28/09/2013
Telle l'araignée...
Mygale
Thierry Jonquet
Folio policier n°52
Thierry Jonquet est décédé il y a quelques années, mais il nous a laissé son œuvre.
Je connaissais de réputation ses livres tellement "noirs" que je remettais leur lecture toujours à plus tard.
J'ai l'habitude de lire des romans policiers, mais je n'ai pas l'habitude d'être surpris au point d'être estomaqué.
Au deux tiers du livre, j'ai pensé que le puzzle était en place, sans voir venir le coup de théâtre des dix dernières pages qui éclairent l'ensemble du livre.
Il faut bien parler de "scénario", dont la découverte est facilitée par une écriture aussi simple qu'efficace.
Qui est "Mygale", "telle l'araignée, lente et secrète, cruelle et féroce, avide et insaisissable dans ses desseins", et pourquoi agit-il comme il le fait ?
Une histoire d'amour, de haine, de secrets. Une dénonciation des viols plus forte qu'un plaidoyer.
Un livre publié pour la première fois il y a bientôt trente ans, et qui mérite ses rééditions car il n'a pas pris une "ride".
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20/09/2013
Promenade à Richelieu, dans les pas du Cardinal
Ville close
Franck Maubert
Editions "écriture"
La ville close, c'est Richelieu, 2.000 habitants, en Poitou, construite par la volonté du cardinal du même nom, avec l'idée d'en faire une "cité idéale", bien entendu aux formes géométriques. "Une île de pierre au milieu de la campagne".
L'architecte choisi est Jacques Le Mercier qui venait de reconstruire la Sorbonne et avait construit, pour Richelieu, le "Palais-cardinal" devenu depuis le "Palais-royal".
"Ne pas se fier à la place paisible d'une petite ville de province avec ses tilleuls taillés et ses bancs repeints."
Un critique gastronomique décide de s'y retirer, pour fuir Paris et tenter de retrouver ses souvenirs d'enfance.
Pas grand monde dans les rues. Tout le monde semble épier tout le monde derrière les volets.
Cela n'empêche pas les morts suspectes (suicide ou assassinat ? morts violentes dont tout le monde semble connaître les auteurs, sauf la gendarmerie).
Notre journaliste, affecté à la rubrique nécrologique depuis sa "désertion", rencontre des personnages hors du commun, et une femme avec qui il aime passer du temps.
Les passages consacrés aux visites du cardinal, hypocondriaque, dans "sa" ville ne sont pas les moins intéressants.
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14/09/2013
retour au village
HOME
Toni Morrison
Christian Bourgois éditeur
Frank, de retour de la guerre de Corée ("Plus il y avait de tués, plus les guerriers étaient courageux et non les commandants plus stupides"), rentre, par étapes, chez lui (home) en Alabama pour retrouver sa sœur, et l'amener dans le village où ils ont grandit.
"La plupart des jeunes gens s'étaient engagés dans le conflit ; une fois démobilisés, ils ne revinrent pas travailler dans le coton, les arachides ou le bois de construction".
Une bonne occasion pour parler des conditions de vie dans le sud de l'Amérique rurale des années cinquante, avec des retours en arrière à l'époque de la dépression économique de 1929 et du début des années 30. "Cette période que les riches appelaient la Grande Crise et eux, la vie".
Il fallait travailler très dur. "La paresse était plus qu'intolérable à leurs yeux : elle était inhumaine."
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07/09/2013
Quand la France aidait les Américains contre l'Angleterre
L'année du volcan
Jean-François Parot
Editions JC Lattès
1783, Paris
1783 est l'année de l'éruption d'un volcan en Islande. Pas de perturbation du trafic aérien, puisque c'est l'année du premier vol de montgolfière avec des hommes à son bord, mais le climat semble perturbé partout en Europe.
C'est également la fin de la guerre, fort couteuse, contre l'Angleterre, après la victoire des "insurgents" américains.
Nicolas enquête, jusqu'en Angleterre, sur la mort suspecte d'un proche de la reine.
A la fin, comme dans un roman d'Agatha Christie, tous les suspects seront rassemblés, et la vérité jaillira dans une implacable démonstration basée sur l'observation minutieuse et une logique sans faille.
L'enquête est l'occasion de montrer une société éclatée, mûre pour l'explosion. "La découverte permanente de la plus extrême misère avoisinant la plus grande opulence."
Le jeu est la passion du siècle. La noblesse, plus arrogante que jamais, s'y adonne, et la reine également, pour tromper son ennui. Les moins bien nantis tentent leur chance à la loterie, qui connait un vif succès.
Les libelles contre l'imprudente Marie-Antoinette se multiplient. "Marie-Antoinette n'apparaissait plus comme la reine de tous ses sujets, mais comme un pantin couronné animé par un groupe de voraces."
Les ordres religieux semblent plus intéressés par les biens matériels que spirituels.
Les bourgeois trouvent trop lourds les impôts qu'ils doivent payer pour résorber le déficit abyssal.
Les paysans pauvres affluent vers la capitale, augmentant le nombre des mendiants.
Des inquiétudes renaissent sur le prix du pain.
"Une agitation larvée couvait dans plusieurs faubourgs".
Spéculations immobilières et fabrication de fausse monnaie complètent le tableau.
"Ce siècle des lumières ne dédaignait pas de s'en remettre à un escroc alchimiste (Cagliostro) après s'être abandonné à un magnétiseur bonimenteur (Messner).
Jean-François Parot, dans la langue si particulière qui est un de ses charmes, continue de décrire un roi qui ne méritait pas le destin qui l'attend.
"Il ne faut point, vieillard que je suis, fréquenter ceux de mon âge. Ils ajoutent à nos maux en commentant les leurs et radotent en arrière au lieu de regarder le siècle en avant."
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31/08/2013
La suite du "don du roi"
L'ami du roi
Rose Tremain
Editions JC Lattès
1683 - 1685, Angleterre, France, Suisse
La prolixe romancière Lady Rose Tremain, anoblie par Sa majesté la Reine, a connu, il y a vingt ans, un succès certain avec "Le don du Roi", porté à l'écran.
J'ai revu le DVD pour me remémorer l'histoire. Le "don" du roi, à l'égard du Dr Merivel, médecin doué mais désargenté, courtisan, est celui d'un titre de noblesse, d'un manoir, contre un mariage fictif avec la favorite du moment. Une seule interdiction : ne pas tomber amoureux de son épouse, maîtresse du roi. Bien entendu, comme dans l'histoire d'Adam et Eve, il sera chassé du paradis. "Peu importe combien nous travaillons et luttons, nous ne pouvons jamais savoir quand une chose nous sera donnée ni à quel moment elle nous sera reprise."
Le roi, c'est Charles II d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, arrière petit fils de Marie Stuart, décapitée par sa cousine Elisabeth 1ère, fils de Charles 1er, décapité par Cromwell. Après la période de puritanisme de celui-ci, la Restauration est un temps de plaisir, au moins pour les riches.
C'est le temps aussi de la "Société pour l'amélioration de la connaissance naturelle par l'expérimentation", encouragée par le Roi. Amélioration dont la médecine de l'époque aurait bien eu besoin.
Dans cette suite, Charles et Merivel, l'ami du roi, sont vieillissant.
Merivel ne tient pas en place très longtemps dans sa propriété restituée par le roi, dont il dépend pour sa survie financière, n'étant médecin qu'à temps très partiel.
Le voilà parti pour Versailles, avec une lettre de recommandation du roi pour son cousin Louis, ce qui nous offre une description de la vie à la Cour, difficile pour les nombreux solliciteurs.
Il y rencontre la ravissante épouse d'un colonel de la garde suisse. Il ira la rejoindre quelques temps dans les environs de Neufchâtel. Les voyages sont longs et plein d'imprévus.
"Montaigne insiste sur le fait que le bonheur d'un homme est déterminé par sa connaissance, acquise petit à petit, de ses propres capacités".
"Selon Montaigne, la fin de l'illusion pourrait bien annoncer la fin de la joie".
"L'on ne peut connaître à l'avance le nombre infini de choses que l'on ignore."
"Les monarques et la mort sont tous deux chargés du fardeau de la terreur qu'ils inspirent."
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