09/02/2015
Minsk = Munich ?
Les Sudètes étaient incontestablement peuplées d'Allemands, comme l'est de l'Ukraine est incontestablement majoritairement peuplé de Russophones, pour ne pas dire de Russes. C'est vers la Russie que se dirigent majoritairement les civils qui fuient les bombardements.
Les Européens d'aujourd'hui ne veulent pas plus la guerre que ceux de 1938. Ils ne sont pas plus prêts à mourir pour le Donbass que leurs ancêtres pour Dantzig.
Daladier disait : "Je suis venu pour sauver la paix, mais je ne puis accepter que soit mise en cause l'existence de la Tchécoslovaquie". Ce à quoi Hitler a répondu : "Loin de moi cette pensée".
Aujourd'hui, François Hollande et Angela Merkel insistent sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine, et Poutine ne semble vouloir négocier que sur la base d'une "large autonomie" du Donbass. Poutine fait la guerre tout en le niant. Comme il niait vouloir démanteler la Géorgie. Il ne supporte pas que l'Ukraine et la Moldavie quittent le giron de l'Empire russe. Et il sait qu'en face de lui, les dirigeants occidentaux ne veulent pas faire plus que livrer des gilets pare-balles. Les négociations, comme toujours dans l'Histoire, ne sont que la prolongation de la guerre par d'autres moyens.
De ces négociations, est écartée la Haute Représentante pour la soit disant "Politique Etrangère et de Sécurité Commune" de l'Union européenne. Aux commandes, les plus hauts responsables des deux puissances européennes ayant le plus d'intérêts économiques avec la Russie. Renonceront-ils à ces intérêts au nom du principe de la soit disant "intangibilité" des frontières héritées de l'histoire ?
21:01 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine
06/05/2014
Le génocide en Biélorussie et en Ukraine
Martin Dean
Éditions Calmann-Lévy
Ce que démontre ce livre de l'historien américain Martin Dean, c'est que le génocide des Juifs en Ukraine et en Biélorussie n'aurait jamais pu revêtir cette ampleur (deux millions d'assassinats) sans la participation active des policiers locaux qui épaulaient les forces allemandes d'occupation.
Difficile de ne pas penser aux rôles de certains fonctionnaires français, de certains policiers et gendarmes dans notre pays...
"Lorsque la plupart des crimes sont commis par la police, c'est le signe même du règne de la terreur".
Beaucoup d'habitants d'Ukraine, de Biélorussie, mais aussi de Pologne, n'étaient pas mécontents de voir arriver les Allemands, car ils espéraient ainsi être débarrassés du joug soviétique. Certains allèrent même jusqu'à collaborer activement. "Comme toutes les forces d'occupation ou presque, en recourant à l'argent et aux faveurs, les Allemands purent trouver des collaborateurs."
"Les nazis ne prêtèrent pas attention aux aspirations des peuples conquis de l'Union soviétique".
"L'impact des réquisitions allemandes contribua au retournement d'une grande partie de la population contre les nouvelles forces d'occupation." "L'exploitation économique, associée à la répression politique détermina le retournement contre les occupants allemands."
"Les Polonais étaient la cible principale de la répression soviétique".
Les Juifs polonais étaient pris entre la dictature soviétique et la dictature antisémite allemande.
"Les deux systèmes totalitaires cherchaient à écraser l'éventuelle résistance des vestiges de l'Etat polonais".
"Ce fut la rude politique soviétique de déportations qui contribua à éviter aux Juifs polonais le sort de leurs frères dans la Shoah."
"Dans les premiers jours de l'occupation allemande, l'incitation aux pogroms fut une politique délibérée."
A l'automne 1941, les massacres furent généralisés. Les plus terribles furent ceux de Kiev (Babi Yar, 30.000 morts, y compris femmes et enfants) et la liquidation du ghetto de Riga (25 000 morts).
Les policiers locaux jouèrent "un rôle considérable dans le fonctionnement du régime d'occupation allemand". "Ils recherchaient le pouvoir et des gains faciles".
"Les Allemands comptaient sur les policiers locaux parce qu'ils ne connaissaient ni le pays, ni la langue".
"La majorité des Juifs furent massacrés pendant la "seconde vague", en 1942, lors de la liquidation des ghettos." "Les forces les plus nombreuses étaient celles de la police locale". "On ne connait aucun exemple de policier fusillé pour avoir refusé d'abattre des Juifs". "Plusieurs milliers de rescapés des ghettos liquidés furent massacrés par des partisans nationalistes ukrainiens."
"La campagne contre les Juifs ne s'acheva pas avec la liquidation des ghettos. Les Juifs furent traqués dans les forêts par la police locale, notamment les gardes forestiers." "Les exemples de dénonciation abondent". "Les volontaires ne manquèrent pas pour "la chasse aux Juifs", et la constitution des pelotons d'exécution".
"Mais, sans l'aide de non-Juifs, les Juifs n'auraient pas pu organiser leur propre résistance."
Lors de l'avancée des troupes russes, "la plupart des anciens policiers désertèrent ou se rendirent sans combattre". "Presque tous les sous-officiers réussirent à s'échapper". "La justice soviétique s'en prenait en général aux moins coupables, à ceux qui n'avaient pas jugé nécessaire de fuir à l'Ouest."
"La participation locale n'atténue en rien la responsabilité nazie."
15:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : shoah, ukraine
16/04/2014
Marine et Vladimir
Les nationalismes, c'est la guerre
L'Union européenne, c'est le Prix Nobel de la paix
Les évènements en Ukraine nous rappellent que rien n'est jamais acquis pour la paix, même sur le continent européen.
Un des acquis de la construction européenne est la paix. Un acquis qui n'était plus un enjeu, surtout pour les générations pour qui la guerre est du domaine de l'histoire, celle de leurs arrières grands-parents.
Nous fêtons le centenaire du déclenchement de la première grande guerre civile européenne. Les 17 millions de morts de ces quatre années de ce qui aurait dû être "la der des ders", nous rappellent qu'il n'y a jamais de gagnant dans une tragédie.
Sarajevo 1914, Sarajevo 1990, Donetsk aujourd'hui ? L'Ukraine est une menace de retour au chaos sur le continent européen.
Crise financière se transformant en crise économique généralisée, chômage important, surtout chez les jeunes, creusement de l'écart entre les nantis et les démunis, provoquent tentation du repli national, xénophobie, violence latente, échec des mécanismes de résolution des conflits. Des éléments à la base de la seconde guerre mondiale, dangereusement présents aujourd'hui.
Le nationalisme ce n'est pas seulement la guerre, c'est également la récession économique.
En Ukraine, comme en Géorgie, Poutine créé de nouvelles frontières, en utilisant le nationalisme russe. Marine applaudit et est reçue avec les honneurs.
La réponse n'est-elle pas, au contraire, dans la solidarité ? Solidarité entre les États. C'est le rôle de l'Union européenne. Solidarité avec les plus démunis, c'est le rôle de la social-démocratie.
La mondialisation a rendu illusoire les souverainetés nationales qui doivent être partagées pour être efficaces.
Sans Union européenne, aucun pays individuellement, même l'Allemagne, n'aura plus sa place au G8, parmi les huit pays les plus riches du monde.
Sans la construction d'une défense commune de l'Union européenne, tous les États membres continueront à dépendre des USA pour leur défense.
18:12 Publié dans Affaires étrangères, EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, ukraine, le pen
10/04/2014
Ukraine : quelle identité nationale ?
La difficile définition d'une identité nationale ukrainienne
L'absence de référence à un Etat ukrainien dans le passé rend aujourd'hui difficile la construction de ce dernier.
La partie orientale de l'Ukraine a été annexée à la Russie au XVIIe siècle, alors que d'autres régions n'ont jamais fait partie de l'Empire russe, partagées entre la Pologne, la Lituanie et l'Empire austro-hongrois des Habsbourg.
A cette absence d'histoire commune, s'ajoute le fait, autre héritage de l'Histoire, que les minorités linguistiques, ou ethniques représentent 27% de la population, dont 22% de Russes.
Cette dichotomie se retrouve dans les urnes depuis vingt ans. Mais il ne faut pas oublier qu'en décembre 1991, 70% des Ukrainiens ont voté en faveur du maintien de l'Union soviétique.
Ces réalités posent plus qu'ailleurs la question de l'Etat, éventuellement fédéral, du partage du pouvoir entre le centre et les Régions, et donc, et peut-être surtout, du transfert des ressources fiscales de l'Est industriel vers la capitale et l'Ouest agricole.
La définition d'une identité nationale ukrainienne ne passe-t-elle pas par la garantie de principes fondamentaux comme le respect des minorités nationales et de leurs spécificités culturelles et linguistiques ?
15:45 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine
25/02/2014
Ukraine désunie dans la diversité
Ukraine : immédiatement d'autres difficultés !
1) Fin de la crise ?
Nous sommes tous heureux que les violences aient cessé.
Nous nous réjouissons tous que le Président, même élu, soit parti, tant sa corruption est évidente, même si nous craignons qu'il ne soit pas le seul dans ce cas.
Nous avons une pensée émue pour les morts et les blessés de la place Maidan.
Nous nous sentons solidaires des forces démocratiques, en sachant que parmi les protestataires, il n'y avait pas que des démocrates.
Nous nous réjouissons de la transition démocratique et non-violente qui commence, et nous espérons qu'elle sera démocratique jusqu'au bout du processus.
Personne en Europe n'aime Poutine, mais il me semble utopique de croire que toute cette transition peut se faire en douceur contre la Russie. Il faudra donc avoir des contacts permanents avec les Russes sur la question ukrainienne. Mais il faudrait que la Russie reconnaisse les nouvelles autorités ukrainiennes.
Les ministres des affaires étrangères polonais, allemand et français ont fait un excellent travail sur place. Ils seront peut-être appelés de nouveau comme médiateurs. Mais ils n'ont aucun moyen d'éviter les chasses aux sorcières et l'esprit de revanche.
Une des premières décisions des nouvelles autorités a été d'abolir la loi sur les langues minoritaires. Les russophones sont visés, mais les minorités roumaines, hongroises, bulgares, moldaves seront également victimes de cette abolition. Est-ce ainsi que pourra se construire la nouvelle Ukraine, pour tous, "unie dans la diversité" ?
2) La question européenne
A peine sortie de prison, Yulia Timoshenko, dans son grand discours place Maidan, a promis d'amener l'Ukraine au sein de l'Union européenne. Promesse populiste, puisque l'Ukraine, et l'Union européenne, n'en sont pas encore à signer un accord d'association. Probablement un des plus gros mensonges depuis le début de la contestation.
Ne faut-il pas éviter de faire naître des espoirs qui seront déçus ?
3) La menace de banqueroute
Les problèmes de fond ne sont pas réglés. L'Ukraine est au bord de la faillite. A la fin de la semaine, donc fin du mois, l'Etat ukrainien est dans l'incapacité de payer les salaires et les retraites des fonctionnaires, y compris la police et l'armée, et des retraités.
Comment éviter la banqueroute ?
Les nouveaux gouvernants demandent 35 milliards d'aide financière.
Seule une conférence des donateurs pourrait faire face à la catastrophe.
Poutine ne veut plus mettre la main au porte-monnaie. Le FMI et l'Union européenne ne veulent rien prêter tant que des mesures sérieuses ne seront pas prises pour contrôler l'utilisation de l'argent. Le budget de l'Union européenne, réduit, ne peut faire face qu'à la marge.
15:19 Publié dans Affaires étrangères | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine