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21/03/2012

bilan, en BD, du quinquennat

Les chroniques du règne de Nicolas 1er

 

Patrick Rambaud et Olivier Grojnowki

 

Editions Glénat, Grasset et Drugstore

 

 

De Patrick Rambaud, j'ai beaucoup aimé sa trilogie napoléonienne : "La bataille", "Il neigeait", "L'absent". Mais je n'ai pas lu ses "chroniques du règne" qui ont été des succès de librairie.

L'essentiel en est repris ici, mis en, excellents, dessins par Olivier Grojnowski, qui met en scènes,  et en dessins,  Patrick Rambaud, et les personnages de la Cour de Nicolas 1er,  superbement caricaturés.

 

En quelques pages, les points saillants du quinquennat nous sont remis en mémoire : le départ de Cécilia puis le "coup de foudre" avec Carla,  le luxe, l'"homme africain qui n'est pas encore entré dans l'Histoire", "l'instituteur qui ne pourra jamais remplacer le curé",  les relations avec Bush, Bongo, Ben Ali, Kadhafi, Bigard,   les délinquants de naissance, l'affaire Woerth/ Betancourt, la réforme des retraites, etc., avec "sa moisson quotidienne de mesures à prendre sans réfléchir, de discours sans suite". "On n'y vivait plus qu'une rapide succession d'instants qui se détruisaient".

 

Si l'on en croie les auteurs, "Notre céleste agité" se caractérise par un égocentrisme absolu et permanent : il ne parle que de lui !

 

"La chute de Napoléon était inscrite déjà dans son ascension et dans son triomphe" (Dominique de Villepin)

 

"Incommensurable Seigneur, voyez avec clarté les choses comme elles sont. Jusqu'à quels excès, quels malheurs, quels périls vous ont poussé votre penchant naturel, la satisfaction de vous même. Gémissez-en utilement, courageusement, et sauvez votre Etat en embrassant le remède unique à tant de calamités présentes et à venir : dégagez Sire".

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, sarkozy

17/03/2012

L'itinéraire d'Octavio Paz

Itinéraire

 

Octavio Paz

 

Prix Nobel de littérature 1990

 

Editions Gallimard, collection "Arcades"

 

 

Autobiographie politique, et intellectuelle qui commence avec la révolution mexicaine et se termine avec l'effondrement du communisme, en passant par la guerre d'Espagne.

Un condensé de l'histoire du XXe siècle par un de ses témoins écrivains, à cheval sur plusieurs continents.

 

 

"En ce temps là, contrairement à notre époque, les institutions scolaires de l'Etat jouissait d'un grand prestige"

 

"On nous apprenait à nous servir du langage comme d'un outil, une arme, une prolongation de la main"

 

"Peut-être la véritable imagination - à l'opposé de la fantaisie - consiste-t-elle à voir la réalité de tous les jours avec le regard du premier jour"

 

"Tâche d'être modeste, mais pas humble. L'humilité appartient aux Saints ; la modestie aux gens bien nés"

 

"Depuis la Contre-réforme, le combat engagé par l'Eglise contre le corps n'a pas été moins impitoyable que sa lutte contre les hétérodoxies"

 

"Que cherche le voyageur ? Peut-être cherche-t-il son destin ? Peut-être son destin est-il de chercher ?"

 

"La femme est la porte de la réconciliation avec le monde"

 

"L'orthodoxie idéologique et l'orthodoxie sexuelle sont toujours les alliées de la xénophobie"

 

"Toutes les visions de l'histoire sont un point de vue, mais il est clair que tous les points de vue ne sont pas nécessairement fondés" ; "l'histoire est une intersection entre un temps et un lieu"

 

"L'opposition entre ce que nous pensons et ce que nous ressentons n'est pas rare"

 

"La culture est une hybridation"

 

"Le remède au nationalisme n'est pas l'Empire, mais une confédération de nations"

"La tolérance implique que nos convictions religieuses et morales ne s'imposent qu'à ceux qui les partagent avec nous"

 

 

"Moi j'allais de par le monde. Mes paroles furent ma maison"

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

14/03/2012

Vie quotidienne à Jérusalem en BD

Chroniques de Jérusalem

 

Guy Delisle

 

"Fauve d'or", Festival d'Angoulême

 

 

Guy Delisle est originaire du Québec. Sa femme travaille pour "Médecins Sans Frontière". Il l'accompagne dans ses missions, s'occupe des deux enfants. Il est surtout un excellent auteur de BD. J'ai déjà parlé dans ce blog de "Pyongyang" qui retrace bien l'atmosphère de la Corée du Nord telle que je l'avais perçue moi même.

 

Ces "chroniques" sont percutantes. Mieux que tous les plaidoyers et discours sur l'occupation israélienne de la Palestine. Le récit des difficultés de la vie quotidienne d'un habitant de Jérusalem Est. D'un côté,  des Palestiniens dont les habitations sont menacées de destruction, de l'autre des colonies, légales, ou non.

 

Pendant un an, d'anecdotes en péripéties, Guy Delisle nous montre, avec humour,  des scènes de la vie quotidienne qui se passent de commentaires.

Facile d'imaginer la vie quotidienne des Palestiniens avec 70 check points fixes (+ les mobiles) et 600 accès bloqués par une armée d'occupation toute puissante. Drôle pour le lecteur, moins pour celles et ceux qui vivent cela au quotidien.

 

Le hasard fait que cette année passée à Jérusalem est celle de l'opération "plomb durci" contre Gaza. Delisle est à Jérusalem avec les enfants, sa femme à Gaza pour MSF. Facile de comprendre l'angoisse. "Une boucherie sans précédent sur un si court temps, du jamais vu, même au Darfour ou au Rwanda".

 

De simples petits dessins qui valent mieux que de longs discours.

 

 

09:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

13/03/2012

L'itinéraire politique de Jean-Luc Mélanchon

Mélanchon, le plébéien

 

Lilian Alemagna et Stéphane Alliès

 

Editions Robert Laffont

 

 

De l'avis général, Jean-Luc Mélanchon, "Méluche", "Mélanchounet", fait une excellente campagne électorale. Pour reprendre une expression que je l'ai entendue souvent utiliser dans nos années essonniennes, il va chercher les électeurs "avec les dents".

Il profite de la retraite d'Arlette L. et du retrait d'Olivier B.

 

Au delà des désaccords politiques, Jean-Luc Mélanchon est une personne attachante, une forte personnalité, à la fois affective et implacable.

 

Les deux auteurs, journalistes à Libération pour l'un, à Médiapart pour l'autre, retracent bien son itinéraire, avec sympathie mais sans complaisance.

 

Jean-Luc Mélanchon, orateur plébéien,  ne peut que se sentir mal à l'aise au Parlement européen, où le temps de parole dépasse rarement les trois minutes, et où la recherche du compromis est la règle inflexible pour qui veut exister.

"Une institution qu'il juge adémocratique, antidémocratique et sur une pente totalitaire"

 

"Autoproclamé "tribun du peuple", il compte bien jouer son meilleur rôle : celui d'un plébéien contre l'oligarchie"

 

"Pour réussir en politique, il faut avoir ou beaucoup d'ambition, ou beaucoup de convictions"

 

"N'attends pas que les gens pour qui tu te bats te donnent raison. Bas-toi ! Essaie juste de ne pas te tromper" (un responsable trotskyste sud-américain)

 

"Le PS fonctionne sur un modèle féodal, des relations d'allégeance et de service. Quand le service n'est pas là, on prête allégeance à un autre" (François Delepierre)

 

"Jean-Luc est dans une relation "qui m'aime me suive, et si tu ne me suis pas c'est que tu ne m'aimes plus" (Françoise Castex)

 

"Intransigeant, partial, intolérant, et arbitraire, mais sachant prendre des décisions, franc-tireur, très militant, rigoriste, doctrinaire" (François Lamy)

 

"J'ai toujours eu de la sympathie pour Mélanchon parce que c'est quelqu'un qui pense par lui-même, qui réfléchit, qui lit et qui a un certain talent d'expression. Je n'ai pas toujours partagé ses analyses et ses choix, mais j'ai toujours eu de l'estime pour le militant qu'il était" (Lionel Jospin)

 

"Il faut qu'il contrôle tout, tout le temps, tout le monde" (Benjamin Stora)

 

"Il se prétend jauressien mais il est plutôt guediste"

 

Citations de Jean-Luc Mélanchon :

 

"Le militantisme, c'est l'engagement pour des idées mais aussi un acte de construction de soi"

 

"Il y a une dérive épouvantable qui consiste à penser que l'authenticité d'un homme est dans son intimité"

 

 

09:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

10/03/2012

le chef d'oeuvre d'Octavio Paz

Le labyrinthe de la solitude

 

Suivi de Critique de la pyramide

 

Octavio Paz

 

Prix Nobel de littérature 1990

 

Editions NRF Gallimard

 

 

1949 (excellente année), Octavio Paz est à Paris. Il occupe un poste subalterne à l'ambassade du Mexique. Il a du temps libre, en particulier pendant les vacances. Il se plonge dans la rédaction d'un essai sur "l'essence du Mexique" et des Mexicains.

 

Son texte dépasse de loin ce cadre. Non seulement le "Labyrinthe" se veut "une dénonciation passionnée de la société moderne dans ses deux versions, capitaliste et totalitaire", mais il souligne que "nous devons penser pour notre compte, afin d'affronter un futur identique pour tous". "Chacun dépend des autres, il réclame leur présence", dans "le labyrinthe de la solitude". "Les masses modernes sont des conglomérats de solitaires", selon "le rythme double de la solitude et de la communion".

"Nous allions à la recherche de nous mêmes et nous avons rencontré les autres".

 

"Chaque homme recèle la possibilité d'être, ou plus exactement d'être à nouveau, un autre homme"

 

"La femme ne cherche pas, elle attire. Dans la vie quotidienne, sa fonction est de faire régner la loi et l'ordre, la piété et la douceur"

 

"Dis moi comment tu meurs, je te dirai qui tu étais"

 

"Les Espagnols, en arrivant au Mexique, rencontrèrent des civilisations complètes et raffinées" ; "ensemble de peuples, nations et cultures autonomes, avec leurs traditions propres, exactement comme le monde méditerranéen"

"La conquête du Mexique serait inexplicable sans la trahison des dieux, qui renièrent leur peuple"

"Les dieux ne sont pas de simples représentations de la nature. Ils incarnent aussi les désirs et la volonté d'une société qui se divinise en eux" ; "l'homme invente des dieux à sa ressemblance"

"L'Espagnol est simple : il insulte Dieu parce qu'il croit en lui"

 

"Les idées et le travail comptent peu. La seule valeur est la virilité qui s'impose par elle même"

 

"Tous pensent, avec un optimisme hérité de l'Encyclopédie, qu'il suffit de décréter de nouvelles lois pour que la réalité soit transformée"

 

"Le positivisme offre une nouvelle justification aux hiérarchies sociales. Mais ce n'est plus le sang, ou l'héritage, ou Dieu qui expliquent les inégalités : c'est la Science".

"Toute révolution tend à établir un âge mythique"

 

"L'amour est  scandale et désordre, transgression : celle de deux astres qui rompent la fatalité de leurs orbites et se rencontrent" ; "Dans notre monde, l'amour est une expérience à peu près irréalisable. Tout s'oppose à lui : la morale, les classes, les lois, les races et jusqu'aux amoureux eux-mêmes"

 

"Vivre, c'est se séparer de celui que nous avons été pour nous interner dans celui que nous allons être, dans un avenir toujours étranger"

"Nous vivons en orphelins du passé, et avec un avenir à inventer. L'histoire universelle est une tâche commune. Et notre labyrinthe, celui de tous les hommes"

 

 

La "Critique de la pyramide" a été écrite vingt ans plus tard. "La critique de l'autre commence par la critique de soi-même" ; "La critique nous dit que nous devons apprendre à renverser les idoles, apprendre à les annuler en nous-mêmes"

 

"La définition de l'homme comme être qui travaille doit être échangée comme celle de l'homme être qui désire"

 

"Ou bien le Mexique développé absorbe et intègre l'autre, ou bien le Mexique sous-développé, par le simple poids mort de la croissance démographique, finira par asphyxier le Mexique développé"

 

"La valeur suprême n'est pas l'avenir : c'est le présent. L'avenir est un temps fallacieux qui ne cesse de nous dire : "l'heure n'est pas venue", ce qui revient à nous nier. Le futur n'est pas le temps de l'amour : ce que l'homme aime vraiment, il l'aime maintenant"

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature