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01/09/2007

Labyrinthe

Labyrinthe

 

 

Kate Mosse

 

 

Editions J.C. Lattès

 

 

 

1209/1244 et 2005 Carcassonne, montagnes ariégeoises, Montségur.

 

 

"L'Histoire est un roman qui a été, le roman est une histoire qui aurait pu être"

 

Emile et Jules Goncourt.

 

"C'est par la compréhension du présent que les vérités du passé resurgiront" (Kate Mosse).

 

Mais il ne faut pas oublier que l'Histoire est essentiellement écrite par les vainqueurs...

 

 

Ce roman, constitué de deux histoires imbriquées (l'une au XIIIe siècle, l'autre contemporaine) qui n'en font qu'une,  tourne autour de la tragédie cathare. Les "purs" selon l'étymologie grecque de "cathare", selon une dénomination jamais utilisée à l'époque, car ils se contentaient de s'appeler entre eux les "bons hommes", ces tenants d'une croyance religieuse assurément hérétique pour l'Eglise catholique, se basant sur des croyances plus anciennes encore. C'est pour lutter contre cette hérésie que fut créée la "Sainte Inquisition" et qu'une croisade fut menée par le légat du Pape par les Barons du Nord de la France pour s'approprier les fiefs de ceux du Sud, vassaux du Comte de Toulouse, lui même vassal du Roi d'Aragon. Croisade au cours de laquelle furent massacrés les Biterrois, avec ce mot resté dans l'Histoire, attribué au légat du Pape : "tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens !"

 

 

Le Labyrinthe (titre du livre) est un symbole ancien, en particulier dans le Midi de la France, mais on en trouve un également sur le sol de la cathédrale de Chartres. Il est le symbole d'un pèlerinage spirituel vers une "Jérusalem" symbolique, pour ceux qui n'ont pas pu partir en croisade, un chemin vers une "terre promise" et donc la vie éternelle, une sorte de recherche du "Graal".

 

L'histoire du "Graal" ("les cheveliers de la table ronde") a été écrite par Chrétien de Troyes, dont le protecteur était Philippe d'Alsace, Comte de Flandres, tombé à Saint Jean d'Acre en 1191. Il a donné son nom à une place d'Aire.

 

Le "Graal" serait la coupe ayant recueilli le sang du Christ pendant son agonie. Les Cathares étaient-ils les gardiens de cette coupe ? Le Graal,  c'est  la représentation symbolique  de la rédemption et du salut,  pour la vie éternelle (n'est-ce pas pour notre rédemption que, selon le Christianisme, le Christ est mort sur la croix ? n'est-ce pas pour leur rédemption que les croisés partaient délivrer le tombeau du Christ ?). Peut-être, comme le dit le roman,  "le véritable Graal réside dans l'Amour transmis", et concernant la vie éternelle : "c'est à travers les histoires partagées du passé que nous ne mourrons jamais" ?

 

 

 

Deux citations tirées du livre :

 

"Convoitise, soif du pouvoir, peur de la mort, aucun de ces sentiments n'a changé. Les bonnes choses de la vie ne changent pas non plus : l'amour, le courage, la charité, la volonté de conduire sa vie selon ses propres convictions" ;

 

"S'approprier, assimiler les idées et les puissants symboles appartenant à d'autres est le moyen par lequel survivent les civilisations".

 

 

Deux petits rectificatifs historiques :

 

Le roman met en scène un Dominicain,  à Carcassonne, en 1209. S'il est vrai que Dominique Guzman, le futur "Saint Dominique" était à Montpellier dès 1206, pour prêcher contre les "bons hommes" hérétiques, en ayant l'intelligence de reprendre leur exemple de pauvreté, d'humilité et de charité, l'ordre des Dominicains n'a été fondé qu'en 1217.

 

De même, en 1209, Saint François d'Assise est cité par un personnage du roman. S'il est vrai que,  dès 1206,  François d'Assise a mis fin à sa vie dissolue, en 1209 il n'avait que quelques disciples et il ne deviendra "Saint François d'Assise" qu'en 1228 (cf. la semaine prochaine "Le complot des Franciscains").

 

 

Deux éléments du livre  m'ont laissé perplexe :

 

- Pourquoi imaginer une collusion contemporaine entre les Cisterciens et les Jésuites ? Ces deux ordres,  si différents,  n'ont jamais eu "d'atomes crochus" ;

 

- Pourquoi avoir donné le nom d'Authié à un personnage particulièrement antipathique : énarque lepéniste (un énarque qui devient avocat, c'est déjà peu crédible !), fanatique et intolérant alors que ce nom d'Authie symbolise, pour tous ceux qui connaissent l'Histoire des Cathares, la dernière tentative, au début des années 1300, d'une "Eglise de la reconquête" des "purs" ?

 

 

En conclusion : à lire si vous allez passer vos vacances en Ariège ou à Carcassonne, ou si vous faites une excursion à Montségur.

 

 

09:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)