24/06/2020
Loin d'Alexandrie
Durrell à Sommières
Textes présentés et réunis par Frédéric Gaussen
éditions Gaussen
Qui se souvient de Lawrence Durell, écrivain né en Inde, de père anglais et de mère irlandaise. Son souvenir est encore très présent dans la petite ville de Sommières, dans le Gard, où il a passé les dernières années de sa vie, de 1957 à 1990, jouissant alors d'une renommée internationale. Pour lui, la fin de l'errance. "Durrell a si bien connu la pauvreté qu'il était obsédé par l'idée de réussir." Il habite "une demeure bourgeoise ayant appartenu à une vieille famille de marchands de vin."
"Je pense que tout créateur a besoin, comme un chaton d'une corbeille où il retourne avec soulagement et plaisir." (LD)
Parmi ses visiteurs à Somières : Henry Miller, Anaïs Nin, Yehudi Menuhin...
A ma grande honte, je dois avouer que je n'ai lu de lui que le "Quatuor d'Alexandrie."
08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
20/06/2020
Les cahiers d'Esther (5)
Histoires de mes 14 ans
Riad Sattouf
Allary Editions
Pour moi, Riad Satouf est l'auteur des quatre tomes de "L'Arabe du futur". Le récit de sa vie partagée entre la culture de son père arabe et celle de sa mère bretonne. Si vous ne connaissez pas, je vous recommande.
Comme je suis l'heureux grand-père de petits enfants de cet âge, et qu'ils viennent pour les vacances, je me suis lancé dans la lecture de ces "cahiers". Une suite de planches racontant des aventures d'une adolescente de 13/14 ans, et de ses copines.
Et j'ai beaucoup aimé ! Je pense que cela m'a permis de mieux comprendre leurs préoccupations.
Maintenant, j'attends leurs réactions !
21:36 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
02/06/2020
Le roman vrai de la mafia du CO2
D'argent et de sang
Fabrice Arfi (journaliste Médiapart)
éditions du Seuil
D'un côté deux gamins de Belleville qui ne traînent pas longtemps sur les bancs de l'école communale. Ils deviennent les roi de l'arnaque.
De l'autre côté, de Paris, et de la société, Arnaud, éduqué mais sans aucun scrupule.
Ensemble, ils montent une des plus importante arnaque à la TVA, basée sur la bourse aux quotas de CO2 prévue par "le Protocole de Kyoto", un accord international basé sur le principe "pollueur + payeur". Un millier d'installations classées parmi les plus polluantes se trouve en France.
Il faudra des années aux énarques de Bercy, des douanes, de la brigade financière, de la Caisse des dépôts, pour démonter la combine. Résultat : au moins deux milliards perdus pour les finances de l'Etat. La Cour des Comptes arrive au chiffre de 1,6 milliards. "Une arrogance, un aveuglement, une inconséquence sidérante, une bêtise incommensurable, bref un fiasco d'Etat !"
"L'intelligence de rue de quelques sans-grade de Belleville, qui ont su s'associer avec les bonnes personnes au bon moment, est parvenue à duper l'intelligence diplômée des meilleurs énarques."
"Le tiroir était grand ouvert et les gars se sont servis dedans, mais ce n'est pas la faute du tiroir."
"Samy est sorti le grand gagnant de la répartition avec 120 millions pour lui, devant 60 ou 70 millions à Marco et 20 millions à Arnaud (qui perdra tout au jeu)."
La différence entre deux milliards et à peine plus de 200 millions ? Il faut bien payer des intermédiaires...
La vie super luxueuse de l'ultra-richesse des trois ex-gamins se terminera un jour, au mieux en prison, au pire...
Ayant bénéficié des largesses de l'un d'entre eux : "Bibi" et sa femme, qui ne payaient jamais rien quand ils venaient en France.
Une enquête qui se lit comme un roman !
16:55 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : enquête
31/05/2020
l'amour, des 70's à #metoo
Un homme qui passe
Dany et Denis Lapière
éditions Dupuis / Aire libre
En Bretagne, en pleine tempête, un photographe bourlingueur et suicidaire sauve une jeune femme sur un voilier en perdition. Poussé par celle-ci il raconte sa vie amoureuse sans attache et sans promesse, au fil de ses reportages photographiques. De quoi choquer une jeune femme de la génération #metoo qui le classe dans la catégorie des "prédateurs sexuels", même s'il n'a jamais violé ni même forcé aucune.
Dany est un dessinateur bien connu de la BD belge, et Denis Lapière un scénariste chevronné. Ensemble, ils ont réussi un bel album, plein de sensibilité, et de nostalgie pour notre génération.
17:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
25/05/2020
Tenter de comprendre la Birmanie
Aung San Suu Kyi,
Rohingya,
et extrémistes bouddhistes
Frédéric Debomy, Benoît Guillaume
massot éditions
Je suis de ceux qui avaient une photo de "la dame de Rangoon" affichée dans leur bureau. Celles et ceux qui entraient ne pouvaient pas ne pas la voir. Au fil des années j'ai écrit régulièrement, pour le compte du groupe socialiste du Parlement européen, des propositions de résolution pour défendre les droits de l'Homme en Birmanie. Je comprends ce que Aung San Suu Kyi a souffert, en prison ou assignée chez elle. J'ai rencontré son mari à Chicago, en marge d'une convention du parti démocrate. Je sais que l'armée veut garder la réalité du pouvoir, et donc l'étroitesse de la marge de manoeuvre du gouvernement, surtout sur la question des minorités.
D'où mon désarroi face au drame honteux des Rohingas.
Frédéric Debomy et Benoît Guillaume connaissent la Birmanie. Ils s'y sont rendus plusieurs fois et y ont de nombreux contacts, surtout parmi les défenseurs des droits de l'Homme. Ils montrent par leurs dessins. Des faits, peu de jugements, pour nous laisser nous faire notre propre idée.
Ils parlent des Rohingya, mais également d'autres minorités, comme les Karens, et les Chins très soutenus par le PPE, et les Américains, parce que majoritairement chrétiens (ça, c'est moi qui l'ajoute)
"Je me retrouve à écouter ceux qui m'expliquent que les droits de l'homme passent après l'intérêt national et que la démocratie n'est pas toujours la priorité."
"Les moines extrémistes ont aussi poussé au crime."
"Donner un peu de pouvoir à Aung San Suu Kyi a permis aux militaires d'obtenir ce qu'ils souhaitaient : le rétablissement de relations correctes de la Birmanie avec la partie du monde qui n'appréciait pas leur dictature."
"Il y a un réflexe de défense d'une fierté fragile : on se referme."
"On opprime le plus faible par crainte du plus fort."
"Quand la politique dérive vers les obsessions identitaires, il me semble que c'est très dangereux." "En Birmanie comme en France, quand il est question d'identité les problèmes sont à l'avenant. Je crains que l'esprit de tolérance ne mette encore du temps à s'affirmer."
"Il y a des politiciens irresponsables qui vont dans le sens des préjugés au lieu d'inciter à les dépasser. Ils pensent que de cette façon, ils deviendront populaires. C'est jouer avec le feu."
"La Birmanie a derrière elle des décennies de conflits qui s'expliquent par le refus de l'armée birmane de prendre en compte une demande des minorités : vivre dans un Etat fédéral et non dans un Etat centralisé, sous domination des Birmans bouddhistes."
Le livre ses termine par la situation des femmes :
"être une femme en Birmanie, c'est être confinée à un rôle d'éternelle mineure. Les jeunes femmes obéissent à leurs mères."
"Il suffit d'observer que le statut des nonnes n'est pas égal à celui des moines."
"La femme doit à l'homme déférence et respect."
"Au Parlement birman, il y a 10% de femmes."
18:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bd, birmanie