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20/07/2020

Sur la ligne de front

Donbass

Benoît Vitkine (Prix Albert Londres)

éditions Les arènes / Equinox

 

Le Donbass est une région de l'Est de l'Ukraine, autrefois riche car minière et industrielle. "Plus d'acier que la Ruhr." Avec l'aide des armes, légères et lourdes,  de la Russie de Poutine, des séparatistes, très majoritairement russophones,  y ont proclamé leur "indépendance". "Leur "capitale" devait être prête à accueillir des délégations étrangères à n'importe quel instant, fussent-elles composées par l'arrière-ban des partis d'extrême droite et d'extrême gauche."

Le colonel Henrik Kavadze, ancien de la guerre en Afghanistan, est le chef de la police, côté loyaliste ukrainien.

L'assassinat d'un petit garçon, dénudé et poignardé au point de le clouer au sol balaie, pour le chef de la police, les morts de l'affrontement militaire. Il veut faire son travail d'enquêteur, malgré toutes les difficultés.

L'auteur, Benoît Vitkine, est le correspondant du Monde en Russie. Il a couvert la guerre dans le Donbass pour ce journal de référence.

 

"Le conflit se poursuivait de manière absurde. On se tirait dessus au canon, on s'enterrait dans des tranchées, on continuait à mourir, mais le front ne bougeait plus."

"Les anciennes infrastructures soviétiques se révélaient caduques, dangereuses, peu productives."

"Pendant que Kiev choisissait l'Europe et s'illusionnait en songeant à un futur meilleur, le Donbass avait regardé vers Moscou et cherché refuge dans le passé. L'ancienne mère patrie n'attendait que cela."

"Les militaires se livraient bel et bien à la contrebande, et les efforts de l'Etat pour lutter contre les trafics étaient symboliques. Aucune des guerres que Moscou avait menées dans la région n'y avaient échappé".

"L'héroïne afghane a toujours transité par la Russie et l'Ukraine, avant d'atterrir en Europe."

 

 

15:31 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, géopolitique, ukraine

18/02/2016

Mieux comprendre l'Ukraine

La garde blanche

Mikhaïl Boulgakov

éditions Robert Laffont / collection "Bouquins"

 

Depuis mon voyage en Ukraine, je me promettais de lire l'auteur ukrainien le plus connu, Mikhaïl Boulgakov, et en particulier cette "Garde blanche", roman qui raconte la guerre civile à Kiev. Le roman n'a été publié en URSS dans son intégralité qu'en 1989..."De tous les livres que j'ai écrit, c'est lui que je préfère", affirmait Boulgakov en 1924.

La particularité de l'Ukraine par rapport à la Russie, lors de la guerre civile qui a suivi la prise du pouvoir par les bolchéviques en 1917, a été l'existence d'un fort courant nationaliste souhaitant l'indépendance. Les nationalistes de gauche formèrent en 17 le premier gouvernement ukrainien, renversé en janvier 18 par les bolcheviks, eux-mêmes chassés par un  gouvernement fantoche mis en place par les Allemands, et qui repartira dans les fourgons de l'occupant en novembre 18.

L'histoire est vue à travers les membres d'une famille de la classe moyenne de Kiev. "Est-il possible de vivre ?" dans cette période. Difficilement, manifestement !

"L'un croit, l'autre ne croit pas, mais vous vous conduisez tous exactement de la même façon."

"Quelqu'un paiera-t-il pour le sang versé ? Non. Personne."

 

"Les moujiks avaient leur petite idée, ce qu'ils voulaient, c'était de toute éternité la vraie réforme paysanne dont ils rêvaient : la terre aux paysans ;et plus jamais de gros propriétaires fonciers, et plus jamais les canailles de la ville qui viennent prendre le blé. Il y avait des dizaines de milliers d'hommes qui revenaient de la guerre et qui savaient se servir d'une arme à feu. Une Ukraine féérique, idéale, sans seigneur polonais, sans officiers russes"

 

 

08:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, ukraine

09/02/2015

Minsk = Munich ?

Les Sudètes étaient incontestablement peuplées d'Allemands, comme l'est de l'Ukraine est incontestablement majoritairement peuplé de Russophones, pour ne pas dire de Russes. C'est vers la Russie que se dirigent majoritairement les civils qui fuient les bombardements.

Les Européens d'aujourd'hui ne veulent pas plus la guerre que ceux de 1938. Ils ne sont pas plus prêts à mourir pour le Donbass que leurs ancêtres pour Dantzig. 

Daladier disait : "Je suis venu pour sauver la paix, mais je ne puis accepter que soit mise en cause l'existence de la Tchécoslovaquie". Ce à quoi Hitler a répondu : "Loin de moi cette pensée".

Aujourd'hui, François Hollande et Angela Merkel insistent sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine, et Poutine ne semble vouloir négocier que sur la base d'une "large autonomie" du Donbass. Poutine fait la guerre tout en le niant. Comme il niait vouloir démanteler la Géorgie. Il ne supporte pas que l'Ukraine et la Moldavie quittent le giron de l'Empire russe. Et il sait qu'en face de lui,  les dirigeants occidentaux ne veulent pas faire plus que livrer des gilets pare-balles. Les négociations, comme toujours dans l'Histoire, ne sont que la prolongation de la guerre par d'autres moyens.

De ces négociations, est écartée la Haute Représentante pour la soit disant "Politique Etrangère et de Sécurité Commune" de l'Union européenne. Aux commandes, les plus hauts responsables des deux puissances européennes ayant le plus d'intérêts économiques avec la Russie. Renonceront-ils à ces intérêts au nom du principe de la soit disant "intangibilité" des frontières héritées de l'histoire ?

 

06/05/2014

Le génocide en Biélorussie et en Ukraine

Voisins et bourreaux

 

Martin Dean

 

Éditions Calmann-Lévy

 

 

Ce que démontre ce livre de l'historien américain Martin Dean, c'est que le génocide des Juifs en Ukraine et en Biélorussie n'aurait jamais pu revêtir cette ampleur (deux millions d'assassinats) sans la participation active des policiers locaux qui épaulaient les forces allemandes d'occupation.

 

Difficile de ne pas penser aux rôles de certains fonctionnaires français, de certains policiers et gendarmes dans notre pays...

 

"Lorsque la plupart des crimes sont commis par la police, c'est le signe même du règne de la terreur".

 

Beaucoup d'habitants d'Ukraine, de Biélorussie, mais aussi de Pologne, n'étaient pas mécontents de voir arriver les Allemands, car ils espéraient ainsi être débarrassés du joug soviétique. Certains allèrent même jusqu'à collaborer activement. "Comme toutes les forces d'occupation ou presque, en recourant à l'argent et aux faveurs, les Allemands purent trouver des collaborateurs."

 

"Les nazis ne prêtèrent pas attention aux aspirations des peuples conquis de l'Union soviétique".

"L'impact des réquisitions allemandes contribua au retournement d'une grande partie de la population contre les nouvelles forces d'occupation." "L'exploitation économique, associée à la répression politique détermina le retournement contre les occupants allemands."

 

"Les Polonais étaient la cible principale de la répression soviétique".

Les Juifs polonais étaient pris entre la dictature soviétique et la dictature antisémite allemande.

"Les deux systèmes totalitaires cherchaient à écraser l'éventuelle résistance des vestiges de l'Etat polonais".

"Ce fut la rude politique soviétique de déportations qui contribua à éviter aux Juifs polonais le sort de leurs frères dans la Shoah."

 

"Dans les premiers jours de l'occupation allemande, l'incitation aux pogroms fut une politique délibérée."

A l'automne 1941, les massacres furent généralisés. Les plus terribles furent ceux de Kiev (Babi Yar, 30.000 morts, y compris femmes et enfants) et la liquidation du ghetto de Riga (25 000 morts).

 

Les policiers locaux jouèrent "un rôle considérable dans le fonctionnement du régime d'occupation allemand". "Ils recherchaient le pouvoir et des gains faciles".

"Les Allemands comptaient sur les policiers locaux parce qu'ils ne connaissaient ni le pays, ni la langue".

 

"La majorité des Juifs furent massacrés pendant la "seconde vague", en 1942, lors de la liquidation des ghettos."  "Les forces les plus nombreuses  étaient celles de la police locale". "On ne connait aucun exemple de policier fusillé pour avoir refusé d'abattre des Juifs". "Plusieurs milliers de rescapés des ghettos liquidés furent massacrés par des partisans nationalistes ukrainiens."

 

"La campagne contre les Juifs ne s'acheva pas avec la liquidation des ghettos. Les Juifs furent traqués dans les forêts par la police locale, notamment les gardes forestiers." "Les exemples de dénonciation abondent". "Les volontaires ne manquèrent pas pour "la chasse aux Juifs", et la constitution des pelotons d'exécution".

"Mais, sans l'aide de non-Juifs, les Juifs n'auraient pas pu organiser leur propre résistance."

 

Lors de l'avancée des troupes russes,  "la plupart des anciens policiers désertèrent ou se rendirent sans combattre". "Presque tous les sous-officiers réussirent à s'échapper". "La justice soviétique s'en prenait en général aux moins coupables, à ceux qui n'avaient pas jugé nécessaire de fuir à l'Ouest."

 

"La participation locale n'atténue en rien la responsabilité nazie."

 

 

15:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : shoah, ukraine

16/04/2014

Marine et Vladimir

Les nationalismes, c'est la guerre

L'Union européenne, c'est le Prix Nobel de la paix

 

 

Les évènements en Ukraine nous rappellent que rien n'est jamais acquis pour la paix, même sur le continent européen.

Un des acquis de la construction européenne est la paix. Un acquis qui n'était plus un enjeu, surtout pour les générations pour qui la guerre est du domaine de l'histoire, celle de leurs arrières grands-parents.

 

Nous fêtons le centenaire du déclenchement de la première grande guerre civile européenne. Les 17 millions de morts de ces quatre années de ce qui aurait dû être "la der des ders",  nous rappellent qu'il n'y a jamais de gagnant dans une tragédie.

 

Sarajevo 1914, Sarajevo 1990, Donetsk aujourd'hui ? L'Ukraine est une menace de retour au chaos sur le continent européen.

 

Crise financière se transformant en crise économique généralisée, chômage important, surtout chez les jeunes, creusement de l'écart entre les nantis et les démunis, provoquent tentation du repli national, xénophobie, violence latente,  échec des mécanismes de résolution des conflits. Des éléments à la base de la seconde guerre mondiale, dangereusement présents aujourd'hui.

 

Le nationalisme ce n'est pas seulement la guerre, c'est également la récession économique.

 

En Ukraine, comme en Géorgie, Poutine créé de nouvelles frontières, en utilisant le nationalisme russe. Marine applaudit et est reçue avec les honneurs.

 

La réponse n'est-elle pas, au contraire, dans la solidarité ? Solidarité entre les États. C'est le rôle de l'Union européenne. Solidarité avec les plus démunis, c'est le rôle de la social-démocratie.

 

La mondialisation a rendu illusoire les souverainetés nationales qui doivent être partagées pour être efficaces.

Sans Union européenne, aucun pays individuellement, même l'Allemagne, n'aura plus sa place au G8, parmi les huit pays les plus riches du monde.

Sans la construction d'une défense commune de l'Union européenne,  tous les États membres continueront à dépendre des USA pour leur défense.