04/03/2019
Richard et Aliénor
La révolte
Clara Dupont-Monod
éditions Stock
Les biographies d' Aliénor d'Aquitaine ne manquent pas. Isaure de Saint-Pierre avait intitulé son roman "Aliénor l'insoumise." Clara Dupont-Monod s'inscrit dans cette veine.
Aliénor n'était pas une épouse soumise pour Louis VII, roi de France qui l'a répudiée parce qu'elle ne lui "donnait" pas d'héritier mâle. Mais c'est contre son second mari, Henri Plantagenêt, roi d'Angleterre qu'elle organise la révolte avec ses fils. Révolte que le Plantagenêt a écrasé sans pitié.
L'originalité du livre de Clara Dupont-Monod est qu'elle imagine Richard "Coeur de Lion" parlant de sa mère.
Au delà de la relation fils/mère, le portrait d'une femme belle, intelligente, cultivée, libre, même quand elle est enfermée par son mari.
"Elle aimait la littérature, lui (Louis) les Evangiles ; elle demandait des fêtes et des guerres, il voulait la paix et le dialogue. Elle croit au pouvoir, lui à Dieu"
"N'aime jamais. Admire, dévore, enchante, mais n'aime jamais, ou tu seras dépouillé".
"Le monde déçoit ceux qui le voudrait meilleur"
13:47 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
24/01/2019
Cathares à Montaillou
Montaillou, village occitan
de 1294 à 1324
Emmanuel Le Roy Ladurie
Folio Histoire
J'avoue que je n'avais jamais lu ce célèbre livre, publié en 1975, du non moins célèbre Emmanuel Le Roy Ladurie, remettant toujours à plus tard ce que je redoutait comme un pensum.
Il y a actuellement une controverse parmi les historiens occitans sur l'existence des Cathares. Une médiéviste universitaire à Montpellier affirme même qu'ils ne sont qu'une invention d'un moine du Moyen-âge.
Le livre de Leroy est tiré d'un document de l'évêque et inquisiteur de Pamiers, Jacques Fournier qui poursuit les hérétiques de sa région. Il nous fait revivre la vie de ces paysans occitans du XIVe siècle.
Montaillou est un petit village de la haute Ariège, à 1300 mètres d'altitude. Les bergers montent l'été dans les pâturages d'altitude, et passent sans problème sur le versant espagnol, où quelques "parfaits" trouvent refuge dans leur fuite de l'inquisition.
Le curé, catholique qui joue double-jeu, est "gourmand comme un psychanalyste en mal d'honoraires."et "a moins de coeur que de gésier."
"L'écart des fortunes peut aller de un à cinquante..."
08:18 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
19/01/2019
Espagne, juillet 36
La guerre civile espagnole
Paul Preston
Adaptation et illustrations : José Pablo Garcia
édition Belin
Paul Preston, historien britannique, docteur en Histoire d'Oxford, enseignant à la London School of Economics, spécialiste de l'histoire de l'Espagne contemporaine. Je trouve que le titre d'un de ses autres ouvrages "Une guerre d'extermination" s'applique mieux aux évènements survenus en Espagne lors de cette période. Il ne s'agissait pas d'une "guerre civile", mais d'une guerre de militaires rebelles, avec des troupes marocaines comme fer de lance, soutenus par Hitler et Mussolini, contre d'autres militaires ("70% des généraux et un peu plus de la moitié des colonels restèrent fidèles à la République"), et surtout contre une population civile mal armée pour se défendre.
"On estime que le nombre des assassinats en zone franquiste est trois à quatre fois supérieur à celui des assassinats en zone républicaine." "Franco qualifiait de "rédemption morale" les tueries qui suivaient la prise de nombreuses villes."
Pour expliquer, Preston remonte au début du XIXe siècle avec l'antagonisme entre une bourgeoisie progressiste d'un côté et de l'autre la noblesse terrienne et l'Eglise. J'ai déjà eu l'occasion de parler de la Constitution libérale, la Pepa adoptée à Cadix en 1812, annulée par Ferdinand VII.
"La dépendance vis-à-vis d'un marxisme français rigide et simpliste que promouvait l'inflexible leader Pablo Iglesias porta préjudice au parti socialiste."
"En 1939, 70% de l'opinion britannique était favorable à la République, alors que le gouvernement conservateur était partisan de Franco."
"En refusant à la République le droit d'acheter des armes, les Britanniques se dispensaient d'aider les forces révolutionnaires."
"Franco concéda aux Allemands d'importantes richesses minières et des droits d'exploitation."
"Fin octobre 36, un peloton franquiste exécuta 14 prêtres basques.Ni le Vatican, ni les hiérarques de l'Eglise espagnole ne condamnèrent les exécutions."
"L'Eglise vit ses efforts au service de la cause rebelle récompensés par le contrôle exclusif de l'éducation."
08:37 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire, espagne
17/01/2019
De Charles X à Louis-Philippe
L'été des quatre rois
Camille Pascal
Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2018
éditions Plon
Quatre rois : Charles X, Louis XIX, Henri V et Louis-Philippe. Difficile de maintenir le suspens puisque l'on connait la fin. Restent toutes les péripéties pour y parvenir.
Juillet 1830 : Charles X, poussé par les ultras, "plus royalistes que le roi", publie des "Ordonnances" mettant en cause, entre autres, la liberté de la presse, le corps électoral...Contrairement aux assurances de son premier ministre, Polignac, le peuple de Paris se révolte.
Hugo, Stendhal, Dumas, sont témoins. Lafayette, Thiers, Chateaubriand, Talleyrand, Guizot sont acteurs.
Quand Charles X se résigne à abdiquer, il nomme pour lui succéder, non pas le Dauphin, son fils, qu'il considère comme incapable, mais son petit-fils, le Duc de Bordeaux, fils posthume de son fils ainé, le Duc de Berry. Il est exagéré d'écrire qu'ils succéderont sur le trône à Charles X. Le Dauphin, restera Duc d'Angoulême, sans jamais devenir Louis XIX, sauf le temps d'abdiquer en faveur de son neveu. Et le petit Duc de Bordeaux, malgré tous les efforts de sa mère, Duchesse de Berry, devra se contenter d'être le dernier prétendant au trône de la branche aînée des Bourbons. Pour Louis-Philippe, l'Histoire se terminera dix-huit ans plus tard.
"L'homme avait été un si piètre préfet de police sous l'Empire que de tels états de service méritaient, à eux seuls, la confiance des Bourbons qui la plaçaient toujours mal."
"Le roi régnait par la volonté de dieu."
"Le Duc d'Orléans offrait un compromis possible pour une France éprise de liberté mais fatiguée des convulsion historiques."
"La Chaussée d'Antin ne voulait pas davantage de la République que le Faubourg Saint-Germain"
"La popularité est à la politique ce que l'encens est au culte des dieux."
"Les rues misérables qui lapaient depuis des siècles les murs du vieux Louvre."
"Ces privations qui assombrissent une vieillesse et déplaisent souverainement aux femmes jeunes."
08:01 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, histoire
15/12/2018
Bohême-Moravie
Munich
Robert Harris
éditions Plon
Septembre 1938. Mussolini a servi d'intermédiaire entre Chamberlain et Hitler afin de trouver un accord sur les Sudètes, cette partie de la Tchécoslovaquie majoritairement peuplée de citoyens d'origine allemande, mais attribuée à la toute nouvelle Tchécoslovaquie, après la Première Guerre mondiale.
Daladier, Président du Conseil des ministres, est également invité. Il parlera rapidement de "traquenard". Robert Harris lui attribue un rôle très effacé.
Le chantage d'Hitler est simple : soit les Tchèques quittent les Sudètes, soit c'est la guerre. Seulement vingt ans après la fin de la grande tuerie. La France et le Royaume-Uni avaient promis, par Traités, de défendre la Tchécoslovaquie contre d'éventuels agresseurs. La diplomatie française, passant des accords de défense multiples, est en complète contradiction avec la stratégie de l'Etat-Major, entièrement défensive.
Les opinions publiques française et britannique ne veulent pas "mourir pour les Sudètes." Les foules acclament Chamberlain et Daladier à leur retour dans leur capitale respective. Chamberlain semble penser sérieusement avoir sauvé la paix. Daladier, plus lucide, déclare en petit comité "Ah les cons, s'ils savaient". Il était persuadé qu'il se ferait conspuer à son retour en France. L'Assemblée nationale approuve massivement l'accord de Munich.
Churchill, adversaire de Chamberlain au sein du parti conservateur déclare : "Ils avaient le choix entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre."
Dommage que Robert Harris ne reprennent pas ces citations de Daladier et Churchill.
Moins de six mois plus tard, Hitler raye de la carte d'Europe la Tchécoslovaquie en instaurant un protectorat allemand sur la Bohème-Moravie, et en donnant son indépendance à la Slovaquie, dirigée par un gouvernement pro-nazi.
D., de Robert Harris sur l'affaire Dreyfus, est un de mes livres préférés. J'ai été un peu déçu par Munich qui n'est pas mauvais quand même.
"Chamberlain était aussi égocentrique que Hitler : le Premier ministre amalgamait toujours l'intérêt national et lui-même."
08:49 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, littérature