06/06/2016
Une petite ville pendant la révolution
Etampes en révolution
1789-1799
Etampes, petite ville chère à mon coeur. J'y ai été lycéen, je m'y suis marié, j'y ai travaillé (à la gare), nos trois enfants y sont nés.
Etampes, débouché naturel des grains de la Beauce vers la capitale.
Son marché y était donc essentiel en périodes de disette, ou de spéculation.
Tellement important que le 3 mars 1792 le maire, Jacques-Guillaume Simonneau, riche tanneur employant une soixantaine d'ouvriers, s'oppose à la foule, d'Etampois, ou venue des environs, qui réclame qu'un maximum de prix soit établi sur les grains, car le pain est devenu trop cher pour les démunis, même ceux qui ont du travail. A ce moment là, la loi ne prévoit pas une telle mesure. Le maire va même jusqu'à donner l'ordre de tirer sur les manifestants. Les militaires s'y refusent. Il faudra attendre le Comité de Salut public de Robespierre pour que ce maximum soit établi.
Simonneau est tué d'un coup de sabre à la tête, suivi d'un coup de fusil.
Pour les modérés, il devient le martyr de la Loi. Sa ceinture de maire, tachée de sang, est suspendue aux cintres du Panthéon.
Ses assassins sont condamnés à la guillotine. Sentence qui ne sera jamais exécutée. Ils seront libérés en septembre, par décision de l'Assemblée législative...et reçus comme des "martyrs du patriotisme " L'un deux trouvera un poste dans la gendarmerie nationale à Paris.
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19/05/2016
La clé de la Révolution française...et de la nature humaine
Sieyès
La clé de la Révolution française
Jean-Denis Bredin
de l'Académie française
éditions de Fallois
Singulière destinée que celle de l'abbé Sieyès qui se rend célèbre en janvier 1989 avec son pamphlet "Qu'est ce que le Tiers Etat ?"...et qui termine sa vie comme comte, avec des armoiries, et pair de France. Sans parler de sa "Grand-croix de la Légion d'honneur ."
"En 1789, il avait excommunié les privilèges, les honneurs qui "corrompent l'opinion et dégradent les âmes."
Entre le moment, glorieux, où il propose aux représentants du Tiers-Etat (il n'est pas parvenu à se faire élire par le clergé) de se constituer en "Assemblée Nationale", et le moment, moins glorieux, où il sert de marchepied à Bonaparte, le 18 Brumaire, Sieyès s'est fait discret, surtout pendant la Terreur. Il ne réapparait qu'après la chute de Robespierre. "Responsable de 1789, innocent de 1793". Chef du gouvernement après le coup d'Etat de Prairial, Directeur en 1799, donc bien placé pour organiser le coup d'Etat au profit d'un futur empereur.
Cette vie, qui a duré quatre-vingt-huit ans, est l'occasion pour Jean-Denis Bredin de raconter l'époque, en particulier les soubresauts de la Révolution.
Jean-Denis Bredin n'est pas historien mais juriste . Sieyès semble avoir été un "juriste de la Révolution", un spécialiste de droit constitutionnel au moins autant qu'un homme politique, même s'il a été élu plusieurs fois dans les différentes assemblées parlementaires, ayant présidé certaines, avant d'être nommé, par Bonaparte, président du Sénat. Sieyès est un légaliste. Bonaparte avait besoin de sa caution.
Théoricien du système représentatif, la dernière Constitution portant la marque de ses idées, imaginera des "représentants" cooptés et non élus.
Pas étonnant qu'un prêtre "de base" ait critiqué le systèmes de séparation de la société en trois ordres. "L'épiscopat était devenu l'apanage des familles nobles. Plus un seul roturier sur les 130 évêques de France. L'Eglise, comme l'armée, était devenu le champ clos de la noblesse."
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07/05/2016
Les hommes de la liberté
Les 20 ans du roi
1774 / 1778
Claude Manceron
éditions Robert Laffont
Les moins de 30 ans ne connaissent pas. Peut-être même les moins de 40 ans ?
Il s'appelait Claude Manceron, il vivait en Languedoc, et, en 68, il eut cette idée folle de raconter l'histoire des protagonistes de la Révolution française. Les biographies entrecoupées de centaines de personnages. Une oeuvre monumentale. Tellement colossale que Claude Manceron n'a pas pu la mener à bien. Il prévoyait huit volumes, il n'a pu en écrire que cinq qui relatent la vie publique et privée des futurs acteurs de la Révolution, ces "hommes de la liberté". Une centaine sont suivis pas à pas. Cinq volumes qui se terminent en 1789. Peut-être le fait d'être nommé "chargé de mission" par François Mitterrand en 81 a perturbé son travail d'historien ? Il y a donc cinq volumes pour les quinze années d'avant la prise de la Bastille.
Entre 1972 et 1987, j'avais acheté les différents volumes, en me disant que je trouverais le temps de les lire, plus tard. Le temps de la retraite, et donc de la lecture, est venu. J'ai vérifié sur Internet : il est toujours possible de se les procurer.
Ce premier volume "Les 20 ans du roi" commence avec la fin de Louis XV et l'avènement de Louis XVI, et se termine avec la mort de Voltaire, et de Rousseau à peine plus d'un mois plus tard...et la grossesse de la Reine, enfin, après une conversation masculine entre son frère Joseph II et son mari ! "
Vedettes de ces années : Beaumarchais, Benjamin Franklin, Lafayette, Mirabeau, le chevalier d'Eon. Danton, Robespierre, Barras, Talleyrand apparaissent.
C'est le temps de la "guerre des farines" ("de pareilles émeutes ont toujours précédé les révolutions" (Mirabeau), des tentatives de réformes de Turgo alors que les privilégiés se regroupent derrière Marie-Antoinette, et le Comte de Provence, frère du Roi, pour le contrecarrer. Les débuts de la guerre d'indépendance américaine...
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24/03/2016
La fin de la monarchie française
Le crépuscule des rois
Chronique 1757 - 1789
Evelyne Lever
éditions Fayard
Bien que le titre soit assez général, il ne s'agit que des rois de France. De Louis XV et XVI, puisque le livre ne parle pas du règne de ses deux frères, ni de celui du cousin d'Orléans, et encore moins des autres rois d'Europe.
Il s'agit bien d'une chronique, double, d'un côté Versailles et la Cour, de l'autre Paris, la ville qui bouge sous l'influence des "philosophes" et des artistes. Chronique qui se termine le 6 octobre 1789 quand le peuple ramène à Paris le roi et sa famille, "le boulanger, la boulangère et le petit mitron."
La date choisie pour le début, le 5 janvier 1757 me semble plus discutable. Le coup de couteau porté par Damiens sur Louis XV ne me semble pas marqué "le crépuscule des rois." Henri III et Henri IV sont morts poignardés, à mort, sans que les historiens ne parlent de "crépuscule".
Crépuscule indiscutable de la monarchie parce que deux rois s'accrochent à l'exemple de leur aïeul Louis XIV, et donc à la monarchie absolue, sans contre-pouvoir, sans se rendre compte qu'ils sont complètement coupés de leur temps.
"C'est en ma personne seule que réside l'autorité souveraine. C'est à moi seul qu'appartient le pouvoir législatif sans dépendance et sans partage." (Louis XV discours "de la flagellation"). "Nous ne tenons notre couronne que de Dieu". (Louis XV) "C'est légal parce que je le veux" (Louis XVI à son cousin Orléans).
Ils ne veulent pas du contre-pouvoir des "parlements", non élus, composés d'une noblesse de "robe" ayant acheté ses charges, et qui se rêvent en "House of Lords".
"La crise janséniste s'oppose au despotisme exercé sur les consciences et risque de s'attaquer bientôt au despotisme monarchique."
Louis XV et XVI veulent régner de façon absolue, mais sans en avoir les moyens, car le crépuscule est largement causé par un déficit des finances de l'Etat, causé essentiellement par les guerres (guerre de sept ans pour Louis XV, guerre d'indépendance américaine pour Louis XVI). Les expédients ne suffisent plus à combler le déficit, et il arrive un moment où plus personne ne veut prêter au roi. Incapacité à imposer aux privilégiés, de la noblesse et du clergé, une réforme fiscale égalitaire. D'où la réunion des Etats généraux.
Crépuscule de deux rois dépressifs. Louis XV avait la Pompadour pour lui remonter le moral. Louis XVI n'était pas du genre à avoir des maîtresses, et ce n'est pas Maire-Antoinette qui lui remontait le moral... Elle n'était là que comme porte parole de sa famille autrichienne. Et le pousser vers le conservatisme.
A a fin de l'ouvrage j'ai apprécié la généalogie simplifiée de la maison des Bourbon, depuis le grand-père d'Henri IV, avec la branche des princes de Condé, et Conti, à partir de l'oncle d'Henri IV, et la branche Orléans à partir du frère de Louis XIV.
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20/03/2016
Un débat français oublié
Les racines de la liberté
1689- 1789
Jacques de Saint Victor
éditions Perrin
"Les Francs ont envahi la Gaule romaine au Ve siècle et emporté avec eux leurs institutions de liberté. La souveraine puissance appartenait à la générale et solennelle assemblée de toute la Nation, ancêtre des Etats Généraux."
"Les rois mérovingiens puis carolingiens vont s'appuyer sur les anciennes aristocraties gallo-romaines pour affaiblir les guerriers, jadis leurs égaux." "L'histoire des premiers rois est une tentative de rogner les pouvoirs des anciens compagnons francs, d'autant plus isolés en Gaule qu'ils ne parlent que leur langue germanique."
"Avec les croisades puis la guerre de Cent ans, les nobles se retrouvent prisonniers ou décimés sur les champs de bataille. La monarchie en profite pour renforcer sa puissance. Philippe le Bel s'attribue, le premier, la puissance d'anoblir. La noblesse perd l'essentiel de ses fonctions politiques, militaires et de justice." "Jusqu'à ce que l'absolutisme ne s'établisse avec Louis XI".
En réaction à l'absolutisme de Louis XIV, la question s'est posée de cet héritage. Selon les théoriciens parlementaires, "le parlement serait l'héritier direct des assemblées franques." Mais les "parlements " de l'ancien régime, "composés de magistrats inamovibles propriétaires de leur charge", sont ils représentatifs de la Nation ? "La vérification des édits par le parlement lui donne une autorité qui va le conduire à rivaliser avec les états généraux." "Les parlements peuvent aller jusqu'à usurper le pouvoir législatif en assimilant l'enregistrement de la loi à son consentement."
"Le pouvoir souverain des rois n'est pas au dessus de la nation. Ce n'est pas au roi, mais à la nation que revient le droit sacré de déférer la couronne."
Dans l'esprit de la haute noblesse, "la nation se limite à la Cour des pairs." "La noblesse seconde, souvent noblesse ancienne, qui n'a pas accédé à la pairie va réclamer la convocation des états généraux."
Les Etats généraux, créés en 1302 se réunissaient périodiquement au XIVe siècle. Sous le règne du premier roi de la dynastie des Valois, Philippe VI, les états arrêtent même, en 1338, que "les impôts ne pourront être ni instaurés ni levés sans leur accord." Malheureusement, "les états généraux, contrairement au parlement d'Angleterre, ne sont pas parvenus à s'imposer."
"Seuls les états généraux peuvent se prétendre les héritiers de ces assemblées représentant la Nation."
08:42 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire