organisation d'une guerre de partisans dans les zones occupées par l'ennemi. "Armez les citoyens" (Jules Favre).
La séance de mars 1871 porte sur la proposition d'organiser rapidement des élections municipales à Paris , afin de contre balancer la Commune. Mais la Droite ne parle que de répression de l'insurrection , de défense de l'ordre et ajourne l'organisation d'élections municipales à Paris la républicaine. L'ennemi principal n'est pas le Prussien, mais l'ouvrier parisien insurgé. "Le pays doit s'unir à l'armée pour réprimer le désordre." tandis que Victor Schoelcher (célèbre auteur de la loi d'abolition de l'esclavage en 1848) s'écrie "essayons tous les moyens qui peuvent prévenir l'effusion de sang."
Les Républicains, pourtant minoritaires sont les véritables animateurs de ces séances.
Dans ces réunions parlementaires il est intéressant de voir combien la procédure est instrumentalisée à des fins politiques. En 70 sous la présidence du maître des forges Schneider, en 71 sous la présidence de Jules Grévy, orchestrateur de la politique de Thiers (La République sera conservatrice ou ne sera pas).
17:53 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire