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11/04/2009

L'homme à l'envers

L’homme à l’envers

Fred Vargas

Editions Viviane Hamy

 

Un « homme à l’envers », c’est un loup-garou : quand il est homme, il a les poils à l’intérieur, quand il se transforme en loup,  les poils ressortent.

Fred Vargas s’est inspirée du problème posé par les loups, passés des Abruzzes dans le massif du Mercantour, et y dévorant quelques moutons.

Vous ne croyez pas au loup-garou ? Moi non plus et Fred Vargas pas d'avantage.

Le personnage central est Camille, l’amoureuse épisodique du commissaire Adamsberg, lequel n’entre vraiment en action et mène l’enquête que dans le dernier tiers du livre. A partir de ce moment là, je n’ai pas pu lâcher le livre, éteindre la lumière et dormir avant d’avoir connu le mot de la fin. Et cela ne m’arrive que très rarement.

J’ai vu l’adaptation du livre, à la télévision belge, par Josée Dayan, avec les mêmes, excellents, actrices et acteurs que lors des adaptations des livres précédents. Les paysages des Alpes de Haute Provence sont somptueux et donnent envie d’aller les découvrir. La vedette ce n'est pas Camille, c'est la montagne. Je ne sais pas si la télévision française a montré, ou a programmé cet « homme à l’envers ». Le cas échéant, j’en reparlerai donc.

Citations :

"C'est désespérant l'être humain, ça s'attache à ce qu'il a de pire"

"L'amour vous donne des ailes pour vous scier les jambes, une trouvailles pour narcissiques"

"Les gars impressionnants sont toujours chiants"

"C'est l'ignorance qui est cause des plus folles pensées"

"I y a des tucs qui s'embringuent pour des tas de mauvaises raisons et que tu ne peux plus désembringuer même pour des tas de bonnes raisons"

"La mémoire fait ce qu'elle veut avec les matériaux qu'on lui donne à la casse"

  

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

07/04/2009

Bérégovoy, le dernier secret

Bérégovoy

 

Le dernier secret

 

Jacques Follorou

 

Editions Fayard

 

 

J'ai rencontré Pierre Bérégovoy dans les années 70. Il était alors un des dirigeants importants du PS. Il m'a semblé très "raide", imbu de lui même, d'un accès distant envers le jeune Secrétaire général des cheminots socialistes, que j'étais, ce qui n'avait entraîné (au contraire ?) aucune sympathie de la part de l'ancien cheminot qu'il était. Comme beaucoup de personnes de petite taille, il se tenait très droit, ne voulant pas en perdre un pouce. Comme l'écrit l'auteur dans une litote : "il n'a pas la fibre démonstrative" ; "la nature réservée de Pierre Bérégovoy ne se prêtait guère aux effusions factices".

 

J'ai rencontré un peu plus tard son frère Michel, lui aussi ancien cheminot, devenu député de la banlieue de Rouen. Le moins que l'on puisse dire est qu'il était différent : Michel était resté un homme du peuple et qui en jouait avec roublardise, avec un contact "populaire" qui assurait ses réélections,  alors que Pierre allait d'un parachutage à l'autre, de défaite en défaite, de Brive à Maubeuge, jusqu'à son atterrissage dans la Nièvre, par volonté présidentielle. "Bérégovoy a toujours manqué de charisme et de racines".

 

L'auteur retrace l'itinéraire de Pierre Bérégovoy : petit fils d'immigré, d'une famille ouvrière, devenu Premier Ministre,  par son talent et par son travail acharné, voyant son rêve de Présidence de la République brisé par la lourde sanction électorale qui marque la fin de sa résistible ascension. La SNCF, EDF, le syndicalisme, la SFIO, le PSU, Mendès-France, Alain Savary, et enfin Mitterrand, avec la frustration de ne jamais faire partie d'aucun des cercles rapprochés. Il se voulait "le gestionnaire, dans le sillage de François Mitterrand, le visionnaire".

 

Le livre commence et se termine par son suicide, qu'aucun militant socialiste de notre génération ne pourra oublier. "L'annonce de la mort de Pierre Bérégovoy est un traumatisme collectif, car elle sonne comme un échec de la gauche". Nous nous souvenons tous de l'acharnement du juge Thierry Jean-Pierre, qui entrera ensuite en politique, au Parlement européen, à la droite de la droite, et des campagnes de presse, en particulier du "Canard enchaîné" à propos du prêt immobilier d'un million de francs, sans intérêt,  accordé par un riche ami du Président.

 

Le "dernier secret", qui justifie le titre du livre, c'est que "Béré", comme nous l'appelions familièrement,  hors de sa présence, voulait protéger les siens,  qui avaient profité de largesses douteuses de ces hommes d'argent, ces "aventuriers des affaires" que l'homme de pouvoir Bérégovoy s'était mis à fréquenter un peu plus que ne l'exigeait le sauvetage d'entreprises nivernaises en difficulté. "Ces gens qui n'auraient jamais parlé aux socialistes s'ils n'avaient pas été au pouvoir".

 

L'auteur fournit une explication à laquelle tous les militants, en particulier les élu(e)s pourront souscrire : "Que suggérer à un homme politique qui a imposé à l'ensemble de sa famille près de 40 ans de vie militante et de week-ends passés sur les routes, en meetings, en salles enfumées ? La culpabilité des hommes politiques vis-à-vis de leur entourage familial est une donnée méconnue". Il avait un "sentiment de dettes" et voulait "payer le prix de son absence" ; "l'ambition personnelle cohabitait avec les scrupules du père de famille et de l'époux".

 

 

Extraits :

 

"Son absence d'humour et d'autodérision transformaient toute critique en blessure mortelle"

 

"Avait-il réellement été séduit par la comédie du pouvoir et son cortège de courtisans aux faux airs d'amis qui, comme autant de papillons attirés par les ors de la République, vous quittent dès que la lumière s'éteint ? Il s'était habitué à cette déférence et à ces sollicitations que l'on prend pour soi alors qu'elles ne visent que votre image".

 

"En se tuant, l'homme d'Etat a effacé l'homme de faiblesses".

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

05/04/2009

un cadavre de trop

Un cadavre de trop

 

Ellis Peters

 

10/18 n°1963

 

 

Il y a déjà quelques temps que l'historien quasi officiel de ce blog, mon ami Frédéric Dubuisson,  a parlé, dans un des ses commentaires,  toujours pertinents, des aventures  moyenâgeuses du frère bénédictin Cadfael (prononcez Cadvale), herboriste, ancien héros de la croisade,  grand résolveur d'énigmes.

 

J'aime  quand la dimension historique s'ajoute à l'intrigue policière.

"Un cadavre de trop", premier roman,  d'une série de vingt et un,  publié en 10/18, se déroule en pleine guerre de succession entre les petits enfants de Guillaume,  qui n'aimait pas qu'on l'appelle "le conquérant", et encore moins "le bâtard".

Comme dans tout roman "policier", le lecteur se demande "qui a tué ?", mais en plus il y a la reconstitution de l'atmosphère de l'Angleterre du XIIe siècle.

 

 

Citations

 

"Ce que tu ne dis pas n'est pas dangereux"

 

"Connaissez vous des être humains qui ne soient pas étrangers les uns aux autres ?"

 

"On apprend des choses dans le livre de la vie et en étudiant nos semblables"

 

"Il avait gardé un esprit turbulent, incorrigiblement emporté et prompt à l'insubordination"

 

"La justice n'est-elle due qu'aux être irréprochables ?"

 

 

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, histoire

04/04/2009

Mes hommes de lettres

Mes hommes de lettres

Petit précis de littérature française

Catherine Meurisse

Editions Sarbacane

 

Catherine Meurisse est dessinatrice à « Charlie Hebdo ».

Elle revisite, en bandes dessinées,  les auteurs de la littérature française.

Quel regret de ne pas avoir eu entre les mains cet album au moment où notre bréviaire obligatoire, et unique,  était le Lagarde et Michard. Les enseignants n’auraient probablement pas supporté que nous nous contentions du Meurisse, mais nous aurions eu un complément agréable.

L’Histoire commence au Moyen-âge, plus précisément au IXe, pour prendre son essor avec les « chansons de geste »,  diffusées par les trouvères (au nord) et les troubadours (au sud) à partir du XIe siècle, popularisant « le roman de renard » et « les chevaliers de la table ronde ».

Les découvertes de terres lointaines et l’imprimerie « décrassent la tête ». Rabelais est au centre de ce « nouveau monde ». Comme l’écrit Montaigne : « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ».

Le « grand » siècle nous est raconté avec humour, même Corneille et Racine, et Catherine Meurisse se moque un peu du siècle suivant, celui des philosophes, et du « triomphe de la raison ». Hugo domine le XIXe, il a « tout vu, tout senti, tout vécu, tout écrit ». La bataille d’Hernani nous est racontée comme une histoire de B.D.

Catherine Meurisse a une tendresse particulière pour les femmes et les met en valeur : George Sand (« Je revendique la liberté de penser, de parler, de vivre » ; « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé »), et Colette.

Ses descriptions de Balzac, Flaubert, Zola, Proust (« les seuls vrais paradis sont ceux que l’on a perdus ») sont particulièrement réussies. Toutes ces célébrités se retrouvent autour de ce dernier, une madeleine à la main.

Que vous ayez gardé un bon ou un mauvais souvenir de vos cours de français, cet album est pour vous !

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature

28/03/2009

Le jour et l'heure

Le  jour et l’heure

Guy Bedos

Editions Stock

 

Guy Bedos a 75 ans (et oui, le temps passe vite ; « vieillir, c’est le meilleur moyen de ne pas mourir »), il est clair qu’il a peur de la mort. Il invente le personnage d’un presque sexagénaire qui apprend qu’il a un cancer, qui a peur de la mort (« le pire n’est pas la mort, mais la peur de la mort »), et qui décide donc de choisir « le jour et l’heure ».

Cela donne un roman à l’humour grinçant qui parle du « droit de mourir dans la dignité » (« tu accoucheras dans la douleur, tu crèveras dans la douleur » ; « droit de mourir dans la dignité, certes, mais d’abord droit de vivre dans la dignité »), mais aussi de la vie, des relations entre parents et enfants devenus adultes.

 Guy Bedos nous livre, en prime,  comme sur scène, quelques « revues de presse » sur l’actualité, « un festival de l’horreur et de la saloperie ».

 

 

« L’avantage du pessimisme, c’est qu’on ne peut avoir que de  bonnes surprises »

« Se suicider trop tôt, c’est manquer de mémoire et d’imagination »

« L’avantage de l’écriture, c’est qu’on peut se relire »

« Je frôle la soixantaine, mais il n’y a pas d’âge pour être orphelin »

« J’ai remplacé la foi par la conscience »

« Si on me cherche, on ne me trouve pas, on me perd »

« Le corps a ses raisons que la raison ne connaît point »

« Il a été contaminé par une excessive absorption de romantisme »

« Il n’y a qu’un seul bonheur dans la vie, aimer et être aimé »

07:17 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature