09/05/2012
le prénom
Le prénom
D'Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte
Avec Patrick Bruel, Charles Berling, Valérie Benguigui, Françoise Fabian, Guillaume de Tonquédec, Judith El Zein
Dîner de famille. Une naissance est annoncée. A l'occasion d'une sale blague sur le prénom du futur bébé, les vannes sont ouvertes, le vernis craque. Au nom de la tendresse, toutes les vacheries refoulées explosent, les règlements de comptes les plus anciens se soldent. C'est comme "Carnage", mais en famille...et avec l'humour en plus ! Un rire d'autant plus libérateur qu'il succède à la tension et/ou à l'émotion.
Les répliques font mouche à un rythme endiablé. On rit, comme cela ne m'était pas arrivé de rire au cinéma depuis longtemps.
Les personnages sont peut-être un peu caricaturaux, mais interprétés avec efficacité : le prof de fac, bobo de gauche, son épouse, enseignante également, mais cantonnée dans ses tâches ménagères, le beauf inculte, mais friqué, assez "bling-bling", l'épouse enceinte qui met les pieds dans le plat, l'ami d'enfance que l'on veut croire homosexuel. La mère, forcément juive...
Aucune raison de bouder son plaisir !
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
04/05/2012
terre ferme
Terraferma
"Prix spécial du Jury" de la "Mostra" de Venise
D'Emanuele Crialese
Avec Donatella Finacchiaro
Voilà un film sur un sujet de société qui est d'actualité.
La question est simple, et la réponse impossible, pas seulement pour le vieux pêcheur et son petit-fils, dans cette petite île au sud de la Sicile, qui pourrait être Lampedusa : faut-il lancer une bouée, et secourir ces immigrés clandestins en train de se noyer, conformément au code ancestral de gens de mer, ou leur taper sur les doigts au risque de leur noyade, comme l'exige la Loi, qui punit ceux qui aident les clandestins ?
Le grand-père se voit confisquer son bateau. En France il risquerait cinq années de prison...
Tout le monde connaît la réponse de l'extrême droite, et de la droite qui court derrière : à la mer !
Réponse moins évidente, pour la conscience, quand on se trouve sur le bateau, directement au contact, et qu'il reste un peu d'humanité.
La force de ce film est qu'il n'est démonstratif que pour montrer que la réalité est complexe, les choix difficiles face au désordre mondial qui provoque les émigrations.
Un film sans concession mais sans stéréotypes. L'inverse du manichéisme de certain(e)s.
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
27/04/2012
Cloclo
De Florent Emilio Siri
Avec Jérémie Renier
Je me souviens. Grace au comité d'entreprise de Renault, où travaillait mon père, j'ai vu Jean Ferrat sur scène. Jean Ferrat, mais aussi, je me souviens, cette année là, il y a un demi siècle déjà, Claude François. Preuve que le comité d'entreprise, géré par la CGT, n'était pas sectaire. Ou que ses responsables avaient compris que Claude François chantait pour les pauvres des banlieues, comme son personnage le dit dans le film.
Je n'ai jamais été un fan de Claude François, je n'ai jamais acheté aucun de ses disques. A le voir courir d'un bout à l'autre de la scène à la recherche d'un marteau, j'avais été plus impressionné par la performance physique que vocale.
Mais chacun sait que ma génération, celle de "Salut les copains", est nostalgique, surtout en matière de variétés françaises. Je suis donc allé voir ce "biopic". Et j'y ai trouvé du plaisir. Deux heures et demie que je n'ai pas trouvées trop longues, au rythme des succès et des amours.
Tout le monde a souligné, à juste titre, la performance de Jérémie Renier. Mais les seconds rôles ne sont pas mal non plus. Benoît Magimel est méconnaissable en impresario.
Les femmes, qui ont ponctué la vie de Claude François, à commencer par sa mère, sont interprétées avec sensibilité.
La scène qu'il fait à France Gall, sa compagne d'alors, quand elle remporte l'Eurovision, est révélatrice du personnage, jaloux à l'excès, affectivement et professionnellement, sacrifiant tout, toutes, tous, y compris ses fils, à sa carrière. Besoin de reconnaissance due au manque d'affection paternelle ?
En rentrant chez moi j'ai éprouvé l'envie de pianoter un peu. "Comme d'habitude", je l'ai fait "my way"...
12:20 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
20/04/2012
Le fils de l'autre
Le fils de l'autre
De Lorraine Levy
Avec Emmanuelle Devos, Pascal Elbé, Areen Omari
Tout le monde se souvient de "La vie est un long fleuve tranquille" : deux bébés échangés à la naissance, l'un chez les riches, l'autre dans un milieu beaucoup plus modeste.
"Le fils de l'autre" reprend le même principe, sauf que dans ce cas il n'y a pas de différence sociale, pas de différence raciale non plus, mais l'un est Juif d'Israël, et l'autre Palestinien de Cisjordanie, étudiant à Paris.
La question de l'identité est donc au premier plan, dépassant la question de l'inné et de l'acquis.
Je suis l'"autre" et l'"autre, c'est moi". Réflexion philosophique essentielle, leçon d'humanité, difficiles à faire comprendre à Guéant et autres Le Pen.
L'avalanche de bons sentiments n'est pas trop pesante, grâce à l'excellente interprétation des deux jeunes gens et de leurs parents, Areen Omari étant à la hauteur du talent d'Emmanuelle Devos.
Le plaidoyer pour la coexistence des enfants d'Abraham reste discret, comme l'évocation de la vie des Palestiniens derrière le mur et les check-points.
Un film touchant qui fait réfléchir.
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
13/04/2012
Des témoins qui ne veulent pas l'être
38 témoins
De Lucas Belvaux
Avec Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia, Natacha Régnier
Le film s'ouvre par l'entrée, en bateau, dans le port du Havre.
Pour moi, bouffées de souvenirs d'enfance, et d'adolescence, à la vue de ce quartier reconstruit après guerre sur les ruines des bombardements.
A "mon" époque il n'y avait pas de porte-containers de plus de trois cent mètres de long, mais il y avait le "France" qui faisait la "ligne", vers New-York en cinq jours, avant que les avions ne le rendent obsolète.
Les "abeilles" guidaient et remorquaient les vraquiers vers les quais.
Donc, l'action se passe au Havre, rue de Paris, sous ses arcades de béton, moins belles que celles de la rue de Rivoli.
Mais cela pourrait être n'importe où.
Une jeune femme est assassinée, poignardée, en pleine rue, en pleine nuit.
La police enquête, mais ce n'est pas le sujet du film, qui n'est pas un film policier.
Le sujet c'est que tout le monde prétend n'avoir rien entendu, rien vu.
Y compris Yvan Attal, plus introverti que jamais, qui, taraudé par la culpabilité, finit par reconnaître qu'il a été réveillé par les cris de la victime, qu'il l'a vue, et qu'il n'a rien fait.
D'abord à sa compagne, jouée avec délicatesse par Sophie Quinton, bien loin de son rôle de fausse Marilyn de province dans "Poupoupidou". Ce qui prouve qu'elle est une véritable comédienne.
Puis à la police, qui doit réentendre tous les autres témoins, obligés de reconnaître, finalement, qu'eux aussi ont entendu, et qu'ils n'ont rien fait.
Le procureur décide de ne pas poursuivre. "Un témoin qui ne fait rien, c'est un salaud coupable de non assistance à personne en danger, 38, c'est tout le monde..."
Une journaliste, jouée par Nicole Garcia, raconte cette lâcheté collective.
L'autopsie aggrave encore le sentiment de culpabilité en révélant que seule la deuxième série de coups de couteau a été mortelle.
La vie du quartier stigmatisé devient invivable.
Les amitiés se brisent, telle celle de la voisine, jouée par Natacha Régnier, que l'on voit trop peu depuis son prix à Cannes, en 98 ("La vie rêvée des anges").
Le paroxysme est atteint lors de la reconstitution. Celle-ci prouve qu'il était impossible de ne pas entendre.
Un film fort, prenant, qui pose des questions sur la nature humaine, la lâcheté, l'indifférence, l'inaction.
Rien à comprendre ? Pas de jugement à porter ?
Probablement trop facile d'être certain(e) que, placé(e) en pareilles circonstances, nos réactions auraient été les bonnes.
08:22 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma