05/04/2017
De l'Empire à la République
Comités secrets du Parlement
1870/1871
éditions Perrin, en collaboration avec l'Assemblée Nationale
Présentation d'Eric Bonhomme
Le règlement du Corps Législatif du Second Empire prévoit que celui-ci peut se réunir en "comité secret", donc à "huis-clos", afin d'éviter la pression du public. Les participants sont tenus au secret, mais un compte-rendu est tout de même rédigé par les services. Il n'a été rendu public qu'en 2011.
En août 1870 la situation militaire justifie ces séances. Le 4 septembre, la République sera proclamée à l'Hotel de Ville de Paris après la défaite des armées françaises.
En mars 1871, c'est l'insurrection parisienne qui émeut les parlementaires, qui veulent en débattre entre eux, à Versailles, sous la protection de l'armée prussienne.
Le premier comité secret montre le refus de la majorité du Corps Législatif d'envisager la défaite. Chez les Républicains, la levée en masse constitue un mythe tenace.
La séance du 26 août porte sur la proposition d'armer le peuple de Paris, de passer d'une garde nationale bourgeoise à une milice populaire. Comme le souligne le député républicain de gauche Raspail, le corps législatif a "d'avantage peur de la garde nationale que des Prussiens." Jules Favre propose la prise du pouvoir par l'Assemblée. La question est également posée de l'organisation d'une guerre de partisans dans les zones occupées par l'ennemi. "Armez les citoyens" (Jules Favre).
La séance de mars 1871 porte sur la proposition d'organiser rapidement des élections municipales à Paris , afin de contre balancer la Commune. Mais la Droite ne parle que de répression de l'insurrection , de défense de l'ordre et ajourne l'organisation d'élections municipales à Paris la républicaine. L'ennemi principal n'est pas le Prussien, mais l'ouvrier parisien insurgé. "Le pays doit s'unir à l'armée pour réprimer le désordre." tandis que Victor Schoelcher (célèbre auteur de la loi d'abolition de l'esclavage en 1848) s'écrie "essayons tous les moyens qui peuvent prévenir l'effusion de sang."
Les Républicains, pourtant minoritaires sont les véritables animateurs de ces séances.
Dans ces réunions parlementaires il est intéressant de voir combien la procédure est instrumentalisée à des fins politiques. En 70 sous la présidence du maître des forges Schneider, en 71 sous la présidence de Jules Grévy, orchestrateur de la politique de Thiers (La République sera conservatrice ou ne sera pas).
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08/02/2017
Un médecin dans la tourmente 1914/1916
Un médecin dans la tourmente
Le carnet de guerre de René de Saint-Périer
1914/1916
Présenté par Jacques Gélis
Etampes Histoire
Mon ami Jacques Gélis, historien professeur émérite de Paris VIII, présente le carnet de guerre du Marquis de Saint-Périer, châtelain de Morigny (à côté d'Etampes), médecin réquisitionné pendant la guerre, affecté à l'hôpital installé dans les locaux du lycée de Beauvais. Puisque la guerre devait être brève. Avec l'intermède d'un repli en Vendée, dans la crainte de l'avancée allemande.
J'ai été surpris de lire que le lycée de Beauvais portait, et porte toujours, le nom de Félix Faure, connu surtout pour sa mort "glorieuse" dans les bras de sa maîtresse. A moins que ce ne soit l'anti-dreyfusard féroce qui ait été honoré ? Il n'était ni natif, ni élu de Beauvais...
Le départ ne correspond pas à l'image d'Epinal de l'enthousiasme patriotique. Les départs se font "avec calme et courage ; pas de cris, pas de chants, une grande résignation. Pauvres gens".
"L'état déplorable de l'organisation des services sanitaires de l'armée" choque beaucoup ce médecin qui revient à plusieurs reprises sur "l'incurie et la stupidité de l'administration du service de santé". "La conséquence de ces dysfonctionnements n'est rien moins que la survie de centaines de blessés du champ de bataille en attente de soins." "Confusion et désordre inouï ; la désorganisation est complète". "Le gâchis n'a pu être plus grand en 1870". "L'incohérence de l'administration sanitaire de l'armée ne s'est pas modifiée." "Le service de santé est digne de nos bons alliés les Russes : vols, incurie, gaspillage, négligence et stupidité..." "Les questions administratives du service de santé sont, pour la plupart, aussi stupides sur le fond qu'inintelligibles par la forme. Elles se contredisent fréquemment. L'absurdité est habituelle à un militaire."
Il se vit mal en "réparateur de pauvres poilus que l'on va réexpédier". "Je comprends les psychoses des combattants."
Problèmes principaux : le tétanos, la tuberculose et les conséquences de l'alcoolisme.
Probablement parce qu'il est médecin, la guerre, "école de la brutalité et de la violence", "fléau sans nom, digne de l'inqualifiable méchanceté des hommes", "guerre abominable et maudite" lui fait horreur. "L'horreur de cette lutte sans but possible". D'autant que, rapidement, on n'en voit pas l'issue rapide qui était espérée. "Désillusion quant à l'idée d'une victoire rapide".Il dénonce donc, dans son carnet intime, "la monstruosité de cette guerre abominable". "Il est douloureux, malgré l'accoutumance professionnelle, de voir mourir des hommes jeunes et plein de vie, frappés brutalement par la plus monstrueuse des iniquités humaines qu'est la guerre."
"Il n'y a plus rien à attendre d'une humanité aussi barbare, et je vois l'inanité de mes rêves de progrès."
Bien que fils de militaire gradé, il est devenu anti-militariste : "malveillant et borné comme le sont les militaires surtout de grade élevé." "Désillusion et colère croissante à l'égard de la caste des officiers supérieurs de carrière, leur morgue, leur absence de clairvoyance, leur incompétence, leur bêtise, leur inhumanité à l'égard des poilus." "Ce n'est pas une comparaison flatteuse que d'être assimilé à un militaire.""Je me sens de moins en moins militaire, à mesure que je connais mieux l'esprit qui règne dans l'armée, je suis arrivé sans parti pris à l'armée et j'en partirai nettement anti-militariste."
"Il ne faut pas demander de logique à une administration, surtout militaire." "une conduite logique serait incompatible avec l'administration militaire."
Comme l'écrit Jacques Gélis : "il témoigne de l'évolution de l'esprit public dans le pays au cours de l'année 1915, le désarroi qui gagne les Français. la désillusion de René de Saint-Périer étant à la hauteur des espérances qu'il avait mises dans le succès des armées françaises."
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29/01/2017
Festival de la biographie Nîmes
Les écritures de l'histoire
Hôtel Novotel Atrai
Jusqu'à ce soir.
Plein d'auteurs présents. Pas trop trop de monde pour s'en approcher.
Un drôle d'effet de voir "en vrai" des auteurs souvent vus à la télé, comme Henri-Jean Servat, PPDA, Richard Bohringer, François de Closets, Alain Chamfort, Zoé Valdès, Marek Halter, etc.
L'impression que ces gens ont quelque peu vieilli...
Interessant de voir, "en chair et en os", des historiens dont j'ai lu quelques livres, comme Emmanuel de Waresquiel, Michel Verg-Franceschi, Eric Teysssier, Jean Sévillia, Joël Schmidt, Thierry Lentz, Didier Le Fur...
Le festival de la biographie de Nîmes, j'y retournerai l'année prochaine !
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17/01/2017
Les hommes de la liberté (3)
Le bon plaisir
1782/1785
Claude Manceron
Troisième volume de l'immense travail de Claude Manceron qui croise les biographies des acteurs de la Révolution à venir. Prévu au départ en cinq volumes, puis en huit tellement la matière était abondante, Manceron ne viendra pas au bout de la tâche.
De 1782 à 85 Louis XVI, que certains surnomment alors "Louis le juste", est un monarque absolu. La guerre d'Amérique a été gagnée, mais les finances du Royaume sont au plus mal. Des réformes lui sont proposées. Vauban, déjà : "taxer le riche à la décharge du pauvre". Carnot : "le gouvernement doit prévenir l'affreuse misère des uns, l'excessive opulence des autres". Turgot et Necker ont été chassés. La noblesse de Cour se crispe sur ses privilèges : c'est la "réaction nobiliaire".
Le "Mariage" de Beaumarchais a un parfum de scandale : "Vous vous êtes donné la peine de naître et rien de plus !" Sans parler de la réplique "Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, Madame, il n'y a que cela qui nous distingue des bêtes."
L'appartenance à la maçonnerie du Lieutenant général de police Lenoir le pousse à la sympathie envers les philosophes. "Les loges maçonniques, avec les "académies" sont les seuls lieux possibles pour les rencontres de l'esprit." "Le premier pas vers la philosophie, c'est l'incrédulité" (Diderot qui décède en 84)
En spéculant et en se retirant à temps avant la banqueroute de Law, la famille Condé a accumulé une immense fortune dont elle entend bien profiter.
Montgolfier fait sensation avec ses ballons qui s'élève dans les airs. Les succès du physicien Charles dans ce domaine seront plus durables, et utilisés pour la guerre. Mais l'Histoire a retenu la "Montgolfière" !
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29/12/2016
La "glorieuse" conquête de l'Afrique
Série noire à la Coloniale
Antoine Barral
éditions Singulières
1899 : Pendant qu'à Paris Loubet, favorable à Dreyfus, a remplacé Félix Faure, mort en pleine action, et que se prépare l'Exposition Universelle, les héros des "Philopyges" parcourt le Mali, longeant Djoliba, le fleuve Niger, à la poursuite des preuves du complot de Déroulède visant à prendre le pouvoir avec l'aide de certains généraux.
Le long de sa longue route, le héros constate les traces des exactions d'une colonne de l'armée coloniale française qui teste sur les villageois Haoussas le tout nouveau canon de 75, après avoir conquis le pays Mossi (actuel Burkina) dans un bain de sang...
"Un député de l'Hérault, Paul Vigné, ancien médecin militaire au Sénégal, fait profession de dénoncer les crimes coloniaux."
"Administrateurs, contrôleurs, percepteurs, parachevaient l'oeuvre des explorateurs, missionnaires et militaires."
Finalement le coup de force de Déroulède échouera en raison de son obsession de regagner l'Alsace et la Lorraine, considérant la conquête coloniale comme un dérivatif permettant d'oublier cet objectif principal, alors que les généraux sur lesquels il comptait veulent "venger Fachoda". L'Angleterre ennemie ou alliée ?
"La condamnation de Déroulède à l'exil protégeait les généraux et aristocrates qui l'avaient poussé en avant en espérant récolter ce qu'il aurait semé."
Un bon mélange de personnages de fiction et de personnes réelles font de ce roman historique un moment de lecture d'autant plus agréable que le style est fluide.
11:52 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire