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24/11/2015

Une histoire de la naissance des Etats-Unis

Notre espion en Amérique

Arnaud Delalande

éditions Grasset

 

De ce roman historique j'ai plus aimé le côté historique que le roman, dont le "héros" ne fait pas de l'espionnage, mais accompagne le jeune marquis de La Fayette de 1775 (le Congrès vote à l'unanimité, mais secrètement, l'indépendance),  jusqu'à la victoire finale de Yorktown, "la seule défaite majeure de la Royal Navy en ce grand siècle", en 1781,  concrétisées par le Traité de Paris deux ans plus tard.

Seul agent secret autoproclamé, mythomane, Caron de Beaumarchais. Il y a surtout des espions anglais. "Cette délégation américaine était un nid d'espions."

En 1776, "les forces américaines représentaient environ le tiers de celles de l'ennemi."" Un bon tiers des Américains est encore loyaliste." "Ce n'est pas seulement une guerre contre les Anglais. C'est une guerre civile." C'est ainsi que les choses sont présentées au musée d'histoire de la Caroline du Nord, qui ne mentionne même pas La Fayette : "une guerre voisins contre voisins".

"Tirer et fuir. Ne jamais rester au même endroit. Le principe immémorial de la guérilla." "La Fayette se démenait dans une guerre d'escarmouches."

La Fayette était déjà à la tête d'une fortune colossale quand il se marie, à 17 ans, avec Adrienne de Noailles. "L'une des plus grandes dynasties de France." Il était pénétré de l'Encyclopédie et des Lumières. "L'orphelin auvergnat qui rêvait d'Amérique avait rencontré un père ; Washington avait trouvé un fils." "C'était comme si ce garçon, jusque là presque sans histoire, se hissait naturellement aux proportions de l'épopée qu'il traversait."

"Les Français couchaient volontiers avec les Indiennes et fondaient parfois des familles, mixité que la plupart des Américains trouvaient répugnante."

"Lorsque l'oligarchie commerçante hollandaise, en 1579, s'était rebellée contre la domination espagnole et catholique, elle avait confié son administration à un responsable baptisé "grand pensionnaire", tandis qu'un capitaine-amiral général, le "stathouder" avait reçu mission de faire la guerre." Charles de Broglie considérait qu'il était "indispensable de faire encadrer la jeune armée américaine par des professionnels." "Broglie se proposait pour devenir le "stathouder" des Etats-Unis."

"De toutes parts  on les vit sortir, les gueux, les pouilleux, les sans-chemises, aux vêtements crasseux et déchirés et aux armes de rien, les soldats et miliciens de l'ombre." "Pour la première fois de l'Histoire, une bande de rebelles dépenaillés avaient ridiculisé une armée européenne. Saragota venait de changer le monde."

Washington est le vainqueur final, c'est à lui que Cornwallis remet son épée. Côté français, l'amiral de Grasse et Rochambeau jouent les rôles principaux, mais La Fayette, parce qu'il a été le premier sur place,  à se battre,  est resté dans l'histoire des USA où l'on ne compte plus les Fayetteville, les Fayette villages, les Fayette street...

Son retour en France fut triomphal. "Adoubé par la loge de Saint-Jean d'Ecosse du Contrat social, comme il l'avait été par Washington, son Père et Frère, à la grande loge de Pennsylvanie."

 

"La liberté a été pourchassée tout autour du globe. Ô Américains ! recevez la fugitive et préparez un refuge pour l'humanité" Thomas Paine. Les Américains d'aujourd'hui feraient bien de lire et méditer cette  phrase...

"Quel courage il fallait, il faudrait toujours pour porter cette idée simple - Liberté !"

"L'Histoire n'est-elle qu'une suite de luttes contre des oppressions successives ?"

 

 

02:37 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

17/11/2015

Guerre civile

La guerre de sécession

John Keegan

éditions Perrin, avec le concours du Centre national du livre

 

A Raleigh, capitale de la Caroline du Nord, il y a en centre ville un mémorial en souvenir des morts de la guerre de sécession, qu'ici on appelle la guerre "civile". Uniquement des morts Sudistes. 150 ans après la victoire de Grant sur Lee, la réconciliation ne passe pas par les monuments aux morts.

Les Etats du Sud, à commencer par la Caroline du Sud ont fait sécession, et engagé les hostilités, après l'élection de Lincoln. Ils défendaient l'indépendance des Etats face au pouvoir central de Washington. Il en reste encore quelque chose dans la politique américaine d'aujourd'hui. Il est de bon ton de critiquer les autorités centrales de la capitale fédérale. Un peu comme, en Europe,  de rendre "Bruxelles" responsable de tous les maux. Cet "égoïsme des Etats" sera une des causes de la défaite du Sud où "les impôts ne fonctionnèrent jamais."

Contrairement à l'image que nous avons du Sud, à travers "La case de l'oncle Tom" et "Autant en emporte le vent", "la plupart des Sudistes étaient des petits fermiers,  vivaient au jour le jour sur des exploitations de subsistance,  et n'avaient aucun esclave." "La culture dominante n'était pas celle du coton mais celle du maïs", base du régime alimentaire. Ils sont entrés en guerre, solidaires des grands propriétaires en raison de leurs "espérances muettes mais constantes d'ascension sociale par la propriété d'esclaves."

Le Sud rural n'avait aucune chance face au Nord industriel : mieux armés par des fusils se chargeant par la culasse, bientôt à répétition, mieux habillés grâce à l'invention de la machine à coudre, mieux chaussés, grâce aux machines à coudre les semelles, mieux nourris grâce à l'invention de la conserve de viande avec une organisation parfaite du ravitaillement basée sur un réseau ferré développé. Et comme "la guerre fut plutôt une affaire de fantassins."...

La guerre civile américaine a été "l'une des plus cruelles jamais menées. Le personnel militaire ennemi, en l'absence d'objectifs géographiques manifestes, était la seule cible à frapper." Sherman avait conclu que "la manière la plus rapide de briser la Confédération était de faire souffrir ses simples citoyens." "La guerre c'est la cruauté et rien ne peut l'adoucir" (Sherman)"Le viol a été l'un des rares actes de barbarie dont les soldats maraudeurs de l'Union ne se soient pas rendus coupables."

"Le désir de se retrancher s'était enraciné dans l'esprit des simples soldats, partagé par les officiers." Prémices de la Première guerre mondiale et ses tranchées...

"Lee aspirait à livrer une bataille décisive et à achever la guerre par une seule action écrasante, comme Napoléon."

La guerre causa environ 620.000 morts dont 360.000 unionistes et 260.000 confédérés (un quart des hommes blancs valides  du Sud). Ces pertes excèdent les pertes américaines pendant la Seconde guerre mondiale." "Un soldat de l'Union sur dix fut blessé, un sur soixante-cinq tué, un sur treize mourut de maladie." "Les régiments de l'Union subissaient des pertes de 30% dans chaque affrontement.""Les morts par maladie furent deux fois plus nombreuses que celles par blessure." "Comme cela serait encore le cas jusqu'à la Première guerre mondiale."" L'Union enregistra plus d'un million de malades de dysenterie, dont 57 000 entraînèrent la mort. "Une remarquable capacité des deux côtés à accepter de lourds sacrifices ." " La bataille d'Antietam Creek/ Sharpsburg a été le jour le plus sanglant de toutes les guerres américaines. Plus sanglant que le 6 juin 44 ou que Iwo Jima." "Les hommes ne portaient pas de plaques d'identité, ce qui rendait la reconnaissance des cadavres hasardeuse."

"Le blocus fut l'un des instruments de la ruine de la Confédération." "La résurrection ne viendrait que des transferts de capitaux du Nord en quête de possibilités d'investissement." 

"La guerre projeta le Nord vers la domination de l'économie mondiale. Un essor créé par la demande liée à la guerre."

En 1866, le 14e amendement à la Constitution garantissait à tous les citoyens l'égalité politique et juridique. En 1869, le 15e amendement déclarait que "les droits des citoyens ne pouvaient être déniés ou restreint "en raison de la race, de la couleur, ou de la condition antérieure de servitude." Comme Lincoln l'avait déclaré "la guerre concernait d'une certaine façon l'esclavage." 

"Karl Marx, qui s'intéressât  fort à la guerre de Sécession, croyait et soutint qu'elle inaugurerait un nouvel ordre social."

 

 

01:13 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, usa

05/11/2015

Le guerrier libertin

Le Régent (1)

Patrick Pesnot

Pocket  15029

 

Ce premier volume est consacré à Philippe d'Orléans, futur Régent, avant qu'il n'occupe cette responsabilité.

Il est le fils de Philippe d'Orléans, "Monsieur",  frère de Louis XIV, et de "Madame" la princesse palatine. Le fait qu'il porte le même prénom que son père complique parfois la lecture, pour savoir si l'auteur parle du père ou du fils.

"Monsieur" était un bisexuel notoire, et "Madame" un garçon manqué qui n'avait pas la langue dans sa poche. "Elle décrivait avec une cruelle lucidité la misère du royaume." Elle était la deuxième épouse de "Monsieur", après le décès d'Henriette d'Angleterre, "soeur bien aimée de Charles II".

"Monsieur" était efféminé, mais populaire "depuis que, devant Tournai, il avait donné de nombreuses preuves de sa vaillance." "Il avait maintes fois donné des preuves de son courage mais aussi de ses dons de stratège." Il était d'"une légendaire prodigalité". "Il envoya chariots de vivres, médecins et chirurgiens pour soulager les tourments des ennemis survivants." "Son frère ne lui permettrait plus jamais de glaner quelques succès sur un champ de bataille."

"Monsieur" se vit remettre en toute propriété le Palais-Royal qu'il occupait depuis si longtemps. Le monarque mit ainsi à mal le testament du cardinal de Richelieu qui avait légué son palais de façon inaliénable au souverain régnant."

"Le nouveau duc d'Orléans (le fils) était l'homme le plus riche de France", héritier non seulement de son père, mais aussi de "la grand mademoiselle", fille de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII.

"Résolu à ne point tomber dans l'oisiveté à laquelle on voulait le contraindre Philippe (le fils) se découvrit un passion pour la chimie et sa soeur adultérine, l'alchimie ." Il sera donc accusé d'être un "empoisonneur" . "Lorsque Philippe se risquait à la Cour, les regards se détournaient et on évitait de le saluer." "Orléans avait pris son parti d'être perpétuellement le mal-aimé".

"Il récusait avec vigueur les rites de l'Eglise et l'empire absolu qu'elle exerçait sur ses contemporains. Il lui préférait le libre arbitre qui, selon lui, était le propre de l'Homme."

Commandant en chef de l'armée française d'Italie, puis d'Espagne, "le courage qu'il montrait en toutes occasions lui valut l'estime de tous."

A la mort de Louis XIV, il était prêt à être le Régent, et pas seulement le Président du conseil de régence, comme l'indiquait le testament du vieux roi.

 

 

08:10 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

02/11/2015

Libertine du Grand Siècle

Ninon de Lenclos

Michel Vergé-Franceschi

éditions Payot

 

Michel Vergé-Franceschi est professeur d'histoire moderne à l'université de Tours. "Ninon de Lenclos, libertine du Grand Siècle" a obtenu le prix de la biographie "Historia" 2014. Il vient de publier "Une histoire érotique de Versailles", dont j'ai déjà parlé.

Ninon meurt octogénaire, ayant traversé le siècle de Louis XIV. Le futur régent, et l'abbé Dubois,  fréquentaient son salon qui réunissait le "tout Paris" littéraire, artistique et scientifique (Molière, Voltaire, Lully, Perrault...)

Ninon n'est pas une "précieuse ridicule", ni même une grande lectrice. Elle a "de l'esprit". "Elle érige le libertinage sexuel en philosophie athée." "Ninon impose à ses hôtes de respecter "qui que ce soit qui y fût" (chez elle) "A la quarantaine, après avoir joué de son corps, elle peut se permettre de jouer de son esprit." "L'intelligence de Ninon vient aussi du choix de ceux qu'elle décide de recevoir ou de congédier." "Ces femmes qui ont été galantes ne deviennent jamais pédantes."

Elle affiche son impiété, au risque du parti des dévots.  Elle a de bonnes relations avec Madame Scarron,  avant qu'elle ne devienne Madame de Maintenon. Certains affirment même qu'elle a initié celle-ci à l'amour et lui a enseigné des techniques qui lui ont permis d'être "honorée" par le roi la septantaine passée.

Ninon revendique sa liberté de corps, d'esprit, et même de langage.  Elle n'est pas particulièrement belle mais, jeune, la beauté de ses seins est renommée. 

Une fois son aisance financière assurée, "Ne couchant qu'avec les hommes qui lui plaisent , jeunes, beaux et virils ; les choisissant avec soin."

"Avec l'âge, Ninon apprend aux jeunes gens les bonnes manières au lit et dans le monde." Une "cougar" avant l'heure !

 

"Les premiers billets doux sont ceux que les yeux lancent"

 

08:12 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

17/10/2015

les derniers jours de Louis XIV

Nous, Louis, Roi

Eve de Castro

éditions de l'Iconoclaste

 

En s'appuyant sur le travail d' historiens tels Jean-Christian Petitfils, Eve de Castro livre le récit à la première personne des dix-sept derniers jours,  et dix-sept dernières nuits,  de Louis XIV, soixante dix-sept ans,  roi tout puissant, par la grâce de Dieu,  sauf devant la mort et, il n'en doute pas, devant Dieu devant qui il devra rendre des comptes, comme Madame de Maintenon l'en a averti tout autant que son confesseur.

Ses médecins sont dignes de Molière. Ils ont été incapables de diagnostiquer la gangrène due au diabète. De quoi faire peur à tous les diabétiques et les inciter à faire attention. Même si, aujourd'hui, il y a d'autres remèdes que les saignées et les purges !

 

"Je sais dissimuler autant qu'éblouir"

"La famine a tué un demi-million de mes sujets et la guerre presque autant."

"Ceux que la mort épargne se sentent infiniment vivants"

"Mourir est la dernière bêtise qu'il nous soit donné de faire" (la Princesse Palatine, sa belle soeur)

 

 

08:19 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, histoire