07/05/2016
Les hommes de la liberté
Les 20 ans du roi
1774 / 1778
Claude Manceron
éditions Robert Laffont
Les moins de 30 ans ne connaissent pas. Peut-être même les moins de 40 ans ?
Il s'appelait Claude Manceron, il vivait en Languedoc, et, en 68, il eut cette idée folle de raconter l'histoire des protagonistes de la Révolution française. Les biographies entrecoupées de centaines de personnages. Une oeuvre monumentale. Tellement colossale que Claude Manceron n'a pas pu la mener à bien. Il prévoyait huit volumes, il n'a pu en écrire que cinq qui relatent la vie publique et privée des futurs acteurs de la Révolution, ces "hommes de la liberté". Une centaine sont suivis pas à pas. Cinq volumes qui se terminent en 1789. Peut-être le fait d'être nommé "chargé de mission" par François Mitterrand en 81 a perturbé son travail d'historien ? Il y a donc cinq volumes pour les quinze années d'avant la prise de la Bastille.
Entre 1972 et 1987, j'avais acheté les différents volumes, en me disant que je trouverais le temps de les lire, plus tard. Le temps de la retraite, et donc de la lecture, est venu. J'ai vérifié sur Internet : il est toujours possible de se les procurer.
Ce premier volume "Les 20 ans du roi" commence avec la fin de Louis XV et l'avènement de Louis XVI, et se termine avec la mort de Voltaire, et de Rousseau à peine plus d'un mois plus tard...et la grossesse de la Reine, enfin, après une conversation masculine entre son frère Joseph II et son mari ! "
Vedettes de ces années : Beaumarchais, Benjamin Franklin, Lafayette, Mirabeau, le chevalier d'Eon. Danton, Robespierre, Barras, Talleyrand apparaissent.
C'est le temps de la "guerre des farines" ("de pareilles émeutes ont toujours précédé les révolutions" (Mirabeau), des tentatives de réformes de Turgo alors que les privilégiés se regroupent derrière Marie-Antoinette, et le Comte de Provence, frère du Roi, pour le contrecarrer. Les débuts de la guerre d'indépendance américaine...
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24/03/2016
La fin de la monarchie française
Le crépuscule des rois
Chronique 1757 - 1789
Evelyne Lever
éditions Fayard
Bien que le titre soit assez général, il ne s'agit que des rois de France. De Louis XV et XVI, puisque le livre ne parle pas du règne de ses deux frères, ni de celui du cousin d'Orléans, et encore moins des autres rois d'Europe.
Il s'agit bien d'une chronique, double, d'un côté Versailles et la Cour, de l'autre Paris, la ville qui bouge sous l'influence des "philosophes" et des artistes. Chronique qui se termine le 6 octobre 1789 quand le peuple ramène à Paris le roi et sa famille, "le boulanger, la boulangère et le petit mitron."
La date choisie pour le début, le 5 janvier 1757 me semble plus discutable. Le coup de couteau porté par Damiens sur Louis XV ne me semble pas marqué "le crépuscule des rois." Henri III et Henri IV sont morts poignardés, à mort, sans que les historiens ne parlent de "crépuscule".
Crépuscule indiscutable de la monarchie parce que deux rois s'accrochent à l'exemple de leur aïeul Louis XIV, et donc à la monarchie absolue, sans contre-pouvoir, sans se rendre compte qu'ils sont complètement coupés de leur temps.
"C'est en ma personne seule que réside l'autorité souveraine. C'est à moi seul qu'appartient le pouvoir législatif sans dépendance et sans partage." (Louis XV discours "de la flagellation"). "Nous ne tenons notre couronne que de Dieu". (Louis XV) "C'est légal parce que je le veux" (Louis XVI à son cousin Orléans).
Ils ne veulent pas du contre-pouvoir des "parlements", non élus, composés d'une noblesse de "robe" ayant acheté ses charges, et qui se rêvent en "House of Lords".
"La crise janséniste s'oppose au despotisme exercé sur les consciences et risque de s'attaquer bientôt au despotisme monarchique."
Louis XV et XVI veulent régner de façon absolue, mais sans en avoir les moyens, car le crépuscule est largement causé par un déficit des finances de l'Etat, causé essentiellement par les guerres (guerre de sept ans pour Louis XV, guerre d'indépendance américaine pour Louis XVI). Les expédients ne suffisent plus à combler le déficit, et il arrive un moment où plus personne ne veut prêter au roi. Incapacité à imposer aux privilégiés, de la noblesse et du clergé, une réforme fiscale égalitaire. D'où la réunion des Etats généraux.
Crépuscule de deux rois dépressifs. Louis XV avait la Pompadour pour lui remonter le moral. Louis XVI n'était pas du genre à avoir des maîtresses, et ce n'est pas Maire-Antoinette qui lui remontait le moral... Elle n'était là que comme porte parole de sa famille autrichienne. Et le pousser vers le conservatisme.
A a fin de l'ouvrage j'ai apprécié la généalogie simplifiée de la maison des Bourbon, depuis le grand-père d'Henri IV, avec la branche des princes de Condé, et Conti, à partir de l'oncle d'Henri IV, et la branche Orléans à partir du frère de Louis XIV.
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20/03/2016
Un débat français oublié
Les racines de la liberté
1689- 1789
Jacques de Saint Victor
éditions Perrin
"Les Francs ont envahi la Gaule romaine au Ve siècle et emporté avec eux leurs institutions de liberté. La souveraine puissance appartenait à la générale et solennelle assemblée de toute la Nation, ancêtre des Etats Généraux."
"Les rois mérovingiens puis carolingiens vont s'appuyer sur les anciennes aristocraties gallo-romaines pour affaiblir les guerriers, jadis leurs égaux." "L'histoire des premiers rois est une tentative de rogner les pouvoirs des anciens compagnons francs, d'autant plus isolés en Gaule qu'ils ne parlent que leur langue germanique."
"Avec les croisades puis la guerre de Cent ans, les nobles se retrouvent prisonniers ou décimés sur les champs de bataille. La monarchie en profite pour renforcer sa puissance. Philippe le Bel s'attribue, le premier, la puissance d'anoblir. La noblesse perd l'essentiel de ses fonctions politiques, militaires et de justice." "Jusqu'à ce que l'absolutisme ne s'établisse avec Louis XI".
En réaction à l'absolutisme de Louis XIV, la question s'est posée de cet héritage. Selon les théoriciens parlementaires, "le parlement serait l'héritier direct des assemblées franques." Mais les "parlements " de l'ancien régime, "composés de magistrats inamovibles propriétaires de leur charge", sont ils représentatifs de la Nation ? "La vérification des édits par le parlement lui donne une autorité qui va le conduire à rivaliser avec les états généraux." "Les parlements peuvent aller jusqu'à usurper le pouvoir législatif en assimilant l'enregistrement de la loi à son consentement."
"Le pouvoir souverain des rois n'est pas au dessus de la nation. Ce n'est pas au roi, mais à la nation que revient le droit sacré de déférer la couronne."
Dans l'esprit de la haute noblesse, "la nation se limite à la Cour des pairs." "La noblesse seconde, souvent noblesse ancienne, qui n'a pas accédé à la pairie va réclamer la convocation des états généraux."
Les Etats généraux, créés en 1302 se réunissaient périodiquement au XIVe siècle. Sous le règne du premier roi de la dynastie des Valois, Philippe VI, les états arrêtent même, en 1338, que "les impôts ne pourront être ni instaurés ni levés sans leur accord." Malheureusement, "les états généraux, contrairement au parlement d'Angleterre, ne sont pas parvenus à s'imposer."
"Seuls les états généraux peuvent se prétendre les héritiers de ces assemblées représentant la Nation."
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14/03/2016
Les ducs de Bourgogne à la tour Jean Sans Peur
Les grands Ducs de Bourgogne
Tour Jean Sans Peur
jusqu'au 3 avril
La tour "Jean sans peur", en plein centre de Paris, rappelle ces temps de luttes internes en France. Jean, Duc de Bourgogne, avait beau être "sans peur", il se repliait tout de même dans une tour fortifiée qui est possible aujourd'hui de visiter, et où sont organisées très régulièrement des expositions portant sur le Moyen-Âge.
Jean Sans Peur prit le pouvoir à Paris après avoir fait assassiner son cousin et rival duc d'Orléans. Attiré dans un guet-apens, soit disant pour parler de réconciliation, il fut assassiné à son tour sur le pont de Montereau. C'était la grande époque de la guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons.
Jean sans peur était le fils de Philippe le Hardi qui avait gagné ce surnom à la bataille de Poitiers, perdue par les Français. "Père gardez vous à gauche, père gardez vous à droite", c'est lui ! Son père lui donna en apanage le duché de Bourgogne. Et son frère aîné, devenu le roi Charles V le confirma dans ses titres. A la mort de son beau-père, il hérita, au nom de sa femme, de la Flandre et de l'Artois.
Le fils de Jean Sans Peur, Philippe le Bon, continua la guerre contre les Armagnacs, partisans du dauphin, qu'il contribuera à déshériter en s'alliant avec les Anglais, avant de conclure une paix séparée avec le dauphin devenu Charles VII avec l'aide de Jeanne d'Arc.
Le dernier grand duc de Bourgogne, fils de Philippe le bon, fut Charles le Téméraire, qui voulait être roi, et unifier les terres héritées de ses pères. La Lorraine était le chainon manquant entre ses possessions du sud, la Bourgogne proprement dit, et celles du nord. Pour parvenir à ses fins, il fit alliance avec le roi d'Angleterre, dont il épousa la sœur, et avec la maison de Habsbourg, sa fille unique se mariant avec Maximilien. Leur fils, Philippe le Beau, se maria avec Jeanne, héritière de Castille et d'Aragon (la future "Jeanne la folle"). De leur union naquit Charles Quint.
L'exposition montre tout cela très bien avec des panneaux très clairs et des cartes qui font comprendre les enjeux, ainsi que des costumes d'époque.
La richesse de la cour du duc de Bourgogne avait de quoi rendre jaloux les rois de France.
07:56 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expo, histoire
03/03/2016
Le cardinal des plaisirs
Bernis
Le cardinal des plaisirs
Jean-Marie Rouart
de l'Académie française
éditions Gallimard
"Il lui manquait la rapacité des arrivistes de haut vol" "Qu'est ce qui demeure de la réussite quand on a laissé échapper le bonheur ?"
Habité de "la douce passion des femmes", il considère qu'il est possible d'"être voluptueux sans être irréligieux ".
"Dans les heures lentes et inoccupées de l'âge canonique , quand on commence à emprunter le chemin du renoncement ; on ne va plus au bureau ; la question des femmes a perdu de son actualité ; l'ambition ne vous tourmente plus."
Sans le sou, le petit noble languedocien "part à la conquête des salons.""Des femmes et des amis constituaient son seul capital." "Les salons, lieu de brassage intense. Ce sont les femmes qui les dirigent." "La galanterie est le passe-temps favori de ces dames. Elles y trouvent le piquant qui manque à leur existence oisive et fade." Favori de la favorite, il est nommé ambassadeur à Venise. "Il montre une grande application dans son travail diplomatique qui ne péchera jamais ni par le dilettantisme ni par l'amateurisme." A Venise, il rencontre Casanova. "Ce rendez-vous va asseoir leur légende dans les annales du libertinage ." En France, seule l'aristocratie a tendance à se dévergonder. A Venise aucune catégorie sociale n'est épargnée."
Il est chargé du renversement d'alliances de la France. L'Autriche, notre ennemi depuis trois siècles, devient notre alliée, contre l'Angleterre et la Prusse. Bernis est chargé de la négociation...qui allait aboutir à la désastreuse guerre de Sept ans dont le résultat sera la perte de notre empire colonial.
Il devient ministre des affaires étrangères, puis principal ministre("le titre de premier ministre fait peur au roi"). A 42 ans, il est ministre d'Etat, pourvu d'une abbaye. "Il ne veut que la fin de la politique belliqueuse de Mme de Pompadour, pour sauver les finances de la banqueroute." Il est remplacé par son "ami" Choiseul qui, au moins autant que lui, "aime le beau sexe à la folie". "Prodigieusement intelligent. Infatigable pour faire travailler les autres. Cynique."
En compensation, Bernis reçoit le chapeau de cardinal, archevêque d'Albi. Il a 43 ans. "Sa passion des femmes ne s'est pas éteinte." "Il fut disgracié pour avoir parlé de paix" dira Frederic II.
Cardinal, il doit se rendre à Rome pour l'élection d'un pape. "Il approchait de la soixantaine. Il a trouvé à Rome des voluptés." "Eternel amoureux, il s'enflamme pour une jeune femme de 24 ans, la princesse de Santa-Croce, l'une des plus jolies femmes de Rome."
Puis vient la Révolution. La confiscation des biens de l'Eglise le ruine. Il survit grâce à une pension de la Cour d'Espagne.
Dernier coup de foudre : la duchesse de Polignac, la ravissante amie de Marie-Antoinette. Il a 75 ans, elle en a 40. "Elle le maintient dans la fièvre de l'espoir."
"C'est tout le charme vénéneux de la politique d'être rarement raisonnable."
08:08 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire