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16/06/2012

En Suède et en Zambie

L'œil du léopard

 

Hennig Mankell

 

Editions du Seuil

 

 

Mankell partage sa vie entre la Suède et l'Afrique, "ce continent meurtri et blessé". Ses romans également. "L'esprit du voyage avait pris possession de lui".

"De nos jours, les voyages n'existent plus. Nous sommes catapultés à travers le monde comme des pierres munies de passeports."

 

Nous voyageons par la lecture,  " au plus profond de la mélancolie du nord de la Suède", et ses "maisons aux poutres qui hurlaient la misère tout au long des hivers interminables",  et en Zambie, peu de temps après son indépendance. En particulier dans la "copperbelt", "la région qui abrite d'importants gisements de cuivre", aujourd'hui exploités par une entreprise chinoise.

 

Entre les patrons blancs et les employés noirs, la peur et le racisme. Et donc des drames. "Le comportement barbare de l'être humain a toujours un visage humain. C'est ce qui rend la barbarie si inhumaine."

 

Les coopérants de l'aide au développement n'y ont pas le beau rôle non plus.

 

 

"Les politiques qui règnent aujourd'hui veillent attentivement sur notre pays, comme sur une proie". "Etre un homme politique africain constitue une possibilité légitime de s'enrichir".

"- Quel est le pays qui reçoit la plus grande aide européenne au développement ?

- C'est la Suisse. L'argent ne fait que transiter par l'Afrique"

Terrible de lire cela, quand on apprend simultanément que les dirigeants du tout nouveau Sud Soudan, l'un des pays les plus pauvres du monde, on détournés vers leurs comptes suisses quatre milliards d'aide...

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

14/06/2012

Angola

D'une guerre l'autre

 

Angola,  1975

 

Ryszard Kapuscinski

 

Editions Flammarion

 

 

Certains esprits chagrins reprochent à Kapuscinski d'être plus un romancier qu'un journaliste. Cela tombe bien, ses livres se lisent comme des romans. Et c'est la raison pour laquelle ils sont réédités.

 

L'action se déroule à Luanda, et vers le front sud,  à la veille de la proclamation de l'indépendance de l'Angola, pays plus grand que la France, l'Allemagne et l'Italie réunies.

Le MPLA, qui tient la capitale encerclée, peut compter sur l'aide des Cubains, comme cela est raconté dans le livre, mais également de l'URSS (matériel militaire et jusqu'à 1.500 "conseillers") et de la RDA (jusqu'à 2.500 "conseillers").

C'est le pétrole, off-shore, de Cabinda qui financera l'effort de guerre, et finance aujourd'hui une corruption endémique.

Le FLNA, qui menace alors la capitale, est soutenu par le Zaïre de Mobutu, et par certains pays occidentaux.

L'UNITA de Savimbi, qui contrôlera jusqu'à 1/3 du pays,  finance son effort de guerre grâce à l'exploitation de mines de diamants,  bénéficie du soutien, y compris militaire, de l'Afrique du Sud de l'apartheid, en passant par la Namibie, où règne l'armée blanche sud-africaine, mais aussi du soutien bizarrement convergent des USA (y compris par des livraisons de missiles) et de la Chine.

 

Tout cela sur fond de guerre ethnique, ancestrale, entre tribus qui attrapaient et vendaient les futurs esclaves brésiliens, et les tribus victimes. "Les tribus se transmettaient leur terreur et leur haine mutuelles de génération en génération".

  

Tout cela se terminera quand le gouvernement du MPLA acceptera de vendre son pétrole à tout le monde, mais aussi avec l'effondrement de l'URSS et des régimes d'apartheid.

L'ONU a parlé de 1.000 morts par jour.

 

 

"Au lieu de viser l'ennemi, il cherche à tuer la peur qui le hante. Il doit gagner la guerre contre sa propre panique"

 

 

Je me suis rendu en Angola en 2002,  dans un "camp de regroupement" de l'UNITA, quelques semaines après la mort de Savimbi, dans son "fief" de Bailundo.

La crise humanitaire y était terrible. La mort guettait le long des routes, le pays étant le plus miné du monde.

 

Je suis retourné en Angola en 2009. Les Chinois travaillaient partout, y compris dans les couloirs de l'Assemblée nationale, ainsi qu'à la construction d'une ville nouvelle en banlieue. Les Brésiliens construisaient un nouveau barrage pour fournir l'électricité à la capitale.  Les galonnés du MPLA affichaient sans complexe leur richesse. L'hôtel Tivoli, établissement luxueux pour étrangers,  n'avait plus rien à voir avec la description de Kapuscinski.

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, afrique

13/06/2012

Beaux Arts spécial BD politique

La BD entre en politique

 

Les aventures de Sarkozix, la vie secrète de Marine Le Pen...

De Tintin à Iznogoud, les dessous politiques de la BD

L'art de la caricature

Les plus beaux dessins de presse

 

Beaux Arts Hors Série

 

 

Depuis l'Antiquité, le dessin peut être une arme "politique". Quelques fresques de Pompéi le prouvent. Le XIXe siècle est un âge d'or de la caricature politique, parfois censurée, en France comme en Angleterre.

 

Beaux Arts nous remémore quelques uns des plus beaux dessins politiques ayant fait la "Une". A commencer par une caricature de Clémenceau en "tigre" assoiffé de sang.

Entre mai 68 et mai 81 toute une génération de dessinateurs politisés, dans toutes les variantes de la gauche, va multiplier les provocations.

 

Les auteurs d'aujourd'hui déclinent leurs caricatures en bandes dessinées. Le président sorti était leur "client" préféré. Il va plus leur manquer qu'à nous !

Beaux Arts montre que des BD "apolitiques" ne le sont pas toujours autant qu'elles pourraient le paraître à première vue : bien entendu "Tintin au Congo" était clairement politique, de droite, Tanguy et Laverdure tout autant anticommunistes, mais Iznogoud ? Les "Stoumpfs" ? Lucky Luke ? Astérix ? Les "tuniques bleues" ?

De façon plus subtile...

 

La tendance actuelle, et je ne m'en plains pas, est à l'enquête journalistique, ou au  récit de voyage en BD, la "BD de grand reportage", dont les auteurs les plus illustres sont José  Sacco, Guy Delisle et  Lefèvre. J'ai déjà parlé du travail des deux premiers, je parlerai bientôt du troisième ("Le photographe", qui raconte une mission MSF en Afghanistan).

 

Ce n° hors série, qui comporte 70 pages de BD, se termine par une "bibliothèque idéale" de 24 albums. Il m'en reste quelques uns à découvrir.

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

12/06/2012

premier ministre, socialiste, belge

Elio Di Rupo

 

Une vie, une vision

 

Livre d'entretiens

 

Editions Racine

 

 

L'histoire du Premier ministre, socialiste, belge ressemble à un conte de fée.

Fils d'immigré italien, né dans une baraque en bois, au pied des mines de charbon,  orphelin très tôt. Il triple sa première année du secondaire et aurait probablement terminé en échec scolaire complet si un enseignant ne l'avait pas révélé à lui même.

Orienté en "technique", il termine ses études avec un Doctorat en chimie !

Un tel itinéraire serait-il possible en France ? 

 

Ensuite il a un itinéraire plus habituel pour nous Français : enseignant, militant, élu local, député, ministre, dirigeant du PS, célibataire assumant fièrement sa bisexualité,  Premier ministre, la plus haute marche possible puisqu'il n'y a pas de Président et que le place de Roi ne lui est pas accessible.

Au moins, pas d'énarques sur sa route !

 

 

"Si les socialistes n'aident pas les plus démunis à s'en sortir par l'éducation, ils ratent leur mission"

 

"La gauche est la seule à se battre pour transformer la charité généreuse en mécanismes de solidarité"

 

"Les politiques répressives ne permettent pas d'orienter les comportements en faveur d'une meilleure santé publique"

 

"On a créé les conditions d'un étranglement, d'un étouffement de la capacité d'agir des Etats"

 

"La politique, c'est la transformation de notre indignation dans l'exercice d'un pouvoir pour lutter contre les injustices"

 

"Je n'ai pas croisé de gens rationnels en matière affective"

 

09:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

10/06/2012

itinéraire d'un restaurateur de tableaux

D'une principauté à l'autre

 

De Liège à Monaco, itinéraire d'un restaurateur de tableaux

 

Michel Lefèbvre

 

Editions : Noir dessin production

 

 

Un livre que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt, non seulement parce que je connais un peu son auteur, son épouse, et très bien un de ses petits fils, mais parce que je ne connais ce monde de la restauration picturale que par lui.

 

Les péripéties de son passionnant métier, y compris les escroqueries, dont il fut victime, ou sa rencontre avec l'officier allemand chargé de la spoliation des biens des Juifs français, ne sont pas dénuées d'intérêt. J'ai bien aimé l'histoire du comte qui vend, en cachette, un tableau appartenant en fait à son épouse, pour acheter un appartement à sa jeune maîtresse.

 

Michel Lefèbvre donne envie de mieux connaître la peinture flamande, à ne pas confondre avec l'école hollandaise, de "l'âge d'or" (XVIIe), dont il est l'expert mondialement reconnu. La couverture du livre représente une huile sur toile de Vermeer de Delft.

 

J'ai, incidemment, appris que la Lys, dans sa partie gantoise,  était connue pour son école de peinture.

 

Un livre qui conduit également à une réflexion sur le sens de la vie, quand cet homme comblé de succès matériels et d'honneurs, "craque". Son départ à Monaco est une fuite, non pour des raisons fiscales, mais pour des raisons humaines de choix de vie. Et cela rend le livre terriblement humain.

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture