03/08/2016
Joachim Murat, fils d'aubergiste devenu un éphémère roi de Naples
Le sabre de l'Empire
Michel Peyramaure
éditions Robert Laffont
Il y a quelques mois, un ami américain, professeur d'Histoire, de passage à Paris, me demanda de l'accompagner au cimetière du Père Lachaise. A ma grande surprise, c'est la tombe de Murat qu'il voulait voir ! Je me suis donc senti obligé d'en lire un peu plus sur ce personnage à la vie épique, dont le destin fut d'autant plus lié à Bonaparte, dans l'ascension comme dans la chute, de victoires en défaites, qu'il lui avait donné l'autorisation d'épouser sa soeur Caroline, après son aide décisive lors du coup d'Etat du 18 Brumaire. Aide de camp devenu Maréchal, puis Duc, et enfin roi. "Bonaparte n'avait que mépris pour ses tenues vestimentaires."
Impossible de parler de Murat sans évoquer son épouse, Caroline, boulimique dans tous les domaines. Partis de rien, "les Murat détenaient une des plus grosses fortunes du pays. (dont l'Elysée )"
Pour tenter de sauver son trône, Murat n'a pas hésité à faire preuve, avec maladresse, de duplicité frisant la trahison, héritant du sobriquet de "petit Machiavel de Cahors".
Ses tentatives pour récupérer son royaume ont lamentablement échoué. Pendant qu'il était jeté en prison, avant d'être fusillé, en Calabre, son épouse menait à Vienne la vie dissolue qui avait toujours été la sienne.
Las Cases, dans son "Mémorial de Sainte-Hélène" a rapporté des propos très durs de l'exilé au sujet de son beau-frère : "Il était brave, mais fait pour être subalterne. Merveilleux sabreur, Murat n'était pas une tête politique. Il n'était bon qu'au feu. Il se croyait un grand homme. Ce sot a refusé l'asile que lui offrait Metternich où il aurait pu vivre très heureux."
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09/07/2016
La Terreur à Montpellier
D'un rouge incomparable
Véronique Chouraqui
TDO éditions, collection "Histoire du Sud"
Le "rouge incomparable", c'est celui obtenu, dès le XIIe siècle, par les drapiers de Montpellier à partir de la femelle d'un insecte minuscule, plus petit qu'un moustique, la cochenille, donnant un pigment rouge incomparable. Secret des draperies vermillon, carmin et cramoisi.
Et quand la tête de la belle et méritante drapière, innocente injustement condamnée, tombe sous la guillotine, "le soleil se mit à saigner d'un rouge incomparable "...
Une belle histoire d'amour impossible, commencée sous l'ancien Régime, prolongée sous la Terreur.
Dommage que le parti pris historique de l'auteur soit si flagrant contre "ces opportunistes sanguinaires qui pondaient les lois".
La Révolution dans l'Hérault , c'est quand même aussi le député Fabre, tombant au combat contre les troupes espagnoles entrées en Roussillon.
Le "peuple" est décrit comme composé de "brutes stupides. Une meute fanatique d'animaux sauvages."
Catherine, jeune domestique sachant lire et écrire, est une émule d'Olympe de Gouges. Contrairement à son modèle elle échappera à l'échafaud. Les domestiques ne pouvant pas témoigner en faveur de leur maîtresse. Le vote des domestiques hommes sera l'objet de longs débats. Un(e) domestique n'était pas considéré comme un citoyen à part entière ! Et les femmes non plus...
17:24 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
21/06/2016
Mourir en député(e)
La liberté ou la mort
Mourir en député
1792/1795
Michel Biard
Entre 1792 et 1795, 86 parlementaires, membres de la Convention, sont décédés de mort non naturelle. Dix de plus entre 95 et 99.
"Entre 1789 et 1791, la vigueur du débat n'implique pas encore d'éliminer son adversaire, mais de convaincre par la seule force de la raison, puis par un vote de l'assemblée."
Le premier sang versé d'un représentant sera l'assassinat de Le Peletier de Saint Fargeau, tué, parce qu'il avait voté la mort du roi, par un ancien garde de Louis XVI.
Outre Marat, cinq autres membres de la Convention meurent assassinés.
Féraud est frappé à mort et décapité dans la salle même de la Convention.
Fabre, de l'Hérault, envoyé en mission auprès de l'armée à la frontière espagnole, meurt au combat.
Billaud-Varenne et Collot d'Herbois, anciens membres du Comité de Salut public, sont déportés en Guyane, "la guillotine sèche".
L'immense majorité des morts vient de la violence de l'affrontement entre Gironde et Montagne. Les 3/4 meurent entre l'été 93 et l'été 94. 94% sont Girondins ou Montagnards. "La mise à l'écart politique se solde par une exécution collective."
Aucune autre Assemblée nationale n'a connu une telle saignée.
"La Révolution, comme Saturne, dévorera tous ses enfants." (Vergiaud)
"Rien n'est plus difficile que de définir un crime politique" (Danton)
Seize représentants choisissent de se donner la mort pour des raisons politiques, et une dizaine le tentent sans succès.
De nombreuses propositions seront faites d'entrée au Panthéon. Seuls Le Peletier puis Marat auront finalement droit à cet honneur. L'auteur n'explique pas quand et pourquoi ils en ont été exclus .
"La mort est moins importante que l'immortalité de l'âme et l'immortalité de l'exemple."
12:10 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
06/06/2016
Une petite ville pendant la révolution
Etampes en révolution
1789-1799
Etampes, petite ville chère à mon coeur. J'y ai été lycéen, je m'y suis marié, j'y ai travaillé (à la gare), nos trois enfants y sont nés.
Etampes, débouché naturel des grains de la Beauce vers la capitale.
Son marché y était donc essentiel en périodes de disette, ou de spéculation.
Tellement important que le 3 mars 1792 le maire, Jacques-Guillaume Simonneau, riche tanneur employant une soixantaine d'ouvriers, s'oppose à la foule, d'Etampois, ou venue des environs, qui réclame qu'un maximum de prix soit établi sur les grains, car le pain est devenu trop cher pour les démunis, même ceux qui ont du travail. A ce moment là, la loi ne prévoit pas une telle mesure. Le maire va même jusqu'à donner l'ordre de tirer sur les manifestants. Les militaires s'y refusent. Il faudra attendre le Comité de Salut public de Robespierre pour que ce maximum soit établi.
Simonneau est tué d'un coup de sabre à la tête, suivi d'un coup de fusil.
Pour les modérés, il devient le martyr de la Loi. Sa ceinture de maire, tachée de sang, est suspendue aux cintres du Panthéon.
Ses assassins sont condamnés à la guillotine. Sentence qui ne sera jamais exécutée. Ils seront libérés en septembre, par décision de l'Assemblée législative...et reçus comme des "martyrs du patriotisme " L'un deux trouvera un poste dans la gendarmerie nationale à Paris.
15:43 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
19/05/2016
La clé de la Révolution française...et de la nature humaine
Sieyès
La clé de la Révolution française
Jean-Denis Bredin
de l'Académie française
éditions de Fallois
Singulière destinée que celle de l'abbé Sieyès qui se rend célèbre en janvier 1989 avec son pamphlet "Qu'est ce que le Tiers Etat ?"...et qui termine sa vie comme comte, avec des armoiries, et pair de France. Sans parler de sa "Grand-croix de la Légion d'honneur ."
"En 1789, il avait excommunié les privilèges, les honneurs qui "corrompent l'opinion et dégradent les âmes."
Entre le moment, glorieux, où il propose aux représentants du Tiers-Etat (il n'est pas parvenu à se faire élire par le clergé) de se constituer en "Assemblée Nationale", et le moment, moins glorieux, où il sert de marchepied à Bonaparte, le 18 Brumaire, Sieyès s'est fait discret, surtout pendant la Terreur. Il ne réapparait qu'après la chute de Robespierre. "Responsable de 1789, innocent de 1793". Chef du gouvernement après le coup d'Etat de Prairial, Directeur en 1799, donc bien placé pour organiser le coup d'Etat au profit d'un futur empereur.
Cette vie, qui a duré quatre-vingt-huit ans, est l'occasion pour Jean-Denis Bredin de raconter l'époque, en particulier les soubresauts de la Révolution.
Jean-Denis Bredin n'est pas historien mais juriste . Sieyès semble avoir été un "juriste de la Révolution", un spécialiste de droit constitutionnel au moins autant qu'un homme politique, même s'il a été élu plusieurs fois dans les différentes assemblées parlementaires, ayant présidé certaines, avant d'être nommé, par Bonaparte, président du Sénat. Sieyès est un légaliste. Bonaparte avait besoin de sa caution.
Théoricien du système représentatif, la dernière Constitution portant la marque de ses idées, imaginera des "représentants" cooptés et non élus.
Pas étonnant qu'un prêtre "de base" ait critiqué le systèmes de séparation de la société en trois ordres. "L'épiscopat était devenu l'apanage des familles nobles. Plus un seul roturier sur les 130 évêques de France. L'Eglise, comme l'armée, était devenu le champ clos de la noblesse."
16:01 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire