09/11/2022
17 auteurs explorent les années 80
Summer of the 80's
Jessica Abel, Alfred, Nine Antico, Bouzard, Emile Bravo, Catel, Remy Cattelin, David Chauvel, Guillaume Clavery, Serge Clerc (couverture),Christophe Dabitch, Jean-C. Denis, Paul Drouin, Krysztof Gawronkiewicz, Grzegorz Janusz, Philippe Paringaux, Ron Wimberly
Arte éditions et Dargaud
Comme l'écrit Nine Antico : "dans les années 80 on ne se rendait pas compte que c'était les années 80"
17 visions des années 80 en 80 pages pour 17 BD.
En couleurs ou en noir et blanc avec un point commun : l'humour et un regard acéré sur cette période.
Mes années 80 furent particulièrement chargées : mon entrée comme administrateur du groupe socialiste du Parlement européen, la naissance de mon fils, mon élection à Brétigny sur Orge...Je ne savais pas que ça passerait si vite !
07:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
05/11/2022
Univers parallèle
Paysages trompeurs
Marc Dugain
éditions Gallimard
Un producteur de documentaires, pivot du scénario, un militaire commando des forces spéciales, une psychologue d'origine israélienne.
Du Maroc au Groenland, en passant par Paris et la Somallie. Il y a de l'action qui pourrait être mise en scène au cinéma, comme plusieurs livres de Marc Dugain.
Le point d'orgue est un braquage audacieux au détriment de narcotrafiquants sud-américains.
De l'imagination. Malheureusement avec peu de crédibilité.
"Nous évoquions la façon dont les promoteurs de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne s'étaient servis de Facebook pour répandre de fausses informations. Ils s'étaient contentés de convertir symboliquement l'argent de la contribution britannique à l'Europe en nombre d'hôpitaux en moins pour les Anglais. Une démarche simple, mensongère, hautement démagogique, d'une efficacité redoutable puisque les électeurs avaient agi dans le sens souhaité."
"La thèse de Max Weber selon laquelle l'Etat a le monopole de la violence légitime a marqué à jamais la philosophie politique."
"les conditions sont réunies pour un conflit généralisé au Moyen-Orient, un énième. Personne ne veut la paix, personne ne l'espère. La religion n'intéresse que ceux qui cherchent à justifier leur haine et leur appétit de pouvoir."
"comme le disait Aldous Huxley, le vivant ne semble n'avoir reçu le libre arbitre que pour choisir entre folie et démence."
"Bolsonaro, ce vil et médiocre militaire de second ordre s'était résolument mis au service des puissants qui l'avaient installé là, après avoir corrompu les hommes, mettant hors jeu les idées progressistes."
"l'existence n'a aucun sens, raison pour laquelle nous cherchons à lui en donner un, tout en sachant qu'il ne résistera pas à la mort."
"cette mutation du communisme en un libéralisme sauvage, sous la férule des anciens maîtres soviétiques qui précipitaient définitivement le pays dans un capitalisme mafieux encore plus violent que celui du début du XX ème siècle aux Etats-Unis. un modèle politique particulier, celui de la kleptocratie totalitaire se cachant derrière de faux objectifs de grandeur nationaliste."
"le temps n'est plus aux causes verticales, un pays, une nation, une religion, une civilisation, le temps est aux causes transversales, celles qui conditionnent l'avenir de l'espèce."
08:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar
03/11/2022
un regard sur le monde
50 ans, 50 dessins
Plantu dans le monde
hors série du Monde
Difficile, pour les responsables du proje de choisir parmi les 20 000 dessins signés Plantu au cours de ces 50 années. 30 000 si on compte ceux qui ont été publié ailleurs que dans Le Monde.
"Ce truc, c'est pas un métier, c'est une passion. C'est une vie !"
"On s'aperçoit qu'on dessine pour la terre entière, y compris pour des gens qui ignorent l'esprit de dérision et, sans éducation à la liberté, prennent tout au premier degré."
En plus des dessins de Plantu, un chapitre intitulé "la plume dans la plaie" reprend des dessins des XIXe et XXe siècles. "Dénoncer par le rire". "La caricature est un "art brûlant". Déjà le dessin de presse est "une arme de rire et de combat".
Impossible de ne pas évoquer "cartooning for peace", fondé il y a 20 ans par Plantu et ses amis. L'association regroupe aujourd'hui 250 dessinateurs et dessinatrices.
08:07 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessins de presse, humour
30/10/2022
le premier livre d'Annie Ernaux
Les armoires vides
Annie Ernaux (Prix Nobel de littérature 2022)
folio
Dans "L'évènement", livre dans lequel Annie Ernaux raconte son avortement, la jeune femme évoque le livre qu'elle est en train d'écrire, avec difficultés puisqu'elle poursuit alors ses études de lettres qui la conduiront jusqu'à l'agrégation. Difficultés également de rester concentrer sur ce roman en gestation au moment de "L'évènement". "Les armoires vides" sortira dix ans après l'avortement.
Dans "Les armoires vides" Annie Ernaux devient Denise Lesur et s'inspire de son enfance et son adolescence pour raconter la vie d'une famille sortie du monde ouvrier mais restée juste au dessus dans leur petit commerce épicerie/ bistrot, avec toilettes "à la turque" dans la cour, chambre unique partagée avec les parents. La toilette se fait sur l'évier de la cuisine/salle à manger. Au bistrot son père ne sert pas ni cocktail ni thé aux ouvrier et aux poivrots.
Pour que leur fille puisse grimper un échelon supplémentaire, les parents l'inscrivent dans une école privée catholique. Et là, la jeune fille découvre un monde à l'opposé du sien."Même pas la même langue". Pas question d'inviter ses camarades de classe chez elle. Les études, et ses brillants résultats, la place hors de son monde dont elle a honte. "l'humiliation, à l'école je l'ai apprise"
"je les aime les mots des livres"
"Je découvre la "vraie" littérature, celle des profs, celle que lisent les plus évoluées des copines. Sagan, Camus, Malraux, Sartre...Les idées, les phrases m'échauffent." "Je ne pouvais pas faire autrement que d'être éblouie. Entre "Bonnes soirées" que ma mère poisse de son café au lait, et Le Château de Kafka, je m'aperçois encore qu'il y a un monde."
"ça, l'école ? des tas de signes à répéter, à tracer, à assembler ?"
"On ne parle jamais de ça, de la honte, des humiliations, on les oublie les phrases perfides en plein dans la gueule, surtout quand on est gosse"
"Le bien, c'était confondu avec avec le propre, le joli, une facilité à être et à parler."
"la messe sent les vieilles, le malheur ranci, mes dimanches de la veille avec le rôti aux pois"
08:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, nobel
18/10/2022
quand l'évènement devient écrit
L'évènement
Annie Ernaux, prix Nobel 2022
folio
Annie Ernaux raconte son avortement, vécu en 1963, presque 40 ans plus tard. Il est évident, du moins en France, que les conditions d'un avortement en 99 n'a rien à voir avec les conditions de 63. Merci Simone Veil ! Et toutes celles qui ont lutté pour cela, y compris en se qualifiant de "salopes".
"C'est justement parce qu'aucune interdiction ne pèse plus sur l'avortement que je peux, écartant le sens collectif, affronter, dans sa réalité, cet évènement inoubliable"
Malheureusement, les conditions dangereuses pour les femmes sont toujours d'actualité dans certains pays, même les USA.
La scène la plus forte : imaginez vous une étudiante, seule dans les toilettes de la cité universitaire de Rouen, voyant sortir un embryon avec son cordon ombilical, et aucune idée de ce qu'elle doit faire...Suivi d'une hémorragie qui l'expédie à l'hôpital où elle doit subir le mépris du jeune médecin. "Séparer comme à coups de trique les dominant des dominés".
La scène dans laquelle aiguille de tricoter en main elle essaie d'avorter seule ne peut laisser indifférent.
"J'étais passée de la catégorie des filles dont on ne sait pas si elles acceptent de coucher à celles qui, de façon indubitable, ont déjà couché. Dans une époque où la distinction entre les deux importait extrêmement et conditionnait l'attitude des garçons à l'égard des filles."
"Il était impossible de déterminer si l'avortement était interdit parce que c'était mal, ou si c'était mal parce que c'était interdit. On jugeait par rapport à la loi, on ne jugeait pas la loi."
"Je sais aujourd'hui qu'il me fallait cette épreuve et ce sacrifice pour désirer avoir des enfants." Pour accepter cette violence de la reproduction dans mon corps et devenir à mon tour lieu de passage des générations."
"Le véritable but de ma vie est peut-être seulement celui-ci : que mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l'écriture."
18:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, nobel, avortement