03/05/2012
Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan
Caucase du Sud, la nouvelle guerre froide
Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie
Gaïdz Minassian
Editions "autrement", collection "frontières"
"Autrement", un éditeur indispensable pour avoir une meilleure vision des enjeux géostratégiques.
Ce volume est consacré à l'espace entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, au carrefour entre l'Europe et l'Asie centrale, entre les Empires russe, ottoman et perse, avec des empreintes romaines, parthes, arabes, mongoles, byzantines.
Aujourd'hui, couloir de passage du pétrole et du gaz.
Les conflits y sont nombreux. Pour l'instant "gelés", comme il se doit dans une guerre "froide". Haut-Karabagh, Ossétie, Abkhazie...et autres !
Les régimes peu démocratiques jouent sur la corde nationaliste pour assoir leur pouvoir. "En l'absence de perspective de paix, les régimes se replient dans l'autoritarisme et la course aux armements". "Les indicateurs de tension diplomatique sont au rouge". "La région détient la densité la plus élevée de conflits réels et potentiels au monde". "La croissance à deux chiffres est la seule garantie effective de paix régionale".
Absence d'unité politique, de langue, de religion. "L'absence de circulation est frappante, les échanges culturels économiques et financiers restent bloqués, les interconnexions stratégiques sont inexistantes."
Alors que jusqu'à leur indépendance, 90% des relations économiques étaient tournées vers l'URSS, l'Union européenne est devenue le principal client des trois Etats, qui rêvent d'une intégration dans l'Union, qui leur propose un "partenariat".
"Labyrinthe de l'Histoire", le Caucase du Sud, deviendra-t-il le "laboratoire" de la future "Grande Europe, libre, démocratique et en paix qui s'étendrait de l'Atlantique au Caucase ?"
L'auteur analyse également chacun des trois pays : "la Géorgie profite de son littoral, l'Arménie compte sur sa diaspora, l'Azerbaïdjan sur son pétrole".
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
02/05/2012
La vengeance de l'esclave
Atar Gull
Ou le destin d'un esclave modèle
Scénario : Fabien Nury, d'après le roman d'Eugène Sue
Dessins : Brüno
Editions Dargaud
Le temps de l'esclavage. Le Bénin. Les marchands d'esclaves profitent des luttes entre tribus. Les prisonniers sont vendus par les vainqueurs aux trafiquants blancs.
La traversée vers la Jamaïque. Les horribles conditions de survie de la "marchandise". Les attaques de pirates. 17 à l'arrivée sur une bonne centaine au départ.
La vente des esclaves et des mules.
Les conditions de travail sur la plantation de cannes à sucre.
Un maître plutôt plus humain que les autres, mais une haine irrépressible dans ce monde de violence. Un droit de vie et de mort.
Un album sombre, dans son scénario comme dans ses couleurs.
08:53 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
28/04/2012
Ode à Staline
L'hirondelle avant l'orage
Le poète et le dictateur
Traduction du titre original : "L'ode à Staline"
Robert Littell
Points P2348
De 1934 à 1938, la fin de vie tragique du poète russe Ossip Mandelstam.
Artiste officiel, ses ennuis commencent quand se diffuse un poème qui devait rester secret, dans lequel il moque "le montagnard du Kremlin".
Les choses s'aggravent quand il accepte d'écrire une "Ode à Staline", ridicule à force de flagornerie.
L'histoire d'un poète, prétexte pour raconter les mécanismes d'une dictature, avec un voyage dans un "camp de rééducation" en Sibérie, les atrocités des tortures et les hasards de la terreur.
"Confier des secrets intimes à une femme était un moyen infaillible de gagner sa confiance"
"Qui peut dire ce qui pousse quelqu'un à s'accrocher à la vie, hormis l'habitude difficile à perdre de respirer, le plaisir éphémère d'un rapport charnel ou l'extrême satisfaction de décevoir les détenteurs du pouvoir qui aimeraient vous voir mort."
"Rien ne vous donne autant la sensation d'être en vie que la douleur"
"Il vivait dans l'angoisse de ne plus avoir un jour de muse ou d'érection"
"Les Français ne pensent qu'à manger, boire et à forniquer"
"Ils n'étaient pas assez sûrs d'eux-mêmes pour être devenus ennuyeux. C'est cette fragilité, n'est-ce pas, qui attire les femmes ?"
"Plus on se rapproche du succès, plus votre ennemi s'active. Quand il est le plus actif et le plus destructeur, on devrait y voir un signe qu'on est au seuil de la victoire"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
26/04/2012
Caricatures de vieux couples
Toute une vie à deux
Tetsu
Editions du Cherche Midi
Terribles, les vieux couples de Tetsu. A se demander pourquoi ils restent ensemble. Parce qu'ils se ressemblent ? Les amoureux de Peynet cinquante ans plus tard. Rien pour inspirer l'amour. Les femmes sont dominatrices, sarcastiques, jamais tendres. Les hommes sont faibles, insignifiants, souvent pathétiques.
Désespérant, désespéré, et pourtant drôle.
Tout cela n'est, bien entendu, que pure fiction, et les personnages sont uniquement issus de l'imagination du dessinateur.
Quoi que...
A ne pas offrir à l'occasion d'un anniversaire de mariage.
Quoi que...
08:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
21/04/2012
Souvenirs de la guerre d'Algérie
La part du mort
Les enquêtes du commissaire Lob ; Le quatuor algérien
Yasmina Khadra
Folio policier n°510
De Yasmina Khadra, écrivain sous pseudonyme, j'ai déjà parlé dans ce blog des "Sirènes de Bagdad".
Ce roman, policier, est d'un style très différent. Une verve qui rappelle San Antonio, même si le commissaire Lob revendique sa bedaine et sa fidélité conjugale.
"Je range ma bagnole au coin d'une venelle constipée, à peine assez large pour laisser passer l'air du temps".
A ne pas manquer, si vous ne connaissez pas.
Comme dans ses autres romans du "quatuor algérien", l'histoire est l'occasion de parler, avec sévérité, de la situation algérienne. Avec, dans celui-ci, un rappel de la guerre d'indépendance, des atrocités, du sort des Harkis...
"Un pays dominé par des mégalomanes et des rentiers boulimiques"
"Chez nous, l'abus n'est pas une dérive, c'est une culture, une vocation, une ambition"
"L'élite du sérail veillait scrupuleusement à maintenir le QI des Algériens à hauteur de celui de leurs responsables, c'est à dire aux alentours des braguettes"..
Quatrième d'une série de romans policiers se déroulant à Alger. Le plus abouti également. Les trois autres se limitaient à 150 pages. "La part du mort", six ans plus tard, en fait 450.
"Je me surprends à en vouloir à ce décalage social qui veut que, chez nous, aucun infortuné ne puisse toucher du bout du doigt un simulacre de bonheur sans se faire électrocuter."
"Ce n'est pas un pays que nous servons, mais des hommes. Nous dépendons de leurs sautes d'humeur et nous nous conformons à leur bon vouloir"
"Tu sais très bien comment c'est dans les républiques avortées. Un jour, tu es encensé, un autre tu es enfumé"
"A la colère populaire qui réclamait du travail et un minimum de décence, le gouvernement offrira le multipartisme et une démocratie sulfureuse qui favoriseront l'avènement de l'intégrisme islamiste, créant ainsi les conditions idéales pour le déclenchement de l'une des plus effroyables guerres civiles que le bassin méditerranéen ait connues".
"Les bonnes volontés s'émiettent contre les remparts des appétits forcenés, le renoncement commence à s'ancrer chez les militants, et les diplômés de la dernière heure réclament à cor et à cri une part du gâteau qu'ils ne sont pas près d'entrevoir un jour. Un de ces quatre, sans crier gare, la poudrière va surprendre les plus avertis. La déconfiture s'annonce grandiose, et les dégâts irréversibles."
"Qui ne respecte pas la vie des autres n'a rien compris à la sienne"
"On peut redresser le tort quelquefois, jamais les esprits tordus"
"Il n'y a pas mieux que le rire d'une femme pour vous remettre d'aplomb"
"Fille de bonne famille, donc prédisposée au statut de bête de somme, ce qui constituait, dans une société traditionnellement esclavagiste, un investissement probant"
"Elle trouve humiliant pour une femme de se faire passer toutes les nuit pour une chaussette afin que monsieur daigne y prendre son pied."
"Les mauvaises langues racontent que lorsque Mohand porte la main sur la foufoune à Monique, c'est juste pour y tremper le doigt afin de tourner les pages de son bouquin".
"Déjà au lycée, tous les jours à la sortie des classes, il y avait un jeune zazou qui m'attendait sur le trottoir d'en face. Il m'emboîtait le pas et me contait fleurette jusqu'aux portes de mon quartier"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature