24/06/2017
Au temps du bassin minier
Germinal
Emile Zola
adaptation BD Philippe Chanoinat
dessin et couleurs : Jean-Michel Arroya
Le Monde et éditions Glénat
En 1986, à l'occasion de la campagne électorale des élections européennes, je suis descendu au fond de la mine, à Liévin. A l'époque où il y avait encore quelques mines de charbon en France, et les corons n'avaient pas encore été réhabilités ni les terrils aménagés, les uns et les autres avec des fonds européens.
J'en ai gardé un souvenir pénible d'avoir été obligé de ramper sur les coudes et les genoux pendant un temps qui m'avait paru interminable.Mais c'est une chose d'aller y avoir, une autre d'aller y travailler plusieurs heures par jour, pour le restant de sa vie, ou même pour une période indéterminée. Même si les conditions de travail (les hommes n'étant là que pour vérifier le bon fonctionnement de machines automatisées) et surtout de sécurité, n'avaient plus rien à voir avec la description faite par Zola.
Des catastrophes épouvantables ont provoqué une salutaire prise de conscience. Des luttes, dont celle d'Andin qui a inspiré Germinal, restées dans l'histoire, ont été nécessaires pour obtenir des améliorations notables.
Autre remarque : au fond il y avait surtout des immigrés, maghrébins ayant succédé aux Polonais, aux Italiens, aux Flamands. Ceux qui travaillaient sur le "carreau" avaient un certain sentiment de supériorité sur ceux du "fond".
Ceux qui votent si massivement pour le FN sont-ils les descendants des uns ou des autres ? Pensent-ils vraiment que Madame Le Pen, la châtelaine, va améliorer leur sort ?
Cette BD permet de se replonger dans cette période pas si lointaine, comme l'avait fait le film de Claude Berri avec Renaud et Depardieu.
17:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
14/06/2017
Middle West, années 50
Indignation
Philip Roth
nrf Gallimard
L'indignation, c'est celle d'un étudiant américain parti dans une université de l'Amérique profonde pour s'éloigner un peu de son père, un peu trop envahissant.
Marcus est indigné, lui qui est athée, d'avoir l'obligation, pour avoir son diplôme universitaire, d'assister aux sermons hebdomadaires prononcés par divers religieux. Obligation qui ne sera abolie qu'en 1971...
L'université pour lui c'est également la découverte de la sexualité (orale) dans une Amérique pudibonde, surtout dans ces années 50, années de la guerre de Corée, avec la hantise d'aller s'y faire tuer.
Un roman "d'apprentissage" sur "La façon terrible, incompréhensible dont nos décisions les plus banales, les plus fortuites, voire comiques, ont les conséquences les plus totalement disproportionnées."
08:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, amérique
11/06/2017
De cape et d'épée
Le capitaine Fracasse
Théophile Gautier
Adaptation : Philippe Chanoinat / Djian
Dessins : Bruno Marivain
Couleurs : Catherine Moreau
"Le Monde" et éditions Glénat
Roman paru en feuilleton de 1861 à 1863, racontant, avec moult rebondissements, les aventures d'un gentilhomme gascon désargenté et fin escrimeur (les Trois mousquetaires à lui tout seul !), sous le règne de Louis XIII, deux siècles plus tôt. "Nul grand problème ne s'y débat". L'amour est contrarié mais tout se termine bien...
Abel Gance avait adapté le roman au cinéma, mais je garde en mémoire la version avec Jean Marais et Louis de Funès.
"Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien."
11:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
01/06/2017
Piquant
Quand sort la recluse
Fred Vargas
éditions Flammarion
Trente ans que Fred Vargas a publié son premier roman policier. Elle en maîtrise parfaitement la technique. Suspens jusqu'au dénouement final, personnages atypiques, cumul d'horreurs humaines inhumaines, enquêtes annexes qui n'ont rien à voir et succès en librairie.
L'action se passe à Nîmes et dans les environs où se produisent plusieurs mort mystérieuses qui seraient causées par des piqures d'une araignée surnommée "la recluse" car elle se cache.
Qui a pris le train en gare de Nîmes se demandera si l'auteur s'y est réellement rendue. Impossible de choisir une table au café de la gare près de la fenêtre, "avec vue sur les rails", car ceux-ci se trouve un étage plus haut...
"Ils connaissait les chiffres noirs, une femme violée toutes les sept minutes dans le pays et 1 à 2% des violeurs condamnés."
"Celui ou celle qui devient humain abandonne ses facultés divines"
20:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, littérature
29/05/2017
L'affaire Dreyfus écrite comme un roman policier
D.
Robert Harris
éditions Plon
Sans hésiter mon livre préféré de ces derniers mois.
L'affaire Dreyfus racontée selon les techniques du roman, par un maître du genre, Robert Harris, auteur, entre autres, de "The Ghost Writer", adapté au cinéma par Roman Polanski, et "Imperium", dont j'ai parlé dans ce blog.
L'affaire Dreyfus comme si elle était racontée par Georges Picquart, nommé à la tête du service de renseignements de l'armée. Le plus jeune colonel de l'armée française. Homme intègre qui fera taire son ambition pour faire triompher la vérité. Très tôt, il a les preuves de l'innocence de Dreyfus, et bientôt les preuves de la culpabilité d'Esterhazy. Niée encore aujourd'hui par certains historiens...Sans oublier la responsabilité dans l'injustice commise à l'égard de Dreyfus par le colonel du Paty de Clam, officier chargé de l'enquête contre Dreyfus, son fils deviendra par la suite Commissaire général aux questions juives du régime de Vichy, le général Mercier, ministre de la guerre, le commandant, puis Colonel Henry, qui se suicidera quand les preuves des forfaitures ne pourront plus être cachées. Picquart, mis à l'écart de son propre service puis envoyé dans le désert, au sens propre comme figuré avant d'être chassé de l'armée.
Même si tout le monde connaît la fin (Dreyfus et Picquart réintégrés et réhabilités, promus, Picquart nommé général puis ministre de la guerre par Clemenceau), j'ai lu ce livre et suivi les rebondissements comme un excellent roman à suspens.
Condamné en 1895, Dreyfus ne sera totalement innocenté par la Cour de Cassation qu'en 1906.
"Le désir humain d'assister à l'humiliation de l'autre."
"Quand une société en est là, elle tombe en décomposition." ("J'accuse" d'Emile Zola)
07:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, histoire